CHI 1A51a Histoire de la Chine ancienne Guide pour

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CHI 1A51a
Histoire de la Chine ancienne
Guide pour comprendre la période 589-960
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Introduction : d’une période de division à l’autre…
La période des Sui marque la fin de près de quatre siècles de conflits et de divisions politiques en Chine. En
quelques décennies, la brève dynastie des Sui posera les pierres fondatrices d’une unification politique sur
laquelle les Tang bâtiront un empire aux dimensions inégalées dans toute l’histoire impériale. Les Tang
bénéficieront pendant deux siècles d’une croissance économique stimulée par la réunification de l’empire et
sa restructuration administrative, l’ouverture du Grand canal qui reliait le nord au sud, la création de deux
grandes capitales et l’expansion du commerce régional et international. La littérature et les arts connurent
un âge d’or, fruit d’un savant tissage de retour aux classiques et d’ouverture au monde.
Pourtant, toutes ces avancées ne doivent pas dissimuler les fortes tensions sociales qui naissent à la suite de
la rébellion d’An Lushan. La montée de pouvoirs régionaux, une grave crise économique et la résistance de
l’ancienne aristocratie militaire face à l’influence des élites lettrées mèneront progressivement l’empire vers
la chute des Tang et une nouvelle époque de divisions.
La rébellion d’An Lushan marque une rupture dans cette période de l’âge classique : il y a un avant et un
après, l’expansion et l’ouverture cèdent la place u repli et à l’exclusion. Les règnes des Sui et des Tang
représentent l’une des périodes les plus riches et les plus contrastées.
1. Les Sui et l’unité restaurée (581-618)
Cette période est marquée par la réunification du territoire chinois après plus de deux siècles de division
entre les pouvoirs du Nord et le Sud.
Les Sui sont fondés par Yang Jian (541-604), un général des Zhou du Nord qui renverse en 581 le dernier
empereur de cette dernière dynastie. Il règne sur la Chine sous le titre d’empereur Wen, et achève en 589
la conquête du territoire en renversant la dynastie des Chen, qui régnait sur le sud de la Chine.
Fervent bouddhiste, l’empereur Wen s’attaque dès le début de son règne à réformer les institutions et à
remodeler le territoire nouvellement reconquis. Tout en se revendiquant l’héritier des Han, il imposera
avec autorité un savant dosage de tradition classique et d’héritage des steppes. L’effort de transformation
qu’il déploiera durant son court règne, et qui sera poursuivi par son fil, l’empereur Yang (r. 604-618),
servira de fondation aux institutions développées pendant la dynastie Tang. On retiendra surtout :
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-
-
les innovations institutionnelles et juridiques et notamment la création de six ministères
(fonction publique, rites, armées, justice, travaux publics et finances), les premiers balbutiements du
système de recrutement des fonctionnaires par examens et la promulgation d’un nouveau code de
lois (le code Kaihuang), synthèse des codes en vigueur dans le nord et le sud de la Chine.
Les grands travaux : fondation de la nouvelle capitale, Daxing cheng, à Chang’an. Le plan de
Chang’an, vouée à devenir l’une des plus importante métropoles de la fin du premier millénaire,
avec son enceinte rectangulaire et ses quartiers murés, sera peu modifié sous les Tang. Egalement
développement d’un système de canaux qui reliait les grands fleuves et leurs affluents entre eux
(travaux très critiqués car ont mobilisé une main d’œuvre considérable, hommes comme femmes, et
ont englouti une part importante des recettes de l’empire).
Le patronage du bouddhisme : fondation de monastères d’Etat, contrôle des ordinations. Wendi
offre des dons importants aux monastères, notamment des reliques.
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-
Les campagnes militaires vers la Corée (royaume de Koguryo). Quatre campagnes qui se
soldent par quatre défaites et qui expliquent en partie la chute des Sui.
Dès 613, plusieurs foyers d’insurrection fragilisent l’empire.
