D’insufsance Cardiaque
Autosoins en matière d’insufsance cardiaque
Les lignes directrices du consensus de la Société
canadienne de cardiologie dénissent l’insufsance
cardiaque (IC) comme « un syndrome complexe
caractérisé par une anomalie de la fonction cardiaque,
qui se traduit par des symptômes cliniques et des signes
de débit cardiaque affaibli ou de congestion pulmonaire
ou systémique, ou en augmente les risques d’apparition
ultérieure ».1 L’IC est un état chronique et progressif qui
est associé à un taux élevé de morbidité et de mortalité
et qui est aussi souvent associé à une qualité de vie
(QV) faible. Cependant, les personnes qui vivent avec
une IC ont une occasion remarquable d’inuer de façon
positive sur tous les éléments susmentionnés au moyen
de comportements en matière d’autosoins.
Les autosoins sont « les mesures visant le maintien
de la stabilité physique, l’évitement de comportements
qui peuvent aggraver l’état et la détection des symptômes
Krista Dewart, inrmière autorisée, gestionnaire clinique de l’insufsance cardiaque, Alberta Cardiac Access
Collaborative, Edmonton (Alb.)
CICRP CICRP
Sommaire
Articles de fond:
Nouvelles:
précoces de détérioration » [traduction]2 et ils jouent
un rôle intégral dans le traitement efcace de l’IC.
Le contrôle de symptômes, la capacité fonctionnelle,
la QV, les admissions aux hôpitaux, le pronostic et la
réduction de la mortalité sont tous liés, dans différentes
mesures, aux comportements en matière d’autosoins
de l’IC.2,3 Les patients, les familles et les fournisseurs
de soins sont responsables des efforts intensifs que ces
activités exigent et il est impossible pour les patients
qui demeurent seuls de les éviter.3 Notre rôle à titre de
fournisseurs de soins de santé (FSS) est essentiel pour
veiller à ce que les patients atteints d’IC et leur famille
reçoivent les connaissances et le soutien dont ils ont
besoin pour réussir.2
“Notre rôle à titre de fournisseurs de soins de santé (FSS) est essentiel
pour veiller à ce que les patients atteints d’IC et leur famille reçoivent
les connaissances et le soutien dont ils ont besoin pour réussir.” 2
Il est utile de connaître plusieurs éléments essentiels
avant d’entamer un programme de promotion des
autosoins pour le patient atteint d’IC. Avant tout, il
est essentiel de comprendre les facteurs associés à la
décompensation qui peuvent mener à une exacerbation
de l’IC. En général, les facteurs précipitants de la
décompensation de l’IC comprennent le non respect
du régime alimentaire ou du régime de médicaments,
le mauvais emploi des médicaments, les infections
(particulièrement les infections pulmonaires) et
l’arythmie ou l’ischémie.4 L’une des raisons les plus
fréquentes de l’admission des patients à l’hôpital est
l’excès alimentaire (p. ex. consommation excessive de
sodium).6 En raison du bloc de temps restreint dont
disposent de nombreux FSS pour voir leurs patients et
du fait que les « déclencheurs » particuliers du patient
pour les exacerbations de l’IC varient et changent avec
le temps, il faut souvent cibler de façon sélective les
interventions de comportements en matière d’autosoins
À surivre, page 3
Références et critiques............................................12
Mot du rédacteur en chef:
Une étude de cas:
Autosoins en matiere d’insufsance cardiaque...............1
(À surivre, page 3)
Exercice physique chez les patients souffrant
d’insufsance cardiaque : résultats cliniques..................6
Lea Carlyle ..........................................................................2
Utilisation d’Internet pour prendre «virtuellement »
en charge les patients souffrant d’insufsance
cardiaque............................................................................10
Entraînement physique chez les patients avant une
greffe – une étude de cas.................................................15
Startel : Télésoins à domicile Une stratégie pour la
prise en charge de l’insufsance cardiaque....................17
Mot du bureau...................................................................18
Recherches en cours
Program Prole
Bulletin
Juillet 2010, volume 18, n ° 2
Aspects psychosociaux de la réadaptation cardiaque
Publication ofcielle de
Association canadienne
de réadaptation cardiaque
Critiques des sites Web...........................................14
Aspects psychosociaux de la réadaptation cardiaque 3
ACRC ACRC ACR
en cherchant à retirer le maximum d’avantages
pour l’argent en ce qui concerne la stabilité de
l’état.
Dans le labyrinthe des dangers liés au style
de vie que le patient atteint d’IC parcourt
quotidiennement, le sodium constitue sans doute
le plus grand danger. Il s’ensuit que le diététiste
joue un rôle déterminant dans les soins spécialisés
en IC. Toutes les lignes directrices examinées1-3
recommandent que les patients symptomatiques
atteints d’IC limitent leur apport en sodium.
