ING FOCUS – External trade –- Novembre –- 2013/6
On le sait, le commerce extérieur est un enjeu crucial pour la Belgique, compte tenu du
degré d’ouverture de l’économie. On se rappellera en effet que le total des importations
et des exportations belges représente plus de 170% de la demande intérieure, ce qui est
un des ratios les plus élevés au monde. Notre modèle de croissance est dès lors fondé
sur le commerce extérieur, en complément de la demande intérieure. Ce modèle s’est
par ailleurs traduit par l’accumulation de surplus courants importants, avoisinant 5% du
PIB. Pourtant, le compte courant de la Belgique s’est dégradé au cours des années
2000, pour devenir très faible depuis 2008, et même négatif en 2012. Le renchérissement
des importations de pétrole explique en partie cette dégradation. Néanmoins, le manque
de compétitivité de l’économie belge et la perte de parts de marchés à l’exportation qui
s’en suit sont également souvent considérés comme responsables de la dégradation du
compte courant. Récemment, la Commission européenne a d’ailleurs encore pointé la
perte de parts de marchés à l’exportation comme un déséquilibre macroéconomique
persistant de l’économie belge.
Ce numéro de ING Focus External trade s’intéresse plus particulièrement à cet aspect du
commerce extérieur belge. Pour ce faire, il est organisé comme suit : la première
section reprend de manière descriptive l’évolution du commerce extérieur de
marchandises de la Belgique au cours des 5 dernières années, marquées par la crise
financière et économique. La deuxième section creuse davantage la question des parts
de marché, en comparant pour un panel de pays clés pour la Belgique, les importations
en provenance de notre pays et leurs importations totales. Pour se faire une meilleure
idée de la situation relative de la Belgique, la même analyse est traitée dans la troisième
section, en comparant cette fois les performances de la Belgique à celle de ses trois
principaux voisins. La quatrième section conclut enfin.
1. Etat des lieux des exportations à travers la crise (2008 – 2013)
Comment les exportations belges ont-elles évolué au cours des cinq dernières années ?
Pour répondre à cette question, les statistiques officielles du commerce extérieur en
valeur (concept national) ont été utilisées. Après la diminution quasi simultanée de plus
de 20% des exportations belges vers ses différents marchés, la reprise du commerce
mondial est loin d’avoir été uniforme (graphique 1). En effet, alors que la zone euro
s’enfonçait dans la crise de la dette, d’autres zones économiques ont connu une reprise
plus forte. Il n’est dès lors pas étonnant d’observer que si en 2013 la valeur des
exportations belges de marchandises vers les pays de la zone euro a à peine retrouvé
son niveau d’avant-crise, les exportations vers les pays BRIC et l’Amérique du Nord ont
quant à elle progressé de respectivement 60% et 50%. Certes, l’immense majorité des
exportations belges reste dirigée vers les pays de la zone euro (58% du total de la valeur
en 2013), mais cette proportion est dès lors en baisse constante.
La progression de la part des exportations vers les pays à plus forte croissance avait déjà
été observée sur la précédente décennie. Ces nouveaux chiffres confirment le
phénomène durant les années de crise, ce qui est en soi une bonne nouvelle, dans la
mesure où cela à permis de profiter de la forte reprise ailleurs dans le monde, alors que
la croissance économique était en panne en zone euro. Cela dit, le graphique 1 montre
également que la valeur des exportations vers les pays BRIC stagne depuis 2011. Ceci
traduit probablement la décélération de la croissance dans ces économies au cours des
deux dernières années, mais peut aussi provenir d’une inadéquation entre les besoins de
ces économies et nos productions. Seule une analyse sectorielle permettrait d’y voir plus
clair.
La stagnation de la valeur des exportations vers la zone euro n’est pas très étonnante
compte tenu de sa situation conjoncturelle. Néanmoins, il faudrait encore y distinguer les
exportations vers les pays de la périphérie, qui ont grosso modo reculé de quelques 25%
depuis le début de la crise, et les exportations vers les pays du cœur de la zone, qui ont
effectivement retrouvé leur niveau d’avant crise. Sur plus longue période, l’impact de la
crise de la zone euro et de la fragmentation économique et financière qui s’en est suivie
Les exportations ont
lourdement souffert durant la
crise…
…mais se sont nettement
reprises vers les pays BRIC
et l’Amérique du Nord…
…alors qu’elles ont plus de
mal à progresser vers la zone
euro.
Une réorientation du
commerce extérieur belge
s’est donc amorcée.
Les exportations vers les
pays de la périphérie de la
zone euro se sont
effondrées…
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