PCSI DEVOIR SURVEILLÉ de MATHÉMATIQUES n◦ 4 07/12/2001 Durée : 4 heures Calculatrices interdites EXERCICE 1 : → − − → Dans le plan complexe rapporté au repère orthonormal (O; e1 , e2 ), on définit une transformation géométrique qui, à tout point M d’affixe z (z 6= 2i), associe le point M 0 d’affixe z 0 donnée par z−3+i . z0 = 2i − z a. Quel est l’ensemble des points M tels que M 0 soit sur l’axe réel ? 3π modulo 2π ? b. Quel est l’ensemble des points M tels que arg(z 0 ) = 2 0 c. Quel est l’ensemble des points M tels que |z | = 2 ? Représenter graphiquement (sur un même schéma) ces trois ensembles. EXERCICE 2 : 1. Soit N un entier√ naturel non nul. On suppose que N n’est divisible par aucun nombre premier p tel que p ≤ N . Montrer que N est premier. 2. En déduire que le nombre 101 est premier. On admet que la décomposition en facteurs premiers du nombre 10001 est : 10001 = 73 × 137. 3. Soit b un entier naturel, soit n un entier naturel non nul. En procédant par récurrence, développer le produit Pn = n−1 Y k (1 + b2 ) = (1 + b)(1 + b2 )(1 + b4 )(1 + b8 ) · · · (1 + b2 n−1 ). k=0 4. En déduire la décomposition en facteurs premiers du nombre N = 11111111. PROBLÈME extrait du Concours “Petites Mines 2000” PARTIE A : Étude de la fonction argument tangente hyperbolique ex − e−x sh x = x pour A.1. La fonction tangente hyperbolique, notée th, est définie par th x = ch x e + e−x tout x réel. Donner l’expression de sa dérivée, ses variations et ses limites. A.2. Montrer que la fonction th établit une bijection de IR vers un intervalle I de IR à préciser. La bijection réciproque est notée argth (“argument tangente hyperbolique”). A.3. Montrer que la fonction argth est impaire. A.4. Montrer que la fonction argth est dérivable sur I et calculer sa dérivée. A.5. Pour x ∈ I, exprimer argthx à l’aide de fonctions usuelles. PARTIE B : Étude d’une équation fonctionnelle Dans cette partie, on s’intéresse à des fonctions f , définies sur IR et à valeurs réelles, vérifiant la relation 2f (x) ∀x ∈ IR f (2x) = . (*) 1 + f (x)2 B.1. Déterminer les fonctions constantes vérifiant (*). B.2. Quelles sont les valeurs possibles de f (0) si f vérifie (*) ? 2t B.3. Montrer que, pour tout réel t, on a l’encadrement −1 ≤ ≤ 1. Que peut-on en déduire 1 + t2 pour une fonction f solution de (*) ? B.4. Montrer que la fonction th est solution de l’équation fonctionnelle (*). PARTIE C : Résolution de (*) avec f (0) = ±1 Dans cette partie, on note f une fonction de IR vers IR, continue en zéro et vérifiant la relation (*) de la PARTIE B. On suppose de plus que f (0) = 1 et que f n’est pas une fonction constante. x 0 On considère x0 ∈ IR tel que f (x0 ) 6= f (0) et, pour tout entier naturel n, on pose un = f n . 2 C.1. Montrer que la suite (un ) est convergente et préciser sa limite. C.2. Établir une relation entre un et un+1 . En déduire que la suite (un ) garde un signe constant, puis étudier ses variations en fonction du signe de u0 . C.3. En utilisant les résultats des questions C.1. et C.2., aboutir à une contradiction. C.4. Que peut-on dire si l’on remplace l’hypothèse “f (0) = 1” par “f (0) = −1” ? C.5. Conclusion de cette PARTIE C ? PARTIE D : Résolution de (*) avec f (0) = 0 Dans cette partie, on note f une fonction de IR vers IR, dérivable en zéro et vérifiant la relation (*) de la PARTIE B, et telle que f (0) = 0. D.1. En raisonnant par l’absurde et en considérant une suite du même type