INTRODUCTION GÉNÉRALE SUR L`ESPACE CHINOIS ET LE

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INTRODUCTION GENERALE SUR L’ESPACE
CHINOIS ET LE « RYTHME » DE LA CHINE.
Pour comprendre l'histoire, il faut connaître beaucoup de géographie: savoir situer les
provinces, les ensembles du relief, les fleuves, les bassins…
SECTION 1:
L’ESPACE CHINOIS.
§1.
Les permanences de l'espace chinois.
La Chine est un ensemble géographique immense. Elle s’étend sur 35° de latitude et 95° de
longitude.
Il y a un énorme complexe de montagnes: de l’Afghanistan à l’Indochine se dresse l’arc de
l’Himalaya. Le plateau tibétain culmine à 3600 mètres d’altitude.
Il y a une immense zone de prairie, la « steppe », qui est une région désertique et de
dépression (qui se situe en dessous du niveau de la mer). Elle va de l’Asie centrale jusqu’au
zones cultivées de l’Asie du Nord. C’est de là que partent tous les grands raids barbares: les
Xiongnu sous les Han, les Xianbei sous les Mongols et les Mandchous.
Les zones de peuplement intense sont situées dans les bassins fertiles formés par les grands
fleuves: la plaine mandchoue, le bassin du Bas Yangzi. Ici apparaît la civilisation chinoise
dans la région de lœss ( dépôt de limon) dans la Chine du centre. C’est un sol fertile où
s’établissent les premiers paysans.
En Chine du sud-est, la région est hostile, insalubre. Il y a beaucoup de révoltes et s’y
développe le banditisme. De cette région viennent les Miao qui se rebellent plusieurs fois sous
les Ming et les Qing.
Il y a 18 000 kilomètres de côtes. Du Fujian au Guangdong, au long de ces côtes découpées,
œuvrent les pirates.
Il y a une grande diversité climatique. La Chine connaît à la fois un climat sibérien
(continental sec), et un climat tropical unique avec des périodes de moussons, ainsi qu’une
multitude d’autres climats entre ceux-ci.
La végétation est multiple et donc les modes de vie et les modes alimentaires le sont aussi. On
parle de la Chine du blé au Nord, et de la Chine du riz au sud. Au Tibet, on élève surtout le
yak (sorte de buffle), (laitage et viande) et dans les steppes il y a de l’élevage (bovins ovins
chevaux).
Il y a une mosaïque de langues que l’on peut classer en quatre grands groupes:
Les langues turques, mongoles ou toungouses.
Les langues sino-tibétaines (qui sont majoritaires).
Les langues môn khmères (en Asie du Sud-Est).
Les langues malayo-polynésiennes.
Il y a une multitude de dialectes qui entraînent des problèmes de communication, surtout pour
les fonctionnaires qui ne sont pas nommés dans leur province d’origine. C’est pourquoi on
invente une langue pour les fonctionnaires, le guanhua (le mandarin).
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§2. Les contraintes.
Les calamités naturelles sont fréquentes, et même récurrentes.
Le fleuve jaune est sujet à de nombreuses inondations dans toute sa partie inférieure. Le cours
du fleuve a changé de lit plusieurs fois.
La sécheresse entraîne des famines terribles.
Les épidémies sont en parties causées par les inondations.
Mais il y a aussi les tremblements de terre et les typhons sur la Côte Sud.
À cela, il faut rajouter les calamités à la fois naturelles et humaines, notamment la
déforestation qui entraîne une grande érosion des sols.
Au XVIIIe siècle, la dynastie mandchoue adopte une politique environnementale.
Se pose aussi le problème de l’énormité des distances en Chine, qui se fait sentir sur la
rapidité des communications. Comment faire circuler les ordres de l’empire et même les
ordres provinciaux? Comment acheminer les vivres en cas de famine? Comment assurer la
logistique pour les campagnes militaires lointaines, le matériel, le grain, les chevaux, les
troupes? Et le problème capital de défense de la frontière avec le problème du maintien de
l’ordre dans les provinces reculées.
Plusieurs moyens ont été mis en œuvre pour répondre à ces problèmes: la grande muraille, un
système de fumées pour avertir de l’arrivée de l’ennemi .Ceci était efficace lorsqu’ils étaient
bien administrés. Il y avait aussi un système postal avec des relais postaux, basé sur l’emploi
de chevaux.
