Mémoire présenté par l`AMC au Comité permanent de la santé de la

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Mémoire présenté par l’AMC au Comité
permanent de la santé de la Chambre
des communes
Les pénuries de médicaments
Le 29 mars 2012
Présenté par :
John Haggie, MB, ChB, MD, FRCS
Président
A healthy population and a vibrant medical profession • Une population en santé et une profession médicale dynamique
1867, prom. Alta Vista Dr., Ottawa ON K1G 5W8 • cma.ca/amc.ca • 613 731-9331 • 800 267-9703
L’Association médicale canadienne (AMC) est le porte‐parole national des médecins du Canada. Fondée en 1867, l’AMC a pour mission de servir et d’unir les médecins du Canada et de défendre sur la scène nationale, en collaboration avec la population du Canada, les normes les plus élevées de santé et de soins de santé. Pour le compte de ses 76 000 membres et plus et de la population canadienne, l’AMC s’acquitte d’un vaste éventail de fonctions dont les principales comprennent la représentation en faveur de politiques et de stratégies de promotion de la santé et de prévention des maladies et des blessures, la promotion de l’accès à des soins de santé de qualité, la facilitation du changement au sein de la profession médicale et l’offre de leadership et de conseils aux médecins pour les aider à orienter les changements de la prestation des soins de santé, à les gérer et à s’y adapter. L’AMC est un organisme professionnel à participation volontaire qui représente la majorité des médecins du Canada et regroupe 12 associations médicales provinciales et territoriales et 51 organisations médicales nationales. Introduction
L’Association médicale canadienne (AMC) est heureuse de présenter son
mémoire au Comité de la santé de la Chambre des communes pour qu’il en
tienne compte dans le contexte de son étude sur l’approvisionnement en
médicaments au Canada. Les répercussions graves de l’interruption de la
production dans une usine d’une société pharmaceutique ont mis en évidence
les lacunes sérieuses de la gestion des pénuries de médicaments au Canada.
Ce mémoire traite des mesures à prendre pour que le système de santé du
Canada fournisse des soins axés sur les patients.
Afin de fournir les meilleurs soins possibles aux patients, les médecins ont besoin
d’information opportune, complète et exacte au sujet des chocs et des
contraintes qui se répercutent sur l’approvisionnement actuel et prévu en
médicaments. C’est pourquoi nous avons fourni des commentaires aux
gouvernements et aux industries. De plus, le Canada a besoin d’un
approvisionnement ininterrompu en médicaments pour que les patients puissent
recevoir leurs traitements médicalement nécessaires.
Répercussions sur les patients et le système de santé
Les pénuries de médicaments qui persistent et auxquelles ils font face tout
comme leurs patients préoccupent profondément les médecins du Canada.
Les médicaments d’ordonnance peuvent prévenir des maladies graves,
raccourcir des séjours à l’hôpital, remplacer un traitement chirurgical et
améliorer la capacité d’un patient de fonctionner de façon productive dans la
communauté. Les produits pharmaceutiques sont bénéfiques pour le système
de santé en réduisant les coûts dans d’autres secteurs comme les séjours à
l’hôpital et les prestations d’invalidité. Les ruptures de l’approvisionnement en
médicaments peuvent avoir des répercussions sur le soin des patients, leur santé
et l’efficacité du système de santé en général.
À l’AMC, les organisations de patients nous parlent de l’inquiétude, de la
douleur et des préjudices que les pénuries de médicaments infligent aux
patients. Voici des extraits de ces vécus :
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Selon l’Association canadienne des lésés cérébraux : « Toute pénurie de
médicaments met en danger la vie de patients au Canada. Dans la
communauté des patients atteints de lésions cérébrales, on prescrit des
antidépresseurs pour certains, de même que des antidouleurs. Donc, s’il y
Association médicale canadienne 1 

a une pénurie, certains membres de la communauté seront en danger,
même si le médicament est modifié. »
La présidente intérimaire de l’Alliance canadienne des arthritiques,
Louise Bergeron, écrit à l’AMC pour affirmer que : « En fait, cela m’est
arrivé à trois reprises et c’est plutôt horrible quand vous savez que vous
n’aurez pas accès à certains médicaments pendant un longue période
de temps, en sachant fort bien que votre santé sera menacée. »
Sharon Baxter, directrice générale de l’Association canadienne de soins
palliatifs, affirme que : « Tous encouragent le gouvernement à trouver une
solution très rapidement, car les médicaments contre la douleur sont
essentiels et urgents en fin de vie. Je ne pense pas que nous soyons au
stade où des gens meurent sans avoir accès à ces médicaments, mais il
est totalement inacceptable d’en arriver là dans un pays comme le
Canada. »
Les pénuries de médicaments ont les répercussions suivantes, notamment :
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retards de l’accès à des médications nécessaires;
retards ou perturbations de traitements cliniques;
interventions chirurgicales retardées ou annulées;
perte d’efficacité thérapeutique lorsqu’une thérapie de remplacement
appropriée n’est pas disponible;
risque accru d’effets secondaires lorsqu’on a recours à des thérapies de
remplacement;
inobservation accrue lorsque les patients, et en particulier ceux qui
suivent une thérapie de longue durée, ont plus de difficulté à se
conformer à une nouvelle médication.
