Ly- 1ES- Questionnement sur les budgets publics
e. Le prix Nobel Stiglitz est-il de l’avis du doc1 ?
http://www.courrierinternational.com/article/2013/05/30/un-remede-pire-que-le-mal
Doc1
Qu’on la nomme politique de rigueur ou politique rigoureuse pour les plus inventifs, l’austérité est au
centre de toutes les attentions. Plusieurs économistes, à l’image du collectif des "économistes atterrés",
n’ont pas trouvé de mots assez durs pour condamner les politiques de réduction des dépenses publiques
qui seraient responsables selon eux de la récession. (…)Dépenser toujours plus pour stimuler la
croissance, il est vrai que l’idée a de quoi séduire…
Il y a en effet plusieurs raisons de justifier la dépense publique. Comme l’ont montré de nombreux
travaux (1), en investissant dans des infrastructures qui ne peuvent être développées par le secteur privé
par coût ou par nécessité (routes, écoles, lignes de TGV, système judiciaire…), elle crée un climat
propice à la croissance et au développement. Par ailleurs, les externalités négatives engendrées par le
secteur marchand justifient l’intervention publique pour compenser le coût d’une activité sur l’ensemble
de la société. L’exemple souvent cité est celui de la pollution créée lors du processus de production.
La puissance publique peut alors intervenir en taxant les acteurs à hauteur du dommage estimé (taxe
pigouvienne) ou fixer des droits à polluer librement échangeables au prix du marché comme l’a fait
l’Union européenne. Enfin, en mettant en place un système de redistribution, elle favorise la cohésion
sociale en rendant plus acceptables certaines inégalités. En période de récession, son rôle de soutien à
la demande et à l’investissement est essentiel puisque l’effet multiplicateur y est plus fort (2).
"L’argent public n’existe pas, il n’y a que l’argent des contribuables"
Soyons clairs : il n’existe aucune étude sérieuse qui définisse un niveau optimal de dépense publique
par rapport au PIB. Ce niveau est le résultat d’un héritage culturel et surtout de choix politiques. En soi,
la dépense publique n’est ni bonne ni mauvaise. Dans les années 1980, la politique d’austérité menée
par Margaret Thatcher permettait au Royaume-Uni de réduire considérablement sa dette, de renouer
avec la croissance et de mieux maîtriser son inflation. Inflation de près de 20 %, endettement croissant,
déficit commercial, croissance inférieure à ses voisins, emprunt auprès du FMI : la situation du
Royaume-Uni des années 1970 n’avait alors rien à envier à celle que connaissent aujourd’hui les pays
européens. Peut-être plus spectaculaire, l’exemple du Canada a de quoi faire rêver !
Entre 1993 et 1997, malgré un contexte économique difficile, la réduction drastique des dépenses
publiques a permis de passer d’un déficit budgétaire de 5,5 % à un excédent de 1,1 %. Dans le même
temps, la croissance et le nombre de créations d’emplois du Canada devenaient les plus élevés du G7. Il
ne s’agit pas ici de faire l’éloge de l’austérité ou de comparer des économies structurellement différentes,
mais simplement de montrer que le lien entre réduction des dépenses publiques et baisse de la croissance
n’a rien d’évident.
La dépense publique est utile à condition de créer davantage de richesse que celle qui aurait pu l’être
par les agents privés : comme se plaisait à le répéter Margaret Thatcher, "l’argent public n’existe pas, il
n’y a que l’argent des contribuables". Son utilisation doit donc faire l’objet d’une attention toute
particulière. En France, de multiples politiques publiques ont vu leur efficacité contestée par des
évaluateurs indépendants sans toutefois être remises en cause. En matière de logement par exemple,
plusieurs études (3) ont montré l’effet contre-productif des aides à la pierre qui contribuent à accroître
le prix de l’immobilier sans rendre les logements plus accessibles dans un contexte d’offre trop faible
par rapport à la demande. Les sommes allouées à ces dispositifs pourraient permettre de réaliser des