LIBÉRALE Compléments nutritionnels Effet mode ou besoin ? D’après la revue Points de vente (no 722/1998), une personne sur quatre consomme des compléments alimentaires et 40 % de la population se disent susceptibles d’acheter des produits fortifiants en grande surface. Également en expansion le marché de l’ultrafrais et celui du bio. La notion de l’“aliment santé” se démocratise. M ais pourquoi bien manger ? Pour rester en bonne santé, jeune le plus longtemps possible et... beau, bien entendu ! Dans le domaine de la cosmétique, il n’est plus question de soigner sa peau uniquement de l’extérieur. Estimé à 350 millions de francs (Pharmacie News, no 10/1998), le marché des compléments nutritionnels de beauté aurait enregistré au cours de ces dix dernières années, un taux de croissance de 12 à 16 % par an. Il n’est pas loin le moment où la diététique permettra de combattre tous les maux ! Nutrition et maladie On sait aujourd’hui que les facteurs nutritionnels influencent la survenue des maladies dégénératives. L’observation, notamment, de ce qu’on appelle le “régime méditerranéen”, a fait apparaître la notion d’éléments nutritionnels protecteurs. Ainsi, les antioxydants jouent un rôle dans les nombreux mécanismes réparateurs vis-à-vis d’agressions métaboliques ou cellulaires. Pendant longtemps, les recherches se sont attachées à ne mettre en évidence que le rôle protecteur des vitamines comme la vitamine C. En réalité, d’autres composés protecteurs sont aussi importants, même s’ils sont moins connus, comme les limonoïdes, les acides hexariques, les phytostérols, les fibres (pectine)… Les antioxydants font partie du système de défense contre les radicaux libres, produits en permanence dans l’organisme humain. La plupart des radicaux libres sont interceptés par ce système. Cependant, d’autres espèces réactives échappent à ce phénomène et exercent des effets métaboliques utiles, tandis que d’autres, au contraire, exercent des effets nocifs et altèrent des molécules biologiques. C’est ainsi que les produits terminaux de la peroxydation lipidique, ou directement les espèces oxygénées réactives, peuvent endommager l’ADN et, en l’absence de 42 réparation, conduire à des lésions mutagènes, première étape de la survenue éventuelle d’un cancer. Autre exemple, les acides gras polyinsaturés des LDL peuvent être oxydés par les radicaux libres : c’est la peroxydation lipidique, qui, par certaines interactions chimiques, conduit à des transformations accumulant le cholestérol. Nutrition et beauté Aujourd’hui, le concept du soin-beauté vise à embellir la peau de l’intérieur, notamment pour éviter son vieillissement. La peau est un rempart de protection du corps mais elle constitue également un facteur de communication avec les autres. L’apparence physique étant ce qu’elle est, la peau prend une importance capitale dans le reflet de la personne, dans une société qui privilégie de plus en plus l’aspect physique de la santé et de la jeunesse. La peau est composée de trois couches : l’épiderme (crèmes et lotions n’agissent que dans cette zone), le derme, et la couche sous-cutanée ou hypoderme, plus profonde et essentiellement composée de tissus graisseux. Les nouvelles cellules se forment au cœur de l’épiderme avant de remonter à la surface de la peau. Les fonctions du derme sont de former un tissu protecteur qui garde la surface de la peau douce et souple. Un réseau de capillaires sanguins fournit oxygène et nutriments au derme. Celui-ci est constitué de trois principaux éléments : les membranes collagènes, qui donnent à la peau force et fermeté ; les membranes élastines, qui lui permettent de rester souple et élastique ; une matrice de polysaccharides, dans laquelle sont fixées les deux membranes. Le vieillissement de la peau est dû à l’âge, mais aussi aux agressions extérieures. L’exposition au soleil constitue une grande source d’agression. La pollution, le tabagisme et l’alcool jouent un rôle important dans l’apparition de rides et ridules, le manque d’éclat de la peau, sa sécheresse, et les taches de dépigmentation. Utiliser les aliments en soins de beauté ne