yla technique

publicité
ÉDITIONS MUSÉE DU TEMPS
LE ROI,
L’EMPEREUR
ET
LA PENDULE
t
livret pour tous
MUSÉE DU TEMPS
LE ROI,
L’EMPEREUR
ET
LA PENDULE
le fil d’Ariane
h
Les pendules du XIXe siècle, conservées
par le Mobilier national, permettent
de découvrir soixante dix ans d’histoire
culturelle de la France. Signées par
des horlogers réputés, elles résultent
du travail de nombreux artisans :
horlogers, mécaniciens, bronziers, doreurs,
marbriers, ébénistes...
Sans oublier les architectes et les dessinateurs
de sujets. Tout ce monde vit des commandes
de l’Etat et des puissants.
en savoir plus
Qu’est-ce que le Mobilier national ?
En 1663, Louis XIV et Colbert ordonnent
l’institution du Garde-meuble
de la Couronne, avec un double souci,
celui de la gloire et celui de la gestion
patrimoniale. Les ventes révolutionnaires
appauvrissent ce riche ensemble.
Cependant, la République naissante renoue
avec les fastes publics et Napoléon Ier
développe une politique de remeublement
des palais : le Garde-Meuble devient
le Mobilier national.
Les ministres revendiquèrent eux aussi
de beaux meubles et effets qui répondissent
à l’importance et à la dignité des fonctions
qui leur étaient confiées.
Aujourd’hui, le Mobilier national rassemble
près de 200 000 objets.
La grande majorité
des pendules reproduites
dans le présent livret
est sortie des collections
du Mobilier national.
La mode est de plus en plus exigeante.
Bien sûr, la fonction d’affichage de l’heure
subsiste, mais la valeur décorative prend
de plus en plus de place.
Mais, par-delà, les multiples symboles
et allégories utilisés traduisent la
transformation de la pendule en vecteur
de propagande et de messages.
1
I
L’Etude
Mobilier national
La muse Uranie est accoudée sur une pile de livres
et, sur le socle, des chérubins s’initient aux sciences,
à l’architecture, au dessin.
Le coq symbolise la vigilance.
L’étude est un thème important à la fin XVIIIe et au
début du XIXe siècle. L’étude de l’art, selon Diderot
doit éduquer et rendre la vertu attrayante, le vice
odieux et le ridicule éclatant.
Pendule acquise en 1808 pour le salon dit “des
Princes” au palais de Compiègne. En 1811, elle se
trouve dans le salon de musique de l’Impératrice.
Bronze doré et marbre rouge, cadran signé :
“Bailly à Paris”.
L’Empire
triomphant
Au lendemain de la
Révolution, l’Empire a besoin
de marquer symboliquement
son avènement. Il le fait en
imposant son style, dans
l’architecture comme dans
l’art décoratif.
Les pendules n’échappent pas
à cette prise en main.
Destinées à des lieux
prestigieux, elles sont
commandées aux meilleurs
artisans de l’époque.
Ces pendules ne sont pas
d’abord des objets utilitaires,
mais elles sont avant tout
porteuses de sens : elles
exaltent les valeurs du régime
en place. Mais le choix du
sujet renvoie aussi à la
personnalité des destinataires.
2
La France écrivant
ou le Génie de l’Histoire
Mobilier national
En 1809, Napoléon Ier a voulu cette
pendule pour sa chambre à
coucher du palais des Tuileries.
Le bronzier Thomire a travaillé
à partir d’un dessin de l’architecte
Charles Percier. La partie
mécanique a été fournie par
l’horloger Lepaute. Le marbre
choisi est rouge “griotte”.
La figure de l’Histoire rappelle que
Napoléon est un grand conquérant
et que l’Histoire s’écrit par les
conquêtes. La couronne, la main
de justice et le sceptre de la frise
sont les éléments symboliques de
son autorité. Les motifs comme le
laurier, le caducée, les étoiles…
relèvent d’une même volonté :
l’inscription dans l’éternité.
Un aigle surmontant la pendule
a été enlevé à la Restauration.
Par l’intermédiaire du garde-meuble (aujourd’hui Mobilier
national), Napoléon ne commande pas moins de 250 pendules
pour garnir les appartements impériaux. Lepaute, Bailly et
autres horlogers parisiens en signent la partie mécanique.
L’horloger Bréguet suscite un grand engouement ; il a laissé
son nom à une aiguille célèbre : simple pointe mince et
élégante, frappée à son extrémité d’un cercle évidé.
z
symboles à lire
Thèmes guerriers venant de la Rome antique :
la massue d’Hercule
les piques, sabres, épées,
le carnyx, trompette militaire terminée en gueule d’animal,
la cuirasse avec le masque de Méduse, tuée par Persée
(le masque avait pour fonction de faire peur
et de repousser les adversaires),
le casque à cimier couronné de laurier
Symboles du pouvoir impérial, hérités des rois de France :
la couronne impériale fermée,
la main de Justice,
le sceptre impérial,
L’aigle impérial, symbole personnel de Napoléon Ier
Tout un vocabulaire est mobilisé pour inscrire l’oeuvre dans
l’éternité: lauriers, guirlandes, flambeaux, étoiles…
II
Elisa Bonaparte-Baciocchi
Mobilier national
Elisa, aînée des trois sœurs de
Napoléon, grande duchesse de
Toscane en 1809, gouverne
efficacement avec son époux.
L’art officiel
de l’Empire
Le style Empire est
l’aboutissement
de l’art néo-classique.
Pour les portraits de
l’empereur et de ses
proches, les artistes
s’inscrivent dans
la tradition de la Rome
antique et signent
des bustes austères.
Ce buste de Napoléon est l’œuvre
du sculpteur Chaudet. Reproduit
en marbre de Carrare, il fut la
plus diffusée des effigies
officielles.
Besançon, Musée des beaux-arts
et d’archéologie.
Le bronze doré s’allie au marbre
jaune de Sienne dans ce buste,
commandé à un sculpteur
italien en 1809.
Sur le cadran, outre l’heure et
les minutes, on peut lire les
phases de la Lune.
Diane de Poitiers
Mobilier national
Reproduction par le fondeur
Barbedienne, de la tête
de Diane de Poitiers,
XVIe siècle
(musée du Louvre).
Ce buste représentant Diane,
célèbre maîtresse du roi de
France Henri II, est réalisé
sous le Second Empire,
soixante ans après
celui d’Elisa.
L’austérité n’est plus de mise.
La déesse Rome
Mobilier national
Dans l’Antiquité, la ville de Rome fut de
bonne heure divinisée sous les traits d’une
guerrière, comme Minerve, le plus souvent
armée d’une lance et coiffée d’un casque.
