Modèles de croissance économique
Alexandre Nshue M. Mokime
(Version préliminaire)
Kinshasa, Juillet 2012
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Contenu du cours
Chapitre 1. Croissance et développement
1. Qu’est-ce que la croissance et pourquoi l’étudier ?
2. Croissance économique et bien-être
3. Différences de revenus entre pays
4. Convergence et divergence
Chapitre 2. Modèle de Solow : versions de base et augmentée
1. Modèle de Solow : version de base
2. Modèle de Solow avec capital humain
3. Hypothèse de convergence
Chapitre 3. Modèle de croissance optimale
1. Modèle de croissance optimale sans progrès
2. Modèle de croissance optimale avec progrès
Chapitre 4. Modèle à générations imbriquées
1. Modèle canonique
2. Modèle avec des fonctions spécifiques
Chapitre 5. Modèles de croissance endogène
1. Modèle de croissance avec apprentissage par la pratique
2. Modèle de croissance avec capital humain
3. Modèle de croissance avec R&D
4. Modèle de croissance avec dépenses publiques
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Chapitre 1.
Croissance économique et développement
ans ce chapitre introductif, il est question de fixer les vues sur certains concepts et de projeter
de la lumière sur les questions de base soulevées dans l’analyse théorique et empirique de la
croissance économique. Certaines données statistiques y sont présentées afin de montrer
l’importance des études sur la croissance économique et de mettre en évidence certaines
préoccupations soulevées dans l’analyse du développement.
1. Qu’est-ce que la croissance et pourquoi l’étudier ?
La croissance économique est considérée par certains comme l’un des phénomènes les plus
passionnants de la macroéconomie parce que tous les pays aspirent au bien-être et que ce dernier
n’est pas envisageable sans la croissance. Les pays présentant les meilleurs indicateurs de bien-être et
de développement sont ceux qui présentent les meilleures performances en termes de croissance.
Puisque l’Etat vise à réaliser le bien-être collectif, les décideurs de la politique économique se doivent
de prendre des mesures favorables à la croissance économique. La réalisation de la croissance est ainsi
un objectif essentiel de la politique économique qui se définit comme l’ensemble des mesures prises
par l’Etat dans le propos d’infléchir le comportement de l’économie dans un sens jugé préférable du
point de vue de la collectivité. Puisque tout individu recherche le bien-être, il faudrait que les mesures
prises dans le cadre de la politique économique aillent dans le sens d’une promotion de la croissance.
Qu’est-ce que la croissance économique ?
François Perroux définit la croissance économique comme un processus continu et soutenu
d’élévation du PIB réel d’un pays dans le temps. Ceci revient { dire que la croissance économique n’est
pas un fait du hasard mais plutôt une œuvre soutenue et qu’elle se traduit par un accroissement
continu du produit réel de toute l’économie. Il importe de noter que si d’une année { une autre, le
produit de l’économie s’accroît { un taux inférieur { l’accroissement de la population, la croissance
ainsi réalisée n’entraînera pas un accroissement du revenu par tête d’habitant. Il serait donc préférable
de la définir comme un processus d’élévation continu et soutenu du PIB par habitant du pays.
La croissance qui est mesurée par le taux d’augmentation du PIB, constitue aujourd’hui l’instrument
de référence principal pour la gestion { court terme et { long terme de l’ensemble des économies de la
planète, de même que pour la politique de développement et de progrès des sociétés humaines. Sur le
plan économique, le taux de croissance offre une mesure synthétique du degré de réalisation de la
plupart des objectifs de la politique économique : augmentation des revenus du travail et du capital et
accroissement de la richesse matérielle et du bien-être de la population ; augmentation de la capacité
de créer des emplois rémunérateurs pour tous ; élargissement de l’assiette fiscale pour la mobilisation
des moyens cessaires au développement des services publics ; affirmation de la puissance
économique des pays vis-à-vis du reste du monde ; et accumulation de richesses et de pouvoir
assurant la sécurité de la collectivité pour l’avenir { long terme.
Pourquoi étudier la croissance économique ?
L’étude de la croissance économique est justifiée par la nécessité de comprendre comment par un
ensemble d’actions harmonieuses et concertées, une nation peut améliorer de manière soutenue, le
niveau de vie de sa population ou se libérer de l’ornière de la pauvreté. Une identification des
déterminants de la croissance et une bonne compréhension de leurs interactions devraient permettre
de bien concevoir une politique de développement.
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Qu’est-ce qu’un modèle de croissance ?
Les modèles de croissance économique sont par définition, des schémas { l’aide desquels on essaie de
mettre en équation la manière dont l’activité économique d’aujourd’hui peut rejaillir sur l’activité
économique de demain afin de pouvoir explorer l’ensemble des voies de développement que les
ressources naturelles, économiques, financières et humaines du pays permettent d’atteindre.
Autrement dit, { l’aide des modèles, on essaie de mesurer l’impact de telle action ou de telle autre sur
l’état même de l’économie. On peut considérer les modèles de croissance comme étant des guides à
l’activité normative de la collectivité.
Qu’est-ce que le développement ?
