2 22 Vomissement Ô juif du futur, fœtus d’aujourd’hui Je t’ai aimé comme un vieux porc sur sa truie Et pour toi, j’ai rêvé réserver les meilleurs Des trésors de Canaan d’Israël et d’ailleurs Pharaon était roi d’Egypte, roi du monde Et moi, jeune esclave - berger des vaches rondes Qui lâchait le matin son grabat sans parjure Pour les prés, les prairies recherchant la pâture Et sept cents ans durant sans trêve je trimai Mû par un grand espoir profond d’un jour fêter Je vivais de sueur, mon âme, ma sueur Mon âme, mon âme, doux nid de la douleur Mais comme des feuilles mortes, les ans tombaient Stériles lapines du lapin que j’étais Plus de largeurs d’oreilles que l’agneau de David Puis tympans plus ouverts qu’un hideux château vide Contre mon gré, les stries emplissaient mon visage Ma colombe adorée déchira son grillage Et l’enfer me cherchait pour voir cette hécatombe J’attendais, las, la mort fredonnant sur ma tombe Dans ce si beau mouroir, le vent était osseux, Brunâtre, putride, fétide et nauséeux Je me mis à vomir. C’était la seule issue. Enfin, j’eus un trésor pour toi, ma vomissure. 2 3 42 LES PATRIARCHES 2 5 62