Pierre Frachebourg – Probabilités – Variables aléatoires
PROBABILITÉS - VARIABLES ALÉATOIRES
§0 – Introduction
Dans le cours sur les probabilités nous avons introduit la notion d’univers U et lui avons attaché une fonction–
probabilité P. Dans beaucoup d’applications pratiques la notion d’univers, pour des raisons de commodité, cède
sa place à celle de variable aléatoire. La fonction–probabilité attachée à la variable aléatoire est alors une
application des parties de r dans [0,1] (plutôt que des parties de U dans [0,1]). Cette manière de faire courante
n’enlève rien à l’importance de la notion d’univers qui reste malgré tout, implicitement, à la base du calcul des
probabilités.
Considérons un univers des possibles U correspondant à une certaine expérience aléatoire.
Les éléments de U (appelés issues : résultats possibles de l’expérience) ne sont généralement
pas des nombres. Il est cependant utile de faire correspondre un nombre à chaque élément de U, en vue de faire
ensuite des calculs.
Pour un jet de dé, il semble naturel de faire correspondre à la face obtenue par le jet, le nombre de
points qu’elle porte, mais ce n’est pas une obligation. Si on jette 2 dés, on s’intéressera par exemple
à la somme des points obtenus. Dans les situations de jeux ou de paris, comme dans la vie réelle, les éventualités
se voient affecter d’un nombre : aux diverses cartes que l’on peut tirer d’un jeu bien battu, on associe leur valeur
convenue : 0 pour une carte de 2 à 10, un point pour un valet, deux pour une dame, trois pour un roi et quatre
pour un as. On définit ainsi une fonction X. Cette fonction X permet à son tour de définir des événements : ainsi
pour le tirage d’une carte :
X = 1 représente le tirage d’un valet , X £ 3 représente le tirage de toute carte autre qu’un as ,
X = 0 représente le tirage d’une carte de 2 à 10.
Il est très important de bien prendre conscience du sens de ces notations, relativement inhabituelles : il
n’est pas fréquent qu’on écrive le signe " = " entre une fonction et un nombre ! Et pour achever de nous
désorienter, l’usage est de donner à une telle fonction le nom de variable aléatoire : quelques auteurs ont bien
tenté de réagir, en utilisant le nom d’aléa numérique, tellement ils souffraient de voir une fonction baptisée
variable ! Mais l’usage est le plus fort.
Une variable aléatoire X, sur un univers des possibles U, est une application de U dans r : à tout
résultat possible de l’expérience (à tout élément de U), la variable aléatoire X fait correspondre un nombre.
Lorsque U est fini (Card U = n et n ∈ n*) ou infini dénombrable ( Card U = ℵ0 ), toute application de U
dans r est une variable aléatoire. Lorsque U est non dénombrable ( Card U = ℵ1 ), il existe certaines
applications de U dans r qui ne sont pas des variables aléatoires. En effet, la définition rigoureuse d’une
variable aléatoire X impose que tout intervalle de r soit l’image d’un événement A de U (A ⊂ U ou A ∈ P(U))
par l’application X.
Cette condition est vérifiée pour toute application X si U est fini ou dénombrable, puisque toute partie
de U est un événement. Ce n’est plus vrai si U est non dénombrable.
Les applications choisies ultérieurement seront des variables aléatoires.