que celle de la PARTIE C, montrer que ∀x ∈ IR f (x) 6= −1 et f (x) 6= 1. Pour tout réel x, on pose alors g(x) = argth f (x) . D.2. Montrer que ∀x ∈ IR g(2x) = 2g(x). D.3. Montrer que g est dérivable en zéro. D.4. Soit x un réel non nul. On définit la suite (vn ) par x g n 2 ∀n ∈ IN vn = . x n 2 Montrer que (vn ) est convergente et dterminer sa limite. D.5. En déduire que g est une fonction linéaire (c’est-à-dire une fonction de la forme x 7→ ax). PARTIE E : Conclusion Quelles sont toutes les fonctions définies sur IR, à valeurs réelles, dérivables en zéro et vérifiant la relation (*) ? *********************************************** CORRIGÉ *********************************************** EXERCICE 1 : a. Posons z = x + iy avec x et y réels. On a les équivalences z 0 ∈ IR ⇐⇒ ⇐⇒ ⇐⇒ ⇐⇒ ⇐⇒ ⇐⇒ z0 = z0 (z − 3 + i)(−2i − z) = (z − 3 − i)(2i − z) (−3 − 3i)z + (3 − 3i)z + 12i = 0 (après simplifications) −(z − z) − i(z + z) + 4i = 0 −2iy − 2ix + 4i = 0 x+y =2. L’ensemble recherché est donc la droite d’équation cartésienne x + y = 2 (privée du point A d’affixe 2i). 3π b. Un nombre complexe non nul a pour argument modulo 2π si et seulement si il appar2 tient à iIR− , c’est-à-dire si et seulement si sa partie réelle est nulle et sa partie imaginaire strictement négative. Avec z = x + iy, on a z0 = −(x2 + y 2 − 3x − y − 2) + i(−3x − 3y + 6) (x − 3) + i(y + 1) = . −x + i(2 − y) x2 + (y − 2)2 Donc 3π arg(z ) = 2 0 ( [2π] ⇐⇒ ⇐⇒ x2 + y 2 − 3x − y − 2 = x+y−2 > 2 2 1 x− 3 + y− 2 2 x+y 0 0 = 9 2 (∗) . > 2 3+i 3 et de rayon √ . La droite 2 2 d’équation x + y = 2 passe par Ω et est donc un diamètre de ce cercle. L’ensemble des solutions est donc représenté graphiquement par un demi-cercle ouvert (c’est-à-dire extrémités non comprises) du cercle C, limité par les points A(2i) et B(3 − i) : c’est le demi-cercle situé au-dessus de la droite d’équation x + y = 2. c. Allez, c’est parti... L’équation (*) est celle du cercle C de centre Ω d’affixe |z 0 | = 2 ⇐⇒ |z 0 |2 = 4 ⇐⇒ (x − 3)2 + (y + 1)2 = 4 x2 + (2 − y)2 ⇐⇒ ⇐⇒ x2 + y 2 + 2x − 6y + 2 = 0 (x + 1)2 + (y − 3)2 = 8 . √ L’ensemble des solutions est ici le cercle C 0 de centre Ω0 (−1 + 3i) et de rayon 2 2. Remarques. Nous noterons toujours A le point d’affixe a = 2i et B le point d’affixe b = 3 − i. • Le calcul de z 0 fait au début de la question b. permettait en fait de répondre plus rapidement à la question a. puisque la condition cherchée se traduit par Im(z 0 ) = 0. • On peut donner une solution géométrique de la question a. : z 0 ∈ IR ⇐⇒ ⇐⇒ ⇐⇒ ⇐⇒ arg(z 0 ) = 0 [π] arg(z − 3 + i) = arg(z − 2i) −−→ −−→ (AM , BM ) = 0 [π] M ∈ (AB) . [π] • On peut aussi donner une solution géométrique de la question b. : z−b 3π 3π 0 [2π] ⇐⇒ arg = [2π] arg(z ) = 2 a−z 2 π z−b ⇐⇒ arg = [2π] z−a 2 π −−→ −−→ ⇐⇒ (M A, M B) = [2π] . 2 dB soit un angle droit (ce qui équivaut à On sait que l’ensemble des points M tels que AM π −−→ −−→ [π]) est le cercle de diamètre [AB]. Il reste à voir que cet angle droit est (M A, M B) = 2 dans le sens direct lorsque M parcourt un des deux demi-cercles de diamètre [AB]... EXERCICE 2 : 1. Raisonnons par contraposition. Si le nombre N est composé (c’est-à-dire non premier), on peut écrire N = pq où p et q sont deux entiers naturels √ tels que 1 < p < N et 1 < q < N . L’un au moins de ces deux entiers est inférieur ou égal à N , sinon √ on aurait pq > N . Donc au moins un des diviseurs premiers de N est inférieur ou égal à N . √ 2. Il suffit de tester la divisibilité de 101 par les nombres premiers inférieurs ou égaux à 101, c’est-à-dire 2,3,5,7. Aucun de ces nombres ne divise 101, donc 101 est premier. 