Cependant, les valeurs et la terminologie ne sont
pas toujours les mêmes (sodium, sel, chlorure de
sodium, sel de mer), ce qui donne de la difculté
aux personnes qui cherchent à conseiller le patient
ainsi qu’aux patients proprement dits.3 Les plus
récentes recommandations proposent de garder
l’apport de sodium inférieur à moins de 2,3 g par
jour3,5. Une limite encore plus stricte de 1 à 2 g
par jour est proposée pour les patients instables
ou les patients ayant une surcharge liquidienne.1
Toutes les lignes directrices s’entendent sur le fait
que les consignes de consommation de sodium
devraient être adaptées à l’état du patient et à la
gravité des symptômes. Puisque la majorité de la
population consomme, en moyenne, plus de 4 g
de sodium par jour,5 on peut afrmer que c’est
un domaine sur lequel nous devons déployer des
efforts concertés auprès de la population atteinte
d’IC. L’une des idées fausses la plus répandue
concernant l’apport en sodium, c’est de penser
qu’il soit sufsant de ranger la salière pour se plier
aux restrictions de sodium. En réalité, même s’il
s’agit tout de même d’une première étape utile, la
majorité du sodium que nous consommons (77
%) provient de sources « cachées », comme les
aliments transformés et prêts à servir ou les repas
dans les restaurants.5 Les patients atteints d’IC
signalent qu’ils ont de la difculté à suivre un
régime comportant des limites de consommation
de sodium3 pour les raisons suivantes : ils ne
sont pas conscients des lignes directrices ou
ne comprennent pas pourquoi les limites de
consommation de sodium ont été imposées;
ils ne font pas le lien entre la consommation
de sodium et leurs symptômes; ils jugent que
les renseignements alimentaires sont moins
importants que les autres enseignements sur l’IC;
ils n’ont pas reçu sufsamment d’enseignement;
ils ont de la difculté à lire les étiquettes; la
pression sociale ou l’absence de soutien de la part
de la famille; la multitude de régimes alimentaires
entourant les états comorbides; et le manque de
goût des aliments.6
Les interventions appuyant la diminution de la
consommation de sodium chez le patient atteint
d’IC peuvent être structurées de sorte à éviter les
obstacles susmentionnés et elles commencent
par une évaluation des besoins d’apprentissage
de chaque patient. La clé du respect d’un régime,
c’est d’expliquer au patient le lien entre l’excès
de sodium et la surcharge liquidienne et les
symptômes comme la dyspnée ou l’œdème et
aussi d’offrir un enseignement
Sodium
ACRC ACRC ACR
4 Aspects psychosociaux de la réadaptation cardiaque
Médicaments
structuré lors de chaque contact avec le patient.3
Pour aider le patient à naviguer avec une plus
grande conance parmi les nombreux choix qui
s’offrent à lui, il faut lui enseigner des aptitudes
particulières (y compris dans le cadre de séances
de pratique) et mettre l’accent sur les sources
cachées de sodium, en lui enseignant à bien lire les
étiquettes, à choisir les bons aliments à l’épicerie
et à faire de bons choix dans les restaurants.6
La teneur en sodium des aliments usuels doit
être communiquée.2 Il est essentiel de susciter
l’intérêt du « cuisinier » du ménage, d’obtenir le
soutien de la famille3 et de fournir des références
pour les recettes, les livres de recettes et les
substituts d’épices.6 Les patients stables peuvent
commencer en achetant des versions « faibles en
sodium » de leurs aliments habituels à sodium
élevé pour permettre un ajustement graduel de
la palatabilité.3 De nombreux patients signalent
qu’une fois qu’ils s’habituent à une teneur faible
en sodium, ils trouvent que leur ancien régime
était « bien trop salé ». Cela constitue un facteur
motivant et encourageant pour les patients qui
commencent ou qui éprouvent des difcultés.
