THÈME 3 ÉCONOMIE - Économie du
développement durable
3.1 La croissance économique est-elle compatible avec la
préservation de l’environnement ?
Notions à connaitre :
-Capital naturel : selon l’approche en terme de stock, il désigne l’ensemble des
ressources naturelles pouvant être utilisées pour produire ; mais selon Christian
Perthuis, « le vrai capital naturel, ce n’est pas un stock de matières premières mais le
système de régulation naturel qui permet de reproduire les ressources ». Il n’y a donc
pas de consensus sur cette définition.
-Capital physique : moyens de production relativement durables et participant
directement à la fabrication des biens ou à la réalisation de la prestation du service (ex:
machines, outils)
-Capital humain : somme des connaissances dont disposent les individus (qui s’élève
avec la démocratisation de l’école)
-Capital institutionnel : règles (lois, normes sociales, coutumes…) et organisations
(administrations publiques, Sécurité sociale, banque centrale…) qui assurent la
régulation de la vie sociale
-Biens communs : biens rivaux (= lorsque la consommation d’un agent économique
empêche ou diminue la consommation d’un autre agent économique) et qui ne sont pas
ou difficilement excluables (=tout le monde peut librement les consommer).
-Soutenabilité : maintien d’une capacité constante à produire du bien-être pour une
société
-Réglementation : lois, décrets et règles productrices de normes juridiques
-Taxation : prélèvements effectués par les pouvoirs publics, qui ont pour effet d’élever le
prix d’un bien ou d’un service
-Marché de quotas d’émission : marché sur lequel les entreprises peuvent acheter et
vendre des « crédits carbone » c’est à dire des permis d’émettre du CO2
A. Limites de la croissance et émergence du concept de
développement durable
Aujourd’hui la consommation de pétrole est aux découvertes (ne pas confondre avec le
stock car il n’est pas forcément en exploitation) ce qui dépend de sa rentabilité lié au prix
du baril (actuellement très faible). Ainsi, un certain nombre de gisements ne sont pas mis
en exploitation car cela ne serait pas rentable pour plusieurs raisons:
-la crise économique : la demande est plus ↘︎
-stratégies de la part des pays producteurs de pétrole: le cartel du pétrole laisse filer
les prix afin d’éviter les concurrents (ex: gaz de schiste qui se développe de + en +).
Cela nous renvoie à l’idée du Pic Pétrolier, c’est à dire l’idée que dans un 1er temps la
production mondiale atteindrait un seuil puis dans un 2nd temps qu’elle déclinerait. Cela
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provoquerait alors des tensions (car demande serait à l’offre), il faudrait donc soit s’en
passer soit le substituer. Mais l’apparition des pétroles et gaz de schistes ont repoussé le
Pic Pétrolier.
Thomas Malthus (1766-1834 ; contemporain d’A. Smith) est l’un des premiers à
s’intéresser aux limites de la croissance. Dans son Essai sur le principe de la population
(1798) il émet l’hypothèse que la population augmenterait plus vite que la production. En
effet, selon lui la production des ressources connait une croissance arithmétique alors
que celle de la population est exponentielle, ce qui a pour conséquence d’aboutir à une
situation de famine ou de pénurie. Sa solution est donc de limiter la croissance de la
population donc des naissances (malthusiannisme) mais aussi des improductifs (ceux
qui ne travaillent pas).
Cependant, le progrès technique a invalidé la thèse de Malthus : il a permis de faire
croître la production (la croissance de la production était donc = à celle de la population).
Mais il faut alors se demander quelles sont les limites écologiques de la croissance
mondiale. Tout d’abord, la croissance s’accompagne de destructions de l’environnement
comme :
l’épuisement des richesses naturelles : déforestation, surpêche, réduction de la
biodiversité (67 000 espèces animales et végétales en voie de disparition), dégradation
des sols et des ressources en eau liée à la surexploitation (les prélèvements en eau ont
triplé ces dernières années).
