TNM – Morphosyntaxe générale Année 2007 – 2008 I – Langue, langage et signe linguistique La classification selon des critères morphologiques (et non plus génétiques) les langues synthétiques (flexionnelles, agglutinantes et polysynthétiques) des langues analytiques (isolantes). Mais en fait, aucune langue n'est à rattacher exclusivement dans un groupe (seul un principe majoritaire se distingue). ● Les langues analytiques : un morphème = un mot (ex: chinois, vietnamien). Les prépositions vont servir à marquer les relations avec les autres unités. ● Dans les langues synthétiques : petit nombre de morphèmes par mot. La morphologie peut être concaténative (les morphèmes les uns à la suite des autres) ou non (des opérations morphologiques qui modifient le radical, comme par exemple en arabe : KTB, KiTaB, maKTouB). ● Langues polysynthétiques : un grand nombre de morphèmes par mot. Il y a aussi la classification selon des propriétés syntaxiques (SVO) Langage et langue: qu'est-ce qu'une langue? ● langage : faculté humaine qui se manifeste à travers les langues parlées par les sociétés humaines. ● La langue : p25 de Saussure : un produit social de la faculté de langage et un ensemble de conventions nécessaires adoptées par le corps social pour permettre l'exercice de cette faculté par les individus. Saussure opposera langue (faculté humaine reflétant un ensemble de conventions sociales) à la parole, qui est un acte individuel à travers lequel un individu utilise la langue. langue – – – parole répertoire, ensemble de règles abstrait système - les énoncés, les discours produits - concret - utilisation de ce système Martinet (Saussurien fonctionnaliste) : « une langue est un instrument de communication selon laquelle l'expression humaine s'organise. » Un signe linguistique, qu'est-ce ? un signe c'est : - un signifié (image acoustique du mot, manifestation auditive/graphique) - un signifiant (la représentation mentale que l'on se fait de l'objet.) La relation entre le signifiant et le signifié est arbitraire, purement conventionnel. En français on peut avoir plusieurs signifiés pour un signifiant, à l'inverse de certaines langues : par ex, Boeuf (viande ET animal sur pattes), mais en allemand Rind (viande) et Ochs (animal sur pattes). Selon Martinet, les signifiants sont composés de deux types d'articulation : - les unités distinctives, qui sont des unités dites de première articulation (l'unité de base est le phonème: paire – maire). - les unités significatives, qui sont des unités dites de seconde articulation (l'unité de base est le morphème, ou monème). Relations entre les unités d'un système Piere écrit une lettre 4 unités significatives : on peut remplacer chacune de ces unités par une autre. Pierre : il – Paul – mon frère écrit : lit – envoie – reçoit une : la lettre : page – annonce ces unités sont en rapport d'exclusion mutuelle, elles ne peuvent pas apparaître au même endroit au même moment. C'est ce qu'on appelle un paradigme. Chacune de ces unités entrent en combinaison avec une autre unité présent dans l'énoncé. On appelle ces combinaisons des syntagmes, constructions constituées d'éléments en relation dans un énoncé. Chaque unité est dans une double relation. Axe paradigmatique axe syntagmatique (enchaine des unités dans la parole : phonèmes, morphèmes, lexies-mots, syntagmes, phrases). La relation des éléments simultanément présents dans le message. Les mots: qu'est-ce qu'un mot? la grammaire reconnaît à ces unités des propriétés, l'appartenance à des parties du discours (=classe grammaticale: noms, adjectifs, pronoms, déterminants, verbes, etc.), et ces unités se combinent pour faire des unités plus larges. Le mot est l'unité de base de la langue. Un mot graphique : suite de caractères entre deux espaces. Un mot phonique : une unité isolée par deux pauses. Combien de