260 C. Tilikete, A. Vighetto / Neurochirurgie 55 (2009) 259–267
Tableau 1
Fréquences des principales catégories de vertiges (d’après le rapport de l’Anaes
en 1997).
Frequency of main types of vertigo (from the ANAES 1997 report).
Vertige paroxystique positionnel bénin 26–34 %
Maladie de Ménière 7–9 %
Névrite vestibulaire 6–9 %
Autre vestibulopathie périphérique 6–20 %
Syndrome vestibulaire central 20–39 %
Le vertige est une illusion de mouvement qui se traduit le plus
souvent par une impression de rotation ou parfois de déplace-
ment linéaire. Il peut s’agir d’un symptôme spontané, déclenché
ou majoré par les mouvements de la tête. Il s’accompagne
habituellement de signes neurovégétatifs, tels que des nausées,
des vomissements ou des sueurs. Le vertige ainsi défini traduit
généralement une perturbation fonctionnelle ou lésionnelle du
système vestibulaire, de la périphérie à ses connexions centrales.
Le vertige est un symptôme très fréquent, représentant envi-
ron 8,5 consultations par an pour 1000 individus. La conduite
diagnostique devant un vertige repose sur l’interrogatoire qui
permet de classer ce vertige dans un cadre nosologique assez
précis en fonction de la durée, de la récurrence et du mode de
déclenchement. L’expertise clinique et fonctionnelle (cf. cha-
pitre « Expertise clinique et fonctionnelle du nerf vestibulaire »)
est essentielle pour objectiver des signes vestibulaires et recher-
cher des signes otologiques ou neurologiques associés, ce qui
permet d’orienter le diagnostic topographique vers une atteinte
du système vestibulaire périphérique ou du système vestibulaire
central et étayer le plus souvent le diagnostic étiologique. Selon
le rapport de l’ANAES en 1997 (http://www.anaes.fr, entrée :
vertiges), le vertige paroxystique positionnel bénin (VPPB), la
neuronite vestibulaire et la maladie de Ménière représentent 40
à 50 % des étiologies de tous les vertiges confondus (Tableau 1).
Les étiologies centrales représenteraient 20 à 40 % et il reste 10
à 40 % d’autres « vestibulopathies périphériques » plus difficile-
ment classables et incluant le vertige par conflit vasculonerveux
du VIII.
En tenant compte de la présentation clinique, trois grandes
catégories de vertiges peuvent être distinguées qui feront l’objet
des trois premiers paragraphes de ce chapitre (Baloh, 1998 ;
Tilikete et Vighetto, 2005):
•le vertige paroxystique positionnel, dont l’étiologie la plus
fréquente est le VPPB ;
•le grand vertige durant plus de 12 heures, unique, dont
l’étiologie la plus fréquente est la neuronite vestibulaire ;
•le vertige récurrent de quelques heures, dont les étiologies les
plus fréquentes sont la maladie de Ménière et la migraine.
Les étiologies plus rares des vertiges seront abordées dans
chaque chapitre en tant que diagnostic différentiel. Une propor-
tion importante de vertiges reste non classable. La pathologie
vestibulaire lentement évolutive peut également se manifester
par une instabilité chronique qui fera l’objet d’un quatrième
paragraphe. Le vertige par conflit vasculonerveux du VIII est de
diagnostic difficile. Il peut se présenter sous diverses formes,
notamment de vertige paroxystique, souvent positionnel ou
d’instabilité chronique. Il est difficilement classable dans ces
cadres cliniques et sera abordé dans le dernier paragraphe qui
lui est consacré.
1. Vertige paroxystique positionnel
Un vertige positionnel induit pendant le mouvement de la tête
n’a pas de caractéristique étiologique précise : il traduit une dys-
fonction vestibulaire chronique majorée lors de la stimulation du
système vestibulaire. Un vertige déclenché par une prise de posi-
tion, survenant à la fin du mouvement présente une plus forte
spécificité étiologique : il s’agit le plus souvent d’un VPPB. Les
vertiges positionnels sont le plus souvent périphériques, mais
dans certains cas peuvent révéler une lésion du système nerveux
central.
1.1. Le vertige paroxystique positionnel bénin (VPPB)
1.1.1. Diagnostic
Il s’agit d’une des étiologies les plus fréquentes des vertiges,
représentant un tiers des étiologies des vertiges (Tableau 1).
Les patients décrivent un vertige très bref durant quelques
dizaines de secondes, déclenché exclusivement par les chan-
gements brusques de position de la tête, le plus fréquemment en
se retournant dans son lit, en montant ou descendant du lit, en
se retournant en arrière, notamment en voiture ou en regardant
en haut d’une bibliothèque (Toupet et al., 1999). Les vertiges
sont fréquents survenant plusieurs fois par jour pendant quelques
semaines, puis diminuent en fréquence. Il n’y a aucun symptôme
associé. Ils peuvent être extrêmement invalidants.
Le diagnostic repose sur la présence d’un nystagmus typique,
torsionnel et vertical battant du côté de l’oreille la plus basse à
la manœuvre de Dix et Hallpike (cf. chapitre « Expertise cli-
nique et fonctionnelle du nerf vestibulaire »). Ce nystagmus
qui accompagne le vertige intense survient avec une latence
de quelques secondes suivant le mouvement, dure quelques
dizaines de secondes et s’épuise au fur et à mesure de la répéti-
tion des manœuvres (habituation). Un nystagmus de sens inverse
apparaît au retour en position assise.
Dans certains cas, le VPPB survient dans les suites immé-
diates d’un traumatisme crânien ou à distance d’une névrite
vestibulaire, mais le plus souvent, aucune cause n’est retrouvée.
Il est attribué à des débris d’otolithes flottant dans l’endolymphe
du canal semi-circulaire postérieur et modifiant le rapport rela-
tif de densité entre l’endolymphe et la cupule du canal. Tout
mouvement de la tête dans le plan de ce canal semi-circulaire
postérieur induit un vertige.
Si la manœuvre de Dix et Hallpike est positive, que le nys-
tagmus présente les caractéristiques sus-décrites, qu’il n’existe
pas d’autres signes vestibulaires, neurologiques ou otologiques,
il n’y a pas lieu d’envisager d’autres investigations complémen-
taires. L’évolution peut être spontanément favorable.
1.1.2. Traitement
Deux méthodes de traitement du VPPB ont été décrites : les
méthodes de rééducation fondées sur l’habituation, réalisées