Ces ressources naturelles qui s’épuisent peuvent aboutir à un conflit pour le
partage (ex: conflit entre géo-politique entre Israël et ses voisins pour l’eau). De
plus, la réduction de la biodiversité provoque des problèmes économiques car
elle fournit des services gratuits (ex: les abeilles pollinisent les arbres fruitiers)
les pollutions de l’eau, du sol, de l’air qui provoquent des problèmes comme la fonte
des glaces, le trou dans la couche d’ozone, des effets sur la santé… (On parle même
d’un 7ème continent de déchets qui se balade dans le Pacifique et qui fait 6 fois la taille
de la France)
le réchauffement climatique qui a longtemps fait l’objet d’un débat (pour savoir si il
était dû à l’activité humaine ou pas) mais le consensus reste l’idée que l’Homme est
responsable. Il est donc lié aux émissions de gaz à effets de serre (CO2 en particulier).
Le problème c’est que les pluies diminuent donc les ressources en eau sont
moins importantes (ce qui entraine une ↘︎ de la productivité des cultures). C’est
aussi l’élévation du niveau de la mer qui risque de faire disparaitre les pays
pauvres ainsi que les catastrophes naturelles. Tous ces phénomènes se
manifestent surtout dans les pays les plus pauvres.
De plus, les ressources de la planète s’épuisent à cause de la croissance
démographique. Ce problème pourrait d’autant plus s’aggraver en vue de la
croissance forte de la Chine ou de l’Inde, mais aussi si les pays en voie de
développement se mettaient à consommer autant de papier ou de pétrole que les
pays développés comme les USA (il faudrait alors 50 fois + de forêts pour le papier).
Il y a donc des problèmes de soutenabilité.
Donc le développement mais aussi la démographie posent des problèmes
d’adéquation des ressources.
L’empreinte écologique qui va donc nous permettre de mesurer la pression qu’exerce
l’Homme sur son environnement mais aussi d’évaluer l’épuisement du capital naturel.
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C’est la surface dont un individu a besoin pour produire les ressources qu’il
consomme et absorber les déchets qu’il génère. Cette mesure est effectuée en
hectares globaux, c’est à dire la surface bioproductive (champs, forêts, zones de pêche).
La biocapacité dont on dispose sur le plan théorique c’est 1,8 hectares/hab (2006) et en
moyenne on en consomme 2,6 (avec de gros écarts : 1 hectare en Inde contre 8 aux
USA). En Europe, on dispose de 2,2 hectares globaux et on en consomme 4,8.
Quand le PIB/tête augmente, l’empreinte écologique aussi. Il y a également un lien
fort entre empreinte écologique et IDH : aucun pays ne parvient à accumuler un IDH
et une empreinte écologique ↘︎.
En effet, quand le revenu/hab augmente, le mode de vie change, on peut donc la
quantité de déchets, des surfaces utilisées pour les habitations, les cultures… Il y a
également une des transports avec le véhicule individuel ainsi que de l’équipement (ex:
voiture, électroménager…) ce qui nécessite des ressources beaucoup plus importantes
pour la production. (Il faudrait 3 planètes si tout le monde avait le même mode de vie que
les français et 5 si il s’agissait des américains).
Par ailleurs, il y a un lien entre la dégradation du capital naturel et la hausse du prix
des matières premières (2 phénomènes : de la demande et ↘︎ de l’offre).
Coté offre : on a des produits qui se raréfient soit car ils s’épuisent (pétrole), soit à la
suite de catastrophes naturelles. Si on ne trouve pas de substitut, il devrait y avoir une
réduction progressive de l’offre, une raréfaction et une concurrence pour les obtenir. Il y
aura également une hausse des prix amplifiée par les phénomènes de spéculation (ex:
explosion du prix des céréales).
Coté demande : la croissance démographique des pays émergents va les besoins, la
demande va également pour les carburants.
