Dépression
L’épisode dépressif majeur.
I. Quelques généralités
Trouble fréquent. Ce terme est utilisé de nos jours comme la mélancolie à l’époque de Freud. Il existe
différents types de dépressions : troubles bipolaires (alternance de phases mélancoliques avec des phases
maniaques).
La sévérité de la dépression peut être vue en fonction de l’intensité et du temps :
- Intensité de la symptomatologie dépressive : symptômes plus ou moins marquants.
- Aspect temporel : on parle de chronicité et de récurrence. Chronicité quand l’épisode dure au moins
deux ans. Persistance de certains symptômes (séquelles) même si d’autres disparaissent. Les
dépressions chroniques sont des dépressions qui ont un impact plus important dans la vie du patient.
La dépression apparaît comme une affection très coûteuse : elle est la deuxième affection après les
maladies vasculaires. Première cause d’incapacité d’ici 2030.
Comorbidité : trouble de l’humeur est rarement isolé, peut être associé à l’anxiété, le stress post-
traumatique, l’addiction, les maladies somatiques chroniques (diabète par exemple).
Caractéristique essentielle : humeur dépressive ou perte de plaisir pour toutes les activités.
Symptômes :
- Symptômes peu spécifiques de dépression :
o Troubles du sommeil : insomnie ou hypersomnie (conséquence d’insomnie nocturne souvent,
insomnie nocturne étant des réveils dans la nuit).
o Agitation ou ralentissement psychomoteur :
o Trouble de l’appétit : perte ou gain, comportement compulsif possible.
o Difficultés de concentration.
o Fatigue ou perte d’énergie.
- Symptômes spécifiques de dépression :
o Humeur dépressive : le patient peut l’exprimer clairement ou non, souffrance somatique =
transformation de la tristesse.
o Perte d’intérêt ou de plaisir pour les activités : peut être exprimé par le patient ou l’entourage.
o Sentiment de valorisation, de culpabilité.
o Idées suicidaires.
DSM : au moins 5 symptômes pendant 2 semaines. Les symptômes ne répondent pas aux critères de
l’épisode mixte. Les symptômes induisent une souffrance cliniquement significative ou une altération du
fonctionnement social. Les symptômes ne sont pas imputables aux effets physiologiques d’une substance ou
d’une affection médicale. Les symptômes ne sont pas mieux expliqués par un deuil.
Les causes de la dépression
- Les facteurs environnementaux : environnement social, familial, stress, évènements traumatisants
(séparation, deuil, sentiment de perte ou changement d’état quand on est malade, l’âge).
- Les facteurs génétiques : antécédents familiaux (prédisposition génétique)
- Les facteurs biologiques : déséquilibre chimique du cerveau au niveau de la fabrication de certains
neurotransmetteurs (sérotonine, noradrénaline, dopamine). Un dérèglement de l’humeur et des
fonctions intellectuelles et physiques. NT jouent sur le sommeil, l’humeur, l’appétit, la douleur,
l’attention, les émotions, l’apprentissage…
Dysfonctionnement cérébrale : déséquilibre (aires hyperactivées et d’autres hypoactivées).
- Zones préfrontales sont en hypoactivation.
- Les structures limbiques sont en hyperactivité. Associées aux émotions négatives (notamment
l’amygdale).
II. Le fonctionnement cognitif dans lapression
Etude de McCall et Dunn (2003)
77 adultes dépressifs (56 ans en moyenne). Utilisation de tests cognitifs. Corrélation avec des échelles qui
mesurent l’autonomie, la satisfaction de vie et la qualité de vie des patients. On remarque un lien entre
l’altération globale de la cognition et l’appauvrissement des activités instrumentales de la vie quotidienne
chez des patients sévèrement déprimés.
Profil très général :
- Maintien du QI global.
- Troubles de la mémoire.
- Ralentissement psychomoteur.
- Le contrôle exécutif.
Lamoire
A l’aide des modèles classiques de fonctionnement de la mémoire. En comparant les performances de
mémoire de sujets déprimés à celles de sujets normaux. En utilisant des paradigmes expérimentaux qui
manipulent des facteurs susceptibles de jouer un rôle dans les performances de mémoire.
Baisse des performances de mémoire chez les sujets déprimés : mémoire verbale et visuospatiale. MLT
et MCT. Mais les tâches de reconnaissance sont mieux réussies que les tâches de rappel. Notion de
disponibilité et d’accessibilité. La tâche de reconnaissance réussie valide l’idée que l’information est
disponible en mémoire (bon encodage et stockage) et le déficit en rappel plaide en faveur d’un défaut
d’accessibili.
