
celle de l’opinion publique même si cette dernière commence à être sensible aux questions
environnementales. Il n’intègre pas d’idées véritablement nouvelles mais il présente
l’avantage de montrer les impacts négatifs des activités économiques et humaines sur
l’environnement tout en adoptant des propositions qui tendent à être modérées pour éviter les
réactions de « rejet » suscitées par le Rapport Meadows8. Les questions d’environnement et de
développement sont alors considérées conjointement : d’une part parce que les processus de
développement ne sont pas neutres pour l’environnement (prélèvement de ressources, rejets de
polluants, etc.) ; d’autre part, car la qualité de l’environnement peut affecter la capacité de
développement (effets de la pollution sur la santé humaine, par exemple). Les stratégies pour
la mise en œuvre d’un développement durable sont alors diverses : lutte contre la pauvreté et
les inégalités, changement du contenu de la croissance, modification du comportement des
acteurs économiques, etc.
La Conférence de Rio (1992) sur l’environnement et le développement à laquelle ont participé
178 pays, s’est tenue vingt ans après la conférence de Stockholm. Pour Aggeri (2001, p. 16)
« Rio a donné naissance à une définition extensive allant bien au-delà des rapports de
l’environnement et du développement en englobant les rapports Nord-Sud, la lutte contre la
pauvreté, les droits de la femme, l’équité sociale, etc ». Il est intéressant de comparer les deux
textes issus de ces deux conférences internationales, comme le font Antoine et al. (1994, p.
50). L’idée du rapprochement des problématiques du développement et de l’environnement
présente dans la Déclaration de Stockholm (à la suite du rapport de Founex) est au centre de
la Déclaration de Rio. La problématique démographique semble avoir moins d’importance et
les références à l’épuisement des ressources renouvelables sont marginales. Par contre, la
Déclaration de Rio illustre la montée en puissance de la société civile, des ONG notamment,
ainsi que des représentants du monde des entreprises9, alors que la référence à la planification
qui figurait dans la Déclaration de Stockholm a disparu.
La Conférence de Rio qui a donné lieu à la Déclaration de Rio a permis la signature de deux
conventions internationales – la Convention sur le changement climatique et la Convention
sur la diversité biologique – et de deux déclarations non contraignantes portant sur les forêts
et sur la désertification. L'agenda 21, compendium des actions à entreprendre en matière
d'environnement et de développement, constitue également un ambitieux programme pour
faire évoluer les modes de développement et pour atteindre les objectifs définis dans la
Déclaration de Rio et les deux conventions internationales. Un fonds mondial pour
l’environnement (le GEF) a été conçu et une Commission sur le Développement Durable a été
crée au sein des Nations-Unies. Comme le souligne Vivien (2001), les questions abordées ont
été multiples (pauvreté, participation des minorités aux processus de décision, aménagement
de l’espace, gestion des différentes ressources, équité dans la distribution des richesses…).
Néanmoins en juin 1997, une mission spéciale de l’Assemblée générale des Nations unies
s’est réunie à New York pour évaluer la mise en œuvre des résolutions prises lors de la
Conférence de Rio. Le bilan de cette réunion, appelée « Rio + 5 », est mitigé. Depuis
quelques années, comme le souligne Tubiana (2000, p. 8), ce sont les chocs financiers qui
occupent le « premier plan ». Par ailleurs, les rapports de force entre les pays développés et
8 Dès l’introduction, le rapport prend bien soin de se démarquer du Rapport Meadows en expliquant qu’il n’est ni
question de sacrifier le développement à la protection, ni l’inverse, bien entendu. Pour la CMED (1987, pp. 10-
11) « le développent durable n’est pas un état d’équilibre mais plutôt un processus de changement dans lequel
l’exploitation des ressources, le choix des investissements, l’orientation du développement technique ainsi que le
changement institutionnel sont déterminés en fonction des besoins tant actuels qu’à venir. »
9 Pour la CMED (1987, p. 76), le développement durable ne pourra être atteint que par une « volonté politique ».
Cela passe par plusieurs réformes institutionnelles et juridiques : participation plus grande du public, des ONG,
des industriels… aux prises de décision ; renforcement des agences internationales (PNUE, Banque mondiale
entre autres) ; coopération élargie au niveau international, etc.