Principes de morphologie.
I. La morphologie
Morphologie : étude à la fois de la forme et de la formation des mots. On distingue :
La morphologie grammaticale : description de la variation des mots selon le
genre, le nombre, la personne, le temps(on parle plutôt de morphosyntaxe)
La morphologie lexicale : description des mécanismes qui déterminent la
formation des mots (mécanisme de dérivation et de composition).
A. Du morphème au mot
L’unité sur laquelle s’appuie la description morphologique n’est donc pas le mots mais
une unité plus petite que le mot, le morphème (= unité minimale de signification). Un
mot est constitué :
d’un seul morphème : jour, grand, couleur, monument…
de plusieurs morphèmes, radical et affixes : in|connu, blanch|eur…
Les différents types de morphèmes :
Les morphèmes grammaticaux : (la liste en est close)
Les morphèmes libres : ce sont des mot, des mots outils, mots grammaticaux :
Déterminant
Pronom
Préposition
Conjonction
Auxiliaire
Les morphèmes liés = ces affixes (un affixes = morphème lié entrant comme
constituant d’un mot) sont appelés, dans la morphologie grammaticale, des
flexions ou encore des désinences indiquant :
Le nombre
Le genre
La personne
Le temps
Le mode
Les morphèmes lexicaux : c’est un ensemble ouvert qui se renouvelle constamment.
Les morphèmes libres ou mots : jour, grand, couleur…
Les morphèmes liés :
les base et radicaux
les affixes dérivationnels (suffixes et préfixes)
B. Point de vue synchronique et diachronique.
Il existe deux perspectives complémentaires dans la morphologie lexicale :
La synchronie : selon un point de vue synchronique la morphologie lexicale décrit les
mots tels qu’ils se présentent dans un état de la langue à une époque donnée.
Mot simple : il n’est pas décomposable en unités de sens plus petites, c’est à dire en
morphèmes.
Mot complexe : il est composé de plusieurs morphèmes, mais qui ne sont pas
forcément dit « productifs » (ex : un chemin de fer)
Mot construit : c’est un mot complexe entièrement analysable en morphèmes
actuellement productifs. Il est formé par composition ou dérivation.
La diachronie : selon un point de vue diachronique, la morphologie lexicale décrit
l’histoire d’un mot (elle en cherche l’origine [l’étymon] et en décrit l’évolution).
Le fond héréditaire
De nombreux mots sont issus, par évolution phonétique et sémantique, des fonds
primitifs anciens (gaulois, celte, latin, grecs [par l’intermédiaire du latin surtout], germanique.
Ce sont des mots simples correspondants à un seul morphème, qui ne peuvent donc être
décomposés (ex : acheter <accaptare, bataille< battalia)
Les emprunts
latin, grec (emprunts plus tardifs) : âcre, article, ministère…
italien : colonel, adagio, cavalier,…
arabe: zéro, chiffre, sirop…
allemand : boulevard, blottir…
espagnol : camarade, fanfaron
anglais : parking, football, film, redingote…
Les formations « moderne » :
Les abréviations (la télé, le bac…), les sigles (le CAPES, un radar, un laser…) les
mots- valises (une foultitude, franglais), les onomatopées : un ouf, un glouglou, ronfler,
cliqueter…
II. La morphologie lexicale
La morphologie lexicale concerne la formation des mots dits construits dont il y a deux
grands modes : la dérivation et la composition.
A. Les procédés de dérivation
La dérivation est la constitution de nouvelles unités lexicales, dites dérivées, par adjonction
à une base ou radical d’un affixes, qu’il soit préfixe et/ou suffixe. On distingue différents
types de dérivation :
1) La préfixation ou dérivation préfixale
- l’affixe est à gauche de la base.
- Cette base peut être un nom, un adjectif, un verbe : dés-intégration, dé-
figurer.
- Il ne modifie pas la nature de cette base.
- Un préfixe peut présenter des allomorphes : de-, dé-, des-, dés-, dis-
- Etre polysémique : re- donner (répétition), re- formuler (retour au
départ d’un processus)…
2) La suffixation ou dérivation suffixale
- L’affixe est placé à droite de la base.
- Il peut modifier la nature de la base : blanc (adj.), blancheur (nom)
- Il a parfois une valeur diminutive (fille / fillette), péjorative (blanc/
blanchâtre), ou collective feuille/ feuillage).
