Métabolisme de la vitamine B12 et de l`acide folique

Hématologie biologique (Pr Marc Zandecki) Faculté de Médecine CHU 49000 Angers France
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Métabolisme de la vitamine B12 et de l’acide folique
Sommaire :
- Métabolisme de la vitamine B12 :
- structure chimique
- cycle de la vitamine B12 dans l’organisme
- effets métaboliques
- exploration du métabolisme de la vitamine B12
- Métabolisme de l’acide folique :
- structure et formes actives
- cycle des folates dans l’organisme
- effets métaboliques
- exploration du métabolisme de l’acide folique
- interrelations métaboliques de la vit B12 et des folates
- Annexes
Introduction
La vitamine B12 et l’acide folique sont des cofacteurs essentiels de plusieurs
séquences métaboliques chez l’homme. Par leur rôle dans la synthèse des acides
nucléiques, la carence en l’un d’entre eux aura des répercussions sur l’ensemble des tissus
à renouvellement rapide, et en particulier le tissu hématopoïétique.
Les interrelations du métabolisme de la vitamine B12 et de l’acide folique dans la
synthèse de l’ADN permettent de comprendre la physiopathologie des anémies
mégaloblastiques
Métabolisme de la vitamine B12
Synthétisée exclusivement par des micro-organismes.
1. Structure chimique.
* Appartient à la famille des corrinoïdes.
* Le noyau corrine est un tétrapyrrole avec un
atome de cobalt central hexavalent, relié aux
4 atomes d’azotes pyrroliques, à un
ribonucléotide (ribose phosphate +
diméthylbenzimidazole) et à un ligand
anionique (- X):
-CN (cyanure): cyanocobalamine (forme
thérapeutique)
-OH (hydroxyle): hydroxocobalamine (forme
thérapeutique)
-
CH3 (méthyle): méthylcobalamine (coenzyme
actif)
-5’dAd (5’deoxyadenosyle): 5’deoxyadénosyl-
cobalamine (coenzyme actif)
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2. Cycle de la vitamine B12 dans l’organisme
2.1. Apports et réserves
Non synthétisée chez l’homme son apport est exclusivement alimentaire : foie,
viandes, laitages, œufs, poissons, …
L’apport couvre largement les besoins quotidiens de 2-5 µg/jour chez l’adulte
Les réserves en B12 de l’organisme sont considérables (3 à 4 mg), suffisantes pour 3 à 5
ans, et localisées surtout aux niveaux hépatique (+++), cardiaque et splénique.
2.2. Absorption.
Les cobalamines alimentaires sont initialement liées à des protéines, et sont
dissociées par hydrolyse peptique acide (estomac), puis se lient à des haptocorrines,
glycoprotéines porteuses présentes dans les sécrétions salivaire et gastrique. Sous l’action
des protéases pancréatiques, les cobalamines liées aux haptocorrines sont libérées et liées
au facteur intrinsèque (FI), glycoprotéine secrétée par les cellules pariétales du corps et du
fundus gastrique après stimulation par la gastrine.
Absorption : au niveau de l’iléon terminal selon un mécanisme actif nécessitant le
FI. Le complexe B12-FI se fixe sur un récepteur spécifique de la bordure en brosse de
l’entérocyte (cubuline) et est internalisé (endocytose). La vitamine B12 est absorbée tandis
que le FI est relargué dans la lumière digestive
2.3. Transport.
Assuré par des transporteurs spécifiques.
