les fins comme causales - , c’est la consommation et la demande finale qui ap-
paraissent comme les phénomènes fondamentaux de l’économie. Il semble donc
nécessaire d’étudier en premier lieu les lois de la demande.
Une première question qui se pose et celle de savoir quel est l’origine de la
demande; on peut répondre à cette question soit en recherchant une origine ob-
jective, soit en recherchant une origine de nature subjective.
Une origine objective pour la demande consisterait en une liste de besoins
humains qui seraient identiques ou quasiment identiques pour l’ensemble des
membres d’une société, et qui pourraient être satisfaits d’une manière à peu près
identiques pour l’ensemble de ces membres. Une telle liste de besoin compren-
drait par exemple la nourriture, le logement ,le vêtement, le déplacement, et peut
être aussi le loisir. Mais une telle optique semble faire de l’être humain, du consom-
mateur, une sorte de mécanique qui réagirait de manière automatique.
Un paradoxe bien connu est celui de l’eau et des diamants( Adam SMITH).
Pourquoi l’eau, qui est très utile et qui répond à des besoins extrêmement impor-
tants, a-t-elle moins de valeur que les diamants, qui ne servent à rien, ou en tout
cas qui ne répondent pas à un besoin objectif?
Pour répondre à cette question, il est nécessaire de se tourner vers une origine
subjective de la valeur des biens, ou de la demande. On considérera alors que
les biens sont demandés par ce que les consommateurs les désirent, les préfèrent.
C’est cette optique, celle des préférences subjectives, que les économistes ont très
largement adoptée depuis le XIXème siècle.
L’origine de ces préférences subjectives continue à faire l’objet de débats. Cer-
tains affirment que les préférences sont purement individuelles et librement adop-
tées, d’autres soutiennent que les préférences individuelles sont fabriquées par la
société ou sous l’influence de la société. La prétendue liberté individuelle de pré-
férer telle ou telle chose, plutôt que telle autre, ne serait alors qu’une illusion. Une
variante de cette dernière opinion consiste à dire que les préférences des consom-
mateurs sont fabriquées, modelées, par la publicité, c’est à dire par les entreprises
qui produisent des biens et des services. Dans ce cas-là, le fait premier de l’ écono-
mie serait la production et non plus la consommation ou la demande; il pourtant
est facile de remarquer que la publicité n’existe que depuis quelque décennies,
alors que les hommes consomment depuis qu’ils sont des hommes.
Ce débat est important mais il est possible d’étudier la demande d’un point de
vue analytique sans le trancher. C’est ce qu’on fera ici en partant des préférences
des consommateurs, sans chercher à savoir quelle est exactement leur origine.
La question posée sera donc : "comment les biens sont-ils demandés?", et non
pas : "pourquoi les biens sont-ils demandés?"
On sait depuis longtemps que la demande dépend du prix. En 1838, COURNOT
formule la "loi du débit", proposant pour la première fois une formulaton correcte
de cette loi généralement - mais pas universellement - valide. Il présente le débit
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