N’importe laquelle de ces situations peut avoir une incidence sur la santé des
patients, en particulier celle des patients qui ont des problèmes complexes.
Dans nombre de cas, il en découle une hausse de la demande imposée au
système de santé, que ce soit sous forme de consultation de médecins ou de
traitements à l’urgence.
Au cours d’un sondage réalisé par l’AMC auprès des médecins en 2011, les
deux tiers des répondants ont affirmé que la pénurie de médicaments
génériques avait eu des conséquences négatives sur leurs patients ou sur leur
pratique.
Parmi ces médecins, 22 % ont indiqué que les conséquences étaient telles que
l’état clinique du patient s’est détérioré parce qu’on a utilisé un médicament
Association médicale canadienne 2 de remplacement. De même, au cours d’un sondage auprès des pharmaciens
réalisé par l’Association des pharmaciens du Canada (APhC) en 2011, 69 % des
répondants se sont dit d’avis que les pénuries de médicaments ont des effets
indésirables sur l’évolution de l’état de santé des patients.
Parmi les médecins qui ont indiqué que la pénurie de médicaments génériques
avait des conséquences sur leurs patients ou sur leur pratique, il convient de
signaler que 28 % ont affirmé que leurs patients ont omis de faire remplir
l’ordonnance du médicament de remplacement à cause de son coût. De
nombreux répondants ont soulevé des préoccupations au sujet des
répercussions financières que les médicaments de remplacement ont sur les
patients.
Les réponses au sondage ont aussi mis en évidence la demande accrue
imposée au système de santé par le manque d’information fournie aux
médecins au sujet des pénuries de médicaments. Lorsque les médecins ne sont
pas informés d’une pénurie de médicaments et qu’ils le prescrivent, ils doivent
par la suite établir une nouvelle ordonnance pour leurs patients, ce qui les
oblige souvent à faire revenir les patients pour une autre consultation. En
informant mieux les médecins au sujet des pénuries de médicaments, on peut
réduire la demande imposée au système de santé en éliminant les inefficiences
associées à ces pénuries.
Étendue des pénuries de médicaments
En tentant de circonscrire l’envergure du problème, l’Agence canadienne des
médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) a affirmé :
« Il est difficile de quantifier les pénuries de médicaments et de déterminer
l’ampleur du problème au Canada, parce que les fabricants ne sont pas
tenus de signaler les ruptures d’approvisionnement en médicaments à
Santé Canada et parce qu’il n’existe pas un unique organisme canadien
justiciable qui surveille la distribution des médicaments dans l’ensemble
du système. »i
Ces sondages réalisés par l’AMC et l’APhC ont braqué les projecteurs sur le
manque de gestion des pénuries de médicaments au Canada. Dans leur
ensemble, les résultats de ces sondages brossent un tableau alarmant de la
gestion des pénuries de médicaments au pays et montrent qu’il faut améliorer
notre système.
Association médicale canadienne 3 Pour ce qui est de l’information, la majorité des médecins et des pharmaciens
ont indiqué qu’ils ne recevaient jamais (51 % et 29 %) de préavis des pénuries ou
qu’il en recevaient rarement (32 % et 33 %). Étant donné le pourcentage élevé
de pharmaciens qui signalent ne jamais recevoir d’avis ou en recevoir
rarement, 65 % des médecins ont indiqué qu’ils reçoivent un avis des
pharmaciens, ce qui est ironique. Entre-temps, 30 % des médecins ont aussi
indiqué qu’ils étaient prévenus des pénuries de médicaments par leurs patients.
