Problèmes économiques No 2.946 23 avril 2008 DOSSIER : La Chine, l'atelier du monde... et après ? Les exportations chinoises : du textile aux écrans plats Diagnostic(s) - Coe Rexecode Leila Ali L'insertion réussie de la Chine dans l'économie mondiale n'est plus à démontrer. Sur le point de devenir le premier exportateur devant l'Allemagne, l'économie chinoise représente 8,8 % des exportations et 5,3 % des importations mondiales. Le pays est ainsi le premier exportateur mondial de textile et le poids de la haute technologie dans les exportations totales représente, en 2005, 30 % contre 5 % seulement en 1990. Toutefois, les quatre cinquièmes de ces exportations restent issues des opérations d'assemblage et de sous-traitance. Il semble que les handicaps de la Chine en matière d'innovation constituent un frein à une " remontée " de filière... La main-d'œuvre au cœur de la low-cost economy Etude du Centre de développement de l'OCDE Angus Maddison Depuis les réformes menées dans les années 1970, l'allocation de la main-d'œuvre, longtemps biaisée, en Chine, par une segmentation rigide du marché du travail entre les zones urbaines et rurales, s'est nettement améliorée. L'excédent de la main-d'œuvre agricole est en outre progressivement absorbé par l'essor des petites entreprises industrielles dans les régions rurales. L'augmentation du nombre de travailleurs, plus rapide que celle de la population, constitue ainsi la principale richesse de l'économie chinoise et la formation de la main-d'œuvre est devenue l'une des priorités. Celle-ci a d'ailleurs largement contribué à l'augmentation de la productivité du travail. La " qualité " de la main-d'œuvre chinoise s'est également améliorée, comme le montre une comparaison avec celle des principaux pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le prix de la compétitivité La Lettre du CEPII Guillaume Gaulier, Françoise Lemoine et Deniz Ünal-Kesenci La Chine, plate-forme mondiale de production pour l'exportation, a longtemps bénéficié des avantages d'un modèle économique qui repose sur la compétitivité-prix. Mais celui-ci semble montrer des signes d'essoufflement. En effet, l'économie, fortement dépendante vis-à-vis des marchés extérieurs, doit faire face à la détérioration des termes de l'échange. La pression sur les prix des biens exportés est de plus en plus forte, alors que les intrants, davantage sophistiqués, sont de plus en plus chers et les prix des matières premières très élevés. Que fait la Chine de ses devises ? TOPIC -HEC Eurasia Institute Jacques Gravereau et Héloïse Brière Deuxième exportateur mondial, la Chine a accumulé un montant considérable de devises. Afin de gérer ces liquidités, la Central Huijin Company a été créé, en 2003. Contrôlé par la Banque centrale et le ministère des Finances et alimenté par les réserves de change, ce fonds d'investissement domestique constitue la holding des quatre grandes banques publiques chinoises. Le record atteint par le montant des réserves de change accumulées en 2006 (1 066 milliards de dollars), a incité la Chine à créer, en parallèle, la State Foreign Exchange Investment Company, un fonds d'investissement à l'étranger (IDE). 200 milliards de dollars seront ainsi investis en 2008, par le biais de cette agence, soit deux fois le montant de l'investissement direct chinois à l'étranger de 2006. Également dans ce numéro SCIENCE ECONOMIQUE Les malentendus de la mondialisation Humanisme et entreprise Bertrand Venard Les opposants et les partisans de la mondialisation s'affrontent régulièrement depuis plusieurs années. Les débats aussi vifs soient-ils demeurent toutefois bien souvent superficiels et prennent rapidement un tour idéologique. Ceci s'explique par le fait que de nombreux malentendus concernant ce phénomène complexe et multidimensionnel se sont imposés au fil du temps, dans la mesure où sa définition même manque singulièrement de clarté. L'auteur s'efforce de définir de façon plus précise le concept de mondialisation, d'en délimiter les contours et d'en évaluer les conséquences positives comme négatives. DEVELOPPEMENT Evaluer la violence en Amérique latine Rapport du Conseil de l'Europe Pierre Salama La violence en Amérique latine est bien plus importante qu'en Europe et qu'aux Etats-Unis. Celle-ci n'a toutefois pas la même intensité dans chaque pays sud-américain. La combattre est d'autant plus difficile que, dans ces sociétés, la défiance à l'égard des institutions est très forte. Il existe, certes, des pré-requis qui permettraient de rendre leur cohésion aux sociétés latino-américaines : notamment favoriser une redistribution plus égalitaire des fruits de la croissance et améliorer l'éducation. Mais la tâche la plus essentielle consiste à redonner une légitimité aux institutions afin qu'elles retrouvent toute leur crédibilité. COMMERCE EXTERIEUR Pourquoi les entreprises françaises souffrent-elles de la force de l'euro ? Lettre de l'OFCE Sarah Guillou Le taux de change effectif de l'euro s'est apprécié de 30 % depuis 2001. L'appréciation de la devise européenne, en raison de son ampleur et de sa durée, suscite une inquiétude croissante en France et plus généralement dans la zone euro. La vulnérabilité des entreprises face à une appréciation de cette monnaie est variable et dépend de leur positionnement concurrentiel. Quoi qu'il en soit, au fil du temps, le nombre d'entreprises sous contrainte tend à augmenter. En outre, l'appréciation de l'euro est susceptible de pénaliser non seulement les entreprises exportatrices mais également les entreprises domestiques en concurrence avec leurs homologues étrangères qui exportent sur le marché français.