L’encodage de l’information : stratégies d’organisation à l’encodage. Rappel (expérience de Bousfield,
1953). Présentation de mots de différentes catégories sémantiques, les catégories sont présentées de
manière aléatoire. Quand l’information est catégorisable une stratégie se met en place qui se visualise au
moment de la récupération car on a tendance à rappeler les mots classés par catégorie. Ces stratégies
améliorent des performances mnésiques.
Taconnat et al., 2010 : manipulation d’un support à l’encodage (possibilité de catégoriser l’information). Liste
de 20 mots avec 5 catégories sémantiques. Présentation aléatoire ou non de ces mots : mots déjà catégorisés
ou catégorisables.
- Deux conditions expérimentales (avec ou sans support).
- Deux groupes de sujets.
Pour étudier le support uniquement on essaye de rendre nos groupes les plus semblables possibles sauf
sur le critère de la dépression. Mesure de l’âge, du niveau scolaire, de la santé subjective, de l’anxiété (similaire
pour les deux groupes) et de la dépression.
Objectif : lorsqu’on présente un matériel organisé les patients seraient plus aptes à rappeler les mots que
lorsqu’il n’y a pas d’organisation dans le matériel. On part du principe que si le matériel est organisé les
patients vont bénéficier de cette aide lors de l’encodage. Les patients organisent-ils spontanément le matériel,
est-ce que cela les aide ? Les sujets dépressifs catégoriseraient moins que les sujets contrôles.
On mesure le score (nombre de mots rappelés) et un indice qui permettre de voir si les patients organisent
le rappel. Cet indice lorsqu’il est de 0 cela veut dire que l’organisation est nulle, indice indépendant du nombre
de mots rappelés.
Effet principal du groupe : les sujets dépressifs rappellent moins que les sujets contrôles.
Effet principal du support : meilleur rappel lorsqu’il y a un support.
Effet principal de la catégorisation : les personnes qui catégorisent le plus ont de meilleurs scores que
ceux qui catégorisent moins.
Interactions significatives également : l’utilisation de l’organisation est différente selon le sujet.
- Groupe support : les sujets dépressifs bénéficient du support. Car les sujets contrôles que ce soit
avec ou sans support, rappellent autant de mots.
- Utilisation de l’organisation groupe : les participants qui catégorisent le plus rappellent plus de mots
mais uniquement chez les sujets contrôles. Mettre en place une stratégie de catégorisation n’aide que
les sujets contrôles malgré l’organisation qui peut être mis en place chez les dépressifs, le rappel n’est
pas amélioré.
Analyses non paramétriques (qualitatives) : le nombre de sujets qui catégorisent, il y a autant de sujets
qui utilisent la catégorisation chez les sujets contrôles et les sujets dépressifs. Chez les sujets contrôles 63%
rappellent l’information de manière catégorisée et seulement 37% chez les sujets dépressifs. Différence dans
les opérations mnésiques utilisées.
Rappel supérieur quand il y a un support, les sujets dépressifs sont moins enclins à utiliser la
catégorisation. Bénéfice du support pour les patients. Les déficits de mémoire sont dus à des difficultés à
mettre en place des stratégies lors de l’encodage.
Dichotomie mémoire explicite et mémoire implicite : on qualifie de mémoire implicite une mémoire
inconsciente et automatique. Se passe lors de la récupération. On parle de tâches explicites de mémoire qui
demandent une récupération consciente et intentionnelle de l’information en mémoire. Et les tâches
implicites de mémoire ne demandent pas explicitement au sujet de retrouver l’information en mémoire.
Différent de l’apprentissage intentionnel ou incident. Se passe lors de l’encodage. Lors d’un apprentissage
intentionnel la récupération est forcément explicite. Mais on peut procéder à un apprentissage incident et
récupérer l’information de manière explicite ou implicite.
Pas de consigne de mémorisation et de récupération et on mesure un effet d’amorçage : mémoire
implicite. Donc pas de processus stratégiques. On remarque une dissociation : les sujets dépressifs ont des
performances significativement plus faibles dans les tâches explicites de mémoire alors que dans les tâches
d’amorçage les sujets dépressifs ont des performances similaires aux sujets contrôles. Ce qui confirme la
difficulté à aller chercher l’information.
On part du principe qu’il y a une préservation de la mémoire implicite. Mais Alliot et Green ont montré
une altération pour les deux types de mémoire. Roediger et al. (1992) se sont demandés si toutes les tâches
implicites de mémoire sont équivalentes ? Traitement conceptuel vs traitement perceptif.
- Traitement perceptif : tâche de complètement de fragments, de trigrammes.
Si on sépare les tâches selon ces deux traitements on observe un profil différent au niveau de la mémoire
implicite : différence entre sujets dépressifs et contrôles quand la tâche est conceptuelle. Alors qu’on
n’observe pas cette différence pour les tâches perceptives. Ce qui différencie ces tâches c’est l’automaticité
des réponses.