Elle est représentée assise sur les sept
collines de la ville. A ses pieds, le fleuve
Tibre s’appuie sur une urne renversée
dont l’eau s’écoule ; Rémus et Romulus,
les deux fondateurs de Rome, sont sauvés
et allaités par la Louve, devenue symbole
de l’Empire. Elle tenait le palladium
(attribut de Pallas, déesse de la guerre
dans l’Antiquité) et une lance, aujourd’hui
disparus.
Le bronzier Vittoz et l’horloger Lepaute
signent ensemble cette pendule,
commandée pour le grand salon du roi de
Rome, fils de Napoléon Ier, au palais des
Tuileries.
Napoléon Bonaparte est le cadet d’une
famille corse de huit enfants, qu’il dotera
tous richement :
- Joseph, roi de Naples puis d’Espagne,
- Lucien, président du Conseil des Cinq
cents, puis prince de Canino,
- Maria Anna, dite Elisa, épouse de Félix
Baciocchi, duchesse de Toscane,
- Louis, roi de Hollande, père du futur
Napoléon III,
- Pauline, épouse du prince Borghèse
- Caroline, épouse de Murat. Ils sont
reine et roi de Naples,
- Jérôme, roi de Westphalie.
En 1809, les Etats pontificaux sont
annexés par la France. Rome devient une
ville impériale et la seconde capitale de
l’Empire ; elle doit rivaliser avec Paris
tout en conservant le souvenir de sa
grandeur passée.
Y
LA TECHNIQUE
A la fin du XVIIIe siècle, les habitations
bourgeoises évoluent vers plus
d’intimité, avec des pièces plus petites.
Les cheminées monumentales sont
abandonnées au profit d’élégantes
cheminées en marbre ; les pendules
deviennent des éléments essentiels du
décor de la maison.
A Paris, les horlogers mettent au point un
nouveau modèle de mécanisme, le
“mouvement de Paris”. De forme ronde,
alors qu’auparavant la forme carrée était
de mise, il s’intègre au mieux dans la
décoration surabondante des pendules.
Ce mouvement est à deux corps de
rouages (horaire et sonnerie) ;
l’échappement à ancre à recul est de
rigueur dans les mouvements courants,
remplacé par l’échappement à chevilles
dans le haut de gamme.
5
III
Cariatide égyptienne
Mobilier national
La cariatide est une figure
humaine, utilisée comme
élément porteur en
architecture ou sur un
meuble. On la retrouve
dans les décors dès la fin du
XVIIIe siècle.
L’épopée
impériale
Les campagnes militaires
menées par le général
Bonaparte, en Italie et
en Égypte, inspirent de
nombreux décors.
Le style Empire multiplie
les attributs guerriers
inspirés de l’antiquité
gréco-romaine, les aigles
et les sphinx, les victoires
et les renommée, les cygnes
et les abeilles…
En France, la mode
est à l’Egypte.
Réalisée vers 1805, entrée
au Garde-Meuble en 1832,
elle est en bronze doré et
oxydé. Le balancier oscillait
en extérieur le long du voile ;
il a été supprimé au cours
du siècle et remplacé par un
système plus facile
d’entretien.
Pendule “arc de triomphe”
Mobilier national
Cet arc de triomphe reprend la
forme des arcs qui, dans la Rome
antique, honoraient les généraux
victorieux et les empereurs.
Napoléon, se veut héritier de cette
tradition, en commande deux pour
Paris, celui du Carrousel et celui
qui domine les Champs Elysées.
Longtemps utilisé pour la décoration
du château de Saint-Cloud, l’objet est
transformé en pendule en 1839.
Marbres précieux et bronze doré.
A l’instar de la Rome antique,
le premier Empire aime les pierres
dures, travaillées en mosaïques.
C.Percier et P.-F. Fontaine, gravure,
dans le Recueil de décorations intérieures, 1812.
Bibliothèque municipale de Besançon.
Ces deux architectes, nommés décorateurs
officiels en 1813, bénéficient de nombreuses
commandes sous Napoléon Ier, sous la
Restauration puis sous Louis-Philippe.
De 1798 à 1800, Bonaparte cherche à
s’emparer de l’Égypte. De très nombreux
savants, ingénieurs, historiens, botanistes
et dessinateurs accompagnent l’armée.
Ils découvrent la pierre de Rosette, grâce
laquelle Champollion, en 1822, déchiffre
les hiéroglyphes. Leurs travaux
débouchent sur une magnifique
publication, la Description de l’Egypte.
Y
LA TECHNIQUE
Les marbres contribuent à l’impression
de puissance de l’empire.
Ainsi on utilise :
- le vert de mer réservé aux
ameublements les plus riches,
- le portor et le griotte, deux marbres
assez rares,
- le jaune de Sienne,
- le marbre blanc,
- le marbre noir dont le second empire
fera grand usage.
On recense en France, à la fin du XIXème
siècle, 200 carrières de marbres.
Sur l'arc de triomphe, Le bleu outremer
de la pierre dure dite lapis
lazuli est le symbole du dieu égyptien
Horus. Le nom de celui-ci est à
rapprocher du mot heure.
7
IV
Le sentiment du Temps à l’aube
du XIXe siècle.
Gravure représentant
Janus accompagné du
serpent qui se mord la
queue, appelé
Ouroboros.
Collection musée du
Temps, XVIIe siècle,
(fonds E.Gélis).
Allégories
et symboles
Le mot “allégorie” vient du
grec allêgorien, qui signifie
“parler par figures”.
Les allégories sont utilisées
pour exprimer des leçons
morales ou désigner les
richesses du savoir et des arts.
La richesse des matériaux et
des symboles, traduisent la soif
de pouvoir, l’aspiration à une
éternelle notoriété.
8
Les deux visages de
Janus sont tournés vers
le soleil, à son lever d’un
côté, à son coucher de
l’autre. Le serpent qui se
mord la queue, appelé
Ouroboros, souligne le
retour éternel du cycle
du jour et la continuité.
Le Temps et Clio
Mobilier national
Le vieillard Temps est accroupi pour mieux
présenter le globe céleste, ceinturé d’une
échelle des heures servant de cadran.
Il a posé sa faux. Son sablier, couché, indique
que l’écoulement du sable, donc du temps,
est suspendu comme dans l’éternité.
Le serpent qui se mord la queue pour former
un anneau évoque le retour immuable des
saisons.
Clio, muse de l’Histoire maîtrise le temps ;
à ce titre, elle tient le stylet qui, indiquant
l’heure, sert d’aiguille.