Si le patient tente de suivre une multitude de
restrictions alimentaires en raison d’un état
comorbide comme le diabète, une consultation
alimentaire pourrait être nécessaire pour aider le
patient aux prises avec un régime alimentaire plus
complexe.6
Toutes les lignes directrices examinées
recommandent une restriction liquidienne de
1,5 à 2 litres par jour pour les patients dont les
symptômes d’insufsance cardiaque congestive
ne sont pas stables malgla diminution de sodium
et l’utilisation d’un diurétique.1-3 Un plus grand
apport en liquides est acceptable pour les patients
sans rétention hydrique symptomatique, mais un
apport excessif de liquides est à éviter pour tous
les patients atteints d’IC.2 Comme c’est le cas
pour l’apport en sodium, beaucoup de patients
pourraient ne pas faire le lien entre l’apport de
liquides et les symptômes ou ne pas juger que
les connaissances sur les restrictions liquidiennes
sont importantes pour les autosoins.3 Les pesées
matinales quotidiennes sont essentielles pour
contrôler l’équilibre des uides, et il faut en
souligner l’importance à chaque rencontre avec
le patient.1
La participation à un régime de médicaments
fondés sur des faits réduit le taux de morbidité
et de mortalité et améliore la QV des patients
atteints d’IC.2 Cette population a souvent de
la difculté à participer à un tel régime en
partie en raison du coût, d’une dépression, des
attitudes entourant la prise de médicaments (p.
ex. le fait de prendre trop de médicaments ou le
patient n’est pas convaincu que les médicaments
fonctionneront), de la faible mise en application des
renseignements, de renseignements conictuels,
des effets secondaires ou de la peur d’éventuels
effets secondaires.3 Dans de nombreux cas, le
dysfonctionnement cognitif joue un rôle dans
la capacité de gérer un régime complexe.2 Pour
réussir, les patients ont besoin de connaissances
adéquates sur les effets thérapeutiques, les effets
secondaires, la posologie et les plans de titrage
ainsi que d’un soutien de la famille et des FSS.2
La simplication du régime, y compris la prise de
médicaments une fois par jour seulement, lorsque
possible, et le conditionnement sous emballage
coque de médicaments par la pharmacie sont
souvent utiles.1 Il est important de conseiller aux
patients d’utiliser une seule pharmacie pour qu’ils
puissent s’éviter des complications potentielles.
An de prévenir l’interruption des médicaments
par le patient, celui ci doit également savoir
que les effets bénéques de bon nombre de
médicaments ne sont pas tous immédiats et que
les effets secondaires sont souvent temporaires.2
Les patients connaissent souvent des difcultés
avec des médicaments qui ne font pas partie de
leur régime d’IC. Beaucoup de ces médicaments
peuvent par ailleurs avoir des effets négatifs sur
l’IC. Les médicaments contre indiqués pour l’IC
comprennent les suppléments à base d’herbes,
le coenzyme Q10 et le traitement par chélation.1
Parmi les médicaments qui doivent être pris
avec prudence, du moins en partie en raison du
potentiel de rétention hydrique et de la preuve de
l’augmentation des hospitalisations, il importe de
mentionner les AINS, les inhibiteurs de la COX2
et les thiazolidinediones (glitazones).1 L’emploi
de médicaments à base d’herbes, de médecine
douce et de médicaments en vente libre est
courant pour ce groupe de patients3 comme le
sont les médicaments multiples employés pour
les états comorbides. Puisqu’il se peut qu’un
patient n’informe pas le FSS des médicaments
qui ne font pas partie du régime d’IC (p. ex.
Équilibre des uides
médicaments en vente libre), le FSS doit
absolument se renseigner sur tous les autres
médicaments que prend le patient et lui fournir
des renseignements sur les interactions néfastes
potentielles qu’il ne connaîtrait pas.3
“La reconnaissance précoce des symptômes est d’une
importance majeure pour les autosoins en raison de la
nécessité d’intervention pour éviter les hospitalisations
pour cause d’IC et du fait que les patients atteints d’IC
retardent fréquemment, voire pendant de nombreux jours,
la demande de traitement pour une décompensation de
l’état.” 3
La reconnaissance précoce des symptômes est
d’une importance majeure pour les autosoins en
raison de la nécessité d’intervention pour éviter
les hospitalisations pour cause d’IC et du fait que
les patients atteints d’IC retardent fréquemment,
voire pendant de nombreux jours, la demande
de traitement pour une décompensation de
l’état.3 Les symptômes d’une IC qui se détériore
peuvent être subtiles et variables,2 le patient peut
donc avoir de la difculté à les reconnaître ou à
les interpréter. Les patients âgés ou les patients
ayant des problèmes cognitifs peuvent éprouver
encore davantage de difcultés à cet égard.3 Les
patients et les fournisseurs de soins doivent
comprendre la cause de l’IC et les raisons pour
lesquelles les symptômes se présentent; ils doivent
obtenir des renseignements personnalisés sur les
signes à repérer et les mesures à prendre lors de
l’apparition des symptômes.2 L’un des éléments
essentiels de la vigilance des symptômes en
matière d’autosoins est la pesée quotidienne.