date pas d’hier. La différence est qu’en plus des crèmes et cosmétiques à base de vitamines A, E ou autres acides de fruits, sont aujourd’hui proposés ces compléments chargés de suppléer des insuffisances nutritionnelles ou de pallier le ralentissement de certaines fonctions régénératives dû au vieillissement. Nutrition et personnes âgées Les carences en micronutriments ne sont pas rares chez la personne âgée. Les vitamines hydrosolubles, la thiamine, la riboflavine, la niacine, les vitamines B6 et B12 et les folates agissent comme cofacteurs dans le métabolisme et la phosphorylation oxydative. Les folates, sous forme de coenzyme, et la vitamine B12 sont importants dans la synthèse de l’ADN et la division cellulaire. Une carence en l’une ou l’autre des vitamines peut affecter la maturation des globules rouges, entraînant une élévation du volume globulaire et une anémie mégaloblastique. Les carences en vitamines B6 et B12 (proprioception), en acide folique (confusion mentale) et en potassium (faiblesse musculaire) ont été corrélées aux chutes chez les personnes âgées. La pauvreté, la maladie chronique, la malabsorption des nutriments ou l’alcoolisme augmentent considérablement le risque de carences en B12 et en folates. Les dommages oxydatifs dus aux radicaux libres augmentent avec l’âge, induisent des dysfonctionnements cellulaires et conduisent à la mort cellulaire donc à une perte de masse cellulaire. Les fruits, les légumes et les céréales sont riches en antioxydants. Les antioxydants tels que la vitamine C et le glutathion, et les antioxydants liposolubles tels que la vitamine E, l’ubiquinone et les caroténoïdes protègent contre les dommages oxydatifs. Une étude comparant les dommages de l’ADN chez les végétariens et les nonvégétariens met en évidence que les folates et la vitamine B12 sont plus efficaces que les vitamines C et E pour réduire les dommages chromosomiques lymphocytaires, qui peuvent être importants en cas de carences en acide folique et en vitamine B12. Une consommation modérée de vin (tanin) protège contre les dommages spontanés de l’ADN et ceux induits par le peroxyde d’hydrogène. C’est pourquoi, en plus des micronutriments, le régime alimentaire et les apports d’antioxydants dans l’alimentation ou sous forme de suppléments suscitent un regain d’intérêt. Lucie Gallion Quelques minéraux et vitamines à la base des compléments nutritionnels • La vitamine A est indispensable à la croissance et à la vision crépusculaire. • La vitamine B9 (acide folique) est nécessaire à la synthèse des globules rouges. Elle est impliquée dans la prévention des maladies cardiovasculaires. • La vitamine B12 est importante dans la synthèse de l’ADN et la division cellulaire. La vitamine C (acide ascorbique) est impliquée dans de nombreuses fonctions vitales de l’organisme. Elle est indispensable au bon fonctionnement immunitaire et protège les cellules des méfaits des radicaux libres par son rôle antioxydant. • La vitamine E potentialise, entre autres, le pouvoir oxydant de la vitamine C. • Les acides organiques (acide citrique) favorisent l’assimilation du calcium. • Le calcium est indispensable à la croissance osseuse et au fonctionnement neuromusculaire, notamment en période de croissance, chez les femmes enceintes et les personnes âgées, dont les besoins sont particulièrement élevés. • Le potassium, indispensable à l’équilibre hydrominéral de l’organisme, est un antagonisme du sodium, favorise la diurèse et intervient dans la régulation de la tension artérielle. • Les carotènes ont un effet antioxydant et limitent en particulier les effets néfastes des radicaux libres. Certains d’entre eux sont transformés dans l’organisme en vitamine A. Parmi les carotènes, le lycopène est un pigment impliqué dans la protection contre le cancer. • Les tanins favorisent la sécrétion du cholestérol provenant de l’alimentation et des sels biliaires, contribuant ainsi à la normalisation de la cholestérolémie. • La densité nutritionnelle représente la concentration en nutriments indispensables (minéraux et vitamines…) comparée à l’apport énergétique d’un aliment. 43