2. La dynastie Tang (618-907)
On présente souvent les Sui et les Tang comme des dynasties sino-étrangères, pour attirer l’attention sur le
fait que les dynasties du (Wei du Nord, Zhou et Qi du Nord) ont contribué à donner une base
institutionnelle au nouvel empire. De fait, l’élite politique et militaire de l’époque est largement composée
de familles Xianbei. Les Sui et les Tang construisent leur empire à la chinoise, mais gardent de solides
acquis des dynasties du Nord. Ces 2 dynasties retiennent sous une forme modifiée le système de répartition
égale des champs créé sous les Wei du Nord (Fondation des Tuoba Wei ou Wei du Nord en 386.)
De plus les fondateurs de ces dynasties viennent de familles en relations étroites avec les Xianbei. Mais les
empereurs de ces dynasties ne prétendent pas faire la synthèse des traditions chinoises et Xianbei. Ils se
présentent comme empereurs chinois dans la tradition des Han. Les Xianbei sont sinisés depuis longtemps
lors de l’avènement des Tang, leur langage et leurs traditions ont disparus. Les descendants Xianbei
prennent des noms chinois et servent dans le domaine civil plutôt que militaire.
A. Le fil des événements
a. Période de consolidation et d’expansion (618-755)
En 617 Li Yuan (565-635), futur empereur Gaozu (r.618-626) se rebelle à l’instigation de son fils (Li
Shimin), fait alliance avec les empires turcs et fonde la nouvelle dynastie des Tang.
Gaozu (Li Yuan) et son fils Taizong (Li Shimin) (r. 626-649) poursuivent dans une large mesure les
initiatives lancées par les Sui. Taizong règne trois fois plus longtemps que son père et est souvent
considéré comme le co-fondateur des Tang (il avait déjà incité son père à la rébellion en 617). Il recourt à
la force pour arriver au trône, mais s’est révélé être un souverain sage et consciencieux, capable de
s’entourer de conseillers compétents, disposé à les écouter, même lorsqu’ils critiquaient sa conduite
personnelle.
Les grandes innovations mises en place par Taizong sont poursuivies par son fils, l’empereur Gaozong (r.
649-683). De constitution fragile, cet empereur laissa à la postérité le souvenir d’un empereur assez faible,
qui confia assez tôt (dès les années 660) les rennes du pouvoir à son autoritaire et ambitieuse épouse, l’exconcubine Wu Zhao, mieux connue sous le nom de Wu Zetian (r. 684-705).
Ancienne concubine de Taizong et de Gaozong, elle accède au pouvoir à la mort de ce dernier et fonde la
dynastie des Zhou en 690 dont elle sera l'unique empereur, après avoir écarté du pouvoir et fait massacrer
ceux qui occupaient les postes de commande et contrôlaient la gestion de l'Etat. C'est le premier et unique
empereur de sexe féminin dans l'histoire de la Chine (qui règne en tant que tel, et non en tant
qu’impératrice douairière par exemple).
Wu Zetian utilise à ses fins propres le système administratif de recrutement par concours, systématique
depuis 669, afin de promouvoir une nouvelle classe d'agents de l'Etat, pour contrer les familles
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aristocratiques du NO de la famille impériale des Tang. L'impératrice Wu Zetian change les nomenclatures
officielles, l'organisation administrative et les noms de lieux. La puissante Eglise bouddhique lui apporte
son soutien.
Les années de ce règne correspondent à une période de relâchement et de gaspillage, où les proches de la
Cour et le milieu clérical s'enrichissent aux dépens de la petite paysannerie.
Son emprise sur le gouvernement est si forte qu’elle n’est pas déposée avant 705, quand elle avait plus de 80
ans et était déjà souffrante.
