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condes. Sur le plan moteur, ces crises
comportent davantage de composan-
tes toniques (stéréotypies posturales
en partie bilatérales), des clonies ainsi
que des mouvements plus étranges et
parfois théâtraux (gigotements répé-
titifs de jambes, bodyrocking, applau-
dissements, position d’escrime). Parmi
les symptômes psychiques gurent la
peur et une hypermotricité affective
(diagnostic différentiel voir tab. 4 sur
www.neurology.ch). Les absences
d’origine fronto-polaire, caractérisées
par une brève perte de conscience et
éventuellement par des symptômes
moteurs discrets, peuvent unique-
ment être différenciées des absences
généralisées classiques (pointes-on-
des à 3/s) au moyen de l’EEG. Certai-
nes crises frontales surviennent prin-
cipalement la nuit. Dans ce cas, des
phénomènes toniques discrets avec
réveils ou symptômes plus complexes
de parasomnie peuvent survenir. Pour
le diagnostic différentiel, un enregis-
trement vidéo-EEG nocturne peut être
indiqué (tab. 3 sur www.neurology.ch).
Dans les crises pariétales ou occipi-
tales, qui sont beaucoup plus rares,
les symptômes somato-sensoriels et
visuels sont prédominants. En raison
de la propagation de l’activité épilep-
tique au cours de la crise, les symptô-
mes localisés typiques peuvent s’en-
tremêler. Pour cette raison, le début
de la crise est très important. Sur le
plan neurologique, il convient de pré-
ciser le syndrome épileptique, ce qui
est essentiel pour le pronostic et le
traitement des crises partielles.
Les possibilités
thérapeutiques
Plus de 20 antiépileptiques sont dis-
ponibles, chacun d’entre eux pouvant
théoriquement conduire à une dégra-
dation des crises. Néanmoins, ce cas
de gure est nettement plus rare en
cas de crises partielles par rapport à
la décompensation des crises épilep-
tiques généralisées avec absences et
myoclonies. Il est impératif de tenir un
calendrier des crises (tab. 1). En effet,
en cas de pharmaco-résistance, la
chirurgie de résection devrait être
envisagée après 2 années de traite-
ment avec au moins deux antiépilep-
tiques. L’efcacité de l’intervention
chirurgicale peut être signicative-
ment supérieure à celle du traitement
médicamenteux, avec une disparition
des crises dans 80 % des cas versus
10 %, en cas d’épilepsie mésio-tem-
porale avec sclérose hippocampique
et symptômes épileptiques corres-
pondants, activité EEG épileptique et
diagnostic neuropsychologique. En
revanche, pour les crises partielles
complexes extra-temporales, le taux
de succès de la chirurgie est inférieur
à 60 %, même en cas de délimitation
préalable des foyers épileptogènes au
moyen de la stéréo-EEG, qui est une
technique diagnostique plus complè-
te et le plus souvent encore invasive.
Les effets cognitifs et antidépres-
seurs positifs de la stimulation du
nerf vague, qui est une intervention
extra-cérébrale, sont contrecarrés
par une disparition des crises unique-
ment dans moins de 10 % des cas et
par une réduction des crises de plus
de 50 % chez seulement env. 30-60 %
des patients. En raison de la stigma-
tisation sociale persistante des pro-
blèmes psychologiques et psychia-
triques, qui ne sont pas si rares, les
facteurs sociaux ont une importance
essentielle, particulièrement chez les
patients souffrant d’épilepsie résis-
tante aux traitements. Il est primor-
dial de savoir si le patient vit seul ou
avec sa famille, s’il est bien intégré, s’il
est exclu socialement ou s’il est déjà
placé dans une institution. De plus, si
le patient présente déjà une invalidité,
s’il est limité dans ses activités et s’il
est confronté à des problèmes et à
des situations conictuelles sur son
lieu de travail ou dans sa vie privée.
Le cas échéant, ces facteurs devraient
être approfondis avec le patient, ses
proches et d’autres spécialistes, voire
être clariés dans une unité d’épilep-
tologie avec des travailleurs sociaux,
des neuropsychologues et éventuelle-
ment des psychiatres.
Diagnostic différentiel
Comme il est rare de pouvoir obser-
ver les crises d’épilepsie en direct, le
diagnostic est généralement un pro-
cessus basé sur des indices, et notam-
ment sur les renseignements anam-
nestiques (par les témoins) ainsi que
sur l’examen clinique neurologique et
les examens instrumentaux supplé-
mentaires. Par ailleurs, il est essentiel
de connaître les diagnostics différen-
tiels et de savoir qu’environ un tiers
des patients référés dans un centre
en raison d’un diagnostic d’épilepsie
souffrent en fait d’une autre maladie.
Sur le plan épileptologique, il est tout
particulièrement indispensable au
cours du processus diagnostique d’ob-
tenir une anamnèse complète et able
(par les témoins) et de pratiquer un
enregistrement vidéo-EEG de longue
durée. Parmi les principaux diagnos-
tics différentiels possibles gurent la
syncope, l’hypoglycémie, les hyperki-
nésies paroxystiques (réactions dys-
toniques aiguës, myoclonies non épi-
leptiques, spasmes hémifaciaux, etc.),
les phénomènes associés au sommeil
(tels que les parasomnies, la cata-
plexie et les myoclonies d’endormis-
sement), les crises de migraine avec
aura, les accidents ischémiques tran-
sitoires, l’amnésie globale transitoire
et les crises dissociatives (« psychogè-
nes ») non épileptiques. Les syncopes
sont des évènements médicaux très
fréquents, caractérisés par une perte
de conscience et une perte du tonus
postural de courte durée. 40 à 65 %
de la population présentent des myo-
clonies ou des contractures toniques
brèves. Cette proportion s’est même
élevée à 90 % chez des volontaires
sains jeunes. En 2002, Sheldon et al.
Important en cas de cri-
ses partielles complexes
Anamnèse par le patient et toujours par
les témoins de la crise
Signes directs d’une crise d’épilepsie :
Symptômes subjectifs •
Manifestations motrices (clonies, •
phénomènes toniques, automatis-
mes de localisation latérale ?)
Signes indirects d’une crise d’épilepsie :
Lacunes dans l’anamnèse •
Pertes d’urine•
Morsures de la langue •
Le patient se retrouve dans des situ-•
ations inhabituelles et inexplicables
Symptômes post-critiques :
Confusion•
Aphasie pure•
Limitations cognitives spéciques•
Parésies•
Calendrier des crises able :
Consignation des facteurs déclen-•
chants et des effets indésirables
Tableau 1