La dynastie des Tang

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Les clés de lecture
La dynastie des Tang (618 - 907)
Petite introduction générale sur la dynastie des Tang …
La dynastie des Tang, surtout dans sa première phase (618-756), est souvent qualifiée
d'époque d'apogée de la civilisation chinoise. Elle bénéficie de la politique de grands
travaux de la dynastie précédente et par une importante réorganisation fiscale et
administrative, elle assure le développement d'un empire fort et stable qui marquera
l'histoire de la Chine.
Cette période se caractérise par un essor sans précédent dans de nombreux
domaines, aussi bien culturels que scientifiques. Les premiers empereurs de la dynastie
mènent des expéditions militaires principalement vers l'Ouest, jusqu'à la mer Caspienne. Ils
établissent ainsi des protectorats leur garantissant l'accès aux routes de la soie. Ce
système d'échange commercial entraîne pour l'Empire Tang un rayonnement culturel au
niveau international et une ouverture sur le monde d'une ampleur que ne connaîtra plus la
Chine. L'exotisme est à la mode à la cour et dans tous les domaines artistiques et culturels.
Le bouddhisme, religion venue d'Inde et présente sur le territoire chinois à partir du
début de notre ère, connaît sa période d'apogée dans la première phase de la dynastie. Les
voyages de moines permettent l'arrivée puis l'épanouissement en Chine de plusieurs
courants majeurs du bouddhisme actuel. L'empire Tang devient alors le centre de diffusion
du bouddhisme en Extrême-Orient.
La production artistique de la période est abondante et rend compte du contexte
brillant dans lequel la dynastie évolue. Les orfèvres et les potiers profitent de la stabilité de
l'Empire et de l'émulation culturelle pour reprendre des techniques préexistantes, les
améliorer, et intégrer un vocabulaire nouveau et original aux décors de leurs objets.
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1. Tête de bodhisattva
Bouddhisme
Fin du VIIe siècle, époque Tang (618-907), grès,
H : 37 cm ; L : 19,3 cm ; P : 18 cm, MC 2003-1
Un bodhisattva est un être vénéré du
bouddhisme du Grand Véhicule. Ce
courant du bouddhisme est un des trois
courants principaux et celui qu'on retrouve
majoritairement en Extrême-Orient. Un
bodhisattva choisit par compassion de
retarder son Éveil, de renoncer à devenir un
bouddha, pour aider tous les hommes à
atteindre le salut.
Alors que les buddhas
simplement, avec une robe
bodhisattva sont habillés
princes avec beaucoup de
chignon.
sont habillés
de moine, les
comme des
parures et un
Le corps de ce bodhisattva a disparu mais
on peut voir quelques parures sur son
chignon et sur les côtés de sa chevelure.
Ses longs lobes d'oreilles montrent sa
condition de prince car ils ont été déformés
par de lourdes boucles d'oreilles, comme
celles que portaient les princes indiens.
2. Orchestre de huit musiciennes
Exotisme
Première moitié du VIIIe siècle, époque des Tang
(618-907), terre cuite polychrome, H : 32 cm, L :
29 cm ; l : 10,5, MC 2001-11 à 2001-18
Sept de ces jeunes femmes portent un
instrument de musique différent : une flûte
droite, une petite harpe, une flûte
traversière, un luth, un tambour-sablier, une
flûte de Pan et un orgue à bouche. La
huitième cavalière portait sûrement un
attribut, peut-être une grande harpe,
aujourd'hui disparu.
Ces cavalières sont habillées de vêtements
d'inspiration occidentale, plus pratiques
pour monter à cheval. Leurs cheveux sont
remontés en deux nattes à la hauteur des
tempes, à la manière des garçons. Les yeux
incisés d'un simple trait et une petite bouche
donnent à chacune une expression
différente mais toujours avenante et
souriante.
Leur visage rond aux joues pleines préfigure
les formes épanouies qui définiront le canon
des femmes Tang dans la deuxième moitié
du VIIIe siècle.
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3. Barbare à la corne
Exotisme
Deuxième moitié du VIIe siècle, époque des Tang
(618-907), terre cuite glaçurée et peinte, H : 45,6
cm ; l : 22 cm, MC 8971
Ce personnage présente un physique et un
accoutrement
faisant
référence
aux
populations d'Asie Centrale avec qui la
Chine commerçait via les routes de la soie.