- La transcobalamine II. Fixe initialement la majorité de la vitamine B12 absorbée, et c’est
elle qui délivre la vitamine B12 aux cellules utilisatrices (moelle osseuse, foie, glandes
endocrines) par un mécanisme d’endocytose récepteur dépendant [glycoprotéine de 38 000
Da synthétisée par divers tissus (hépatocyte, entérocyte, macrophage, cellules médullaires)]
- Les transcobalamines I et III. Glycoprotéines ubiquitaires (120 000 Da) produites surtout
par les promyélocytes et myélocytes. La transcobalamine I transporte la majeure partie des
cobalamines circulantes mais sans les distribuer aux cellules utilisatrices (forme de
stockage)
3. Effets métaboliques.
Après leur transport plasmatique les cobalamines se retrouvent dans le cytoplasme des
cellules sous forme d’hydroxocobalamines, puis seront converties en coenzymes actifs pour
jouer un rôle dans le transfert de radicaux monocarbonés.
3.1 Conversion de l’acide méthylmalonique en acide succinique.
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Si carence en B12 accumulation de méthylmalonyl CoA et augmentation
sérique et urinaire de l’acide méthylmalonique, qui serait impliqué dans les complications
neurologiques des carences en B12
3.2. Conversion de l’homocystéine en méthionine et du méthyl THF en THF.
Si carence en B12 accumulation de méthyl-THF aux dépens des autres
coenzymes foliques, et carence relative en THF avec ralentissement des réactions folate-
dépendantes. Notamment la conversion acide uridylique acide thymidylique nécessaire à
la synthèse d’ADN ne s’effectue plus, réaction clé expliquant les effets de la carence en
vitamine B12 sur la synthèse de l’ADN
4. Exploration du métabolisme de la vitamine B12
Plusieurs épreuves dynamiques ou statiques ; mais seuls quelques dosages ou tests
sont utilisés en pratique médicale courante
4.1. Dosage de la vitamine B12 circulante.
Dosage microbiologique (n’est plus utilisé): utilise un organisme eucaryote (ex :
Euglena gracilis) ou procaryote (ex : Lactobacillus leishmanii, E. coli 113) dont la vitamine
B12 est un facteur de croissance [dilutions de sérum déprotéinisé et suspensions seront
mélangées et incubées pendant 1 à 2 jours. On appréciera ensuite par turbidimétrie la
croissance bactérienne par mesure de l’opacité]
Dosage radio-immunologique (technique par compétition). Consiste à saturer
un récepteur de la vitamine B12 (FI purifié de porc, ou transcobalamine) par de la B12*
radiomarquée ; le complexe B12*-récepteur est ensuite mélangé à différentes dilutions de
sérum : la B12 sérique déplace pour partie la B12* radiomarquée (mesure de la radioactivité
du surnageant)
Technique froide d’électrochimiluminescence (sur automate). Méthode par
compétition qui utilise du FI marqué au ruthénium : la vitamine B12 de l’échantillon entre en
compétition avec de la B12 biotinylée sur le FI marqué (plusieurs trousses commercialisées)
Taux sérique de l’adulte : 160 - 800 pg/ml (importantes variations interindividus : cf infra)
[L’interprétation de ces dosages doit également tenir compte des faux et + possibles, par
exemple les modifications des taux des transcobalamines sériques, comme dans la LMC]
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4.2. Dosage de l’acide méthylmalonique et de l’homocystéine plasmatique
Si carence en B12 augmentation de l’homocystéine et de l’acide méthylmalonique
plasmatiques. Ce sont des dosages de seconde intention, à prescrire dans des cas très
précis.
Exemple : il est difficile d’affirmer ou d’infirmer une carence en B12 pour des valeurs
sériques de B12 autour de la limite inférieure de la normale, et les dosages du
méthylmalonate et de l’homocystéine peuvent être conseillés pour diagnostiquer ou exclure
une carence en B12 devant des signes cliniques évocateurs (ex : troubles neurologiques),
associés à une vitaminémie quasi normale. Mais leur valeur sérique fluctue également dans
les carences en folates…
4.3. Le test de Schilling.
Evalue l’absorption de la vitamine B12 : il n’est plus réalisé aujourd’hui (sauf
exception)
Principe : après injection préalable IM de 1000 µg de B12 froide (saturation des récepteurs
pour éviter une absorption non spécifique), on administre per os (2 heures après) 0,5 à 2 µg
de B12* radiomarquée au 58 Co puis on mesure la radioactivité urinaire des 24 heures.
