La norme donne aussi un critère pour repérer les irréductibles de Z[j]: si N(s)
est premier, alors sest irréductible (exercice). Ainsi, 1 −jest irréductible :
N(1−j)=(1−j)(1−j2) = 3 .
Notons au passage qu’on obtient la décomposition de 3 en produit d’une unité par
des irréductibles :
3= (1−j)(1−j2) = j2(1−j)×j(1−j2) = −j2(1−j)2.
Par contre, la réciproque n’est pas vraie : 5 est irréductible dans Z[j], mais N(5) =
5×5=25 n’est pas premier.
2.2 La descente infinie
On note λ=1−jet, pour s∈Z[j], on note vλ(s)l’exposant de λdans la
décomposition de sen produit d’une unité par des irréductibles. Par exemple :
vλ(λ) = 1 , vλ(1−j2) = 1 , vλ(3) = 2 , vλ(j) = 0 .
De plus, vλ(z)≥2 car 3 divise z.
Le principe de la « descente infinie » est le suivant : à partir de notre solution
(x,y,z)de l’équation de Fermat, on va construire une solution (x0,y0,z0)de :
(x0)3+ (y0)3=u0(z0)3,x0,y0,z0∈Z[j]premiers entre eux,
vλ(x0) = vλ(y0) = 0 , vλ(z0)≥1 , (1)
où u0∈Z[j]×et
vλ(z0) = vλ(z)−1 .
Pour ce faire, on utilisera uniquement le fait que (x,y,z)est solution de :
x3+y3=uz3,x,y,z∈Z[j]premiers entre eux,
vλ(x) = vλ(y) = 0 , vλ(z)≥1 , (2)
avec u∈Z[j]×(bien sûr, u=1, mais on ne s’en servira pas).
A partir d’une solution au problème (2), on construit une solution au problème
(1), qui satisfait les mêmes hypothèses et telle que vλ(z0) = vλ(z)−1. Ce procédé
est récursif (rien n’empêche de l’itérer), et aboutit clairement à une contradiction :
l’exposant de λdans la troisième composante de la solution diminue de 1 à chaque
étape, mais doit rester supérieur ou égal à 1... Il ne reste donc qu’à montrer que cette
construction est possible pour achever la preuve du théorème de Fermat pour p=3.
Lemme 2.6 Pour tout s∈Z[j], on a s≡0,1 ou −1 mod λ(c’est-à-dire s−0, s−1
ou s+1 est divisible par λdans Z[j]).
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