Cette pendule ornait le grand salon
de l’impératrice Joséphine, au palais
de Laeken, en Belgique (alors département
français). Le marbre “vert de mer” s’y allie
au bronze doré et oxydé.
Etude pour le portrait de Napoléon
dans son cabinet de travail,
David, musée des Beaux arts de Besançon, 1812.
David commente ainsi son portrait :
Je l’ai représenté dans le moment de sa vie
qui lui est le plus habituel, le travail : il est dans
son cabinet, ayant passé la nuit à composer
son code Napoléon.
La pendule-globe de l’arrière-plan, très proche de
la pendule Clio et le Temps, a été remplacée par
une horloge dans l’œuvre définitive.
Le Temps
Mobilier national
Le Temps est figuré comme un vieillard
(le temps fait vieillir), ailé (il vole), armé
d’une faux (il fauche les vies).
Il est en marche, car rien ne peut
l’arrêter.
Le cadran, cerné par le
serpent, est calé sous son
bras.
Réalisée entre 1810 et 1820, cette
pendule n’est entrée au Mobilier
national qu’au XXe siècle.
Y
LA TECHNIQUE
Les grandes étapes
de la réalisation des bronzes
L’établissement du modèle fait appel à toutes sortes d’artistes.
Architecte, décorateur, ornemaniste, sculpteur ou peintre… tout le
monde s’en mêle.
Puis entrent en scène des spécialistes, le mouleur et le fondeur
(la technique la plus usuelle étant le moulage au sable).
Le ciseleur prépare le “sujet” sorti du moule.
Dorer le bronze au mercure n’est pas sans danger pour la santé.
Reste à monter les éléments de bronze ensemble puis à les patiner.
Quand est livré, le 25 Thermidor
an XIII (13 août 1805), la pendule
Le Temps et Clio, il ne reste que
quelques mois de vie au
calendrier révolutionnaire.
Il aura existé quatorze ans.
La Révolution avait en effet
radicalement transformé la
mesure du temps : découpage
du mois en trente jours, du jour
en 10 heures, de l’heure en 100
minutes.
Mais chacun vivait encore à
l’heure de son clocher, calée sur
le soleil. Napoléon Ier souhaitait
que la France et l’Europe vivent
selon le même temps. Il faudra
pourtant attendre 1881 pour que
tous les Français vivent à la
même heure et que se mette en
place une organisation à l’échelle
du globe.
Cronos, dieu du Temps
Ouranos, époux de Gaia, la
déesse Terre, refusait de laisser
ses enfants voir le jour.
Après avoir fabriqué une grande
serpe, Gaia exhorte ses enfants
à s’en servir contre Ouranos.
Cronos, l’un d’eux, châtre son
père et jette le sexe coupé à la
mer. De l’écume ainsi fécondée
naît la première déesse :
la “femme née des vagues”
c’est-à-dire Vénus / Aphrodite.
Cronos a ainsi séparé le Ciel et
la Terre, créant également
le temps et l’espace.
Clio
Les neuf Muses sont filles de Zeus
et de Mnémosyne (la Mémoire).
Lors des fêtes de l’Olympe, elles
dansent avec Apollon et avec
d’autres divinités, les Grâces
et les Heures.
Chaque muse incarne un art.
Clio – dont le nom grec signifie
célébrer - est la Muse de l’Histoire.
V
Andromaque pleurant sur le corps d’Hector
Tableau, musée du Louvre, 1783.
Au cours du combat entre Grecs et Troyens,
Hector meurt sous les coups d’Achille.
Tableau de David, Musée du Louvre
L’Empire, héritier
du néo-classicisme
la Grèce comme
inspiratrice
En 1748, la découverte de Pompéi
provoque un véritable engouement
pour l’Antiquité. La relecture du
modèle antique donne un puissant
sentiment de renouveau.
Ce mouvement, dit néoclassique,
s’épanouit sous l’Empire.
Au travers des pendules,
conçues pour l’élite d’une société
pétrie d’esprit guerrier, on devine
l’aspiration, venue des Grecs,
à une beauté virile, fière,
au cœur des
ambitions
du régime.
Achille et Agamemnon s’affrontant à
propos du sacrifice d’Iphigénie
Mobilier national
Les Adieux d’Hector et d’Andromaque
Mobilier national
Dans l’Iliade d’Homère, Hector est le fils
préféré de Priam, roi de Troie. Homme
valeureux, Hector est également attaché
aux valeurs familiales.
Le sujet principal de la pendule
le représente faisant, avant la bataille,
ses adieux à sa femme Andromaque
et à son fils, Astyanax.
Sur le socle, un bas-relief raconte les
amours de Pâris et d’Hélène, causes de
cette guerre ; Hector exhorte Pâris le
couard à venir combattre.
En 1806, cette pendule en
bronze doré et patiné, orne le
grand salon des
appartements
de l’Empereur au
palais de
Rambouillet.
Les adieux d’Hector et Andromaque
Dessin de Pompeo Batoni, 1758
Besançon, Musée des beaux-arts et d’archéologie
10
A la suite de l’enlèvement de la grecque
Hélène par le troyen Pâris, Agamemnon
organise une expédition contre Troie.
La déesse Artémis lui promet des vents
favorables à condition qu’il lui sacrifie sa
fille Iphigénie. Pour convaincre celle-ci de le
suivre, Agamemnon prétend la fiancer à
Achille. Celui-ci, indigné d’avoir été abusé,
saisit son épée.
Le bas-relief montre un soldat poussant
Iphigénie sur l’autel.
Homère chantant sur les ruines de Troie
Mobilier national
Homère est le plus célèbre des poètes de la
Grèce ancienne, il aurait peut-être vécu vers
850 avant notre ère. La tradition raconte que,
devenu vieux, aveugle (d’où son nom, qui
signifie l’absence de jour), il errait de ville en
ville, chantant ses poèmes. Il serait l’auteur
de l’Iliade et de l’Odyssée.
L’Iliade, qui tire son nom de Troie, appelée
aussi Ilion, raconte une partie du siège de
Troie par les Achéens tandis que l’Odyssée
raconte le difficile retour d’Ulysse depuis
Troie jusqu’à son petit royaume de l’île
d’Ithaque.
symboles à lire
z
Le chien et les colombes, que l’on voit sur la
base de la pendule Les Adieux d’Hector et
d’Andromaque signifient la fidélité et l’amour.
Sur la pendule Homère, la base contre laquelle
s’appuie le poète est intentionnellement
dégradée, symbole romantique du temps qui
passe et de la ruine inéluctable.