mots pour la pomme de terre, le chemin de fer ? Ces mots composés doivent être vu comme des mots sémantiques, ne signifiant quelque chose qu'avec l'ensemble des mots qui les composent. On ne peut inférer le sens du mot pomme de terre avec seulement le mot « pomme » d'un côté, et « terre » de l'autre. On peut faire plusieurs tests pour déterminer le nombre des unités. Le test de l'insertion : la pomme petite de terre (?) - la petite pomme de terre le test de substitution : peut-on remplacer l'un des deux termes (« pomme » ou « terre ») tout en conservant le sens de « pomme de terre » ? Non, donc il s'agit bien d'un seul mot. Les parties du discours (ou classes grammaticales) sont au nombre de 9 en français : le nom / l'article / l'adjectif / le pronom / le verbe / l'adverbe / la préposition / la conjonction / l'interjection ces parties du discours sont à distinguer de la fonction d'une unité qui est définie en fonction de la reation qu'il joue avec un autre élément dans un énoncé : sujet / objet / complément / épithète les élèves prennent des notes les / élèves / prennent / des / notes Une partie du discours quelconque ne s'associe pas avec n'importe quelle autre partie du discours pour former un groupe ou participer à une phrase. Les règles syntaxiques décrivent les combinaisons possibles entre les classes. En français par exemple il va y avoir des contraintes sur la forme du verbe (conjugaison) et du substantif dans l'association d'un nom et d'un verbe. Selon les règles syntaxiques, dans la phrase "les élèves prennent des notes" les (article ou pronom) élèves (subst. ou verbe) prennent (verbe) des (article, ou art. prépositionnel) notes (subst. ou verbe) art. --> subst. (correct, la combinaison existe) art. --> verbe (pas bon, ça marche pas) pronom --> subst. (pas bon, ça marche pas) pronom --> verbe --> verbe (pas bon, ça marche pas) II – Morphèmes et découpages morphologiques un morphème comme la plus petite unité de son porteuse de sens qu'il soit possible d'isoler dans un énoncé. De même que le phonème, le morphème est une entité abstraite susceptible de se réaliser de plusieurs manières dans la chaîne parlée. laver lavez laveur prélavage lavable un morphème, c'est donc une forme (un signifiant) qui a un contenu interprétatif (un signifié). Donc, un signifiant et un signifié = un signe. On en peut pas donner une interprétation plus petite si l'on veut décomposer l a v. Ou bien alors on est dans l'articulation du premier degré et on change le sens même du mot : l e v. Ces segments (morphèmes) sont des signes considérés comme des unités significatives minimales. lav : néttoyer avec un liquide maintenant si l'on compare montage et lavage, une partie de l'interprétation est portée par le suffixe age, dont le sens est "action de". Ces morphèmes, ces unités lexicales, ont une signification compositionnelle. On distingue les morphèmes lexicaux (qui permettent de faire référence à des entités du monde) et les morphèmes qui font référence à des choses abstraites, en nombre restreint, les morphèmes dérivationnels. morphèmes lexicaux grammaticaux (flexionnels) lexèmes dérivationnels (référentiels) [formation des unités lexicales] Le découpage morphologique a pour objectif la mise en valeur des éléments grammaticaux ou lexicaux qui constituent le mot. Là encore aucune règle de découpage mécanique ne peut être établie. L'animateur privilégiera les éléments d'utilité didactique immédiate. Le découpage morphologique se justifie en particulier pour l'étude des formes du verbe, l'apprentissage des adverbes, des suffixes, etc. Exemple de : ● morphème lexical, lexème : maison, + la dérivation -ette: maisonnette ● morphème grammatical : mangerai, deux morphèmes: er et ai. Exemple de flexion par infixation: ● en arabe (KTB, KiTaB, maKTouB). ● dans les langues germaniques: en anglais on appelle