Vomissement
Ô juif du futur, fœtus d’aujourd’hui
Je t’ai aimé comme un vieux porc sur sa truie
Et pour toi, j’ai rêvé réserver les meilleurs
Des trésors de Canaan d’Israël et d’ailleurs
Pharaon était roi d’Egypte, roi du monde
Et moi, jeune esclave - berger des vaches rondes
Qui lâchait le matin son grabat sans parjure
Pour les prés, les prairies recherchant la pâture
Et sept cents ans durant sans trêve je trimai
Mû par un grand espoir profond d’un jour fêter
Je vivais de sueur, mon âme, ma sueur
Mon âme, mon âme, doux nid de la douleur
Mais comme des feuilles mortes, les ans tombaient
Stériles lapines du lapin que j’étais
Plus de largeurs d’oreilles que l’agneau de David
Puis tympans plus ouverts qu’un hideux château vide
Contre mon gré, les stries emplissaient mon visage
Ma colombe adorée déchira son grillage
Et l’enfer me cherchait pour voir cette hécatombe
J’attendais, las, la mort fredonnant sur ma tombe
Dans ce si beau mouroir, le vent était osseux,
Brunâtre, putride, fétide et nauséeux
Je me mis à vomir. C’était la seule issue.
Enfin, j’eus un trésor pour toi, ma vomissure.