Y
LA TECHNIQUE
Dans la pendule Les Adieux d’Hector et
d’Andromaque, le mouvement, signé
“Lepaute / à Paris”, présente un bel
échappement à chevilles, une aiguille des
secondes, une sonnerie à chaperon des
heures et demies, un balancier avec
suspension à fil battant la demie-seconde.
Le mouvement de Paris est un gage de
qualité: il se doit d’être à la hauteur du
traitement des bronzes et des marbres.
VI
Psyché et ses soeurs
Papier peint, inspiré du dessin de Laffitte, 1816.
Musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon,
Psyché, en grec, signifie papillon et âme :
la déesse symbolise la résurrection de l’âme,
comme le papillon sortant de la chrysalide.
A ses côtés, le paon est une image de
l’immortalité, le cygne celle de la pureté.
L’Empire, héritier
du néo-classicisme
les ornements
à la mode
L’élégance, la mode, veulent que
la pendule du salon ne ressemble
pas à celle du boudoir, et que celle
de la salle où l’on mange soit toute
différente de celle de la chambre
où l’on couche.
Il faut que dans la maison d’un
prélat, les pendules ne soient pas
semblables à celles qu’on voit dans
la maison d’un général ; il faut que,
pour chaque état, les pendules
soient des ornements
caractéristiques. Telle est
la première cause de la prodigieuse
variété dans les formes des
pendules.
Journal de Paris, 4 mai 1810
12
z
symboles à lire
On désigne par “psyché” un miroir de grande
dimension, monté sur pivots dans un cadre
à colonnes. C’est le meuble par excellence
du courant néoclassique.
La toilette de Psyché
Mobilier national
Vénus, déesse de la beauté, jalouse de la
jeune Psyché, ordonne à Eros de rendre cette
dernière amoureuse du mortel le plus
méprisable qui soit. Mais Eros tombe
amoureux de Psyché et la rejoint la nuit,
lui demandant de ne jamais chercher à
connaître son identité.
Victime de sa curiosité, Psyché est soumise
par Vénus à une série d’épreuves dont elle
triomphe, regagnant ainsi le cœur de son
amant qui l’épouse.
Présentée en 1805 par l’horloger Lépine,
cette pendule orne le boudoir de l’impératrice
Joséphine au palais de Saint-Cloud.
Elle intègre les ornements à la mode :
cheminée aux montants en cariatide, tabouret
à assise rectangulaire et piètement en X
terminé par des griffes de lion.
L’Amour en silence
Mobilier national
Eros est la divinité du désir
amoureux. Il ne rejoint
Psyché qu’à la nuit.
Pendule de la
chambre à
coucher de
l’Impératrice
Joséphine au
palais du Petit
Trianon, 1809.
Lit exécuté à Paris pour Monsieur O,
gravure tirée du
Recueil de décorations intérieures,
de Percier et Fontaine, 1812,
Bibliothèque municipale de Besançon
13
VII
La piété
monarchique
de la
Restauration
Posséder une pendule servait,
durant l’Empire, à montrer que
l’on était cultivé et surtout que l’on
avait du pouvoir et des richesses :
“Rideaux et croisées, tout est grand
ouvert ; il est de bon ton alors de montrer
qu’on a des meubles en acajou, un lit
étoffé et une pendule sur la cheminée ;
cela donne du crédit chez l’épicier,
le marchand de vin et
la fruitière” Journal des dames
et des modes, 12 septembre
1800.
A partir de la Restauration,
sous l’influence du
Romantisme, les pendules
affichent le souci d’élévation
de l’âme. Au travers de ces
objets, le catholicisme affirme
ses ambitions sociales, à une
époque où l’Union du Trône
et de l’Autel rompt violemment
avec la période révolutionnaire
et impériale.
Portrait de Charles X
Tableau de Justin Ouvrié,
Musée des Beaux-arts de Dole
A partir de 1814, après la tentative de Napoléon
de reprendre le pouvoir (les Cent jours), Louis
XVIII, frère de Louis XVI, monte sur le trône,
inaugurant ainsi la Restauration.
Octroyant une charte constitutionnelle
à ses sujets, le roi veut réconcilier les Français.
Tentant de concilier l’Ancien régime avec
l’héritage napoléonien, il est contraint de
tempérer les excès de ses partisans.
A sa mort en 1824, son frère lui succède
sous le nom de Charles X.
Le règne de celui-ci est dominé par les “ultras”
qui veulent rétablir lois et coutumes de l’Ancien
régime. Le catholicisme dévot du Roi indispose
le peuple de Paris, volontiers anticlérical.
Son abdication, après la Révolution de 1830
(Les Trois glorieuses ), ouvre la voie à la
Monarchie de Juillet.
La religion
Mobilier national
Le caractère purement
religieux de cette
pendule témoigne de
l’intérêt retrouvé pour
la foi, soutien du
pouvoir monarchique.
Repérée à l’Exposition des
produits de l’Industrie de 1823,
cette pendule est livrée au garde
Meuble par le fabricant de bronze
Choiselat-Gallien,
artiste considéré
comme un bon
chrétien et un bon
royaliste.
La mauvaise charge,
caricature de Louis XVIII,
gravure, Bibliothèque
municipale de Besançon.
Le roi se laisse entraîner
par le poids du sac qui
contient les “fautes des
Bourbons” ; le modeste
sac des “bienfaits de Louis
XVIII” ne réussit pas à faire
contrepoids.
“Ainsi qu’après César Auguste remplit
Rome,
Après Napoléon il fallait plus qu’un
homme.
Charles ne fut qu’un homme”
Victor Hugo, Les Voix intérieures, 1837.
Saint Vincent-de-Paul
Mobilier national
Saint Vincent-de-Paul, aumônier des galères
au XVIIe siècle, est à son retour à Paris frappé
par la misère. Au XIXe siècle, incarnation de la
charité chrétienne, il fait l’objet d’une grande
vénération.
Le bas-relief reproduit le tableau de Monsiau :
Saint-Vincent-de-Paul sauvant des rigueurs
de la mauvaise saison de malheureux Enfants
abandonnés par leurs Mères..
Vers 1820-25.
La pendule a une forme qui rappelle les
bornes servant, dès l’Antiquité, à repérer
les distances au long des routes et des
chemins. On parle de pendule borne.
En 1824, Lepère réalise à Paris une vaste
opération immobilière, baptisée Saint
Vincent de Paul. L’église du nouveau
quartier est un compromis entre la
basilique romaine et la tradition
médiévale. Pour elle, Rude réalise
La Vierge au Calvaire dans la tradition
des “deuillants” gothiques
(voile et lourd drapé).