Conséquences : la de la demande et la ↘︎ de l’offre entrainent une hausse
des prix. Cela rend alors un certain nombre de gisements de pétrole rentables. On
va donc exploiter les ressources les + coûteuses, les + éloignées, les - productives
ce qui va faire le coût marginal.
Ainsi, la hausse des prix a des conséquences à la fois sur les consommateurs (↘︎ du
pouvoir d’achat) et sur les producteurs (↘︎ de la productivité). Cela devrait donc nuire à
la croissance économique, augmenter les inégalités à l’intérieur d’un pays mais aussi
entre les pays. Donc ce sont les pays et populations les + pauvres qui vont subir le + la
hausse des prix, ce qui aboutit à une difficulté d’accès aux ressources et toutes les
conséquences néfastes de la pollution (décès prématurés bien + nombreux en Chine
qu’en Europe dus à la pollution). La pollution a donc un coût humain mais aussi
économique : il faut dépenser de + en + d’argent pour combattre les nuisances de la
croissance (dépollution, assainissement des eaux, coûts en terme de santé…).
C’est donc à la fois le niveau de vie et le bien-être des populations qui va être remis en
cause. Il peut également y avoir des problèmes de cohésion sociale (émeutes de la
faim) ou des risques de conflits entre les pays pour avoir accès aux ressources.
Concept de développement durable : Le développement est durable si la
satisfaction des besoins des générations présentes ne compromet pas la satisfaction
des besoins des générations futures.
Il nait dans les années 60, lors de la prise de conscience des dangers et menaces
sur la biodiversité, le climat, mais aussi par la pollution ou lors des grandes
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catastrophes industrielles (marées noires, + tard Tchernobyl, Fukushima). Des
précurseurs comme René Dumont dans L’Afrique Noire est mal partie ou L’Utopie et
la mort se rendent compte des problèmes (prise de conscience des scientifiques et
intellectuels).
Le 1er vrai rapport est le rapport Meadows commandé par le Club de Rome au
MIT. Il s’agit d’un rapport sur l’écologie qui s’intitule « Halte à la croissance » (1972)
et alerte sur les dangers de la croissance sur l’environnement.
Il va falloir attendre 1987 pour avoir un rapport sur le développement durable qui
s’intitule « Notre avenir à tous » publié par la commission Brutland à l’initiative de
l’ONU.
Il y a 3 dimensions au concept de développement durable :
- économique : la croissance des richesses est possible et peut être soutenable sous
conditions ; c’est un objectif
- sociale : les richesses doivent être partagées à la fois entre les générations et dans
le monde
- environnementale : les ressources et la planète doivent être préservées ; il faut
maintenir la biodiversité
Il repose également sur 3 principes :
-de solidarité entre riches et pauvres pour les générations actuelles (objectif : baisse
de la pauvreté) et pour les générations futures (objectif: laisser une planète vivable)
-de précaution : étudier l’impact de toute action sur les équilibres socio-économiques
avant de mettre en oeuvre toute mesure
-de participation : tous les acteurs de la société civile doivent être associés au
processus de décision (principe de la démocratie participative)
B. La croissance peut-elle être soutenable ?
Selon Joseph Stigltitz, la croissance est compatible avec le développement durable si on
laisse des stocks de capitaux suffisants aux générations futures. Il identifie types de
capitaux (voir les définitions dans « notions à connaitre ») :
-la capital physique
-le capital humain
-le capital naturel
Faire une évaluation du capital naturel pose problème ; si on veut l’améliorer il nous faut
une unité de mesure. De même si on veut faire des politiques publiques, il faut pouvoir
comparer le coût des politiques avec son efficacité. Donc, donner un coût au capital
naturel en est un moyen.
