Corrigé Q° de synthèse _rentabilité et investissement_ TH.…

THEME 1 : CROISSANCE CAPITAL ET PROGRES TECHNIQUE
CORRIGE DE QUESTION DE SYNTHESE
SUJET : Vous montrerez que la hausse de la rentabilité des entreprises peut favoriser la
reprise de leurs investissements, mais qu’elle n’en est pas une condition suffisante.
TRAVAIL PREPARATOIRE :
1) Rappel :
- Taux de marge = (EBE/VA)*100
- EBE = VA – (salaires + charges sociales + taxes professionnelles)
Impôts liés à la production
- VA = richesse créée par les entreprises au cours de la production
Le taux de marge correspond à la proportion de la richesse créée par les entreprises (VA) qui
revient aux détenteurs de capitaux (EBE), une fois payé les salaires et impôts liés à la
production (charges sociales + taxes professionnelles).
Remarque :
Cette part (EBE) sera utilisée pour :
- payer les frais financiers (impôts sur le bénéfice des sociétés + intérêts sur
emprunt + amortissements)
- mesurer le profit (redistribué et/ou réinvesti : l’ENE)
2) On peut considérer trois périodes :
1970 - 1982 : Le taux de marge diminuant (de 31 à 25.5%), le taux d’investissement
diminue lui aussi (de 22 à 19%). On constate une corrélation positive entre les deux
ratios. On peut même parler de causalité sur cette période (selon l’adage d’Helmut
SCHMIDT : « Les profits d’aujourd’hui font l’investissement de demain […] les
emplois d’après demain ») Ici, Les entreprises, disposant de moins de profit (en
proportion de la VA créée), elles ont moins de possibilité de s’autofinancer et, donc,
d’investir.
1982 1989 : Une nette restauration du taux de marge des entreprises (de 26 à 34%
sur la période) n’est pas suivie d’une hausse significative du taux d’investissement. Ce
dernier continue même à baisser (de 19 à 17 % entre 1982 et 1984), puis connaît un
léger rétablissement (de 17 à 19 % entre 1984 et 1989). Rétablissement sans commune
mesure avec la hausse des taux de marge sur cette période. De quoi douter de la
première partie du « Théorème » d’Helmut SCHMIDT, affirmant une causalité stricte
entre profits et investissements.
1989 1999 : On constate, globalement, durant les années 90, que le taux de marge
des sociétés non financières françaises est plutôt constant et élevé (entre 31 et 33 %
sur la décennie). Tandis que leur taux d’investissement est, lui aussi, plus ou moins
constant, mais beaucoup plus faible (entre 16 et 18 % sur la même décennie… environ
deux fois moins)
Conclusion : L’investissement des entreprises dépend en partie de leurs profits (ici : leurs taux
de marges), mais pas en totalité (il existe d’autres facteurs expliquant l’investissement…)
3) Cette phrase confirme la conclusion de la réponse à la question 2. Elle fait référence à
la théorie de la « Demande effective », de John Maynard KEYNES, selon laquelle les
entrepreneurs, pour investir, c'est-à-dire prendre un risque à long terme, doivent être
plus ou moins assurés d’un retour sur investissement. Ils doivent anticiper
(macroéconomiquement) une demande conséquente, des débouchés à leurs surcroît de
production. Cette demande (anticipée ou « effective ») concerne aussi bien les biens
de consommation (future consommation finale des ménages) que les biens de
production (futur investissement des entreprises). Les deux déterminant l’offre future
et, donc, le niveau des investissements actuels.
A cet égard, le rôle de l’Etat Providence (garantissant entre autres, par la
redistribution, des revenus aux populations les plus modestes) est, selon KEYNES,
essentiel pour créer un climat de confiance favorable à la consommation présente et
future des ménages. Et, donc, favorable à l’investissement des entreprises
4) Deux avantages identifiables à la hausse de rentabilité des entreprises (liés aux deux
définition de la rentabilité : rentabilité économique et rentabilité financière) :
Taux de Rent. économique : [EBE / (Capit. Propres + Capit. Empruntés)] x 100
Au niveau microéconomique, une hausse de ce taux signifie :
- Soit une hausse de EBE (hausse des profits)
- Soit une baisse de Capit. Propres + Capit. Empruntés (en général, davantage dûe à
un remboursement de dette qu’à une dévalorisation du capital de l’entreprise)
Dans les deux cas, la part des charges financières (dettes) de l’entreprises par rapport à la
part de VA qui lui revient (EBE) a tendance à baisser.