ça l'apophonie (ablaut). En allemand: le verbe singen: sang, gesungen. On parle aussi d'harmonie vocalique. Par exemple en français le verbe taire: je tais, je tus. Les morphèmes grammaticaux (ou flexionnels) sont souvent appelés des désinences. ● Pour les catégories nominales: substantif/adjectif/adverbe, on parle alors de déclinaisons. ● Pour les catégories verbales: la conjugaison. On catégorise les morphèmes selon qu'ils sont: ● liés ● libres Certains morphèmes vont s'insérer dans le discours sans support, sans ajout d'autres morphèmes. Ils sont indépendants et sont appelés « libres ». dans le mot « laiteux »: lait (morphème libre) + eux (un morphème lié) La manifestation concrète des morphèmes est réalisée par un (ou plusieurs) morphes => le signifiant = morphème son interprétation => le signifié Toutes les variantes possibles des signifiants sont des allomorphes. Ex: pour les subst. pl. ---> {s} ; {x} ; {aux} pour les verbes, par ex. le verbe « pouvoir »: /pø/ je peux /pœv/ ils peuvent /pʋv/ je pouvais /py/ je pus /pʋʁ/ je pourrais /pyis/ puisse /pys/ que je pusse On peut donner par convention une forme générique pour représenter un morphème. le verbe pouvoir a 7 radicaux possibles: ce sont l'ensemble des allomorphes de pouvoir. Ces allomorphes peuvent avoir: ● des variantes libres: en français le verbe « payer » peut se prononcer différemment, c'est au choix. Comme pour le verbe « asseoir », on peut dire « je m'assoids » ou « je m'assieds ». Ni l'une ni l'autre n'est mieux à l'autre forme. ● Des variantes contextuelles: son utilisation est conditionnée par le contexte. Les variantes ne sont pas interchangeables dans ces cas. Les formes sont en distribution complémentaire. /inytil/ inutile tous ces mots ont un ségment préfixal. Tous ces /inaks ɑ̃t ye/ /ilizibl/ /iresposabl/ /ɛdes ̃ ɑ̃/ /ɛpoli/ ̃ inaccentué illisble irresponsable indécent impoli préfixes ont un sens privatif. On voit que ce segment a des réalisations différentes: iniɛ y__ l__ d__ a__ r__ p__ (voyelle) (liquide) (consonne) On a à chaque fois un contexte différent de réalisation. Le découpage sera différent si l'on prend la forme orthographique: il/lisible ; in/utile ; in/accentué ; ir/responsable ; in/décent ; im/poli {il-} ; {in-} ; {im-} ; {ir-} /ilkʋr/ il court /ilkʋrɛ/ il courait kʋr : acte de courir ɛ : imparfait il : 3 pers. du sing. Ø : présent /nukurio/ /nukurio/ nu___o : morphème discontinu, qui est un morphème de la personne (1ere pers du pl) kur : la course o : présent io : imparfait (mais on peut dire que l'imparfait c'est le « i ») Donc: 1re, 2me, 3me pers sg 3me pers pl Présent Ø Imparfait -ɛ 1re, 2me pers pl Ø -j{ons, ez} nukurio : morphème discontinu, qui est un morphème de la personne. O : partie qui représente la personne, mais non le temps, puisque: nous courions i : l'imparfait {-j-} et ons : la personne En fait, dans « nous courons », la personne est représentée par « ons », mais le présent est représenté par une absence (Ø). Nous cour Øons Précisions sur le paradigme Pierre écrit un livre tous les éléments peuvant être remplacés par d'autres de même catégorie sont appelés des paradigmes. On peut retrouver ça à l'intérieur d'un même mot avec les unités distinctives dites de première articulation, les phonèmes : /raison/ /taisons/ /maison/ /saison/ à chaque fois on a une nouvelle unité, mais une seule s'impose dans l'énoncé qu'on veut produire. A chaque substitution on trouve des contraintes grammaticales : si dans l'exemple on choisit « lettre » au lieu de « livre » il faut modifier l'article « un » par « une », etc. Si à la place de Pierre on met « mes amis » il faut changer la forme du verbe. On appelle ces contraintes des dépendances syntagmatiques (marquées par l'accord, etc.). Système d'écriture : donner une forme visuelle à certaines unités linguistiques. Les systèmes d'écriture qui privilégient le signifié sont dit des systèmes logographiques (veulent exprimer le concept, la chose), les systèmes d'écriture privilégiant le signifiant sont dit des systèmes phonographiques, soit syllabique soit alphabétique. La typologie de Gelb 1. 