Chapitre 2
Rappels d’intégration
2.0.14 DÉFINITION
Une algèbre (ou clan) sur un ensemble Xest un sous-ensemble Ade P(X)tel que :
1. X2A.
2. A2Aentraîne X\A=A{2A. (stable par passage au complémentaire)
3. Si A,B2Aalors , A[B2A.
(stable par réunion finie)
2.0.15 DÉFINITION
Une s-algèbre (ou tribu ) sur un ensemble Xest un sous-ensemble Sde P(X)tel
que :
1. X2S.
2. A2Sentraîne X\A=A{2S. (stable par passage au complémentaire)
3. Si (Ai)i2Nest une suite (dénombrable) dans S, alors i2NAi2S. (stable par
réunion dénombrable)
2.0.16 REMARQUE
2Set Sest stable par intersection dénombrable.
2.0.17 LEMME
1) Soit {Sa}a2Lune famille de s-algèbres. Alors
a2L
Saest aussi une s-algèbre.
2) Soit SP(X), alors il existe une unique plus petite s-algèbre contenant S, notée
S(S), elle est égale à l’intersection de toutes les s-algèbres sur Xcontenant S.
34
2. Rappels d’intégration: 35
2.0.18 DÉFINITION
La s-algèbre S(S)est appelée la s-algèbre engendrée par S.
2.0.19 EXEMPLE.Soit (X,t)est un espace topologique.
La s-algèbre borélienne est la s-algèbre engendrée par tous les ouverts de Xi.e.
c’est la s-algèbre S(t).
Un espace Xmuni d’une s-algèbre Sest appelé espace mesurable, et tout élé-
ment de Sest appelé ensemble mesurable dans X. On notera (X,S)l’espace mesu-
rable.
2.0.20 EXEMPLE.Si Yest un espace toplogique et test famille d’ouverts, alors, (Y,S(t))
est un espace mesurable. Dans la suite, un espace topologique sera considéré muni
de sa s-algèbre borélienne.
2.0.1 Mesures
Soit Sune algèbre (ou s-algèbre) sur X. Une mesure (positive) sur (X,S)est une
application µ:S![0, +]telle que :
1. µ()=0
2. pour toute suite {An}d’élément de A, telle que [
n=1An2Set An\Am=
pour n6=mon a : µ(
n=1
An)=
Â
n=1
µ(An)(s-additivité)
On dit que la mesure est finie si µ(X)<+.
On dit que la mesure est s-finie si Xadmet un recouvrement X=[
n=1Xnavec
µ(Xn)<+pour tout n1.
Propriétés de la mesure :
1. AB)µ(A)µ(B).
2. Si AnAn+1alors lim
nµ(An)=µ(
n=1
An).
3. Si An+1Anet µ(A1)<+alors lim
nµ(An)=µ(
n=1
An).
Démonstration: 1. On écrit B=A[(B\A)alors µ(B)=µ(A)+µ(B\A)µ(A).
2. On pose Bn=An\An1alors lim
nµ(An)=µ([
n=1Bn)=
Â
n=1
µ(Bn)=µ([
n=1An).
3. On pose Cn=A1\An,µ(Cn)=µ(A1)µ(An)alors la suite est croissante et
µ(A1)lim
nµ(An)=lim
nµ(Cn)=µ([
n=1Cn)=µ(A1)µ(\
n=1An).
2. Rappels d’intégration: 36
2.0.22 EXEMPLE.1. Soit Xun ensemble. La mesure de comptage est la mesure définie
sur P(X)par A2P(X):µ(A)=]Asi Aest fini
+si Aest infini
]Aest le cardinal de A.
Si X=Net An={k2N|jn}alors µ(An)=+et An+1An.
Mais µ(\
n=1An)=µ()=06=limnµ(An), d’où la nécessité de l’hypothèse
µ(A1)+dans la proposition précédente.
2. Mesure de Dirac :
Soit Xun ensemble (non vide) et a2Xun point fixé.
On définit da:P(X)!{0, 1}par : da(A)=1 si a2A
0 si a62 A
On vérifie que daest une mesure sur (X,P(X)), que l’on appelle mesure de
Dirac.
2.0.23 Exercice Soit Sune algèbre (ou s-algèbre) sur Xet µ:S![0, +]une application.
Montrer que µest une mesure si et seulement si
1. µ(A[B)=µ(A)+µ(B)si A\B=.
2. Si {An}est une suite décroissante telle que µ(A1)<+et
n=1
An=alors
limnµ(An)=0 (propriété de Carathéodory)
On a le théorème fondamental suivant :
2.0.24 THÉORÈME (THÉORÈME DEXISTENCE ET DUNICITÉ DE CARATHÉODORY)
Toute mesure (positive) mdéfinie sur une algèbre Ad’un ensemble Xse prolonge
en une mesure (positive) µsur la s-algèbre S=S(A)engendrée par A.
Si de plus, la mesure mest s-finie (resp. finie), alors ce prolongement est unique
et µest s-finie (resp. finie).
Applications :
la mesure de Lebesgue
Pour a<b, on note (a,b)pour l’un des intervalles ouvert, fermé ou semi-ouvert
de Rd’extrémités aet b.