§3.
L’appel des confins.
La Chine a été obligée de composer avec les populations à la frontière de son empire. La
plupart non Han. Ce sont les populations allogènes, c'est-à-dire ne parlant pas la langue des
locaux plus ou moins sinisés. Par exemple, les Hakka ne sont pas très sinisés.
D’autres ont réussi à conquérir la Chine, ce qui ne les a pas empêché de se siniser, comme par
exemple les Mongols. Ils ont joué un rôle fondamental dans la construction de la civilisation
chinoise.
La Chine est un empire pluri-culturel. Le monde chinois renvoie à l’ensemble des pays
influencés culturellement par la Chine, comme par exemple, le Japon (les caractères kanji sont
importés au IVe et VIe siècle, et les kana viennent de l’écriture cursive chinoise). De même
pour le zen qui est la pensée Chan en Chine. Il importent aussi l’architecture sacrée, les plans
architecturaux de la Chine. Les institutions, le droit, sont calqués sur le modèle chinois. Même
phénomène pour le Viet-Nam qui a été occupé pendant 1000 ans par la Chine depuis le
premier empire jusqu’aux Ming. Dès la dynastie des Han, les Chinois ont tenté d’annexer la
Corée, de même à l’époque des Tang, et sous les Ming, La Corée est un pays vassal. Les
caractères chinois y sont utilisés dès le IVe siècle. La grande dynastie de Corée, les Yi,
s’inspire beaucoup du néoconfucianisme des Song.
Citons aussi Hongkong.
Taiwan, est colonisé par la Chine à partir du XVIIe siècle et est dépendant de la province du
Fujian.. Taiwan est colonisé par le Japon à la fin du XIXe siècle, jusqu’en 1945.
Singapour est peuplée à 80% de Chinois qui ont immigrés par vagues depuis la Chine du sud.
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La diaspora chinoise est importante en Europe, aux États-Unis, en Malaisie, en Australie.
Il ne faut donc pas croire que la Chine fut isolée.
Des échanges ont été attestés avec l’empire romain par la route de la soie.
Elle entretient des échanges avec l’Inde, qui introduit le bouddhisme, et les Chinois sont
retournés dans ce pays pour rechercher des textes sacrés.
D’autre part certains bonzes japonais viennent en Chine.
Il y eut les invasions mongoles au XIIe siècle, et c’est à cette époque qu’arrivent les premiers
missionnaires franciscains puis plus tard les jésuites. Avec aussi la conquête manchoue en
1644… bref, la Chine n’a pas vécu renfermée sur elle-même.
Le système du tribut avait été institué. C’était un accord passé avec d’autres pays, en échange
de son autonomie ou de secours. La Corée versait un tribut, ainsi que le Japon, le Viet-Nam.
C’était une sorte de modus vivendi entre la Chine et les pays tributaires.
SECTION 2:
ESPACE ET HISTOIRE.
Le peuplement de la Chine a varié en fonction de l’accroissement naturel au cours des siècles.
Il y eu des phases d’accroissement ainsi que des phases de diminution de la population.
Par exemple, sous les Qing, il y a eu un fort accroissement: durant cette période la population
passe de 150 à 300 millions d’habitants. Inversement, il y a eu des diminutions de population
lors des guerres, des invasions mongoles, qui ont provoqué une véritable saignée pour la
Chine. Avec la révolte des Taiping au XIXe siècle, toute la Chine du bas Yang Zi a été
dépeuplée.
Les migrations ont été soit forcées par l'État, qui entend installer des colonies militaire sous
les Han (les colons sont des « soldats-paysans »), soit forcées par les événements comme par
exemple les vagues d’immigrations dues à l’invasion des dynasties barbares au Nord. Les
Hakka qui vivaient en Chine centrale immigrent vers le Sud sous l’empire des Song.
Le Sud de la Chine s’est peuplé progressivement avec l’essor de l’agriculture. Mais jusque
sous les Tang, c’est le Nord qui est important politiquement, économiquement et
culturellement.
Il ne faut pas raisonner avec la carte de la Chine d’aujourd’hui. La notion de frontière est
récente. C’est une notion du XIXe siècle. Dans les faits, en Chine, on se rendait compte que
l’on franchissait la frontière à partir du moment où l’on apercevait l’ennemi.
