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DOSSIER
protéines et en calories ; et enfin, la baisse de 
l’activité physique, alors que cette dernière 
augmenterait les besoins et l’appétit.
Claire Sulmont-Rossé : D’un point de 
vue sensoriel, le vieillissement peut 
s’accompagner d’une modification de la 
capacité à percevoir les caractéristiques 
organoleptiques d’un aliment, à savoir son 
arôme, sa saveur et sa texture. En effet, l’âge 
favorise un déclin des sens de l’olfaction et 
de la gustation et une dégradation de l’état 
bucco-dentaire (perte de dents, modification 
de la salive, apparition de troubles de la 
déglutition).
Au-delà de ces modifications physiologiques, 
la vie d’une personne âgée est marquée par des 
« moments de rupture » (retraite, apparition 
d’incapacités physiques ou psychiques, 
veuvage, etc.) susceptibles de bouleverser ses 
habitudes de vie et en particulier ses habitudes 
alimentaires (Cardon, 2009). Cardon et Gojard 
(2009) ont, par exemple, montré que la 
délégation à un tiers (membre de la famille 
ou aide ménagère) d’une partie des activités 
alimentaires suite à l’apparition d’incapacités 
physiques ou psychiques entraînait une 
diminution de la variété alimentaire. Cardon 
(2009) a également montré que le veuvage 
modifiait les habitudes alimentaires de la 
personne restante avec une disparition des 
plats « mijotés » et des pâtisserie maison, 
porteurs de convivialité et de sociabilité, 
et chez les veufs, une augmentation de la 
consommation de plats préparés ou surgelés. 
Enfin, l’apparition de troubles psychologiques 
(dépression, déficience intellectuelle liée à 
l’âge) peut également affecter l’appétit et 
la prise alimentaire des personnes âgées 
(Huffman, 2002).
Les seniors ont-ils des besoins nutritionnels 
spécifiques ?
Professeur Bruno Lesourd : Outre leurs 
besoins caloriques élevés, les seniors 
ont également des besoins spécifiques, 
notamment en protéines, calcium et eau. 
En ce qui concerne les protéines et le 
risque de sarcopénie, on observe, à partir de 
cinquante ans environ, une petite diminution 
de l’anabolisme protéique, notamment en 
raison de l’extraction splanchnique des acides 
aminés ingérés : ces derniers, en passant par 
la muqueuse intestinale puis le foie avant de 
rejoindre la circulation générale, sont utilisés 
par les tissus traversés et n’atteignent pas la 
périphérie. Or, si l’anabolisme diminue, le 
catabolisme demeure tout aussi important : 
en résulte une lente diminution de la masse 
musculaire, évaluée entre 5 et 15 kg entre 
50 et 80 ans (Janssen 
et al.,
 2000). En outre, 
plus souvent malade, le sujet âgé se retrouve 
régulièrement dans 
une période de besoins 
augmentés. C’est la 
raison pour laquelle 
les sujets âgés, dès 
60 ans, doivent 
consommer 1 g/kg de poids corporel/ jour de 
protéines, contre 0,8 chez un sujet plus jeune 
(Afssa, 2007).
Concernant le calcium et le risque 
d’ostéoporose, on observe avec l’âge une 
perte calcique osseuse de 20 à 30 % autour de 
la ménopause et de 1 à 2 % /an chez les deux 
sexes après 65 ans. C’est la raison pour laquelle 
les recommandations grimpent à 1 200 mg/j 
de calcium après 55 ans chez la femme et 
65 ans chez l’homme, contre 900 mg/j avant 
(Cynober 
et al.,
 2000 ; Martin, 2001).
Enfin, avec l’âge, l’organisme perd de l’eau. 
Le risque de déshydratation augmente 
donc, d’autant que le signal d’alerte de la 
soif régresse fortement entre 60 et 70 ans. 
La personne âgée doit donc apprendre à 
boire 1 litre à 1 litre ½ par jour, de manière 
volontaire, sans attendre un signal de soif qui 
n’arrivera pas ou tard.
LA MASSE MUSCULAIRE 
DIMINUE LENTEMENT ENTRE 
50 ET 80 ANS, DE 5 À 15 KG.
LE SENIOR EN CHIFFRES
Ü  Conséquence directe de l’augmentation de l’espérance de vie, 
qui a atteint en 2010, selon l’Insee (chires provisoires) 78,0 ans 
pour les hommes (seulement 63,4 ans en 1950) et 84,7 ans pour 
les  femmes  (69,2  en  1950) : la proportion des plus de 60 ans 
augmente en France, représentant 22,6 % de la population 
au 1er janvier 2010. On prévoit ainsi que près d’un Français sur 
trois en 2050 aura plus de 60 ans. La majorité d’entre eux vit à 
domicile et est en bonne santé.
Source : Insee, statistiques de l’état civil et estimations de population