La survie à 15 ans varie en fonction des différents types
de cardiopathie congénitale. Elle est de 95 % pour la sté-
nose pulmonaire à moins de 20 % pour les cœurs univen-
triculaires.1Pour l’instant, le diagnostic prénatal n’a pas
permis d’améliorer la survie des cardiopathies congénita-
les de façon globale mais, dans une région comme l’Île-
de-France, il a permis de réduire la mortalité de certaines
cardiopathies réparables mais menaçantes dès la nais-
sance à un taux proche de 2 à 3 %.2
CARDIOPATHIES CONGÉNITALES
ET ANOMALIES CHROMOSOMIQUES
L’intérêt de prédire l’association d’une malformation car-
diaque à une anomalie chromosomique est surtout impor-
tant chez le fœtus. Les anomalies chromosomiques sont
100 fois plus fréquentes dans les cardiopathies congénita-
les qu’en leur absence.3Le nombre de naissances vivantes
d’enfants ayant une cardiopathie et une anomalie chromo-
somique est de 5,5/10 000 ; 13 % des cardiopathies congé-
nitales sont associées à une anomalie chromosomique
dont 10 % à la trisomie 21. Le pourcentage d’association à
une anomalie chromosomique varie en fonction du type
de cardiopathie. Dans l’étude de Baltimore, Ferencz et al.
trouvaient 18 % d’anomalies chromosomiques associées
aux cardiopathies conotroncales, 60 % dans les canaux
atrio-ventriculaires, 1% dans les anomalies obstructives
du cœur droit et 6,6% dans les anomalies du cœur gau-
che.4Une étude plus récente de l’Institut de puériculture
de Paris trouve, sur 548 cardiopathies congénitales dia-
gnostiquées avant la naissance, les résultats suivants : la
recherche d’anomalies chromosomiques a permis de trou-
ver une anomalie à partir du diagnostic de la cardiopathie
dans 18,5 % des cas analysables (88/476). Cette recherche
n’aurait été faite que 15 fois si l’indication du caryotype n’a-
vait reposé que sur l’âge maternel. Le dépistage des cardio-
pathies congénitales par l’échographie fœtale est donc un
point d’appel majeur pour le diagnostic anténatal des ano-
malies chromosomiques (tableau 2).
On peut cependant essayer de gagner en efficacité en
tenant compte de particularités phénotypiques. Le pre-
mier exemple est celui de la microdélétion du chromo-
some 22q11. Cette anomalie cytogénétique est diagnosti-
quée avant la naissance devant une cardiopathie de type
conotroncal, c’est-à-dire intéressant le septum interventri-
culaire haut et l’origine des deux gros vaisseaux. Si on
observe la distribution des cardiopathies conotroncales
chez les fœtus qui ont cette microdélétion, la répartition
entre les différents types est randomisée. Autrement dit,
tous les types de cardiopathies conotroncales s’observent
avec une fréquence sensiblement égale. Si on compare,
pour une cardiopathie donnée, le nombre de fœtus ayant
une microdélétion 22q11, certains phénotypes sont très
fortement représentés (interruption de la crosse aortique,
90 % de délétion) alors que d’autres le sont nettement
moins (tétralogie de Fallot, 15 %). De plus, pour un même
type de malformation conotroncale tel que l’atrésie pul-
monaire avec communication interventriculaire, certains
détails morphologiques, collatérales aorto-pulmonaires,
anomalies des arcs aortiques, sont l’apanage des enfants
ayant la microdélétion.5La spécificité de ces signes n’est
cependant pas suffisante pour que l’on puisse se passer
d’une recherche par hybridation in situ dans n’importe
quelle malformation conotroncale.
Pour les canaux atrio-ventriculaires, il a été montré
chez l’enfant et, plus récemment, chez le fœtus que l’ana-
tomie était bien différente, qu’on soit en présence d’une
trisomie 21 ou d’un enfant ayant un caryotype normal. Le
canal atrio-ventriculaire complet de la trisomie 21 est le
plus souvent bien équilibré et facilement réparable chi-
rurgicalement. À l’inverse, le canal atrio-ventriculaire chez
l’enfant eusomique est souvent déséquilibré, associé à des
anomalies obstructives du cœur gauche et de pronostic
cardiaque plus aléatoire.6Enfin, les canaux atrio-ventricu-
laires associés aux malpositions vasculaires ne sont pas
associés à des anomalies chromosomiques.
Dans les anomalies isolées du cœur gauche, les anoma-
lies chromosomiques sont très rares, mais il faut tout de
même rechercher une monosomie X.7
Plus généralement, il paraît difficile de se passer, chez
le fœtus, d’un caryotype en cas de cardiopathie congéni-
tale. Si on peut être rassurant dans certains cas (transposi-
tion des gros vaisseaux), des anomalies rares de structure
ont été retrouvées dans quasiment tous les types de
LA REVUE DU PRATICIEN / 2006 : 56
600
MALADIES CARDIAQUES DE L’ENFANT ÉPIDÉMIOLOGIE ET GÉNÉTIQUE
Répartition des différentes
malformations cardiaques
D’après une série de 815 569 enfants.
D’après la référence 9
Tableau 1
◗Communication interventiculaire 41,5 2,56
◗ Communication interauriculaire 8,67 0,53
◗ Sténose aortique 7,77 0,48
◗ Sténose pulmonaire 5,81 0,36
◗Transposition des gros vaisseaux 5,39 0,33
◗Coarctation de l’aorte 5,29 0,33
◗ Canal artériel persistant 5,07 0,31
◗Canal atrio-ventriculaire 4,00 0,25
◗ Hypoplasie du cœur gauche 3,42 0,21
◗ Tétralogie de Fallot 3,36 0,21
◗ Ventricule unique 2,11 0,13
% DES ‰
CARDIOPATHIES NAISSANCES
CONGÉNITALES
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