Introduction
J’ai eu envie de mieux faire la connaissance de Messiaen lors d’un concert
au Musée International de la Croix Rouge à Genève, où l’ensemble Contrechant
interprétait le fameux Quatuor pour la fin du Temps, à l’occasion du vernissage de
l’exposition Mémoire des Camps. Cette première écoute, sans doute servie par
l’atmosphère émue qui régnait dans la salle, m’avait profondément touché; je
découvrais un langage musical et des atmosphères harmoniques encore
inconnues à mes oreilles, et dont la capacité d’exprimer l’émotion me fascinait.
Quelques jours plus tard, il m’a fallut répondre à la question de ma
première idée de sujet pour mon travail de maturité… Messiaen est venu
spontanément. Je ne connaissais pas encore l’effarante richesse de mon sujet, ni
la multitude de facettes du personnage, ni la profondeur spirituelle que l’auteur a
voulu donner à son œuvre… Ce travail de maturité n’est donc qu’un infime
reflet de la personnalité musicale de Messiaen, tant le sujet est vaste et dépasse
mes connaissances tant musicales que religieuses, ou a fortiori, ornithologiques.
Le but n’en était que d’essayer de donner quelques clés d’approche d’une
musique pas forcément facile à aborder, par l’explicitation de ses symboles et
valeurs. Messiaen a toujours su naviguer habilement entre le besoin
d’explications que suscite la musique et la première impression de l’auditeur, qui
ressent, sans nécessairement comprendre. Mais faut-il comprendre la musique
pour l’apprécier pleinement ? A cette question, Olivier Messiaen aimait à
répondre : «Il suffit d'écouter... Pour certaines de mes oeuvres, si l'on n'est pas
croyant, pas ornithologue, si l'on aime pas la couleur et que l'on a pas le sens du
rythme, il y a des choses qui échappent. Mais il y en a d'autres qu'on entend...