Vierge au calvaire,
sculpture
de F. Rude,
église de Saint
Vincent-de-Paul,
Paris.
15
VIII
Détrompe-toi. Je suis une force qui va !
Agent aveugle et sourd de mystères funèbres !
Une âme de malheur faite avec des ténèbres !
Où vais-je ? Je ne sais. Mais je me sens poussé
D’un souffle impétueux, d’un destin insensé.
Je descends, je descends, et jamais ne m’arrête.
Si parfois, haletant, j’ose tourner la tête,
Une voix me dit : marche ! et l’abîme est profond,
Et de flamme ou de sang je le vois rouge au fond !
Cependant, à l’entour de ma course farouche,
Tout se brise, tout meurt. Malheur à qui me
touche !”
Monument à Victor Hugo
Just Becquet, Besançon,
Musée des beaux-arts et
d’archéologie
Maquette préparatoire au
monument de la promenade
Granvelle, à Besançon.
Au début du XXe siècle, le sculpteur
bisontin Becquet utilise encore un
langage néoclassique et une
inspiration romantique pour
représenter le poète,
né à Besançon en 1802.
L’Homme face
à son destin
La gloire est fugace et le héros
exposé aux vicissitudes.
Les Romantiques chantent
la fragilité de l’homme,
ils épanchent leurs émotions
et exaltent l’individu solitaire.
A l’image de Julien Sorel,
héros du roman de Stendhal
Le Rouge et le Noir,
la jeunesse rêve des
gloires impériales.
16
Victor Hugo, Hernani, 1830
Marius sur les ruines de Carthage
Mobilier national
Marius, général romain déchu, est
contraint de fuir. En 88 avant notre ère,
il se réfugie à Carthage, ville d’Afrique
du Nord détruite par Rome.
Au messager lui transmettant l’ordre
de quitter ce pays, Marius, s’exclame :
Va dire à ton maître que tu as vu Caïus
Marius, errant et proscrit, assis sur les
ruines de Carthage.
Cette pendule à la composition
équilibrée et à la pose
conventionnelle évoque la noble
simplicité et la calme grandeur.
Bronze doré.
Achat du Garde-Meuble en 1833,
auprès du fabricant de bronzes
Ledure, pour le petit salon
des Maréchaux,
au palais des Tuileries.
Anaxagore et Périclès.
Mobilier national
Le philosophe grec Anaxagore, qui soutient que le
soleil est une pierre chaude et que la lune est
constituée de terre, est condamné pour impiété.
Il décide alors de se laisser mourir. Le voile dont il se
recouvre le visage symbolise son renoncement au
monde.
Aux côtés d’Anaxagore, se trouvait une figure de
Périclès aujourd’hui disparue. Celui-ci, personnage
politique dominant du Ve siècle athénien, tenta de
sauver le philosophe. On le voit sur un des bas-reliefs
du socle : il écoute un messager venu l’avertir.
Y
LA TECHNIQUE
La dorure
au mercure
Elle est d’origine chinoise, mais on
l’utilise dès le IIème siècle avant notre
ère dans le bassin méditerranéen.
La technique paraît simple :
on amalgame l’or moulu dans du
mercure, jusqu’à l’obtention d’un
liquide bon à appliquer sur le bronze.
Le mercure une fois évaporé, la dorure
est superbe.
L’Anglais Elkington dépose en 1836
une série de brevets modifiant et
perfectionnant la dorure par
immersion. Il est suivi en 1840 par les
Français Ruolz puis Roseleur en 1845.
IX
Louis Philippe d’Orléans est le fils de “Philippe
Égalité” qui a voté la mort du roi Louis XVI.
La Révolution de 1830 le fait roi des Français.
Régnant d’abord modestement, il est appelé
Roi Citoyen. Mais sa popularité décline
rapidement sous l’effet conjugué du
mécontentement politique et de la
détérioration des conditions de vie populaire.
La crise économique de 1846-1848 suscite une
nouvelle révolution qui le renverse et ouvre la
voie à la Seconde République.
Louis Philippe, “Roi des Français”
Gravure, Bibliothèque municipale de Besançon.
L’Art
troubadour
Les créateurs du XIXe siècle,
ne limitant pas leur inspiration
à l’Antiquité, explorent d’autres
périodes.
L’Art troubadour, en vogue
vers 1820-1830, alimente les créateurs
de pendules en légendes et
chroniques prises dans l’histoire
du Moyen Age et de la Renaissance.
18
Théophile Gautier, parlant de
Chateaubriand (mort en 1848) :
Il a restauré la cathédrale gothique,
rouvert la grande nature fermée et
inventé la mélancolie moderne.
François Ier et la reine de Navarre
Mobilier national
François Ier devint roi de France en 1515.
Sa sœur, Marguerite d’Angoulême, reine
de Navarre, protégea les sciences,
les lettres et les arts. Elle reçut à
maintes reprises Leonard de Vinci
et rassembla les plus grands esprits
de son temps.
La pendule interprète un tableau de
F. F. Richard : François Ier montrant
à Marguerite le distique qu’il vient
de tracer avec un diamant sur l’un
des vitraux du Château de
Chambord : “Souvent Femme varie,
Bien fol est qui s’y fie”.
François Ier et la duchesse d’Etampes
Dessin de Johannot, vers 1835
Besançon, Musée des Beaux-Arts
et d’archéologie.
Le roi est représenté au moment où il remet à
une de ses maîtresses un collier symbolisant
son élévation au rang de duchesse d’Etampes.
Prosper Mérimée, premier inspecteur
général des Monuments Historiques, fait
le tour de France pour recenser les
édifices les plus importants du passé
national. A Besançon, il classe le palais
Granvelle en 1842.
Y
LA TECHNIQUE
Horloge cathédrale
Musée du Temps
L’architecture de la fin du Moyen Age,
longtemps décriée comme barbare,
(d’où son nom de gothique) est
réhabilitée avec un enthousiasme qui
mène à la gothicomanie.
Les Bronziers sont de plus en plus
nombreux au début du XIXe siècle.
D’après l’Almanach du commerce, ils sont
cinquante et un en 1813 et cent onze en
1826. Thomire, Feuchère, Denière,
Ledure, Galle sont les plus connus.
X
Diane chasseresse
Mobilier national
Fille de Jupiter et de Léda, la déesse
romaine Diane est la soeur jumelle
d’Apollon. Elle se plaît dans les
champs, dans les bois et près des
sources. Ses attributs sont l’arc et le
carquois, la torche et le croissant de
lune.
Ici, Diane enlève à Hercule la biche
qu’il a capturée, car cette bête lui est
consacrée.