Ce qui est alarmant, c’est que 81 % des pharmaciens sondés ont indiqué qu’ils
avaient eu de la difficulté à trouver des médicaments pour remplir une
ordonnance au cours de leur dernier quart de travail avant de répondre au
sondage et que 93 % avaient eu de la difficulté à le faire plus d’une semaine
auparavant.
Le problème n’est pas nouveau, mais depuis que nous avons sondé les
membres de l’AMC au cours de l’automne 2011, la situation s’est détériorée. Les
sites web sur les pénuries de médicaments affichent actuellement des listes de
quelque 250 médicaments en rupture de stock. Avant les répercussions graves
de l’arrêt de production à Sandoz, les hôpitaux canadiens faisaient déjà face à
des pénuries de produits injectables stériles – qui jouent un rôle critique dans des
spécialités comme la chirurgie, l’oncologie et l’anesthésie.
Ce dont les médecins du Canada ont besoin pour fournir des soins
Les médecins ont exprimé leur frustration face au temps qu’il faut pour trouver
un médicament de remplacement approprié – temps qui est enlevé au
médecin, à la pharmacie et au patient. Les médecins passent du temps qui
serait mieux consacré aux patients à chercher avec les pharmaciens des
médicaments et des thérapies de remplacement.
Les médicaments à fournisseur unique préoccupent le plus. En cas de pénurie
de ces médicaments, il n’y a pas de substitut évident. L’effet s’en fait sentir
maintenant dans les hôpitaux d’un bout à l’autre du Canada qui font face à la
perte de nombreux produits Sandoz et doivent rationner leurs dernières réserves.
Les médecins sondés par l’AMC ont indiqué en majorité qu’une meilleure
connaissance des problèmes d’approvisionnement en médicaments leur
permettrait de prodiguer de meilleurs soins à leurs patients.
À cette fin, l’AMC appuie fermement l’établissement au Canada d’un système
exhaustif de surveillance des pénuries de médicaments médicalement
nécessaires et d’intervention en la matière. Le Canada a besoin d’un système
Association médicale canadienne 4 viable doté de ressources adéquates pour repérer les pénuries, informer
rapidement et proactivement les professionnels de la santé et réagir
rapidement pour répartir les réserves de façon à régler les pénuries.
L’AMC a fourni à la fois à l’industrie et au gouvernement des commentaires sur
les principaux besoins en information des médecins. Ces besoins sont les
suivants :

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information sur les produits en situation de pénurie;
durée prévue de la pénurie;
substituts thérapeutiques;
régions touchées;
notification de la fin de la pénurie.
L’affichage récent des stocks en ligne par des associations des industries
pharmaceutiques améliore la gestion des pénuries de médicaments au
Canada, mais il reste d’importants problèmes à régler, notamment le besoin
d’information complète et plus uniforme, les avis automatiques aux médecins,
aux pharmaciens et aux autres fournisseurs de soins, un mécanisme permettant
de prévenir les ruptures possibles et un moyen de chercher des sources
nouvelles ou provisoires d’approvisionnement en période de pénurie.
L’AMC reconnaît que d’autres pays font aussi face à des pénuries de
médicaments. Le Canada doit aussi collaborer avec ses partenaires à
l’étranger pour trouver une solution internationale à ce phénomène.
Conclusion
La gestion des pénuries de médicaments au Canada présente d’importantes
lacunes qui ont une incidence sur les patients, les médecins et le système de
santé. Comme la pénurie en cours de médicaments injectables atteint presque
l’état de crise, il faut agir rapidement et collaborer pour contrer la rupture de
l’approvisionnement.
L’AMC demande aux députés de faire preuve de leadership afin d’assurer que
les fournisseurs de soins de santé du Canada ont accès à l’information dont ils
ont besoin pour s’occuper de leurs patients et que les Canadiens ont accès aux
pharmacothérapies médicalement nécessaires.
Association médicale canadienne 5 i
Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé. (2011) « Rupture d’approvisionnement en médicaments – Analyse prospective ». Ottawa : ACMTS, consulté en ligne ici : http://www.cadth.ca/media/pdf/Drug_Supply_Disruptions_es‐18_f.pdf, 1. Association médicale canadienne 6 
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