2. 3. 4. les systèmes logographiques les systèmes logosyllabiques les écritures syllabiques les écritutres alphabétiques selon lui, un ordre historique mais il émet un petit jugement de valeur, les écritures alphabétiqus seraient « parfaites ». Exemple en allemand d'allomorphes (discontinus) du pluriel en allemand, le mot « haus » et « häuser » : /haus/ (lexème) + / ¨er/ (morphème du pluriel) - ici l'allomorphe est sur le morphème du pluriel, non sur sur le lexème Haus. - les morphèmes du pluriel en allemand: __er ; ¨ er ; __e ; ¨ e ; __en ; __(rien) le découpage morphologique découper: fier / fière / fièrement / fierté fier: racine, radical, base (on peut y ajouter des éléments) ● ● ● racine: La notion de racine est peu utilisée en linguistique française: il est généralement inutile (et malaisé) de distinguer la racine du radical Base: Ce qui reste du mot une fois ôté l'affixe qui a servi à former ce mot. Par exemple constitutionnellement est formé sur la base constitutionnelle, féminin de de constitutionnel, par l'adjonction du suffixe adverbial -ment. Mais constitutionnel est lui-même formé sur la base constitution. Une base qui ne comprend plus aucun affixe constitue le radical du mot. Radical: Dans les classes grammaticales comportant une flexion, le radical constitue le lexème (ou morphème lexical). Il s'oppose aux affixes (en français préfixes et suffixes) et aux morphèmes flexionnels. Dans retravaillerez, re- est un préfixe, -er et -ez des morphèmes flexionnels. Le radical est travaill-. Fière: morphème flexionnelle sur la base fier. Le signifiant graphique ( `_e), le signifiant phonologique (rien). Fièrement: morphème dérivé d'une base adjectivale dont la forme est fem. Sg, et on construit un adverbe base+ment. Lexique Commutation lexème Mot-forme Opération par laquelle on remplace un segment d'énoncé par un autre afin de vérifier si «à un changement de forme correspond un effet de sens». Unité abstraite du lexique pouvant avoir plusieurs formes de réalisations dans un énoncé; ce qui est commun à l'ensemble de ces formes de réalisation. Séquence de phonèmes/graphèmes qui est la réalisation d'un lexème dans un énoncé. (forme lexicale) morphème Le signe linguistique minimal. Un morphème est une unité abstraite. A un seul signifié peuvent être associés plusieurs signifiants. Ces variantes de signifiants sont appellées allomorphes. allomorphe morphe racine Varientes formelles d'un morphème lexical ou grammatical. Les allomorphes d'un même morphème sont en général en distribution complémentaire (ils ne peuvent apparaître dans le même contexte). Unité observable, graphique ou phonique, correspondant à la ou à une des réalisations possible d'un morphème. L'ensemble des réalisations possible d'un morphème constitue ses allomorphes. La partie irreductible d'une unité lexicale, toujours présente dans la manifestation d'un lexème. Ce qui reste d'une forme lexicale losque tout élément flexionnel est supprimé; radical marque flexionnelle radical (1) chat -s (2) livreur -s Dans (1) l'élément, la marque flexionnelle est associée au radical chat qui est la racine nue. Dans (2) elle est associée au radical livreur qui est complexe, constitué de la racine livr- + le sufixe -eur. base joncteur Toute unité à laquelle peuvent s'adjoindre des afixes, quelle que soit leur catégorie : flexionnelle pour des raisons syntaxiques, dérivationnelle pour construire une nouvelle unité. Tout formant repérable à la limite de deux unités. Forme d'un seul signifiant qui recouvre plusieurs signifiés. du = de le amalgame au = à le des = de les