17
Gestion & Leadership
procure.ch – Revue de l’acheteur 9/2014
Le modèle de Lucerne
du management durable
(Markus Zemp)
Les éléments suivants (inspirés du
cadre GRI) peuvent servir de réfé-
rence pour les trois indicateurs de
performance en matière de mana-
gement durable:
Dimension économique
L’accroissement de valeur purement
nancier de l’entreprise, exprimé en
unités monétaires, n’est pas le seul
critère important. Il faut également
prendre en compte des aspects tels
que le type de création de valeur et
ses conséquences pour l’environ-
nement (p. ex. émissions de CO2),
le recours à des fournisseurs régio-
naux, l’emploi de personnes issues
de la population locale ou encore les
investissements dans l’infrastruc-
ture. La valeur ainsi créée permet
en effet d’améliorer la perception
positive et l’attractivité de l’entre-
prise au sein de la société.
Dimension écologique
Cet aspect concerne la gestion des
ressources naturelles (consomma-
tion de matériel, d’énergie et d’eau)
ainsi que l’inuence sur la biodi-
versité. L’objectif est notamment
de développer des produits et des
services en veillant à consommer le
moins de ressources possible. Cette
préoccupation est valable depuis la
création du produit (en comptant
les ressources nécessaires pour
la recherche et le développement,
mais aussi pour les moyens de pro-
duction) jusqu’à la n de sa durée
d’utilisation et donc jusqu’à son éli-
mination (du berceau au berceau).
Des conceptions qui devraient faire
partie d’une gestion moderne de la
chaîne de valeur.
Dimension sociale
Outre des conditions d’engage-
ment équitables pour les collabo-
ratrices et les collaborateurs (sécu-
rité et santé au travail, égalité des
chances, droits de consultation,
etc.), cette dimension concerne
aussi les exigences sociétales
auxquelles une entreprise doit ré-
pondre. Il peut s’agir de sujets liés
aux droits de l’homme, tels que le
travail des enfants, le travail forcé, la
discrimination ou encore la corrup-
tion, mais aussi de la question de
la transparence relative à la décla-
ration des produits, du contrôle des
chaînes d’approvisionnement ou de
la préservation de la sphère privée
des clients (protection des don-
nées, p. ex.). Tenir compte de ces
facteurs permet aux entreprises de
gagner en crédibilité et d’être plus
attractives en tant qu’employeurs.
Des considérations à intégrer
dans la direction d’entreprise
Le modèle décrit doit permettre
de sensibiliser les décideurs à une
approche globale et intégrale en
matière de management, mais
aussi de les préparer aux exigences
nouvelles que pose le management
durable.
Pour nir, il faut rappeler que les pro-
blématiques de durabilité sont loin
d’être nouvelles. Il serait également
erroné de prétendre que les entre-
prises ne font rien dans ce domaine.
L’objectif du modèle présenté est
plutôt d’intégrer ces questions de
manière systématique et donc plus
consciente dans la direction stra-
tégique de l’entreprise. L’impor-
tance accordée au développement
durable ne relève toutefois pas
seulement de la responsabilité des
entreprises. Elle incombe en pre-
mier lieu aux individus, qui peuvent
d’une part, en faisant des choix de
consommation, opter pour plus ou
moins de durabilité, et d’autre part
inuer – en tant qu’acteurs des pro-
cessus de production disposant
d’un certain pouvoir de décision –
sur la part de développement du-
rable dans la création de valeur.
Pour que cette logique fonctionne
de façon autonome, les facteurs
suivants doivent être réunis: re-
connaissance de la nécessité du
changement (si possible par toutes
les parties prenantes), transparence
du côté des producteurs (au-delà du
seul contenu de la production, clarté
sur les conditions dans lesquelles
les produits sont fabriqués) et vo-
lonté de peser sur les décisions en
matière de durabilité (via la décision
d’achat en tant que consommateur
et via l’organisation des processus
internes/de la création de valeur en
tant que producteur).
Sources
Livre vert – Promouvoir un cadre
européen pour la responsabilité
sociale des entreprises, COM (2001)
WWF/ZSL 2012, Base de données
de l’Indice Planète vivante, WWF et
Zoological Society of London, date
d’accès: 22 février 2012.
www.wirtschaftsmagazin.ch,
«Zur Nachhaltigkeit gibt es keine
Alternative», article de la conseillère
fédérale Doris Leuthard publié dans
«Wirtschaftsmagazin», numéro 25,
2013
Wehler et al, «Unternehmen in der
Schweiz übernehmen gesellschaft-
liche Verantwortung», publié dans
«Schweizer Arbeitgeber» (version
germanophone d’«Employeur
suisse»), numéro 15, 2009