Après avoir restauré son père dans ses prétentions au trône (Ruizong r. 710-712, après le règne de
l’empereur Zhongzong 705-710), le grand empereur Xuanzong (r712-756) rétablit la situation financière,
morale et politique, et réorganise les armées. On lui doit une refonte du système rituel et d’importantes
réformes fiscales.
Restructuration de l’appareil militaire sous la menace des Turcs, des Ouighours et des Tibétains :
instauration d’une couronne de provinces militaires le long des frontières, du Sichuan à la Mandchourie et
larges pouvoirs conférés aux chefs d’armée.
Mais certains facteurs vont contribuer à la naissance d'une crise considérable : la dégradation continue du
système agraire, la montée en puissance des chefs d'armée conjuguée à la formation d'importantes armées
de métier, le conflit entre l'aristocratie du Nord-Ouest et la nouvelle classe de fonctionnaires recrutés par
concours, enfin l'influence pernicieuse de la concubine Yang. Xuanzong avait eu 59 enfants. Mais on se
rappelle surtout son amour pour Yang guifei (litt. « concubine favorite »), qui partageait son amour de
la musique et de la danse, mais n’avait pas de grand sens politique.
b. Le déclin des Tang (755-907)
La rébellion d’An Lushan : An Lushan était un militaire d’origine étrangère (fils de Sogdien et de mère
turque : An indique une origine sogdienne, lushan : transcription du nom sogdien rokhshan, « le lumineux »,
duquel dérive également le prénom Roxane). A la suite d’une série de victoires militaires, il reçoit les
faveurs de l’empereur Xuanzong et du puissant Premier Ministre Li Linfu. A la mort de ce dernier en 753,
c’est Yang Guozhong, cousin de la favorite Yang guifei, qui occupe le poste de Premier Ministre. Afin de
décrédibiliser son prédécesseur, il s’en prend à An Lushan et l’accuse de fomenter une rébellion. La tension
entre les deux hommes va conduire à l’un des événements les plus traumatiques de l’histoire chinoise.
Parvenant à provoquer les soupçons de l’empereur Xuanzong, Yang Guozhong va peu à peu ostraciser An
Lushan, qui se retourne contre le pouvoir impérial en Décembre 755.
An Lushan dispose d’une force estimée entre 100 et 200 mille hommes, avec une cavalerie recrutée parmi
les tribus des frontières, et une base militaire dans la région de Pékin. En moins de deux mois, An Lushan
prend Luoyang et se retrouve à moins de 100 km de Changan. L’empereur Xuanzong est forcé de fuir vers
le Sud Ouest (en 756) à travers les montagnes du Sichuan. Les troupes qui escortent l’empereur forcent
Xuanzong à faire étrangler Yang Guifei. C’est l’un des épisodes les plus célèbres de l’histoire chinoise :
Xuanzong en fuite, en quête d’une refuge est un thème fréquemment illustré dans la peinture et la poésie
chinoise. Le plus connu de ces poèmes est celui de Bai Juyi (772-846), Chanson de l’éternel regret (chang hen
ge), qui décrit le chagrin de l’empereur après l’exécution de Yang Gufei.
L’héritier de Xuanzong, marche vers le nord avec quelques centaines d’hommes et campe à la base fortifiée
de Lingwu (sur le coude occidental du Fleuve Jaune). Il tente d’équiper une armée et de rassembler des
généraux loyaux, de reprendre Chang’an et de préparer le retour de son père. Xuanzong, déjà âgé, et
passablement déprimé, prend le titre d’empereur en retraite, les insignes du pouvoir impérial sont octroyés
à son fils Suzong (règne de 756 à 762).
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Suzong reprend Changan avec l’aide de la cavalerie des Ouighours turcs. Victoire en 757. Mais les
mercenaires ouighours rançonnent l’empereur, qui, publiquement humilié doit donner une somme colossale
aux Ouighours pour les apaiser.