L’amour
de l’Antique
Dans la deuxième moitié du XIX
siècle, les bronziers sont capables
de reproduire mécaniquement les
œuvres d’art de toutes dimensions
avec la précision la plus complète,
l’exactitude la plus rigoureuse, soit dans
la même proportion, soit dans une
proportion réduite ou étendu
(revue L’Artiste, 1838).
Les œuvres de l’Antiquité sont les
premières à bénéficier de cette
technique de reproduction mais elles
doivent s’adapter à une clientèle
qui la veut à portée de ses moyens
financiers et dans des dimensions
adaptées à ses appartements.
Cette production en série
s’accompagne évidemment d’une
baisse de la qualité.
e
20
Ariane endormie
Dans la mythologie grecque, Ariane
est la fille de Minos, roi de Crète.
Tombée amoureuse du héros athénien Thésée,
venu affronter le Minotaure, elle lui donne, une
épée et une pelote de laine (“le fil d’Ariane”)
pour le guider dans le Labyrinthe. Vainqueur,
Thésée s’embarque avec elle en direction
d’Athènes mais l’abandonna sur l’île de Naxos.
Elle est alors recueillie par Dionysos, le dieu
des arts, de la vigne et du vin, qui l’épouse.
Livrée au Garde-Meuble en 1865 par
F. Barbedienne, cette reproduction d’après la
statue antique conservée au musée du Vatican,
porte l’estampille : “Réduction mécanique,
A. Collas, Breveté”.
Le bronze, argenté et doré, est associé au
marbre griotte. Le bas-relief du piédestal
s’inspire de la Bacchanale du Vase Borghèse.
Ariane endormie
Musée du Vatican, Rome.
Copie d’un original grec, cette statue romaine du IIe
siècle de notre ère, est découverte au début du XVIe
siècle. Elle est installée au Vatican, dans le jardin
du Belvédère. Volée en Italie, comme beaucoup
d’autres œuvres par les troupes françaises,
l’Ariane endormie est exposée au musée du Louvre
entre 1797 et 1815. Aujourd’hui, elle se trouve au
musée du Vatican.
Le bronze, fourni par le fabricant
Denière, est une réduction de la
célèbre Diane chasseresse, admirée en
France depuis le XVIe siècle et
actuellement conservée au Musée du
Louvre. Cette statue, copie romaine en
marbre d’une statue grecque en
bronze, jouissait d’une telle renommée
qu’on la copia maintes fois.
Pendule mise en place en
1835 dans le salon du
duc d’Aumale, au palais des
Tuileries.
Le vase Borghèse
Découvert à Rome au XVIe siècle, ce vase grec
en marbre, de 1,71 m de hauteur,
représente une frise de Bacchantes.
Il a été fréquemment copié.
En 1807, son propriétaire, le prince Borghèse,
vend à l’Empereur, son beau-frère, l’essentiel
de ses collections qui rejoignent alors le Musée
du Louvre, alors appelé Musée Napoléon.
Y
LA TECHNIQUE
Le réducteur un outil à reproduire les
volumes en les réduisant.
Vers 1839, l’ingénieur Collas met au point
une machine permettant de faire des
copies, des réductions et des
agrandissements de statues.
Il s’associe à Barbedienne, fondeur
remarqué dès les années 1855 pour
ses procédés galvanoplastiques appliqués
à l’orfèvrerie. Théophile Gautier, sortant
de chez lui, pouvait s’exclamer :
Sa boutique est un musée
et Où est le mal d’apprendre le beau
en apprenant l’heure ?.
XI
Femme indienne chassant le fauve
Mobilier national
Dans les pendules recevant ces modèles
sculptés, la partie mécanique, ou
mouvement, est intégrée au socle, pour
laisser toute liberté à la sculpture.
La sculpture
au service
de l’industrie
L’art antique fournit ses
modèles à l’industrie.
En retour celle-ci
soutient l’art de son
époque en
encourageant des
artistes, à l’affût de
l’industriel assez
confiant dans le succès
bourgeois de cette
sculpture romantique
pour en faire une
entreprise de
bronze d’art, créer
et lancer des
modèles.
22
Le marbre noir met en valeur le bronze
doré et patiné, signé du sculpteur Gechter
pour le fabricant de bronze Charpentier.
Vers 1849.
Jument et son poulain
Mobilier national
Acquise par le Garde-Meuble
en 1852 auprès de Denière,
fabricant de bronze, le sujet
de cette pendule porte la
signature de Fratin,
sculpteur.
la chasse au taureau sauvage
1834, Barye, Musée de Louvre
Fratin, travaillant pour offrir des modèles
aux industriels du bronze, les conçoit
“pour plusieurs usages de décoration”.
Il calcule le volume de sa sculpture afin
qu’elle puisse être posée “comme
ornement soit sur un meuble, soit
sur une cheminée, soit sur un socle de
pendule” (revue L’Artiste, 1838).
Y
LA TECHNIQUE
Ces pendules de la deuxième moitié du
XIXe siècle ont des mouvements de série,
estampillés des manufactures : Japy ou
Marti à Montbéliard, Pons à Paris ou
Saint Nicolas d’Aliermont.
Ces mouvements sont équipés d’un
système d’échappement très solide,
mis au point dans les années 1840-1850
par l’horloger Brocot.
Les “clients” choisissaient d’un côté la
sculpture, de l’autre le socle contenant le
mouvement ; le fabricant assemblait le
tout. Au début du siècle, c’était l’horloger
qui signait la pendule et coordonnait les
différents artisans. C’est désormais le
fabricant de bronze qui dirige les équipes.
XII
z
symboles à lire
Les chiffres inscrits sur le parchemin tenu par l’empereur
sont ceux des deux scrutins essentiels : son élection comme
président de la République le 10 décembre 1848, et le plébiscite
du 21 novembre 1852 qui ratifie l’avènement de l’Empire.
Napoléon III avait choisi la date de son coup d’Etat,
(2 décembre 1851) en référence à la date du sacre de son oncle
(2 décembre 1804) ainsi qu’à l’éclatante victoire d’Austerlitz du
2 décembre 1805. Ces deux dates sont visibles sur les médaillons.
A la gloire
de Napoléon III
En 1853, pour le grand salon de son château
de la Motte-Beuvron, Napoléon III commande
une pendule tout entière vouée à sa
propagande. Au tout début de son règne,
il dresse son tableau d’honneur, incluant sans
hésitation la glorification du coup d’Etat
(2 décembre 1852).
Marbre blanc et bronze doré assurent
l’unité d’un décor surabondant.
On peut ici évoquer
l’éclectisme, mouvement
artistique s’intéressant à
toutes les époques du passé
pour y puiser de quoi satisfaire les goûts les
plus variés :
Le passé est un
porte-feuille
de motifs.