Avantage : le poids des dettes baisse, ce qui facilite l’autofinancement
Taux de Rent. Financière : [ENE / Capit. Propres] x 100
Une hausse de ce taux signifie une hausse de la profitabilité des entreprises
(Puisque Profitablité = Tx de Rent. Financière - Tx d’intérêt réel)
C’est à dire un « effet levier » de l’investissement
Les entreprises sont incitées à emprunter et à investir. Leur capacité croissante à
rembourser leurs dettes leur donne la confiance des banques. Elles obtiennent d’autres
financements externes à des conditions avantageuses (taux d’intérêts nominaux et réels
bas… ce qui entretient leur profitabilité…)
5) La mise en perspective de ces deux documents vérifie partiellement la théorie de
« l’effet accélérateur », selon laquelle, sous certaines conditions (coefficient de capital
constant, régulation du marché par les quantités plutôt que par les prix…), lorsque le
taux d’utilisation des facteurs de production est proche de 100 %, une hausse de la
demande peut avoir pour conséquence une hausse plus que proportionnelle de
l’investissement. Ainsi, autour des années 1986-1989, la reprise légère reprise du taux
d’investissement (de 17 à 19 % d’après le doc. 1) peut s’expliquer par le fait que les
capacités de production dans l’industrie manufacturière sont en voie de saturation (le
doc. 3 montre un pic à 89 entre 1988 et 1989).
Symétriquement, la chute rapide du taux d’investissement durant les années 70 peut
s’expliquer, au-delà de la chute du taux de marge (voir question 2), par une sous
utilisation des capacités de production dans l’industrie manufacturière (un creux à
moins de 77 % entre 1974 et 1976, d’après le document 3)
6) Le taux d’intérêt réel est égal au taux d’intérêt nominal, corrigé de l’inflation (déflaté).
Taux d’int. Réel (en indice) = [Taux d’int. Nominal (en indice)/ Ind. Des prix] x 100
On peut dire aussi : Tx d’int. Réel = Tx d’int. Nom. Tx d’infl° (moins rigoureux
mais significatif pour des petites variations)
Le taux d’int réel est un des éléments de calcul de la profitabilité des entreprises (voir
question 4 : Profitablité = Tx de Rent. Financière - Tx d’intérêt réel )
Donc, une baisse des taux d’intérêt réels (due à une baisse des taux d’int. Nominaux
ou à une relance de l’inflation) a comme conséquence une hausse de la profitabilité
(« effet levier »). Les entreprises ont donc intérêt d’emprunter pour investir plutôt que
d’effectuer des placements financiers.
Au-delà de la phrase soulignée, on peut noter que si, à l’inverse, les taux d’intérêts
remontent, l’investissement aura tendance à stagner voire à baisser, les entreprises
évitant d’emprunter pour investir et préférant parfois placer de l’argent sur les marchés
financiers (ou même en banque) pour profiter de ces taux élevés et voir leur épargne
rémunérée davantage que leur production (cas des années 90).
SYNTHESE :
Introduction :
En 1976, Helmut SCHMIDT, chancelier de l’Allemagne de l’Ouest d’alors (RFA), déclarait
lors d’un discours au Bundestag (Parlement allemand) : « La compétitivité d’aujourd’hui fait
les profits d’aujourd’hui : les profits d’aujourd’hui font l’investissement de demain et
l’investissement de demain fait l’emploi d’après demain ».
On peut lire, dans cette affirmation, une thèse plutôt libérale concernant la relation de cause à
effet entre profits et investissement.