Une prise de poids de plus de 2 kg sur trois jours
signie habituellement une rétention hydrique
et nécessite un appel à l’équipe de soins de
santé.2 Une perte de poids rapide peut être un
signe d’une déplétion plasmatique associée
au diurétique, un état qui nécessite également
une intervention.2 D’autres symptômes à
surveiller comprennent les niveaux de dyspnée,
l’œdème, la douleur thoracique, les palpitations,
les étourdissements, la fatigue et la faiblesse,
particulièrement si ceux ci sont nouveaux ou si
leur intensité a augmenté depuis l’état de base
du patient. Puisque la décompensation de l’IC
peut se produire sans rétention hydrique,2 il est
essentiel que les patients soient conscients de
leur niveau de fonctionnement habituel et de
l’importance d’avertir rapidement leur FSS si
ce niveau change. Pour la plupart des patients
atteints d’IC, il est également crucial de faire
participer la famille et les fournisseurs de soins
à la vigilance des symptômes, à la reconnaissance
précoce, à la prise de décision et à l’établissement
d’un plan d’action.3
Voici des recommandations supplémentaires
sur les états comorbides et les facteurs de risque
soutenues par les lignes directrices sur l’IC
examinées : l’immunisation contre la grippe et la
pneumonie pneumococcique;1-3 le renoncement
au tabac;1-3 la faible consommation d’alcool
(moins de 2 oz par jour) et l’abstinence pour
les personnes souffrant de myocardiopathie
éthylique;2,3 l’évitement de l’obésité et de la
malnutrition;2,3 la demande de renseignements
sur la dépression et le traitement de celle ci;2,3
la surveillance et le traitement agressif des états
comorbides comme le diabète et l’hypertension
artérielle;3,4 et la pratique modérée et régulière
d’exercices après l’épreuve d’effort évaluative
pour les patients atteints d’IC dont les symptômes
sont stables.1-3
Avec autant de renseignements sur les
autosoins en matière d’IC; vous pourriez vous
demander « par dois je commencer? ». Dans
mon expérience dans une clinique externe d’IC,
les patients bénécient de petites quantités de
renseignements liés à leur état en particulier
et au prol des symptômes. Pour apporter le
maximum d’avantages, il faut passer du temps
structuré et personnalisé avec le patient à chaque
contact clinique sur des sujets qui sont associés
directement aux symptômes ou au niveau de
fonctionnement du patient (p. ex. limiter la
consommation de sodium après une prise de
poids attribuable aux uides). La participation,
lorsqu’elle est possible, d’un membre de la
famille ou d’un fournisseur de soins est étayée
par les faits4 et essentielle à la réussite des efforts
d’autosoins du patient. Il est extrêmement utile de
fournir des renseignements écrits conrmant ce
qui a été communiqué pendant la rencontre an
de renforcer le message. Enn, le mot d’ordre
des soins d’IC est « répéter, répéter, répéter »
puisqu’on ne sait jamais quand le message (p. ex.
renoncement au tabac) sera assimilé ou intégau
mode de vie d’un patient.
Reconnaissance des symptômes
Références
ACRC ACRC ACR
Aspects psychosociaux de la réadaptation cardiaque 5
1.ARNOLD, M., et coll. « Recommandations de la Conférence
consensuelle de la Société canadienne de cardiologie 2006
sur l’insufsance cardiaque : Diagnostic et prise en charge
», Journal canadien de cardiologie, vol. 22 (2006), p. 23 45.
6 Aspects psychosociaux de la réadaptation cardiaque
ACRC ACRC ACR
5.
6.
cardiologie pour un consensus sur l’insufsance cardiaque :
Prévention, prise en charge lors de maladie intercurrente ou
de décompensation aiguë et utilisation de biomarqueurs »,
Journal canadien de cardiologie, vol. 3, no 1 (2007) p. 21 45.
LES DIÉTÉTISTES DU CANADA. « Lower salt to slow
rise in blood pressure », Current Issues, mai 2008.
BENTLEY, B. et D. MOSER. « Dietary sodium in
heart failure: What to tell your patients », Progress in
Cardiovascular Nursing, 2007, p. 41 42.
2.
3.
4.
DICKENSTEIN, K., et coll. « European Society of
Cardiology guidelines for the diagnosis and treatment of
acute and chronic heart failure », European Heart Journal,
vol. 29 (2008), p. 2388 2442.
RIEGEL, B., et coll. « State of the science. Promoting self
care in persons with heart failure. A scientic statement
from the American Heart Association », Circulation, vol.
120 (2009), p. 1141 1163.
ARNOLD, M., et coll. « Mise à jour des recommandations
issues de la Conférence de 2007 de la Société canadienne de
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