développement durable tenue à Bonn en Allemagne, du 31 mars au 2 avril 2009 :
« Malgré une croissance économique sans précédent au XXe siècle, la pauvreté et l’inégalité
persistantes affectent toujours trop d’individus, notamment ceux qui sont les plus vulnérables. Les
conflits continuent de cristalliser l’attention sur la nécessité de bâtir une culture de la paix. La crise
financière et économique mondiale met en évidence les risques associés à des modèles et des
pratiques de développement économique non viables axés sur les résultats à court terme. La crise
alimentaire et la faim dans le monde sont un problème de plus en plus sérieux. Des modèles de
production et de consommation non viables créent des impacts environnementaux qui
compromettent les choix des générations présentes et futures et la durabilité de la vie humaine sur
terre. »
Dans ces conditions, comment sortir de cette précarité, de cette déraison de la raison
économique (Serge Latouche)? Les politiques, sous la pression des organisations écologiques, ont
accepté d’inscrire les problèmes environnementaux dans leur ordre du jour. Mais les choses
avancent péniblement à cause de la pression parallèle des multinationales qui ne veulent pas voir
leurs marges de bénéfices réduites. De plus, les accords signés ne sont pas respectés à la lettre.
Pour contourner l’écueil que constitue la pression des multinationales, L’UNESCO a proposé que
l’on se tourne vers l’éducation, vers l’enseignant, pour trouver la solution à l’équation de la
durabilité de nos sociétés, car « on prend de plus en plus conscience que les progrès de la
technologie, les cadres juridiques et les principes directeurs sont insuffisants, s’ils ne
s’accompagnent pas de changements dans les mentalités, les valeurs et les modes de vie, et d’un
renforcement de la capacité de chacun de contribuer à ces changements. » (Bâtir l’éducation de
demain : Rapport 2012 sur la décennie des Nations Unies pour l’éducation au service du
développement durable). En effet, Si nous sommes si attachés à la civilisation industrielle actuelle,
c’est parce qu’elle a incrusté son besoin dans notre sensibilité et dans notre imaginaire. En
consommant frénétiquement, nous contribuons, sans le savoir, à la destruction de la planète. C’est
donc dans la sensibilité et dans l’imaginaire qu’il faut d’abord combattre le besoin de ce modèle
mortifère.
Dans ces conditions, l’enseignant semble le mieux placé pour accomplir cette tâche. Si l’enseignant
est celui qui forme/modèle l’homme, s’il est celui qui l’initie au savoir, à la compréhension
rationnelle des phénomènes ; si son rôle est de construire l’esprit critique nécessaire aux choix
raisonnés, alors il est à même de bâtir l’homme nouveau qui échappe à l’emprise de la
consommation vertigineuse et à la logique de la croissance pour la croissance.
L’éducation nouvelle devra, dans un mouvement dialectique de déconstruction et de reconstruction,
libérer d’abord l’imaginaire et la sensibilité du délire de la consommation effrénée. Nous ne le
savons peut- être pas, nous sommes manipulés par les producteurs qui créent en nous des besoins
artificiels, lesquels nous déterminent par la suite à consommer servilement. Nous libérer de ce
besoin artificiel est un pas décisif vers la durabilité. Elle devra ensuite, à la manière d’Épicure, lui
donner des outils pour ne consommer que ce qui est utile et nécessaire, tout en prenant en compte la
sauvegarde de l’environnement et survie des générations futures.
Il s’agit en d’autres termes d’une éducation au développement durable, celle qui doit « permettre
aux générations présentes de répondre à leurs besoins, tout en permettant aux générations futures
de répondre aux leurs, grâce à une approche équilibrée et intégrée en ce qui concerne les
dimensions économiques, sociales et environnementales du développement durable. » (Rapport
2012 sus- cité). Des individus éduqués dans ce nouvel environnement constitueraient des acteurs de
la décroissance. En se livrant à une consommation raisonnée, ils obligeraient les entreprises à
produire moins, et à limiter en conséquence le pillage des ressources naturelles et l’agression de
l’environnement. Loin d’être un programme éducatif qui porte atteinte à la croissance économique
comme le clament les ultralibéraux, il s’agit de la construction d’une économie aux dimensions
humaines.
Convenons donc dans ces conditions que la tâche de l’enseignant est immense, car il s’agit de créer
des hommes nouveaux et par ricochet de nouvelles sociétés. Ce travail ne peut être que l’œuvre
d’un personnel enseignant fort, c’est-à- dire de qualité. De quelle force s’agit- il ici ? Comme nous