GMF
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La pratique en GMF ne comporte pas
énormément de travail administratif, et de
toute façon, les médecins sont en mesure
d’en facturer la plus grande partie. »
Le Dre Simone Guillon, responsable du
GMF de Verdun, le premier mis en place
en milieu urbain, vit d’une tout autre
façon le travail de bureau rattaché à sa
pratique en GMF. Lors de l’accréditation
en mars 2003, le médecin responsable a
cru bon engager une adjointe adminis-
trative à temps partiel. « La charge
administrative est énorme et je me
retrouve pratiquement à faire du
bénévolat pour assurer la gestion de
notre GMF », lance-t-elle. Si elle a
accepté de prendre en main la gestion
du GMF au départ, c’est parce que sa
pratique moins chargée que celle de ses
collègues le lui permettait, mais elle est
en ce moment en processus de recrute-
ment pour embaucher quelqu’un à
temps plein pour alléger sa tâche. « Pour
l’instant, je suis mal épaulée dans le tra-
vail de bureau, mais nous allons remé-
dier à la situation. Le modèle GMF est
assez flexible pour procéder à des réa-
justements. » Elle rappelle cependant
qu’il est important de ne pas perdre de
vue que les médecins ne sont pas des
gestionnaires, et qu’il faut être prêt à
assumer le travail administratif engendré
par l’accréditation en GMF.
Certains médecins sont encore réfrac-
taires à l’idée de compléter leurs dossiers
par voie informatique. Le problème tend
cependant à disparaître alors que la
majorité des jeunes médecins maîtrisent
les logiciels. Le Dr Dumas souligne qu’à
sa clinique, certains praticiens n’avaient
aucune connaissance informatique. « Au
début, les infirmières remplissaient les
dossiers, puis petit à petit, mes collègues
ont appris à se servir de l’ordinateur. Tout
le monde peut arriver à comprendre les
logiciels que nous utilisons. » Le Dr
Francis Lévesque rappelle, pour sa part,
que la déclaration du gouvernement à
l’effet que l’informatisation des GMF s’est
effectuée lentement est erronée, et que
ce ne sont pas les médecins qui ont
tardé à appliquer l’informatique dans
leur travail, mais bien le gouvernement
qui a mis trop de temps à faire parvenir
les logiciels. « Si nous avons été capa-
bles d’apprendre la médecine, nous
sommes aussi capables d’apprendre à
nous servir d’un ordinateur », lance-t-il.
De l’avis de tous les médecins interrogés,
la gestion administrative encourue par le
GMF est plus importante qu’en clinique
privée, mais le Dr Lévesque, du GMF
Haute-Gaspésie, rappelle que le travail
de bureau est accompli par le-la secré-
taire ou l’adjoint-e administratif-ve dont le
gouvernement assume le salaire. Par Î
AALLOORRSS QQUUEE LLAA MMAAJJOORRIITTÉÉ DDEESS MMÉÉDDEECCIINNSS
qui oeuvrent au sein d’un groupe de
médecine familiale (GMF) se disent sa-
tisfaits de leur nouveau mode de pra-
tique, le milieu médical semble réticent à
faire le saut vers cette structure qui
amalgame diverses cultures de soins de
première ligne. Cinq ans après le début
de leur implantation, les omnipraticiens
ont-ils raison de bouder les GMF?
On prévoyait la création de 300 GMF au
Québec; on en compte à peine plus de
100 à ce jour. Force est de constater que
le modèle ne s’intègre pas aussi rapide-
ment que prévu dans notre système de
santé. Bien que la majorité des
médecins reconnaissent le bien-fondé
des GMF, plusieurs demeurent scep-
tiques face au nouveau fonctionnement
que les groupes de médecine familiale
imposent. Le mode de facturation, la
pérennité des GMF, la fonctionnarisation
du travail et l’ignorance de certains
détails qu’implique la pratique en groupe
de médecine familiale sont autant
d’aspects qui font hésiter les médecins à
faire le saut.
Est-ce si compliqué de devenir GMF?
Le principal travail pour les médecins
lors du processus d’implantation d’un
GMF réside dans l’accréditation qui peut
parfois être très longue. C’est probable-
ment cette première étape qui rebute le
plus, puisqu’elle nécessite un travail
étroit avec la régie régionale. Le Dr
Francis Lévesque, médecin en charge
du GMF de la Haute-Gaspésie, le seul
que compte la région à ce jour, a dû
attendre près de deux ans avant d’être
accrédité. Il attribue ce délai au fait que
le GMF n’entrait pas dans les normes
d’accréditation conventionnelles, mais
rappelle que la période d’attente varie
selon la situation. « Au départ, c’est l’in-
connu, nous avions beaucoup de ques-
tions, mais les médecins ont maintenant
beaucoup plus d’information lorsqu’ils
décident de faire le pas vers l’accrédita-
tion en GMF », croit-il.
D’après le Dr Guy Dumas, médecin en
charge du premier GMF implanté en
milieu rural (janvier 2003), le projet doit
émaner à tout prix des médecins. Alors
que sa clinique de Saint-Léonard-
d’Aston a perdu 4 de ses 7 praticiens en
1998, il s’est vu dans l’obligation de trou-
ver une solution pour en assurer la
survie. L’accréditation en GMF était à son
avis toute désignée. « Nous avons signé
un contrat d’association qui, sans être
limitatif, nous engage à partager la
garde, et nous avons obtenu notre
accréditation que nous venons tout juste
de renouveler pour une période de trois
ans », affirme le Dr Dumas, qui s’em-
presse de rajouter qu’on peut se retirer à
tout moment de cette entente. Pour le Dr
Michel Camirand, représentant local du
territoire au comité du département
régional de médecine générale (DRMG)
de la Montérégie, les médecins doivent
déjà avoir une pratique basée sur la prise
en charge et arriver à arrimer accessibi-
lité et continuité des soins pour que le
passage en GMF s’effectue en douceur.
Administration interne
Une fois le GMF mis en place, le travail
administratif des médecins change peu,
selon une majorité de médecins. La
croyance populaire veut que la venue
des GMF tende à fonctionnariser le tra-
vail des médecins, opinion que le Dr
Yves Bolduc, directeur des Services pro-
fessionnels du Centre de Santé et des
services sociaux de Lac-Saint-Jean-Est
ne partage pas. Il croit en effet qu’il s’a-
git d’une mauvaise lecture : « Une fois
que la structure du GMF est instaurée,
l’essentiel du travail administratif est fait.
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Merci au DDrr PPiieerrrree MMiiggnneeaauulltt pour sa collaboration à cet article
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La vérité sur la pratique en GMF
Les omnipraticiens ont-ils raison de bouder les GMF? Par Ariane Paré-Le Gal