On a retrouvé d'autres statuettes funéraires
du même genre. La plupart porte une outre
en cuir, plus rarement un vase en forme
d’oie ou une corne d’abondance comme
l’exemplaire du Musée Cernuschi. Ils
reprennent ces éléments caractéristiques
des étrangers d'Asie Centrale vus par les
Chinois : un grand nez souvent accompagné
d'une barbe, un pantalon, une veste et un
bonnet.
Un personnage semblable a été retrouvé
dans une tombe chinoise. Il accompagnait
un plateau muni de six coupes, ce qui
permet vraisemblablement de reconnaître
dans ces étrangers des vendeurs de vin
ambulants.
4. Cheval
Expéditions militaires
Première moitié du VIIIe siècle, époque Tang
(618-907), terre cuite, H : 55,5 cm ; L : 64,5 cm ;
l : 19,6 cm, MC 6042
Ce cheval court sur pattes est représentatif
des petits chevaux mongols, plus tard
remplacés par les coursiers fins d'Asie
Centrale, plus rapides. Ces derniers ont été
identifiés par les Chinois comme étant les
« chevaux célestes ». Ils sont issus du
commerce via les routes de la soie. C'est
grâce à eux que les Chinois se dotent d'une
puissante cavalerie qui leur permettra d'aller
aussi loin et aussi rapidement vers l'Ouest.
Le cheval permet aussi la pratique du polo,
un jeu équestre d'adresse importé d'Iran,
très apprécié de l'aristocratie Tang.
Le naturalisme et le mouvement de ce
cheval sont des caractéristiques du style des
Tang, que l'on retrouve sur d'autres
statuettes funéraires comme les danseuses
ou les joueurs de polo. Les potiers de
l'époque ont apporté un soin tout particulier
au rendu des poses, des races et des
expressions de ces animaux.
Les figurines de chevaux retrouvées dans
les tombes de cette époque sont très
nombreuses et attestent de leur importance
aux yeux de l'aristocratie chinoise. Ils
peuvent être seuls, montés ou encore tenus
par la bride.
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5. Miroir
6. Chameau
Orfèvrerie
Céramique
Époque Tang (618-907), bronze argenté, D : 24
cm, MC 2220
Première moitié du VIIIe siècle, époque des Tang
(618-907), céramique « trois couleurs » (sancai),
H : 84,3 cm ; L : 61 cm ; P : 27,2 cm, MC 200110
Le miroir est un objet d'usage quotidien
réservé à l'aristocratie. Ce type de miroir
rond avec une face polie et l'autre face
recevant un décor et un bouton de
préhension apparaît en Chine au II e siècle
avant notre ère. Ces objets sont un signe de
pouvoir. Le bouton de préhension pouvait
être percé afin d'y glisser une corde et on
pouvait alors accrocher le miroir à la ceinture
pour qu'il soit visible de tous.
Ces miroirs sont majoritairement en bronze,
un alliage de cuivre et d'étain, mais ils
peuvent aussi être recouverts d'or ou
d'argent.
Le décor de ce miroir, dont on retrouve les
motifs sur d'autres miroirs de l'époque, est
représentatif des nombreuses influences
étrangères qui arrivent en Chine sous les
Tang. Le motif des grappes de raisin présent
sur toute la surface de l'objet, entre les
différents animaux, est un motif issu de
l'iconographie gréco-romaine. Les orfèvres
de l'époque avaient probablement dû voir
des objets étrangers comportant ce motif et
le reprendre pour ajouter une touche
exotique au décor de ce miroir. Le vin était
alors considéré comme une boisson
exotique en Chine, et il était très apprécié à
la cour.
Les figurines funéraires que l'on dépose
dans les tombes peuvent être en terre cuite
peinte après cuisson, d'où la perte
aujourd'hui de la polychromie sur la majorité
de ces pièces, mais aussi recouvertes d'une
glaçure de différentes couleurs.
La glaçure est un revêtement à l'aspect
brillant dont on recouvre une céramique.
Elle permet de fixer les couleurs. Elle est
utilisée depuis le IIe siècle avant notre ère, et
peut-être colorée à l'aide d'oxydes
métalliques. Sous les Tang, les potiers
améliorent cette technique et utilisent en
plus du vert et du jaune ambré déjà
existants, une glaçure transparente. On
appelle donc les pièces glaçurées de cette
époque des « trois couleurs », sancai en
chinois.
On retrouve beaucoup de figurines de
chameaux dans les tombes de cette époque,
ils évoquent les routes de la soie et
l'ambiance exotique dans l'Empire chinois.
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