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signifiants et les signifiés, vient de ce qu’un signifié peut être associé non pas à aucun signifiant,
mais à une absence de marque formelle. Les manuels d’analyse en morphèmes parlent alors
facilement de morphèmes zéros. Il s’agit non pas de morphèmes qui n’ont pas de signifiant, (car un
morphème doit, par définition, avoir et un signifié et un signifiant), mais de morphèmes qui ont
pour signifiant une absence de marque formelle, et qu’il serait donc plus juste ou plus clair
d’appeler morphèmes à signifiant zéro, plutôt que morphèmes zéros.
Il se définit comme "une absence significative non dans une série de variantes, mais dans une série
de morphèmes". Ce "zéro morphémique" correspond très exactement à ce que l’école genevoise a
appelé "signe zéro". Par exemple (Bally, 1922 :2) "dans tout paradigme grammatical, lorsqu’une
forme dépourvue de morphème est nécessairement liée à un ensemble de formes qui en sont
pourvues, l’absence de signe dans le premier cas est interprétée comme valant, non pas zéro signe,
mais signe zéro").
Les morphèmes à signifiant zéro sont, donc, des morphèmes non marqués, c'est-à-dire des silences
qui signifient quelque chose. Si l'on compare les trois énoncés suivants, leur transcription
phonétique et leur découpage en morphèmes :
mangeons /mɑ̃ʒ-Ø-ɔ̃/ ;
mangions /mɑ̃ʒ-j-ɔ̃/ ;
mangerons /mɑ̃ʒ-r-ɔ̃/ .
On peut considérer que mangeons comporte un morphème à signifiant zéro indiquant le présent par
opposition aux morphèmes /j/ et /r/ qui indiquent respectivement l'imparfait de l'indicatif ou le
présent du subjonctif et le futur simple de l'indicatif.
3- Morphèmes à signifiant discontinu :
Les morphèmes à signifiant discontinu sont formés d'une succession d'éléments répartis à plusieurs
endroits dans un énoncé.
« Il ne sait pas » est composé notamment d'un morphème discontinu « ne (...) pas » qui indique la
négation.
4- L'amalgame: A l’inverse de ce qui se passe soit avec les variantes soit avec les
morphèmes à signifiant discontinu, où un seul signifié est associé à deux ou plusieurs éléments de
signifiant, il peut arriver que deux signifiés différents soient associables à un seul et même segment
formel.
Dans : /ilvaomaRʃe/ «il va au marché»
L’élément /o/ «au» est formellement insegmentable, puisqu’il s’agit d’un seul phonème, c’est-à-
dire d’une unité minimale de seconde articulation. Il correspond pourtant à deux signes
linguistiques, comme on peut s’en rendre compte si on remplace marché par hôpital ou par maison :
/ilvaomaRʃe/ /ilvaalopital/ /ilvaalamɛzɔ̃/.
Cette modification entraîne le remplacement du segment /o/ par les suites de phonèmes /al/ ou /ala/,
ce qui établit une équivalence entre ces trois éléments, et semble vouloir dire que devant une
consonne l’article défini «le» se combine avec la préposition «à» en un signifiant unique, qui est
indécomposable et que les grammaires scolaires appellent "forme contractée de l’article". La
commutation confirme que au correspond à la fois à une préposition et à un article; car on peut faire