RESULTATS
Cette technique d’exposition a été utilisée chez 29
patients (18 hommes et 11 femmes) d’un âge moyen de
59.4 ans (extrêmes 18-84 ans). Parmi ces 29 patients,
2 avaient des adénopathies rétropéritonéales nécessi-
tant une exérèse, 16 avaient un cancer du rein avec
envahissement de la VCI (sont opérés avec clampage
de la VCI au dessus et au dessous du thrombus et de la
veine rénale gauche), 10 avaient un volumineux cancer
rénal droit, et un avait une tumeur de la surrénalienne
droite. Deux patients sont décédés en post-opératoire:
un patient était en hémodialyse depuis 5 ans et est décé-
dé à la suite d’une embolie pulmonaire et l'autre patient
avait de lourds antécédents cardiaques. Aucun des
patients n'a eu d’insuffisance hépatique post-opératoire.
DISCUSSION
La voie thoraco-phréno-abdominale, qui a été décrite il
y a plus d'un siècle est, actuellement la plus utilisée
pour l’exérèse des volumineuses tumeurs du rein avec
ou sans envahissement vasculaire [4]. Malgré sa popu-
larité la thoraco-phréno-laparotomie n’est pas dénuée
d’inconvénients. Elle nécessite une résection de côte,
l’ouverture de la cavité pleurale avec là de fortes dou-
leurs post-opératoires et de complications pulmonaires
[2, 4]. La voie sous costale occasionne des douleurs et
des complications pulmonaires moindre que la média-
ne. L’agrandissement de la voie sous-costale telle
qu’elle a été décrite précédemment est utilisée en trans-
plantation hépatique et pour certains cas urologiques
[3]. Les transplantés hépatiques tolèrent bien l’incision
bi-sous costale. Malheureusement il n’y a aucune étude
prospective permettant de comparer la bi-sous costale
et la sous costale. L’incision bi-sous costale a plusieurs
avantages: l’absence de résection de côte et d’ouvertu-
re pleurale et une bonne exposition du haut abdomen.
Nous avons utilisé cette technique chez 16 patients avec
envahissement vasculaire dont 10 avaient un envahisse-
ment de la VCI rétro-hépatique. En aucun cas nous
n’avons été amené à pratiquer une thoracotomie pour
l’ablation du thrombus tumoral. Pour les tumeurs rénales
avec envahissement de la VCI rétro-hépatique, la sterno-
tomie avec CEC doit être évitée car elle n’est pas dénuée
de complications. Les complications rencontrées lors de
la CEC sont variables: décompensation de coronaropa-
thie, insuffisance respiratoire, embolie pulmonaire, insuf-
fisance rénale aigue, CIVD, hépatite aigue [1, 2, 5, 8].
La technique décrite ci-dessus est d’utilisation cou-
rante au cours de la transplantation hépatique, mais
nous l’avons adopté pour les tumeurs rétropérito-
néales jugées difficiles. La collatéralité vasculaire en
cas d’envahissement de la VCI en dessous des veines
hépatiques permet le retour veineux nécessaire pour
stabiliser l’état cardiaque sans être exposé aux
risques rencontrés lors de la sternotomie avec la
CEC.
CONCLUSION
L’utilisation de la voie de transplantation hépatique en
chirurgie rétropéritonéale a plusieurs avantages: Elle
offre une sécurité identique à la thoracophrénolaparo-
tomie avec une morbidité moindre, elle permet une
bonne exposition du champ opératoire et permet l’exé-
rèse de volumineuses tumeurs rétropéritonéales avec
un contrôle vasculaire satisfaisant. En présence de
tumeurs rénales avec envahissement vasculaire, la chi-
rurgie est rendue plus sûre avec un bon contrôle de la
VCI et de la veine rénale gauche et évitant ainsi les
complications propres à la CEC.
REFERENCES
1. BELIS J.A., LEVINSON M.E., PAE Jr., W.E. Complete radical
nephrectomy and vena caval thrombectomy during circulating
arrest. J. Urol., 2000, 163, 434-436.
2. BRAUD F., SOULIÉ M., SOULA P., TOLLON C., PONTONNIER
F., PLANTE P. L’adénocarcinome rénal avec thrombus cave rétro-
hépatique: place de la circulation extra-corporelle sur une serie de 10
cas. Prog. Urol., 1999, 9, 642-648.
3. GARCIA-VALDECASAS J.C., ALMENARA R., CABER C., DE
LACY A.M., SUST M., TAURÀ P. et al. Subcostal incision versus
midline laparotomy in gallstone surgery: a perspective and randomi-
zed trial. Brit. J. Surg., 1988, 75, 473-47
4. CHUTE R., SOUTTER L., KERR W.S. Jr. The value of the thora-
coabdominal incision in the removal of kidney tumors. New Engl. J.
Med., 1949, 241, 951-956.
5. COULANGE C., RAMBEAUD J.J. Cancer du rein de l’adulte: com-
ment traiter un thrombus cave. Prog. Urol., 1997, 7, 864-873.
6. DUFOUR B., CHOQUENET Ch. La voie d’abord antérieure transpéri-
tonéale sous costale en urologie. J. Urol. (Paris), 1981, 118: 363-368.
7. GIBERTI C., SCHENONE M. Voie d’abord antéro-latérale trans-
abdominale de Giuliani avec séparation musculaire et préservation
nerveuse pour abord des tumeurs du rein. Prog. Urol., 1999, 9, 562-
566.
8. LEBRET T., BOHIN D., RICHARD F., BOTTOH. Tumeur rénale
avec thrombus s’étendant à la totalité de la lumière de la veine cave
inférieure: indication chirurgicales, technique et résultats. Prog.
Urol., 1998, 8, 352-357.
9. MARSH C.L., LANGE P.H. Application of liver transplant and organ
procurement techniques to difficult upper abdominal urological
cases. J. Urol., 1984, 151, 1252-1256.
10. THOMALLA J.V., FRIEND P.J. Modified cruciate incision for trans-
abdominal radical nephrectomy. J. Urol., 1991, 145, 1245-1247.
C o m m e n t a i re de Eric Lechevallier, Service d’Uro l o g i e ,
Hôpital Salvator, Marseille.
Ce travail souligne le challenge que peuvent poser à l’urologue
les thrombi caves. L’extension cave (T3 b-c) concerne 4 à 10%
147
R. Tiguert et coll., Progrès en Urologie (2001), 11, 145-148