An Lushan est assassiné en 757 à l’instigation de son fils An Qingxu, mais la rébellion ne prend fin qu’en
763, sous le règne de l’empereur Daizong. La rébellion prend fin sans véritable conclusion, sans victoire
militaire décisive. Su Zong et Daizong ont encouragé les rebelles à se rendre en leur promettant qu’ils
garderaient leur titre ou leur position. De nombreuses grandes familles à cette époque ont émigré vers le
sud et ne sont jamais revenues.
La dynastie Tang ne se relèvera jamais de cette crise. Fort des réformes fiscales et administratives mises en
place dans la deuxième moitié du VIIIe siècle par l’empereur Dezong (779-805) (introduction de la
« double taxe » prélevée deux fois par an selon les richesses possédées par le contribuable, et non selon le
nombre d’hommes adultes ; retour à un monopole du sel, réformes de l’administration militaire), l’empereur
Xianzong (r. 805-820) est le dernier empereur à avoir entrepris des campagnes de conquête. Le règne de
Xianzong est un règne de renforcement du pouvoir central, au détriment de celui des provinces. Il renforce
l’ Armée de la Stratégie divine, contrôlée directement par le pouvoir impérial, et qui contribua à la montée
en puissance des eunuques qui en avaient la haute main. Il s’appuya sur les 240 000 hommes qui formaient
cette armée pour écraser des foyers d’insurrection régionaux.
A la suite de famines dans le Nord, des bandes de pillards se constituent en 874 en un mouvement de
rébellion itinérante qui assiège les villes. Huang Chao, contrebandier du sel est l’un de ces chefs de bande,
ancien marchand de sel ayant échoué aux concours d’Etat, il parcourt les grandes routes de Chine en
pillant et ravageant tout sur son passage. Il prend Guangzhou en 879 et en 881 met Luoyang et Chang'an,
la métropole symbolisant la splendeur raffinée et la gloire cosmopolite des Tang, à feu et à sang. Il y
installe un gouvernement.
A l'affaiblissement du pouvoir central correspond l'émergence d'une nouvelle forme de pouvoir. Les
nouveaux hommes forts des provinces, portés au pouvoir par leurs troupes, viennent souvent des catégories
les plus basses de la société et se substituent à l'aristocratie et aux lettrée. Ils constituent une nouvelle
classe dirigeante dans cette époque d'illégalité. L'Empire des Song qui réunifiera les pays chinois est issu de
ce système de régions militaires autonomes et de commanderies indépendantes, lesquelles se
transformeront en royaumes et en empires aux environs de 900, leurs chefs allant jusqu'à usurper le titre
d'empereur et fonder des dynasties.
Dès la fin des Tang, de grandes régions de Chine comme le Sichuan, le Fujian ou le Zhejiang profitent de
la faiblesse du pouvoir central pour affirmer leurs tendances à l'autonomie.
Conclusion :
A la fin de l'époque Tang apparaissent les indices d'une transformation profonde du monde chinois :
- l'élimination des anciennes catégories dirigeantes (aristocratie militaire). La technique de reproduction
des textes contribuera, par la diffusion soudaine du savoir, à élargir la base sociale des classes dirigeantes.
Des hommes des couches basses de la société sont portés au pouvoir.
- Une reconfiguration des armées qui donne un nouveau soutien au pouvoir politique, lequel ne s'appuie
plus sur le milieu des familles puissantes, mais sur un corps d'armée qui lui est personnellement acquis.
- Un déplacement du centre de gravité politique et économique en direction du Sud-Est, qui aura pour
conséquence l’essor et développement de la Chine du Bas-Yangzi.
