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précis de la nécrose myocardique aiguë post-opératoire. Le taux de troponine
TnIc plasmatique noté après l’intervention reflète l’étendue de la nécrose
cellulaire myocardique et conditionne la morbidité et la mortalité à cours et à
moyen terme de cette complication.
La très grande spécificité de troponine en tant que critère diagnostique de
la nécrose myocardique aiguë a conduit à diminuer le seuil de troponine à partir
duquel le diagnostic d’infarctus du myocarde peut être affirmé, à la fois dans le
domaine de la cardiologie médicale et de l’anesthésie-réanimation. Toute valeur
de troponine supérieure au quatre-vingt-dix-neuvième percentile de la
distribution des valeurs normales du laboratoire doit être considérée comme
anormale [1, 2]. Ce nouveau critère, validé par la société américaine de
cardiologie, conduit à considérer toute valeur de troponine au-dessus de ce seuil
comme le témoin d’une nécrose myocardique aiguë dont l’étendue est
proportionnelle au taux de troponine.
De très nombreuses études, réalisées chez des malades souffrant d’un
syndrome coronarien aigu admis en milieu cardiologique, ont confirmé l’intérêt
diagnostique et pronostique du taux de troponine qui se révèle avec constance
d’une grande fiabilité même lorsque la valeur de troponine n’est que
modérément élevée [1-4]. L’importance de prendre en compte des valeurs
anormales de troponine, même lorsque l’élévation n’est que modérée,
largement démontrée en milieu cardiologique, a été confirmée dans le cadre de
la période post-opératoire chez les opérés de chirurgie générale souffrant de
pathologie coronaire. De très nombreuses études confirment que l’espérance de
vie de l’opéré est altérée pour des élévations faibles du taux de troponine après
chirurgie générale [5-7]. Ainsi, en post-opératoire comme en milieu
cardiologique, toute valeur de troponine au-dessus du seuil de normalité défini
par le laboratoire atteste du développement d’une nécrose myocardique qui
impose des mesures thérapeutiques spécifiques.
Les premières études qui ont recherché une corrélation entre le taux de
troponine post-opératoire et la gravité des complications cardiaques post-
opératoires avaient conduit à retenir la valeur seuil de 1,5 ng/ml comme témoin
de la constitution d’une nécrose myocardique ayant un impact significatif sur la
morbidité et la mortalité post-opératoires [6]. Des études plus récentes, évaluant
l’espérance de vie de l’opéré coronarien six mois et deux ans après une
chirurgie générale en fonction du taux de troponine post-opératoire, montrent
que l’espérance de vie des opérés est altérée dès que le taux de troponine post-
opératoire est supérieur à 0,5 ng/ml (Tabl. I). Il apparaît donc que la valeur seuil
de troponine qu’il faut retenir comme critère de nécrose myocardique
retentissant sur l’espérance de vie doit être abaissée à 0,5 ng/ml, généralement
considérée comme anormale par les laboratoires en charge du dosage de la
troponine dans les études de la littérature. Actuellement, le seuil d’anormalité
de la troponine a été abaissé dans la plupart des laboratoires à la valeur de 0,2
ou 0,3 ng/ml qu’il faut prendre comme seuil diagnostic [8].
C’est pourquoi il faut donc porter le diagnostic de nécrose myocardique
aiguë post-opératoire altérant l’espérance de vie à moyen terme devant toute
élévation du taux de troponine supérieure à la norme du laboratoire (0,3-
0,4 ng/ml) [1, 8]. Pour des valeurs comprises entre 1,5 ng/ml et 3 ng/ml, on peut
parler de nécrose myocardique aiguë d’étendue suffisante pour augmenter de