Un pavé de Rnest un ensemble de la forme n
i=1
(ai,bi)où pour tout i2{1, . . . , n},
ai,bi2Ret ai<bi. Son volume usuel est donné par ln
i=1
(ai,bi)=n
i=1(biai)
( ce volume est égal à +si l’un des aiou biest infini.)
2. Rappels d’intégration: 37
On étend lpar additivité finie aux réunions finies de pavés disjoints, i.e. si
P1,...,PNsont des pavés disjoints alors lN
i=1
Pi=
N
Â
i=1
l(Pi)
On désigne par Al’ensemble des réunions finies de pavés deux à deux disjoints
de Rn. Tout éléments de A2As’écrit de manière unique sous la forme A=[l
i=1Pi
où les Pisont des paves deux à deux disjoints, l’on peut alors définir sans ambiguïté
la mesure de Apar l(A)=
l
Â
i=1
l(Pi).
2.0.25 PROPOSITION
Aest une algèbre et lest une mesure s-finie sur (Rn,A).
Démonstration: Puisque, Rn=
r2Zn
tr([0, 1[n)trest la translation de vecteur ri.e.
tr(x)=x+ret que l(tr([0, 1[n))=l([0, 1[n)=1, on en déduit que lest s-finie.
On vérifie que Aest une algèbre et pour tout A,B2Atels que A\B=on a
l(A[B)=l(A)+l(B).
Il reste à montrer la propriété de Carathéodory de l’exercice2.0.23 est satisfaite.
Soit {Ak}est une suite décroissante telle que l(A1)<+et \
k=1Ak=. On doit
montrer que lim
k!+l(Ak)=0.
Soit e>0. Dans chaque Ak, on choisit un compact Kk, réunion finie de pavés
fermés, tel que l(Ak\Kk)e
2k. On pose C1=K1,C2=K2\C1,...Ck=Kk\Ck1,
ainsi de suite, par récurrence on construit une suite décroissante de compacts Ck2
Aet CkAk.
Alors, \
k=1Ck⇢\
k=1Ak=, et par compacité il existe un k0tel que Ck0=.
D’autre part Kk\Ck=Kk\(Kk\Ck1)Ak\Ck1Ak1\Ck1. On a donc
l(Ak\Ck)=l(Ak\Kk)+l(Kk\Ck)e
2k+l(Ak1\Ck1).
On trouve alors par récurrence que l(Ak\Ck)e
2k+e
2k1+...+e
2, d’où pour
tout k,l(Ak\Ck)e. En particulier si kk0, on a l(Ak)e. En conclusion, pour
tout e>0, il existe Ntel que pour tout kN,l(Ak)e.
Comme la s-algèbre engendrée par Aest égale à la s-algèbre des Boréliens de
Rn, le théorème de Carathéodory permet d’obtenir.
2.0.27 THÉORÈME
Il existe une unique mesure définie sur la s-algèbre des boréliens de Rn, qui à tout
pavé associe son volume usuel. Cette mesure est appelée la mesure de Lebesgue
sur Rnet notée l. Elle est invariante par translation et finie sur les sous-ensembles
compacts.
2.0.28 Exercice 1. Montrer que tout compact est un borélien.
2. Montrer que la la mesure de Lebesgue ne charge pas les points i.e. pour tout
x2Rnl(x)=0.
2. Rappels d’intégration: 38
3. Montrer que la la mesure de Lebesgue est invariante par translation : pour tout
borélien BRnet a2Rn:l(a+B)=l(B).
4. Montrer que la la mesure de Lebesgue est invariante par symétrie : pour tout
borélien BRnl(B)=l(B).
2.0.29 DÉFINITION
Une mesure µsur la s-algèbre borélienne est une mesure borélienne si pour tout
compact K,µ(K)<+.
Une mesure borélienne est dite régulière si pour tout ensemble mesurable Aon a :
µ(A)=inf{µ(O)|AO,Oensemble ouvert }
=sup{µ(K)|KA,Kensemble compact }
2.0.30 Exercice Montrer que la mesure de Lebesgue sur Rnest une mesure borélienne ré-
gulière.
2.0.31 DÉFINITION
Un sous-ensemble AXest dit négligeable s’il est contenu dans un ensemble de
mesure nulle. i.e. il existe B2Stel que ABet µ(B)=0.
Une propriété dépendant de xde Xest dite vérifiée presque partout si elle l’est
pour xappartenant au complémentaire d’un ensemble négligeable.
Ainsi, on dira que deux fonctions fet gsont égales presque partout si l’ensemble
des xtels que f(x)6=g(x)est un ensemble négligeable ; une suite de fonction fn
converge presque partout vers une fonction fs’il existe un ensemble négligeable Y
tel que limnfn(x)= f(x)pour tout x62 Y.
On écrira souvent p.p. à la place de presque partout.
2.0.32 REMARQUE
La réunion dénombrables d’ensembles négligeables est négligeable.
2.0.33 PROPOSITION
Soit (X,S,µ)un espace mesuré. Un ensemble AXest négligeable si et seulement
si pour tout e>0, il existe une suite {Ak}k2Nd’ensembles mesurables telle que
A⇢[
k=1Aket µ[
k=1Ak<e.
Démonstration: Exercice
Exemples :
(1) Tout hyperplan de Rn, plus généralement toute variété affine de dimension
pn1, est négligeable.
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