L’empereur porte le manteau impérial
semé d’abeilles. Il est accompagné par
des aigles, symboles de l’Empire.
Les ancres de marine évoquent les
ressources économiques de la
France, comme la charrue et la
faux, la gerbe de blé et la
figure de l’Abondance tenant
une bourse.
Au centre de la composition,
les armoiries impériales,
reposant sur des branches de
chêne et de laurier,
veulent donner une
image de force et
de longévité.
Lors du coup d’Etat de 1851, des centaines de personnes furent tuées,
dont des femmes et des enfants, à Paris et surtout en province.
Vous ne compreniez point, mère, la politique.
Monsieur Napoléon, c’est son nom authentique,
Est pauvre, et même prince ; il aime les palais ;
Il lui convient d’avoir des chevaux, des valets,
De l’argent pour son jeu, sa table, son alcôve,
Ses chasses ; par la même occasion, il sauve
La Famille, l’Eglise et la Société ;
Il veut avoir Saint Cloud plein de roses l’été,
Où viendront l’adorer les préfets et les maires.
C’est pour cela qu’il faut que les vieilles grands-mères,
De leurs pauvres doigts gris que fait trembler le temps,
Cousent dans le linceul les enfants de sept ans”
Jersey, 2 décembre 1852.
Victor Hugo, Les Châtiments, 1853
Apothéose de Napoléon III
Dessin de Harang,
dit Cabasson, 1857,
Musée du château de Compiègne.
Louis-Napoléon Bonaparte est
le neveu de Napoléon Ier.
En 1848, il est élu président
de la République française puis
empereur des Français sous le
nom de Napoléon III.
Sous le Second Empire, la France
connaît des années de progrès
économiques (création d’un
système bancaire, développement
des chemins de fer, transformation
des grandes villes) qui ne sauraient
dissimuler la misère des quartiers
populaires.
En 1870, à la suite de la défaite
contre la Prusse, la IIIe République
est proclamée.
25
1815 – 1830
Restauration
Louis XVIII, frère de Louis XVI, devient roi constitutionnel.
Napoléon, exilé à l’île d’Elbe, tente de reconquérir le pouvoir
(“les Cent-Jours”). Il est finalement vaincu à Waterloo (juin 1815)
et abdique définitivement.
Louis XVIII redevient roi jusqu’à sa mort en 1824.
1824-1830
27-29 juillet 1830
1830 – 1848
M
1848-1852
Abolition de la royauté.
Louis XVI est guillotiné en janvier 1793 – Ière République.
Juillet 1801
Le Premier Consul signe avec la Papauté un concordat qui délivre l’Église
– désormais soumise au pouvoir politique – des fureurs de
la déchristianisation.
1804 – 1814
Premier Empire
Réaction conservatrice : suppression du suffrage universel.
Louis Napoléon, non rééligible en 1852, fomente un coup d’Etat
le 2 décembre 1851 puis rétablit l’Empire
et prend le nom de Napoléon III.
1852-1870
26
Abdication de Napoléon.
Second Empire
Politique de grands travaux.
Le régime, d’abord autoritaire, se libéralise à partir de 1862 :
il reconnaît le droit de grève, puis tolère les syndicats.
En juillet 1870, l’Empire déclare la guerre à la Prusse.
Série de défaites (capitulation de Sedan).
Code civil, 1804.
A partir de 1803, guerres, d’abord victorieuses (conquête de la moitié
de l’Europe), puis défaites (“La Campagne de Russie”).
IIe République
Une révolte ouvrière en juin 1848 est durement réprimée.
En décembre, Louis Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier,
est triomphalement élu, pour quatre ans, Président de la République.
Début de la Révolution française
Par le coup d’État du 18 Brumaire (novembre 1799), Bonaparte,
général victorieux à l’immense prestige, se proclame consul
puis Ier consul (1800) puis consul à vie (1802), enfin Empereur
sous le nom de Napoléon Ier.
Avril 1814
“Monarchie de Juillet”
Suffrage universel (sauf pour les femmes, évidemment).
Liberté de presse et de réunion.
Abolition de l’esclavage aux colonies.
Chronologie, esquisse
10 août 1792
Révolution dite “Les Trois Glorieuses”.
Louis-Philippe, à la tête d’une monarchie constitutionnelle,
devient “Roi des français”. Il est renversé en février 1848.
La République est rétablie.
en savoir plus
14 juillet 1789
Règne de Charles X : limitation des libertés.
Septembre 1870
1871
proclamation d’une troisième République qui va durer
jusqu’en 1940.
Adolphe Thiers noie dans le sang l’insurrection populaire
de la Commune (18 mars-28 mai) et devient le premier Président
de la Troisième République.
27
Encyclopédie Diderot et d’Alembert
les différents métiers nécessaires à la fabrication d’une pendule
“Voilà en gros les ouvriers qui travaillent aux
pendules ordinaires :
1) Le premier ouvrage que l’on fait faire aux
ouvriers qui travaillent aux pendules, est ce
qu’on appelle le mouvement en blanc, lequel
consiste dans les roues, les pignons et les
détentes. Ces ouvriers, que l’on appelle
faiseurs de mouvement en blanc, ne font
qu’ébaucher l’ouvrage, dont le mérite consiste
dans la dureté des roues et pignons ; les
dents des roues doivent être également
grosses, distantes entre elles, avoir les formes
et courbures requises, etc.
2) Le finisseur est celui qui termine les dents
des roues, c’est-à-dire qu’il fait les courbures
des dents, finit leurs pivots, fait les trous dans
lesquels ils doivent tourner, il fait les
engrenages, l’échappement, fait faire les effets
à la sonnerie ou à la répétition. Il ajuste les
aiguilles, enfin les finit ; ajuste les pendules
ou lentilles et fait marcher la pendule. Reste
au méchaniste, c’est-à-dire l’horloger, de
revoir les effets de la machine si, par exemple,
les engrenages sont bien faits, ainsi que les
pivots des roues, si l’échappement fait
parcourir au pendule l’arc convenable, si la
pesanteur de la lentille et les arcs qu’elle
décrit sont relatifs à la force motrice, les effets
de la sonnerie ou répétition.
3) La fendeuse est une ouvrière qui fend les
roues des pendules, et ne fait que cela.