3. Par récurrence (les détails sont laissés au lecteur...), on obtient 2 Pn = 1 + b + b + · · · + b 2n −1 = n 2X −1 bk . k=0 4. Avec b = 10, on a N= 7 X 10k = P3 = (1 + 10)(1 + 102 )(1 + 104 ) = 11 × 101 × 10001 , k=0 donc sa décomposition en facteurs premiers est 11111111 = 11 × 73 × 101 × 137. PROBLÈME : PARTIE A : Étude de la fonction argument tangente hyperbolique 1 = 1 − th2 ch2 lim th x = −1 et A.1. La fonction th est définie sur IR, impaire, de classe C ∞ , sa dérivée est (th)0 = (strictement positive), donc la fonction th est strictement croissante ; x→−∞ lim th x = 1 (tout ça, c’est du cours). x→+∞ A.2. De la question A.1., on déduit que la fonction th est une bijection dérivable et strictement croissante de IR vers I = ] lim th x, lim th x[ = ] − 1, 1[. x→−∞ x→+∞ A.3. Pour x ∈ IR et y ∈ ] − 1, 1[, on a donc l’équivalence y = th x ⇐⇒ x = argth y . L’ensemble de définition I = ] − 1, 1[ de la fonction argth est symétrique par rapport à zéro et, si on pose x = argth y et x0 = argth(−y), on a th(x0 ) = −y = − th(x) = th(−x) puisque la fonction th est impaire, donc x0 = −x puisque la fonction th est injective, c’est-à-dire argth(−y) = −argth y : la fonction argth est impaire. A.4. La fonction argth est la bijection réciproque d’une bijection dérivable et strictement monotone dont la dérivée ne s’annule jamais (∀x ∈ IR (th)0 (x) > 0), donc elle est dérivable sur son ensemble de définition I = ] − 1, 1[ et on a 1 1 1 = = . ∀y ∈ ] − 1, 1[ (argth)0 (y) = 2 (th)0 (argth y) 1 − y2 1 − th (argth y) A.5. Pour x ∈ ] − 1, 1[ donné, résolvons l’équation (d’inconnue t) : th t = x (nous savons qu’elle admet une solution unique). e2t − 1 = x ⇐⇒ e2t − 1 = (e2t + 1)x e2t + 1 1+x 1 1+x 2t 2t . ⇐⇒ (1 − x)e = 1 + x ⇐⇒ e = ⇐⇒ t = ln 1−x 2 1−x 1+x 1 . Pour tout x ∈ ] − 1, 1[, on a donc argth x = ln 2 1−x th t = x ⇐⇒ PARTIE B : Étude d’une équation fonctionnelle B.1. Si f est constante (f = C), elle est solution de (*) si et seulement si C = 2C , c’est-à-dire 1 + C2 C(C 2 − 1) = 0 : les solutions sont C = −1, C = 0 et C = 1. 2 f (0) B.2. Si f vérifie (*), alors on a f (0) = : le nombre f (0) est donc solution de l’équation 1 + f (0)2 résolue en B.1., donc f (0) ∈ {−1, 0, 1} (et ces trois valeurs sont effectivement possibles, penser aux fonctions constantes). B.3. Comme 1 + t2 est toujours strictement positif, cela revient à démontrer l’encadrement −(1+t2 ) ≤ 2t ≤ 1+t2 , c’est-à-dire les deux inégalités (1) : −(1+t2 ) ≤ 2t et (2) : 2t ≤ 1+t2 . Or, l’inégalité (1) équivaut à (1 + t)2 ≥ 0, donc est toujours vraie, et (2) équivaut à (1 − t)2 ≥ 0, donc est vraie aussi. 2f Si f est solution de l’équation fonctionnelle (*), on a f (x) = toute fonction solution de (*) prend ses valeurs dans [−1, 1]. B.4. Simple vérification de calcul : x 2 x 2 ∈ [−1, 1]. Donc 1+f 2 e2x − 1 2 2 th x 2 (e4x − 1) 2 (e2x − 1)(e2x + 1) e2x + 1 = = = th 2x . 2x 2 = 2x 2 2 2x 2 (e + 1) + (e − 1) 2 (e4x + 1) 1 + th x e −1 1+ e2x + 1 PARTIE C : Résolution de (*) avec f (0) = ±1 x x0 0 C.1. On a lim n = 0 et, comme f est continue en zéro, lim un = lim f n = f (0) = 1. n→∞ 2 n→∞ n→∞ 2 x 0 2 f n+1 x0 x0 2 C.2. En écrivant la relation (*) avec x = n+1 , on obtient f n = x 2 , c’est-à2 2 0 1 + f n+1 2 2 un+1 . On en déduit que un et un+1 sont de même signe pour tout n, donc dire un = 1 + u2n+1 la suite (un ) garde un signe constant. On note aussi que un+1 est nul si et seulement si un est nul donc, soit la suite (un ) ne s’annule jamais, soit elle est constamment nulle. 