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B. Les points essentiels à retenir
• Les campagnes militaires du début de la dynastie : Dès la fin des années 540, deux empires turcs (en
chinois, tujue 突厥) avaient émergé en Asie centrale et septentrionale, ce sont les empires turcs orientaux et
occidentaux. Ces deux empires
contrôlent la région qui s’étire tout
au Nord de la Chine, et à l’Ouest
Tang Taizong recevant
jusqu’à la Crimée. Ils sont très
l’envoyé du Tibet, par Yan
Liben (600-673)
puissants, et constituent le grand
ennemi de la Chine jusque dans les
années 630. En 630, les Chinois se
retournent contre les Turcs, leur
enlèvent le contrôle de la région des
Ordos et de la Mongolie du sud
ouest. En ouvrant les routes de l'Asie
centrale
à
l'armée
et
à
l'administration impériales pendant
quinze ans, la victoire des Chinois
sur les Turcs marque le début de la grande expansion des Tang en Asie, sous les règnes de Taizong et de
Gaozong (de 626 à 683). Cette expansion des Tang de la Corée à l'Iran et de la vallée de l'Ili (région des
Turcs occidentaux) jusqu’au centre du Vietnam vers le Sud constitue le phénomène majeur de l'histoire
politique du VIIe siècle.
Les troupes des Sui et des Tang sont formées et encadrées par les aristocrates des grandes familles du
Nord. Le cheval, très convoité, constitue un élément décisif dans la politique d'expansion.
La répartition des armées chinoises le long des frontières du Nord et autour de la capitale révèle bien leurs
fonctions prioritaires : défendre le pouvoir central contre les rébellions dans les provinces, et protéger
l'Empire des incursions des confins.
• L’ouverture des frontières et le développement du commerce : Les conquêtes militaires vers l’ouest
permettent d’établir des réseaux commerciaux qui relient Chang’an, la capitale des Tang, à l’Asie centrale.
Les communautés marchandes en Chine sont
localisables aussi bien dans les régions
voisines de l’Asie centrale, comme les grandes
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oasis marchandes du bassin du Tarim
(Kashgar, Kucha, Turfan, Beshbaliq, Hami, au
Nord, Khotan et les colonies du Lob Nor au
Sud), que dans le corridor du Gansu, la région
des Ordos, les deux capitales, Chang’an 長安
et Luoyang 洛陽, et les villes sur les marchés
frontaliers du Nord-Est. Le commerce était
essentiellement composé de soie depuis la
Chine, et de produits divers en direction de la
Chine (chevaux, argent, lapis-lazuli, fourrures).
De récentes études ont contribué à redessiner
les contours de ces communautés. Les sources
anciennes révèlent notamment une diversité
sociale puisque les étrangers établis en Chine exerçaient divers métiers : ils étaient marchands surtout, mais
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aussi agriculteurs, maroquiniers, viticulteurs, ambassadeurs, aubergistes, fonctionnaires et, métier essentiel
dans ce contexte fortement marqué par la culture du commerce, cloueurs de pieds de chameaux. Si le rôle
dominant des Sogdiens (originaires de Sogdiane, une confédération de cités situées dans les actuelles
républiques d’Ouzbékistan et du Tadjikistan) est incontestable, les analyses récentes, qu’elles se fondent sur
des sources textuelles ou archéologiques, tendent à rétablir l’importance des populations issues des mondes
turc et indien. Diversité religieuse, enfin, puisque si la religion dominante au sein des communautés
étrangères était probablement la religion zoroastrienne d’Asie centrale, désignée à partir du VIIe siècle
dans les sources par le caractère xian 祆, de nombreux témoignages textuels, épigraphiques et artistiques
témoignent de la vigueur, au sein de ces mêmes communautés, du christianisme, du manichéisme et du
bouddhisme.
• Développement de Chang’an et de Luoyang, capitales cosmopolites et raffinées. Sous les Tang,
Chang’an reste la capitale principale, mais Luoyang, capitale secondaire, connaîtra également un
développement spectaculaire.
