Gregory Bateson La crise des écosystèmes humains
donne une attention suffisante et constante, peut devenir ce phénomène infiniment rare, une brillante et heureuse
personne. »
Bateson a trouvé dans ces réflexions une synthèse finale (end-linkage) de son idée de la schismogénèse. Il explicite
ceci par l'expression de « processus coévolutif » : « C'est le contexte entier qui évolue. » En 1972, il ajoutera : «
Depuis lors (1942), je me suis attaché volontairement à la structure qualitative des contextes plutôt qu'à l'intensité de
l'interaction. L'intensité de la symétrie (l'opposition à l'autre) -ou de la complémentarité (l'acceptation de l'autre)- a
donc moins d'importance pour le décodage éthologique. »
Ce sont là des systèmes de valeurs gérant les modalités relationnelles concrètes. Les apprentissages supérieurs et
en particulier les faits de ce qu'il nomme deutéro-apprentissage ont pour fonction essentielle l'acquisition et la
synthèse permanente des traits relationnels de la personne. La constitution du « caractère » d'un individu est à la
fois personnelle et contextuelle : famille, environnement, culture. Chaque contexte inclut à la fois les comportements
et les subjectivités. Dès la prime enfance, ces interférences jouent un rôle déterminant.
Voici l'ère cybernétique
En 1942, Bateson s'intègre aux recherches sur les devenirs de la pensée et des modèles cybernétiques, en
participant à une première rencontre interdisciplinaire sur le thème des « mécanismes de rétroaction et systèmes
causaux circulaires en biologie et dans les systèmes sociaux. » Celle-ci est organisée par la Josiah Macy Jr
Foundation, pour des chercheurs de disciplines diverses tels J. von Neumann, mathématicien, Lorente de No,
physiologiste, W.S. Mc Cullogh, neuro-physiologiste, L.S. Kubie, psychanalyste. Cette façon de travailler en groupe
comporte la réunion d'une dizaine de spécialistes autour d'une table. Chacun apporte un texte rédigé sur le thème
concerné. Ceci est enregistré de même que les discussions qui suivent les exposés. Un ouvrage peut être publié par
la suite.
Le thème et le modèle général de la rétroaction négative dans les systèmes vivants ou artificiels développent des
intuitions antérieures et viennent bouleverser le champ général des sciences tant exactes qu'humaines. A son retour
d'Extrême-Orient, il participe en 1945-1946, ainsi que Margaret Mead, à d'autres rencontres similaires, marquées par
l'influence de Norbert Wienner, activement présent, de Kurt Lewin, sociologue, de D.C. Marquis -théorie de
l'apprentissage- et de Heinz von Foester, ingénieur mathématicien. Ces échanges se poursuivront jusqu'en 1953. La
découverte cybernétique ouvre des champs nouveaux dont ces groupes de réflexion multidisciplinaires confrontent
maints exemples. De nouveaux temps se préparent, une étape de la croissance humaine, mais c'était déjà
l'explosion de deux bombes atomiques...
C'est la période où les sciences humaines vont se trouver confrontées elles-mêmes à la naissance de « la seconde
Révolution Industrielle ».
En mars 1946, Wienner et J. von Neumann « ouvrent la voie, différenciant les codages « analogique » et « digital »,
offrant à la discussion circuits, servomécanismes, feed-back positif et négatif, mesure de l'information et sa relation
avec l'idée d'entropie, systèmes binaires, théorie des jeux de von Neumann, théorie des types logiques de Bertrand
Russell, oscillations « pathologiques » (oui-non-oui, etc.) dans les computers confrontés à un paradoxe, enfin notion
que les systèmes de communication dépendent de l' ''information'' et non pas de l' ''énergie''. » (Lipset).
Le terme cybernétique est issu de l'image du gouvernail. Il est promu par Wienner à cette date : cybernetics. Son
origine revient à André Marie Ampère en tant « qu'étude des moyens de gouvernement » (1834). Il est proche du
mot anglais « governor », utilisé par l'ingénieur britannique James Watt pour désigner le système stabilisateur de la
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