Résultats :
- Sujet normal : radioactivité urinaire > 10 % de la radioactivité ingérée.
- Sujet carencé en B12 : radioactivité < 3 % de la radioactivité ingérée. Dans ce cas on peut
refaire le test en administrant du FI en même temps que la B12* marquée : si l’épreuve se
normalise, le déficit en FI est confirmé, et si l’épreuve reste perturbée une malabsorption
iléale doit être évoquée (les 2 épreuves peuvent se réaliser simultanément avec 2 isotopes
différents du cobalt)
4.4. Test de suppression par la désoxyuridine.
Pas utilisé en pratique courante : consiste à comparer l’incorporation de thymidine
tritiée dans l’ADN de cellules médullaires du malade (par rapport à des cellules médullaires
normales témoins).
On incube d’abord les cellules médullaires avec de la dU (froide), puis avec de la
thymidine tritiée et on mesure l’incorporation de radioactivité dans les cellules:
- Sujet normal : incorpore peu la thymidine tritiée (il a incorporé la dU froide et synthétise de
la thymidine)
- Sujet carencé : incorpore la thymidine tritiée, car il ne peut pas transformer la dU en
thymidine
4.5. Recherche d’anticorps anti-FI et anticorps anti-cellules pariétales dans le
sérum et/ou dans le suc gastrique.
La maladie de Biermer ayant une composante auto immune, il existe dans le
sérum des autoanticorps anti facteur Intrinsèque (FI) de type I (effet inhibiteur de la formation
du complexe B12-FI ; leur dosage se fait par radio immunologie en testant l’effet inhibiteur
sur le FI), et des autoanticorps de type II, inhibant la fixation du complexe sur les récepteurs
iléaux (dosage par immunodiffusion)
Les anticorps anti cellules paritétales gastriques sont parfois recherchés.
4.6. Dosage du FI dans le suc gastrique par méthode isotopique
Par les techniques ci-dessus (taux effondré dans la maladie de Biermer)
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Métabolisme de l’acide folique
1. Structure et formes actives
Isolé pour la première fois en 1941 à
partir de feuilles d’épinards, il est appelé
également vitamine B9.
L’acide folique est l’acide
ptéroylmonoglutamique, formé d’une
base, la ptéridine, attachée à une
molécule d’acide paraaminobenzoïque
(PABA) et une molécule d’acide
glutamique
Les formes naturelles (folates alimentaires) sont des polyglutamates.
Les formes actives sont des monoglutamates, le plus souvent lés à 1 radical carboné, et
sous forme réduite, après réduction des deux doubles liaisons éthyléniques en 5-6 et 7-8
(exceptionnels déficits constitutionnels en enzymes réductrices) :
- l’acide dihydrofolique (DHF)
- l’acide tétrahydrofolique (THF) et ses dérivés méthylés ou formylés portant des radicaux
monocarbonés en 5 et/ou en 10 :
* N5 formyl THF = acide folique
* N10 formyl THF
* N5 méthyl THF
* N5 formimino THF
* N5, N10 méthylène THF
* N5, N10 méthényl THF
2. cycle des folates dans l’organisme
2.1. Apports, besoins et réserves
Les besoins d’acide folique sont estimés entre 100 et 300 µg/jour de la naissance à la
puberté et de 200 à 400 µg/jour chez l’adulte.
L’apport alimentaire quotidien est en général largement suffisant pour couvrir les
besoins : légumes verts, fruits frais ou secs, abats, jaune d'œuf, noix, amandes, châtaignes,
Les réserves représentent 10 à 15 mg, surtout sous forme de N5 méthyl THF
(stockage surtout hépatique), et seront épuisables en 3 à 4 mois.
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