1 + u2n+1 un+1 = et, ce dernier rapport étant positif, Supposons la suite un non nulle, alors un 2 2 1 + un+1 |un+1 | on a donc = . D’après la question B.3., la suite (un ) est à valeurs dans |un | 2 1 + u2n+1 ≤ 1 et la suite de terme général |un | est décroissante. Finalement, [−1, 1], donc 2 • si u0 = 0, la suite (un ) est constante nulle ; • si u0 > 0 (alors 0 < u0 ≤ 1), la suite est positive décroissante ; • si u0 < 0 (alors −1 ≤ u0 < 0), la suite est négative croissante. C.3. On doit avoir lim un = 1 (question C.1.) ; il est clair que cela est impossible dans les n→∞ cas u0 = 0 et u0 < 0 ci-dessus ; dans le cas u0 > 0, on a en fait u0 < 1 par l’hypothèse u0 = f (x0 ) 6= f (0) et une suite décroissante avec u0 < 1 ne peut converger vers 1. Dans tous les cas, il y a une absurdité. C.4. Si on suppose f (0) = −1, la réponse à la question C.1. devient lim un = −1, il n’y a rien n→∞ à changer dans la réponse à la question C.2., et on aboutit toujours à une contradiction (évidente ici si u0 = 0 ou u0 > 0, mais aussi dans le cas u0 < 0 car alors on a en fait u0 > −1). C.5. La conclusion de cette partie est que les seules fonctions continues en zéro vérifiant (*) avec f (0) = ±1 sont les fonctions constantes f = −1 et f = 1. PARTIE D : Résolution de (*) avec f (0) = 0 D.1. Supposons qu’il existe x un réel x0 tel que f (x0 ) = 1. En considérant encore la suite (un ) 0 définie par un = f n , on a lim un = f (0) = 0 car f est continue en zéro, mais on a n→∞ 2 2un+1 2t aussi un = pour tout entier n et, l’unique solution de l’équation = 1 étant 2 1 + un+1 1 + t2 t = 1, une récurrence immédiate montre que un = 1 pour tout n, ce qui est contradictoire. Même contradiction en supposant l’existence d’un réel x0 tel que f (x0 ) = −1 puisque la 2t seule solution de l’équation = −1 est t = −1. 1 + t2 La fonction f vérifie donc ∀x ∈ IR f (x) ∈ ] − 1, 1[ (cf. question B.3.), ce qui permet de définir sur IR la fonction g = argth ◦ f . D.2. Calculons, en utilisant la question B.4. : g(2x) 2 f (x) 1 + f (x)2 ! 2 th g(x) = argth th 2g(x) = 2g(x) . 2 1 + th g(x) = argth f (2x) = argth = argth D.3. La fonction f est supposée dérivable en 0 avec f (0) = 0, la fonction argth est elle aussi dérivable en 0, donc la composée g = f ◦ argth est dérivable en zéro, et on peut préciser que g 0 (0) = f 0 (0) · (argth)0 f (0) = f 0 (0) . x g(t) g(t) − g(0) = 0 et lim = lim = g 0 (0) = f 0 (0) donc, par composition n t→0 t t→0 2 t−0 de limites, on déduit que lim vn = f 0 (0). n→∞ x 1 D.5. Fixons un réel x non nul. La relation g(2x) = 2g(x) donne g = g(x) puis, pour tout 2 2 x 1 entier naturel n, g n = n g(x). La suite (vn ) définie ci-dessus, est alors constante, de 2 2 g(x) g(x) valeur , mais elle doit aussi converger vers f 0 (0). On a donc = f 0 (0) pour tout x x réel x non nul, d’où D.4. On a lim n→∞ ∀x ∈ IR g(x) = f 0 (0) · x (c’est vrai aussi pour x = 0), donc g est une fonction linéaire (x 7→ ax). On a alors f (x) = th g(x) = th ax. PARTIE E : Conclusion Les fonctions définies sur IR, à valeurs réelles, dérivables en zéro et vérifiant la relation (*) sont : - les fonctions constantes f = −1 et f = 1 ; - les fonctions f : x 7→ th ax, avec a ∈ IR.