Chang’an : Construite sous les Sui,
elle est la capitale principale sous les
Tang, époque où la population est
estimée à 2 millions. Au 8e siècle,
Japon copie le plan de Chang’an
pour établir la ville de Nara sous la
dynastie du même nom. La ville est
ceinte de murailles, et divisée en
quartiers rectangulaires. Chaque
quartier était muré, et la taille
pouvait varier. Ces quartiers
renfermaient des demeures, des
bâtiments
administratifs,
des
bâtiments religieux, des jardins, des
ateliers, des auberges, etc…
Chang’an était formé de 4 type
d’espaces : la cité impériale, deux
marchés (ouest et est) et la partie
résidentielle.
La plupart des membres de
l’aristocratie et les fonctionnaires de
haut rang résidaient dans les
quartiers au nord est de la ville, dans
le triangle formé par les trois palais :
le Taijigong (Palais du faîte
suprême), bâti sous les Sui, le
Daminggong (Palais de la Grande
clarté), construit en 662 sous les ordre de Gaozong, et le Xinqinggong bâti par l’empereur Xuanzong en
714. Chacun de ces palais renfermait un espace de jardins, des bâtiments résidentiels pour l’empereur et son
entourage, et des bâtiments officiels, réservés à l’administration. Les bâtiments de l’impératrice et des
concubines se trouvaient en général derrière ceux réservés à l’empereur, et nul en dehors de lui et des
eunuques n’y avait accès. La partie sud du palais était réservée aux grands rituels saisonniers, c’était la
partie la plus publique.
La partie orientale de la ville était plus populaire, tous les environs du marché de l’ouest peuplé d’étrangers.
Les quartiers à l’ouest du marché Est renfermaient les grands établissements pour l’éducation et la
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préparation aux examens (académies, écoles). Partout dans la ville avaient été établies des institutions
religieuses (une majorité de bouddhistes, mais pas uniquement).
• Restructuration de l’appareil administratif et judiciaire : l'administration chinoise tirant parti d'un
long processus de développement aboutit à la formation d'un organisme savant et complexe. Elle forme
dans l’empire un corps autonome servant de contre-pouvoir aux factions, intrigues et partis de la cour
(eunuques, généraux, et grandes familles aristocratiques). 4 organismes principaux :
1) Département des affaires d'Etat avec six ministères (fonction publique, rites, armées, justice, travaux
publics et finances) ; 2) Chancellerie impériale ; 3) Grand secrétariat général (rédaction de textes officiels) ;
4) Conseil d'Etat
De l'administration centrale dépend celle des provinces (dao), divisées en sous-préfectures (xian),
préfectures (zhou) et préfectures supérieures (fu). Prestige du fonctionnaire impérial, qui doit toutefois
composer avec les notables locaux lorsqu'il est envoyé en province. Effort pour contrer l’influence des
grandes familles au niveau local et renforcer le caractère central du pouvoir, également pour empêcher les
fonctionnaires envoyés dans les provinces de s’allier à ces familles.
Première rédaction du Code des Tang en 624, le Tanglü shuyi, héritier d'une longue tradition remontant
aux Cao-Wei et aux Jin occidentaux, en passant par les Zhou du Nord. Ce code de 500 articles répartis en
12 sections est exclusivement pénal. Les châtiments corporels sont en vigueur, et vont de la punition des
10 coups de rotin à la mort par décollation ou strangulation, en passant par les 100 coups de bambou, la
servitude pénale de 1 à 3 ans, ou l’ exil à vie dans des régions lointaines.
• Le système de recrutement par concours : Pour former un corps de fonctionnaires loyaux et intègres,
les Sui avaient déjà introduit les examens écrits pour tester les aptitudes littéraires des candidats et leur
connaissance des Classiques. Les Tang développent ce système de recrutement des fonctionnaires par
concours d’Etat (le jinshi 进士) et prennent d’autres mesures pour promouvoir l’éducation confucéenne :
écoles d’Etat et éditions des Classiques avec les commentaires orthodoxes. Rôle important de ces examens
qui identifient rapidement l’élite et la bureaucratie. Ce nouveau système offre des possibilités de carrière à
des gens issus de familles sans relations. Instrument de promotion sociale. Toutefois les membres des
familles puissantes se retrouvent partout dans la bureaucratie, surtout aux plus hauts postes. L’influence
des familles puissantes ne s’arrête donc pas, mais sont formées différemment pour servir le gouvernement.