Au XVIIIe siècle la dynastie Qing pose les « frontières ». Elles sont très étendues sous les
Tang. Moins sous les Ming, et encore moins sous les Song.
Les centres du pouvoir n’ont pas toujours été les mêmes. Par exemple Pékin ne devient une
grande capitale qu’à partir de 1420, sous les Ming et sous les Qing. Shanghai se développe au
XIXe siècle. Avant cette ville était une « petite bourgade ».
Les capitales ont plusieurs fois changé: il y a eu entre autres Xi’an, Hangzhou, Kaifeng… a
des époques ou la population est moins importante. Pour la dénombrer on ne dispose que des
registres fiscaux.
Il y avait 60 millions d’habitants au début de notre ’ère ,50 millions à l’apogée des Tang, 100
millions à l’apogée vers l’an 1100.
Il y a eu un grand essor économique et urbain sous les Song.
La population est de 70 à 80 millions au début de la dynastie des Ming en 1400. Elle passe à
300 millions en 1800, sous la dynastie des Qing.
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SECTION 3:
LA PERIODISATION DE L'HISTOIRE CHINOISE.
Le « cycle dynastique » renvoie à une vision des historiens chinois pour donner un rythme à
son histoire. La nouvelle dynastie serait selon cette vision investie du mandat céleste
(tianming) que la dynastie précédente a perdu par ses excès, ses faillites. Ce qui donne à la
nouvelle dynastie sa légitimité.
Cette approche a plusieurs limites:
Elle ne tient compte que des événements politiques, ceux qui touchent à la cour, et néglige
l’histoire économique et sociale.
Elle est très moralisante. C’est une histoire officielle. La dynastie précédente est accusée de
toutes les tares et de tous les défauts.
Les dates précises du tableau des dynasties ne sont pas dans les faits aussi claires et aussi
précises.
D’autant plus que des dynasties ont coexisté parfois. Comme par exemple, les Yuan et les
Song. Inversement la période de vie que l’on attribue à une dynastie est excessif. On utilise
cette dynastie pour « boucher les trous ».
Il y a des problèmes liés aux dates qui sont posées quelques fois de façon arbitraire.
Il est des royaumes et des dynasties que l’histoire officielle n’a jamais reconnus. Soit que l’on
les a jugé illégitimes soit non autonomes.
Dès la fin des Ming certains ont essayé de résister au Sud, ce sont les loyalistes qui ont été
vaincu en 1662 soit vingt ans plus tard. Mais ils n’ont aucune histoire officielle.
Ce cycle dynastique est critiqué dès le VIIIe siècle par Lui Zhiji. Il demande aux historiens de
faire preuve de plus d’esprit scientifique.
D’autres approches chronologiques mettent l’accent sur les périodes d’union et les périodes de
désunion; ou encore, ce qui est plutôt la tendance américaine qui distingue l’âge de
formation, le deuxième âge (early empire), et le troisième âge (late empire) qui va des Song
jusqu’au Qing.
La chronologie marxiste distingue: la société primitive (le néolithique) puis, la société
esclavagiste incarnée par la dynastie des Shang (dont on a retrouvé des traces de sacrifices
humains) puis, la société féodale (qui couvre une période de trente siècles! et qui se termine
au XIXe siècle) ensuite , la société semi-féodale, semi-coloniale, puis, la société capitaliste, et
enfin, la société communiste.
Les sinologues occidentaux parlent de la Chine ancienne, de la Chine médiévale, et de la
Chine moderne. Les catégories occidentales sont plaquées sur l’histoire chinoise. Mais la
question reste de définir à partir de quel moment apparaît la « modernité » en Chine.
Mais se qu’il faut surtout garder en mémoire, ce sont les grandes évolutions, les grandes
tendances, les choses qui disparaissent et les choses qui reviennent. Ce qui évolue le plus
lentement ce sont les mentalités. Les innovations techniques importantes: la fonte du fer qui a
permis à l’agriculture de se développer, l’invention de l’imprimerie… la diffusion du
confucianisme et du bouddhisme… les évolutions démographiques… la réforme fiscale sous
les Tang. Toutes ces tendances sont plus importantes que la fin des empires ou que les grandes
batailles.
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