- Il tend à se spécialiser : - ation (action à partir d’un verbe ou résultat de
cette action, - eur (nominalisation à partir d’un verbe donnant un nom
d’agent, travailleur) …
Exemple de suffixes (extrait du Code du français courant, Henri Bonnard, Magnard, 1981,
pp.107- 116)
-Formation de noms :
action : - age (élevage), - ance (alliance), - sion (exclusion)
résultat de l’action : - age (échafaudage), - ment /- ement (ameublement), - ure(blessure
agent, profession : - eur (chanteur), - er (cocher), - ien (musicien)
collectif : - age (feuillage), aie (hêtraie)
-Formation de verbes :
factitifs : - iser (égaliser)
diminutif : - iner (trottiner)
-Formation d’adjectifs :
qualité, caractère, relation : - ain, - al, - eux
possibilité : - able, - ible…
diminutif : - et (trottiner)
péjoratif : - âtre (blanchâtre)
3) La dérivation parasynthétique
- On ajoute simultanément préfixe+base+suffixe. (Cf. Riegel, Pellat,
Rioul, pp.542 et 545) Ex : en-col-ure, dé-bout-er, ….
4) La dérivation impropre ou conversion
- C’est le passage d’une classe grammaticale à une autre sans
modification formelle (nom dérivé d’adjectif, verbe dérivé de nom…) Lorsqu’un terme
change de catégorie grammaticale, on parle de recatégorisation grammaticale.
Ex : sourire> le sourire, réel> le réel, une orange> orange…
- On parle parfois de dérivation inverse ou régressive quand un nom est
dérivé d’un verbe car on l’obtient après disparition de la marque de l’infinitif qui n’est pas
considérée comme un suffixe (N appelés alors déverbaux : ce sont des N qui prennent la
forme du radical du verbe). D’un point de vue diachronique le verbe est premier :
Ex : galoper> galop crier> cri visiter> visite travailler> travail
- D’un point de vue diachronique, un verbe peut être formé à partir
d’un nom : critique> critiquer (même si en synchronie, on observe une forme de dérivation
nominal à partir d’un verbe, c’est à dire un déverbal.)
B. Les procédés de composition
Les deux morphèmes d’un mot composé (pomme de terre) peuvent exister à l’état
libre (pomme et terre) : ce son donc des mots, qui peuvent aussi servir de bases à des
dérivés. Mais lorsqu’ils forment un mot composé, ils sont inséparable et de place fixe
(critères de cohésion).
Ils peuvent être reliés par :
juxtaposition/ soudure : portefeuille
trait d’union : porte-monnaie
préposition : chemin de fer
intervalle typographique (ou blanc)
Ces mots ayant une existence autonome peuvent être :
des noms : chou-fleur (N+N), amour propre (N +Adj.) …
des adjectifs : aigre- doux (adj. +adj.), bienveillant (adv. + participe)
des verbes : prendre feu, prendre la fuite, s’en aller…
Le sens d’un mot composé n’est pas l’addition des deux sens des mots qui le
constituent : c’est un sens nouveau.
Mais les deux morphèmes peuvent être également issus de langues mortes. Ils
forment alors des composés savants : c’est ce qu’on appelle parfois l’interfixation (il y a
deux bases, il ne s’agit donc pas de dérivation car aucun morphème n’est un préfixe ; mais
ces deux morphèmes ne sont plus autonome en français moderne) (cf. RPR. P550)
grec : démocratie, misanthrope, anthropophage, anthropologue…
latin : multicolore, apiculteur
grec+ latin (composé hybride) : génocide (genos= race+caedere=tuer),
sociologie, omnivore…
Certains morphèmes tendent, par leur productivité et leur place, à fonctionner comme
préfixe : pyrogravure, pyrotechnique, pyrolyse, pyromane…
C’est le cas des adverbes et des préfixes français qui, ne pouvant fonctionner comme bases, ne
sont pas des morphèmes de mots composés mais des préfixes. Exemple de contre : si
contresens et contre-allée sont des dérivés par préfixation, contre- offensive est un mot
composé (cf. Sancier p.321).
- Riegel, Pellat, Rioul, grammaire méthodique du français, pp.531-553(chap.17)
- D. Denis et A. Sancier, Grammaire du français, pp.313-324
- A. Niklas-Salminem, La lexicologie, Paris, A. Colin, « Cursus »,1997
- A. Lehmann et F. Martin- Berthet, Introduction à la lexicologie. Sémantique et morphologie,
Paris, Dunod ,1998 (Nathan 2000)
- M-F. Mortureux, La lexicologie entre langue et discours, Paris, A. Colin, « Campus », 2001.
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