Une partie du capital naturel a une approche en coût mais pas sa totalité. Ainsi, on peut
donc le mesurer par ses externalités. On peut par exemple mesurer la valeur des
externalités positives, comme les services indirects liés aux biens environnementaux
(ex: impact sur le tourisme d’un paysage), ou par le prix implicite de certains biens (ex: en
mesurant l’écart du prix de l’immobilier entre une zone favorable sur le plan écologique et
une zone défavorisée) ou alors par la valeur des externalités négatives (ex: impact des
dépenses médicales dues à la pollution).
Il n’y a donc pas d’indicateur stable, il faut en utiliser plusieurs.
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Soutenabilité faible :
C’est l’idée que les contraintes qui pèsent sur la soutenabilité sont faibles (il n’y a pas
de contraintes indépassables). Les partisans de la soutenabilité faible pensent que le
capital naturel est un capital comme les autres donc qu’il est substituable. Pour eux,
comme les capitaux sont substituables entre eux, ce qui compte c’est de laisser un stock
de capitaux pour les générations futures. C’est une thèse optimiste car il y a une foi
absolue dans la science (qui peut résoudre tous les problèmes). Ainsi le capital naturel
peut être remplacé par l’innovation.
Pour que la croissance soit soutenable, il suffit de maintenir la capacité à produire du bien
être, à maintenir un niveau de capital total constant. Une ↘︎ de l’un peut être compensé
par la croissance ou l’investissement dans un autre. Le progrès technique va donc
repousser les limites physiques et rendre possible la croissance économique avec le
respect de l’environnement.
Principaux arguments de ceux qui défendent la soutenabilité faible :
-argument libéral (qu’on trouve par exemple chez Robert Solow) : les décisions
économiques se font spontanément par les jeux du marché. L’épuisement des
ressources naturelles conduit à la des prix, donc si ils , les individus vont chercher
soit à économiser leurs capitaux, soit à les substituer. Le marché envoie donc des
signaux (les prix). On va par exemple développer la voiture hybride, les ampoules
basses consommation : lorsqu’une matière première devient chère, on innove pour la
substituer.
-la croissance permet de créer des richesses qu’on peut utiliser pour investir afin de
substituer le capital naturel : par exemple l’ des dépenses en capital humain
(=population + formée, innove +,+ sensible au problèmes environnementaux etc)
permet d’ les dépenses en R&D et de permettre des investissements dans le capital
fixe (ex: bâtiments à énergie positive)
-Jeremy Rifkin pense qu’il y a une 3ème Révolution Industrielle qui est en train de se
créer autour de l’énergie et de son partage. Il n’y a donc que la croissance qui permet
de réaliser ces richesses. Celles-ci permettent de mieux exploiter les ressources (ex:
pour 1 de richesse produite, on utilise 25% de pétrole en qu’en 1990). A empreinte
écologique identique on parviendra a produire + de ressources (on améliore les
techniques : irrigation, sélection d’espèces animales ou végétales + productives,
extraction des ressources plus lointaines…). On va produire la même quantité de
richesses avec d’énergie. Donc + le PIB/tête , + l’intensité énergétique est ↘︎.
-la tertiairisation : quand une économie se développe elle se tertiairise et ce secteur
utilise de matières premières que l’industrie mais aussi de rejet. D’où la courbe de
Kuznets qui montre que le passage au stade industriel d’une économie s’accompagne
d’une de ses rejets polluants, mais que, par la suite, le progrès technique et le
développement des activités tertiaires permettent de ↘︎ ce degré de pollution.
Ainsi, l’épargne nette ajustée (= épargne brute + dépenses en capital humain -
prélèvements sur le capital naturel - consommation de capital fixe) est un exemple
d’indicateur de soutenabilité mis au point par la Banque mondiale. Il repose sur l’idée de la
soutenabilité faible (on regarde si il y a un surplus à la fin d’un cycle de production qui peut
être transmis aux générations futures). Par exemple un indicateur d’épargne nette ajustée
presque toujours négatif comme en Arabie Saoudite indique une non soutenabilité à long
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