Au cours du temps, l’élite devient plus lettrée, plus livresque. Les activités martiales, l’équitation, le tir à
l’arc, l’escrime jouent un rôle de moins en moins important dans la vie des catégories sociales supérieures.
Zhou Wenju (Xe siècle), Le
jardin des lettrés.
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3. Les Cinq dynasties et les Dix royaumes : la Chine à nouveau
divisée
Cette appellation (wudai shiguo) couvre la période allant de la chute des Tang (907) à la réunification de la
Chine par les
Song (979). Elle est caractérisée par la prise de pouvoir en Chine du Nord d’anciens gouverneurs militaires
des Tang (jiedushi). Certaines de ces dynasties sont dirigées par des souverains d’origine turque (Shatuo).
Les Cinq Dynasties, qui tentent depuis Kaifeng ou Luoyang de contrôler une Chine du Nord, sont
successivement celles des Liang postérieurs (907-923), des Tang postérieurs (923-936), des Jin postérieurs
(936-947) et des Han postérieurs (947-951) ; enfin, aux Zhou postérieurs (951-960) succèdent finalement les
Song.
Dans le Sud de la Chine, la situation est encore plus fragmentée. Dix royaumes se sont partagés le
territoire, parfois de façon concomitante entre 907 et 979. Pourtant, on considère souvent que cette
situation d’éclatement politique ne porta pas préjudice à la Chine du Sud, qui connut une période de
développement économique.
A cette époque, la Chine divisée voit naître de grands empires sur ses frontières Nord. L’empire Khitan, qui
prit le nom chinois de Liao (907-1125) règne sur un vaste territoire qui recouvre une grande partie du
Nord-Est la Chine actuelle et de la Mongolie. Les Khitan sont d’origine xianbei, et, comme leurs ancêtres
des Wei du Nord, oscilleront entre conservation des traditions des steppes et adoptions de coutumes et
institutions chinoises.
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CHRONOLOGIE
Les Sui (581/589-618)
581 : fondation de la dynastie des Sui par l’empereur Wendi (581-604)
589 : réunification de l’empire
604-618 : règne de l’empereur Yangdi
Les Tang (618-907)
618-626 : règne de Gaozu
626-649 : règne de Taizong
629-645 : périple du moine Xuanzang parti pour l’Inde à travers l’Asie centrale pour
recueillir des textes bouddhiques.
630 : les empires turcs orientaux et occidentaux sont vaincus par les Tang.
630-660 : grande période d’expansion des Tang
684-705 : règne de Wu Zetian qui fonde la dynastie Zhou en 690.
712-756 : règne de Xuanzong
752 : mort du Premier ministre Li Linfu, protecteur de An Lushan
755 : Yang Guozhong, cousin de la concubine impériale Yang Guifei, est nommé premier
ministre. An Lushan se révolte.
756 : l’empereur Xuanzong fuit vers le Sichuan et fait exécuter Yang Guifei et Yang
Guozhong. Son fils, Suzong, reprend Chang’an grâce aux armées ouïgoures. Xuanzong
démissionne en faveur de son fils Suzong.
756-762 : règne de Suzong
757 : Mort de An Lushan, assassiné par son propre fils.
763 : tous les généraux rebelles ont rendu les armes. Amnistie générale.
820-840 : période d’omnipotence des eunuques
845 : grande persécution du bouddhisme
879-881 : Huang Chao, bandit rebelle, met Canton à feu et à sang
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(source : V. Hansen, The Open Empire, A History of China to 1600, W.W. Norton & Company, New
York, 2000, p. 192)
BIBLIOGRAPHIE
a) bibliographie générale
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11
b) pour aller plus loin
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12
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