Il y a une sur-
représentation des allèles HLA1-B57 et B27
parmi les contrôleurs du VIH qui concerne à
peu près 60 % de l’observatoire français. Mais
cette sur-représentation de B57 ne signifie pas
que tous les contrôleurs du VIH sont HLA B57.
Dernière question sur la susceptibilité de
l’hôte. Le groupe du Dr Pancino, à l’institut
Pasteur, a montré que les CD4 purifiés des
patients contrôleurs, une fois mis au contact
du virus, s’infectent sans aucun problème. Il
n’y avait donc pas de blocage intrinsèque de
la réplication du virus, en tout cas avec les
premières techniques utilisées de manière
assez globale.
Finalement c’est la troisième hypothèse qui
semble la plus intéressante : la réponse du
système immunitaire. Les CD4 des patients
contrôleurs mis au contact du virus
s’infectent. Par contre si, chez certains
patients contrôleurs, on co-cultive les
lymphocytes T CD4 et les T CD8, les cellules
tueuses qui jouent un rôle majeur dans
l’immunité anti-virale, on bloque alors la
réplication du virus. Par conséquent, chez
une grande partie des patients contrôleurs, la
réponse immunitaire T CD8 joue un rôle
important pour bloquer la multiplication du
virus et ce blocage de la réplication virale est
corrélé au nombre de lymphocytes CD8
spécifiques du VIH.
Un certain nombre de données permettent de
montrer que les lymphocytes T CD8
spécifiques du VIH jouent un rôle clé.
Premièrement, sans stimulation, ils sont
capables de tuer les CD4 infectés. Ceci est
propre aux contrôleurs du VIH et ne se
retrouve pas dans d’autres situations du VIH.
Il n’y a que chez ces patients que les CD8
tuent aussi efficacement. Il existe une
corrélation entre le nombre de CD8 et leur
capacité à bloquer la réplication virale.
D’autres groupes avaient déjà montré qu’il
s’agissait de cellules particulièrement
efficaces, polyfonctionnelles, parce qu’elles
fabriquent tout ce qu’il faut pour qu’un CD8
tue efficacement sa cible. Nous avons aussi
une preuve indirecte importante : chez les
patients porteurs des allèles B27 ou B57 on
voit l’empreinte du système immunitaire sur
les virus. C’est à dire que ces virus sont
obligés, pour avoir la capacité de se
multiplier péniblement, de muter de manière
très importante, perdant ainsi un certain
pouvoir de réplication. Ils perdent ce que l’on
appelle de la fitness.
En réalité ce n’est pas aussi simple et ce n’est
pas vrai pour tous les patients. Une partie
d’entre eux n’a pas cette forte capacité des
CD8 à tuer les CD4 infectés et, par ailleurs,
n’a pas un nombre important de CD8
spécifiques. Ces patients-là contrôlent donc
le virus par un autre mécanisme. D’autres
études menées par certains groupes de
recherche montrent la même chose. Certains
patients n’ont que très peu de cellules
efficaces CD8 anti VIH. Nous ne savons pas ce
qui permet le contrôle du virus chez ces
patients que nous avons définis comme des
« faibles répondeurs » (weak responders).
Nous ne savons pas non plus quel est le rôle
précis de l’allèle B57, même si nous savons
que c’est certainement très bien d’en être
porteur car, d’une manière générale,
l’évolution de l’infection est plus lente. Mais
est-ce simplement le fait d’être B57 qui est
important ou est-ce que parce que cela est lié
à autre chose ? Je rappelle que la majorité
des patients porteurs d’un allèle HLA B57 ne
sont pas contrôleurs du VIH.
Une étude est en cours, menée
par Asier Saez-Cirion, sur l’interaction entre
les CD8 et des cellules dendritiques qui sont,
en quelque sorte, les cellules qui vont
présenter les morceaux du VIH à votre
système de défense. Une autre question
importante : que se passe t-il lors de la
primo-infection ? Lorsque le virus entre dans
l’organisme il n’y a pas une armée de CD8 qui
attend au garde à vous pour lui taper dessus.
Cela signifie que d’autres mécanismes
peuvent éventuellement entrer en jeu. C’est,
en effet, ce qui avait pu être démontré en
collaborant avec la cohorte ANRS PRIMO
dans laquelle un certain nombre de patients,
8 très exactement, avaient obtenu
spontanément, en quelques mois, une charge
virale indétectable. Cela souligne donc que le