Mulligan (2011) : contamination explicite dans les tâches implicites ? Il faut faire des contrôles
expérimentaux. Après les tâches implicites de mémoire on a fait passer un questionnaire sur la prise de
conscience. Les sujets doivent définir le degré d’agréabilité des mots. On demande à tous les sujets de
produire des mots selon des catégories. On sépare les sujets qui prennent conscience des sujets qui ne
prennent pas conscience. On trouve une différence quand il y a contamination explicite pas quand il s’agit
d’une tâche implicite pure (sans prise de conscience).
Conclusion :
- Déficitaire : mémoire explicite, traitement conceptuel, stratégies (processus contrôlés).
- Préservé : mémoire implicite, traitement perceptif, automatique.
La mémoire épisodique = mémoire des événements situés dans un contexte spatial et temporel (quoi, où,
quand). On distingue :
- Rétrospective : mémoire des événements passés.
- Prospective : mémoire des actions à faire dans le future.
Dans la mémoire prospective on retrouve l’encodage, le maintien et la récupération (on parle d’intention
cette fois). L’intention amène à la réalisation de l’action, la rification et la suppression de l’intention.
Intention est à la fois une composante rétrospective et à la fois une composante prospective. La récupération
se fait sur la base d’un indice ou sur la base du temps (bon moment où on doit récupérer l’information).
La mémoire « event-based » : action à réaliser lors de l’occurrence d’un événement défini.
La mémoire « time-based » : action à réaliser sans indice, à un horaire ou laps de temps.
Einstein et McDaniel (2000) : quelle que soit la tâche pour eux il y a des processus contrôlés et
automatiques mais répartis différemment selon l’indice, la tâche concourante et des individus. La mémoire
time-based est plus contrôlée.
La mémoire prospective (Rude et al., 1999) : 20 patients dépressifs et 20 participants contrôles. Tests
de culture générale (tâches concourantes) et épreuves de mémoire basée sur le temps (appuyer sur une
touche d’ordinateur toutes les cinq minutes). Tâches concourantes : tâches qui simulent la vie quotidienne
(double tâche) pendant le maintien en mémoire. On permet au sujet de surveiller l’heure pendant la tâche de
mémoire basée sur le temps.
Performances pour la tâche en cours et la stratégie mise en place et performances dans la tâche
concourante (pour s’assurer que les sujets fassent bien cette tâche).
Résultats : différence entre les patients et les sujets contrôles. Les sujets dépressifs réussissent moins
bien le test de culture générale. S’il y avait un temps de réponse, le ralentissement a pu mettre ne difficulté
le patient. De même différence pour les performances en mémoire prospective.
Le nombre de consultations de l’horloge : les dépressifs consultent moins l’horloge. Pourquoi ? Ils ne
perçoivent pas la stratégie en tant que telle, est-ce une 3e tâche pour eux ? Stratégie correcte : regarder
l’horloge de plus en plus. Alors que les dépressifs regardent l’horloge tout autant au début qu’à la fin des 5
minutes. Différences qualitatives et quantitatives donc.
Capacités à estimer la durée ?
Etude de Altgassen et al. 2009 : étude de l’indice. Manipulation de la proximité entre l’indice et la
tâche concourante. Indice focal (indice qui apparait dans la tâche) et non focal (indice plus éloigné, moins
saillant et lié à la tâche).
Travail sur des pairs de mots : lequel des deux mots à le plus de voyelles (tâche concourante) ? Et les
événements sont de deux natures :
- Focal : les sujets doivent réaliser l’action quand l’un des deux mots contient trois e.
- Non focal : les sujets doivent réaliser l’action quand l’un des deux mots est un verbe.
Résultats :
- Effet de groupe : les sujets dépressifs réalisent moins d’action.
- Effet de la situation expérimentale : meilleurs scores en focal qu’en non focal.
- Interaction significative : les sujets dépressifs sont plus pénalisés en situation non focale. Pas d’effet
de groupe en situation focale.
Les sujets dépressifs ont plus de difficulté sur la mémoire basée sur le temps. Application prise en charge :
quand on fournit un indice le patient est en mesure de l’utiliser, surtout s’il est focal. Il faut choisir les bons
indices avec de l’event-based.
Le ralentissement
Quel type de ralentissement est observé dans la dépression ? Ralentissement général :
- Sur le plan moteur : posture, marche, mouvements.
- Sur le plan mental : lenteur de la pensée, pauvreté, perte de la fluidité.
Langage :
- Rythme de parole :
o Temps de pause plus long.
o Phonation normal.
- Conversation :
o Pauvreté de la pensée.
o Manque de réactivité.
o Difficulté de l’initiation.
Temps de réaction :
Byrne et Swanson (1976) :
- Temps de réaction de choix.
- Comparaison patients déprimés et sujets sains : les temps de réaction de choix sont plus lents chez les
dépressifs.
1 / 15 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !