Réflexion et transmission par un système plan

Electromagnétisme, TD n7, corrigé
Réflexion et transmission par un système plan
1 Système à deux interfaces
1.1 Calcul de ρet τ. Traitement antireflet
Champ incident : E0eyexp[i(kz +ωt)],k=ω/c = 2π/λ.
a) Résolution de l’équation de Helmholtz
Le champ Eidans le milieu i(i= 1,2ou 3) vérifie
Ei+n2
i
ω2
c2Ei= 0 ,
avec ∆ = 2/∂z2car les champs ne dépendent que de z.
Dans chaque milieu, la solution générale est de la forme [on omet la dépendance temporelle en
exp(t)] :
Ei=E0ey[aiexp(inikz) + biexp(inikz)] .
Il y a six coefficients (ai, bi)à déterminer, il faut donc six conditions aux limites (CL).
On a deux CL à l’infini :
champ incident connu dans le milieu 1 : a1= 1
pas de champ venant de z=−∞ dans le milieu 3 : b3= 0.
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Par définition de ρet τ, on a b1=ρet a3=τ, donc les champs dans les différents milieux
s’écrivent :
E1=E0ey[exp(ikz) + ρexp(ikz)] exp(t)
E2=E0ey[aexp(in0kz) + bexp(in0kz)] exp(t)
E3=τ E0eyexp(inkz) exp(t)(1)
Il reste à écrire quatre CL, qui s’obtiennent en écrivant la continuité de Etg et Htg (ou Btg car
les milieux sont non magnétiques) aux interfaces z= 0 et z=d. Le champ électrique étant
polarisé selon ey, on a Ei=Eieyet écrire la continuité de Etg revient à écrire directement celle
de Ei.
En ce qui concerne Btg, on a pour chaque milieu rotEi=Bi, et Ei=Ei(z)ey, d’où finalement
dEi
dz ex=Bi. Ecrire la continuité de Btg revient donc à écrire la continuité de dEi
dz .
En écrivant les relations de continuité à partir des expressions (??), on obtient :
1 + ρ=a+b
aexp(in0kd) + bexp(in0kd) = τexp(inkd)
1 + ρ=n0a+n0b
n0aexp(in0kd) + n0bexp(in0kd) = exp(inkd)(2)
La résolution du système linéaire (??) conduit aux expressions suivantes des facteurs de réflexion
et de transmission :
ρ=r12 +r23 exp(2in0kd)
1r21r23 exp(2in0kd)
avec rij = (ninj)/(ni+nj)(facteur de réflexion à l’interface ijen incidence normale).
τ=t12t23 exp(in0kd)
1r21r23 exp(2in0kd)exp(inkd)
avec tij = 2ni/(ni+nj)(facteur de transmission à l’interface ijen incidence normale).
b) Couche antireflet
Le facteur de réflexion ρs’annule pour r12 =r23 exp(2in0kd).
Deux cas sont envisageables :
1er cas : exp(2in0kd)=1et r12 =r23. La deuxième condition conduit à n= 1 et le système
étudié est alors une lame d’indice n0entourée de vide ou d’air. Ce cas n’est pas intéressant du
point de vue de la couche antireflet !
2e cas : exp(2in0kd) = 1et r12 =r23. La deuxième condition conduit à n0=n, et la première
condition implique d= (2p+ 1)λ/(4n0), où pest un entier. Dans le cas p= 0, on a donc montré
que l’on pouvait annuler la réflexion sur le substrat d’indice nen déposant à sa surface une
couche d’une matériau d’indice n0=net d’épaisseur d=λ/(4n0).
Remarquons que cet antireflet n’est parfait qu’en incidence normale, et pour la longueur d’onde
λ.
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c) Calcul en termes de rayons lumineux
Le champ réfléchi s’obtient en sommant les contributions des rayons ayant subi des réflexions
multiples aux interfaces 2-3 et 2-1, sachant qu’un aller-retour dans la couche correspond à un
déphasage de φ= 2n0kd. On obtient donc directement :
ρ=r12 +t12t21r23 exp() + t12t21r2
23r21 exp(2) + ...
=r12 +t12t21r23 exp()[1 + r23r21 exp() + r2
23r2
21 exp(2) + ...]
Le terme entre crochets est une série géométrique de raison q=r23r21 exp(), vérifiant |q|<1,
et dont la somme vaut 1/(1 q). On obtient donc finalement :
ρ=r12 + (r2
12 +t12t21)r23 exp()
1r21r23 exp().
En remarquant que r2
12 +t12t21 = 1, on retrouve bien le résultat du a).
Le même travail peut être fait pour calculer le facteur de transmission τ.
1.2 Réflexion totale frustrée
a)
Le champ incident dans le verre s’écrit :
Einc =E0eyexp(iαx 1zt)
avec α=n k sin θiet γ1= (n2k2α2)1/2, Re(γ1)>0et Im(γ1)>0. Dans le cas d’une onde
propagative dans le verre, on a bien sûr γ1=n k cos θi.
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Le champ transmis dans le vide (milieu 2) s’écrit :
E2=t E0eyexp(iαx 2zt)
avec γ2= (k2α2)1/2, Re(γ2)>0et Im(γ2)>0. Le facteur de transmission de Fresnel en
incidence oblique vaut t= 2γ1/(γ1+γ2).
Dans le cas où n= 1.5et θi= 45o, on a n2sin2θi>1de sorte que γ2est imaginaire pur, et
s’écrit γ2=ikpn2sin2θi1 = iIm(γ2).
Le champ dans le milieu 2 est alors de la forme :
E2=t E0eyexp(iαx t) exp[Im(γ2)z], z < 0.
Le champ transmis décroît exponentiellement dans la direction z: c’est une onde évanescente.
Le facteur de réflexion à l’interface verre-vide vaut r= (γ1γ2)/(γ1+γ2). Dans le cas considéré
ici, γ1est réel et γ2est imaginaire pur, de sorte que |r|= 1. C’est le phénomène de réflexion totale.
Toute l’énergie de l’onde incidente est réfléchie dans le verre. Cependant, le champ transmis dans
le vide n’est pas nul, mais décroît exponentiellement.
b)
Le facteur de transmission τdu système s’obtient en généralisant le résultat du 1.1.a) au cas
de l’incidence oblique. En introduisant les composantes selon Oz des vecteurs d’ondes γ1,γ2et
γ3=γ1dans chacun des trois milieux, on obtient :
τ=t12t23 exp(2d)
1r21r23 exp(22d)exp(3d)
Si θi= 45o, on a γ2=iIm(γ2)et r21 =r23 = exp(iΦ) (facteurs de réflexion égaux à 1 en module).
Le facteur de transmission du système s’écrit dans ce cas :
τ=t12t23 exp[Im(γ2)d]
1exp(2iΦ) exp[2Im(γ2)d]exp(3d).
c) Lorsque dcroît, on a en particulier :
|τ| ' |t12t23|exp[Im(γ2)d].
Il y a donc un champ transmis dans le milieu inférieur (verre), dont le vecteur d’onde γ3selon
zest réel (il s’agit d’une onde propagative), et dont l’amplitude décroît très rapidement avec
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l’épaisseur d. Une partie de l’énergie incidente dans le milieu supérieur est transmise : la réflexion
à la première interface verre-vide n’est plus totale. On parle de réflexion totale frustrée.
Vous pouvez observer cet effet en portant un verre rempli d’eau à votre bouche pour y boire.
En regardant votre pouce sous le verre, vous voyez vos empreintes digitales apparaître avec un
éclat brillant du fait de la réflexion totale à l’interface verre-air. En revanche, là où la peau est
en contact avec le verre, il y a réflexion totale frustrée. Si le verre est rempli d’eau très froide, il
y a condensation sur la face externe du verre. L’eau condensée remplit les creux entre la peau et
le verre, la réflexion totale disparait et les empreintes ne sont plus visibles.
Le phénomène de réflexion totale frustrée est l’analogue optique de l’effet tunnel (on parle
d’ailleurs d’effet tunnel optique). La barrière tunnel est ici la lame d’air d’épaisseur d. Histo-
riquement, la réflexion totale frustrée (et donc l’effet tunnel !) était déjà connue de Newton.
Fondamentalement, il y a plus qu’une analogie : l’effet tunnel est un effet purement ondulatoire.
C’est vraiment le même phénomène que l’on retrouve en optique et en mécanique quantique,
cette dernière utilisant une description ondulatoire de la matière.
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