La croissance n’est pas { confondre avec le développement. Ce dernier se définit comme un progrès
intégral de l’homme dans toutes les dimensions de son être { travers des facteurs démographique,
économique, socioculturel et politico-juridique. La croissance économique suppose un accroissement
du PIB réel alors que le développement tient également compte des aspects qualitatifs de la vie. Il
suppose dans le long terme, une amélioration des indicateurs de bien-être : niveau du revenu
individuel (pouvoir d’achat), qualité de l’alimentation, accès { l’éducation et { la santé, jouissance des
droits de base et des libertés fondamentales, etc.
Facteur démographique. Le développement est réalisé au plan démographique lorsque l’on
assiste à un bon planning familial de la part des ménages (équivalence entre les naissances et
les moyens financiers et matériels). C’est un rapprochant l’indice de fécondité et le niveau de
revenu par habitant que l’on peut se faire une idée sur le planning familial au sein d’une
collectivité.
Facteur économique. Le développement au plan économique suppose une amélioration des
procédés de production et la réalisation d’une croissance forte et soutenue du PIB réel. On
devrait non seulement assister à un accroissement continu du PIB réel mais aussi à une bonne
répartition de celui-ci entre les différentes couches de la population.
Facteur socioculturel. Le développement suppose également un épanouissement intellectuel
et culturel. En d’autres termes, il faudrait que les nations ou pays investissent conséquemment
dans l’homme, c’est-à-dire dans son éducation et dans sa santé. Les indicateurs qui
renseignent utilement à ce sujet sont : le taux de scolarisation, le taux de morbidité, et le taux
de mortalité.
Facteur politico-juridique. Le développement requiert aussi la garantie et la protection des
droits et la jouissance des libertés fondamentales. Par ailleurs, il doit être reconnu à chaque
citoyen le droit et la possibilité de s’exprimer sur le devenir de son pays et de mener une
activité politique librement selon les prescrits de la loi.
2. Croissance économique et bien-être
La croissance du revenu par habitant est une condition première de l’amélioration de l’ensemble des
principaux éléments constitutifs du domaine économique : la consommation, l’appareil de production,
les échanges extérieurs, l’activides pouvoirs publics, la répartition du produit et du revenu, et la
réduction de divers déséquilibres.
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La consommation. La croissance accroît la quantité de biens offerts sur le marché et assure
aussi le financement des biens et services publics dont dépend la consommation collective.
L’appareil de production. La croissance mesure les performances de l’appareil productif {
travers les valeurs ajoutées à chaque étape de la production. Par ailleurs, elle assure à
l’appareil productif les équipements et matières dont il a besoin, ainsi que ses possibilités de
débouchés. Elle ouvre ainsi les perspectives de profit qui motivent les détenteurs de capitaux,
et crée les perspectives d’emploi rémunérateur.
Les échanges extérieurs. La croissance permet l’entrée de devises, et donc la possibilité de
recourir aux produits et aux opportunités des marchés extérieurs ; elle assure aussi la
compétitivité et la puissance recherchée par chacun des acteurs internationaux dans un
système de relations axé sur la maximisation du profit. Ce système exige une grande
ouverture sur l’extérieur et restreint fortement les possibilités de protection ;
L’activité des pouvoirs publics. L’activi publique ne peut être financée que par des
prélèvements fiscaux sur l’activité marchande. Ainsi, les ressources de l’Etat sont
conditionnées par la croissance de l’activité productrice.
La répartition du produit et du revenu. On peut considérer que les rémunérations des
facteurs de production ne sont pas directement présidées par le rythme de la croissance ; mais
il reste qu’un rythme plus rapide de croissance facilite le partage, alors que sa réduction risque
de figer les positions acquises.
La réduction de divers déséquilibres. La croissance permet la réduction de divers
déséquilibres non seulement dans la mobilisation des ressources et la résorption des inégalités
de répartition, mais aussi dans la gestion des équilibres macroéconomiques fondamentaux,
tels que celui de la balance des paiements et celui de la lutte contre les pressions
inflationnistes.
Si l’on tient compte de l’importance centrale de cette dimension économique dans la conception
aujourd’hui prédominante du progrès social, on constate que le taux de croissance globale est devenu
l’expression la plus courante pour mesurer le progrès d’un pays, dans le passé comme dans l’avenir,
tant aux yeux des pouvoirs publics et des privés ou des acteurs de divers groupes sociaux. On en
trouve un témoignage éloquent dans la fréquence des références à la croissance dans les discours
politiques et dans les commentaires et les opinions diffusés quotidiennement par les médias. Le taux
de croissance et ses variations demeurent au cœur des préoccupations et des échanges politiques,
économiques et sociaux de la plupart des sociétés modernes.
3. Différences de revenus entre pays
Les données internationales font état d’importantes différences de niveau de revenus entre pays.
Alors que certains pays ont des revenus très élevés, plus de 30 000 USD par an (cas des Etats-Unis, de
l’Allemagne, du Japon, de Singapour, …), d’autres ont { peine 100 USD ou une centaine de dollars par
an (cas du Centrafrique, de la République démocratique du Congo, du Tchad, etc.). Ces écarts de
revenus s’expliquent essentiellement par les différences de performances en termes de croissance
économique. Comme l’indique le tableau ci-dessous, plusieurs pays ont vu leurs niveaux de revenus
s’accroître rapidement de 1960 { 1992 par le fait que leurs économies ont affiché d’importants taux de
croissance. D’autres ont connu une détérioration par le fait de la décroissance de leurs PIB.
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