“Enseigne d’horloger”
Paris ou Londres, vers 1760
détail : horloger au travail
Collection musée du Temps
4) Le faiseur de ressorts fait les ressorts des
pendules ; il ne s’occupe uniquement qu’à
cela. Ce que l’on peut exiger d’un faiseur de
ressorts, c’est qu’il fasse le ressort fort long et
de bon acier, que la lame diminue
insensiblement de force depuis le bout
extérieur jusqu’au centre, qu’il soit trempé
assez dur pour ne pas perdre son élasticité,
mais pas assez pour casser. Il faut que l’action
du ressort, en se débandant, soit la plus égale
possible, que les lames ne se frottent pas en
se développant.
5) Il y a des faiseurs de lentilles, de poids, pour
faire marcher les pendules : ces ouvriers font
aussi les aiguilles d’acier de pendule.
6) Le graveur, qui fait les cadrans de cuivre
pour les pendules à secondes.
7) Le polisseur est un ouvrier qui polit les
pièces de cuivre du mouvement de la pendule ;
le finisseur termine et polit celles d’acier.
8) Les émailleurs ou faiseurs de cadrans de
pendules.
9) Les ouvriers qui argentent les cadrans de
cuivre.
10) Les ciseleurs font les battes à cartels pour
les pendules.
11) Les ébénistes font les boîtes de
marqueterie et autres : les horlogers doivent
diriger les ébénistes et ciseleurs pour le
dessin des boîtes et, comme ils ne sont pas
trop en état de le faire par eux-mêmes, il est à
propos qu’ils consultent des architectes et de
bons dessinateurs.
12) Les doreurs, pour les bronzes des boîtes et
des cartels etc.
13) Les metteurs en couleurs : ceux-ci
donnent la couleur aux bronzes des boîtes de
pendule, aux cartels, cadrans etc.
Cette couleur imite la dorure.
14) Les fondeurs pour les roues de pendules et
de différentes autres pièces qui s’emploient
pour les mouvements.
15) Les fondeurs pour les timbres, les tournent
et les polissent.”
29
L’horlogerie en France
aux XVIIIe et XIXe siècles
pour mémoire...
L’horlogerie mécanique devient la technique
de pointe du XVIIIe siècle
Depuis deux siècles, le grand commerce
maritime pousse les horlogers à faire des
progrès en précision, les vaisseaux devant
pouvoir calculer toujours mieux leur position
et arriver à bon port.
Par ailleurs, le perfectionnement des
mécanismes et des matériaux rend
l’horlogerie beaucoup plus fiable.
L’horloge participe ainsi à la conquête du
monde, au développement des échanges, à
l’essor de la bourgeoisie capitaliste. En 1772,
Frédéric Japy lance à Beaucourt, près de
Montbéliard, la première manufacture de
montres: jusque là l’horlogerie était artisanale
; elle est en passe de devenir industrielle.
Avoir une montre, avoir l’heure sur soi cessera
bientôt d’être un privilège.
La Révolution française, qui fait ensuite litière
du passé et change le calendrier, la religion,
les mesures et laïcise le temps. Avec les
philosophes des Lumières et les premiers
paléontologues, finit la belle sécurité des
anciens historiens et des théologiens, qui
fixaient sans la moindre hésitation la date du
déluge et l’âge de la Terre. Celui-ci passe de
cinq mille ans, selon la Bible, à plusieurs
centaines de millions d’années. Appert
inventant les conserves, et voici que
l’alimentation s’affranchit des saisons...
Voilà les premières diligences à horaires
minutés : la précision rentre dans les moeurs.
Le gouvernement révolutionnaire invite
Laurent Mégevand à créer la Fabrique
Nationale de Besançon, pour fournir la
République en montres...
Ainsi naît un nouveau pôle horloger!
Au XIXe siècle, le temps devient de l’argent...
L’heure devient une unité de mesure du travail.
La montre se banalise.
C’est le chemin de fer qui va bientôt imposer
l’heure unique dans chaque pays.
Le télégraphe, puis l’électricité, apportent
l’heure de la capitale dans les gares.
Avec le téléphone naissent les premiers
réseaux. Le temps devient mondial : en 1885,
la Terre est divisée en vingt quatre zones,
les fuseaux horaires , avec le méridien de
Greenwich pour référence.
Suivant le mouvement industriel, la montre
devient un objet manufacturé de grande
production. Avec l’arrivée des machine-outils,
ses pièces sont de plus en plus fréquemment
fabriquées par des machines. Le mouvement
dit Roskopf, né dans les années 1870, rend la
montre beaucoup plus simple: elle va devenir
un produit de grande série! Besançon s’affirme
capitale française de l’horlogerie.
La montre devient un outil de contrôle
indispensable dans l’entreprise, pour le salarié
comme pour son patron : l’heure est
désormais une unité de travail. Mise au point
à la fin du XIXe siècle dans des usines
américaines, le taylorisme instaure le
chronométrage du travail et parcellise les
tâches, débouchant ainsi que le travail à
la chaîne. La gestion du temps devient ainsi
tyrannique et obsédante.
Mouvement en blanc,
fabriqué par la Maison Marti, à Montbéliard.
Collection musée du Temps
Ce genre de mécanisme était produit
pour une clientèle d'horlogers,
qui se chargeaient de la finition et de
la mise en œuvre dans les pendules.
31
Ce fil d’Ariane a été conçu et rédigé par
Pascal Brunet, Joëlle Mauerhan, Agnès Vannet, avec l’aide de Maguy Scheid
Le travail a été largement appuyé
sur les recherches de Marie-France Dupuy-Baylet
Editions MUSEE DU TEMPS Besançon
Directeur de la publication : Jean-Louis Fousseret
Un grand merci pour leur aide à :
la bibliothèque Municipale, le musée des Beaux-arts,
l’office du tourisme de Besançon
et les équipes du Mobilier national et du musée du Temps.
Les Amis des musées de Besançon
et l’Association des amateurs d’horlogerie ancienne (AFAHA)
ont tout particulièrement aidé au financement
du présent livret. Qu’ils en soient vivement remerciés.
Photographies :
Mobilier national (Isabelle Bideau, Françoise Baussan)
Musée des Beaux-arts et d'archéologie de Besançon (Charles Choffet)
Bibliothèque municipale de Besançon (Charles Choffet)
Musée du Temps
Musée du Louvre (RMN)
Musée des Beaux-arts de Dole
Musée du château de Compiègne
Musée du Vatican
Administration : Julie Nuyts, Jean-Michel Llaona
Scénographie : Didier Blin
Graphisme : Saluces
Musée du Temps
96 Grande rue
25000 Besançon
Tél. 03 81 87 81 50
Communication : Adrienne Bergelin
Service des visites : Bernard Roy
Besançon, mai 2006
dépôt légal juillet 2006
ISBN 2-9508625-2-7
Téléchargement