Défini comme, un détour de production, c'est-à-dire l’acquisition de biens de production (le
plus souvent du capital fixe matériel même si, de plus en plus, l’investissement revêt un
aspect immatériel) dans le but de maintenir ou améliorer la production (renouvellement,
capacité, productivité), l’investissement serait, selon SCHMIDT, une simple conséquence des
profits individuels des entreprises. Il conviendrait alors de laisser ces dernières travailler à
l’optimisation de leur EBE (Excédent Brut d’Exploitation) pour qu’elles en consacrent une
partie conséquente à investir. En effet, plus l’EBE est élevé, plus la rentabilité des entreprises
l’est aussi. Cette dernière notion désignant la capacité d’une entreprise à générer un profit en
comparaison du capital engagé. Que ce soit l’EBE par rapport à l’ensemble des capitaux
(rentabilité économique) ou bien l’Excédent Net d’Exploitation (ENE) par rapport aux seuls
capitaux propres de l’entreprise (rentabilité financière), le lien entre profits et rentabilité, nous
amène à penser, dans le prolongement de Helmut SCHMIDT, que la rentabilité des
entreprises peut favoriser la reprise de leurs investissements (PARTIE I). Toutefois, une
analyse plus approfondie de cette hypothèse nous amènera à considérer que la rentabilité n’est
pas toujours une condition suffisante pour stimuler l’investissement, lequel connaît d’autres
déterminants (PARTIE II).
Développement (plan détaillé) :
I LA HAUSSE DE RENTABILITE DES ENTREPRISES FAVORISE LE
FINANCEMENT DES INVESTISSEMENTS
A) La hausse de la rentabilité favorise l’autofinancement de l’investissement
Hausse de l’EBE => hausse de l’autofinancement, favorable à l’investissement sans
risque (déclaration d’Helmut Schmidt)
Question 1 (lien entre EBE et taux de marge)
Cours : lien entre EBE, taux de marge et taux de rentabilité économique
Question 2 (1970-1983) : baisse du taux d’investissement lorsque les taux de marge
baissent
B) La hausse de la rentabilité favorise le financement externe de l’investissement
Question 4 : Une hausse du taux de rentabilité financière signifie une hausse de la
profitabilité des entreprises (Puisque Profitablité = Tx de Rent. Financière - Tx
d’intérêt réel). C’est à dire un « effet levier » de l’investissement. Les entreprises sont
incitées à emprunter et à investir. Leur capacité croissante à rembourser leurs dettes
leur donne la confiance des banques. Elles obtiennent d’autres financements externes à
des conditions avantageuses (taux d’intérêts nominaux et réels bas… ce qui entretient
leur profitabilité…)
De plus une hausse de la rentabilité financière satisfait les actionnaires et en fait venir
d’autres (hausse de capital des entreprises => hausse de fonds propres disponibles
pour l’investissent)
II LA RENTABILITE N’EST PAS TOUJOURS UNE CONDITION
SUFFISANTE ; L’INVESTISSEMENT PEUT AVOIR D’AUTRES
DETERMINANTS
A) La profitabilité des entreprises (incitation à investir) ne dépend pas seulement de
leur rentabilité mais aussi des taux d’intérêt réels
Q° 6
Q° 2 (période 1989-1999)
B) La Demande effective est un déterminant important
Q° 3
Q° 2 (période 1982-1989)
C) Importance, également, du taux d’utilisation des capacités productives
Q° 5
Conclusion :
Synthèse de la problématique :
Il semblerait donc que le niveau et le rythme de l’investissement, fonction essentielle des
entreprises, soient assez logiquement liés à la situation financière de ces dernières. Comment
investir si les entreprises ne font pas de profit ?... si leur activité n’est pas rentable ?... Au-delà
de cette simple logique, toutefois, on note que la décision d’investir ne dépend pas seulement
de résultats propres aux seules entreprises, mais du contexte économique et social dans lequel
elles agissent et se projettent (niveau des taux d’intérêt réel, état de la « demande
effective »…). On conçoit alors que le seul objectif de relance de l’investissement peut donner
lieu, dans le cadre du choix de la « bonne » politique économique, à nombre de débats
théoriques et même politiques en fonction des analyse que l’on a tendance à privilégier…
Ouverture :
La question des déterminants de l’investissement est d’autant plus importante que, si la
première relation causale du « théorème » de SCHMIDT (entre profits et investissements)
peut être, comme nous l’avons fait dans cette synthèse, discutée, relativisée, réfutée parfois
la seconde causalité (entre investissement et emplois) l’est beaucoup plus rarement.
En effet, dans une économie donnée, les emplois générés semblent assez souvent liés au
dynamisme de cette économie, sa capacité à la création de valeur ajoutée et la croissance. Et,
dans cette perspective (la dynamique de la croissance), même s’il partage la « place » avec
d’autres déterminants importants (le progrès technique, l’état des connaissances, l’action de
l’Etat, le changement social…) il semble que l’investissement soit un levier primordial des
économies modernes.
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