Ernani (Giuseppe Verdi) - Opéra Royal de Wallonie

publicité
LES PISTES PEDAGOGIQUES
Littérature | Débats
• Etablir un tableau comparatif entre Hernani de Victor Hugo et Ernani de
Giuseppe Verdi.
• Ernani est en quelque sorte le Robin des bois espagnol. Enumérer les ressemblances entre ces deux personnages.
• Inventorier les caractéristiques du drame passionnel.
• Se documenter à propos du siècle d’or espagnol.
• Enumérer les évènements importants du règne de Charles Quint et l’histoire
du Saint Empire romain germanique
• Rédiger une critique du spectacle, à la manière d’un journaliste, puis collecter les critiques du spectacle parues dans les journaux ou sur internet. Réaliser une revue de presse et comparer les critiques de la classe à celles des professionnels.
• Débat: doit-on toujours tenir parole?
Art plastique
• Analyse du tombeau de Charlemagne et de la Cathédrale d’Aix.
• Réaliser des costumes de style Renaissance espagnole.
• Inventer une mise en scène contemporaine de l’opéra en transposant l’histoire originelle au 21ème siècle.
• Comparer l’illustration originale de Ernani avec les affiches issues des opéras
de Monte-Carlo, Liège et Salzbourg (Festsspielhaus).
Musique
• Réaliser un exposé au sujet de La Fenice de Venise.
• Réaliser la biographie du librettiste Francesco Maria Piave.
• Dans Ernani, le cor représente la sonnerie annonçant la mort du héros. Repérer ses deux interventions fatales.
EN BREF
Opéra en italien
Durée : 2h40
L’histoire
Suite à une injustice commise par le roi d’Espagne envers son père, Ernani
décide de se révolter et de vivre parmi les brigands de la forêt qui partagent
ses idées. Amoureux de la belle Elvira, il désire l’arracher aux griffes de Silva,
l’oncle de celle-ci, qui a l’intention de l’épouser contre son gré. Don Carlo,
qui a aussi des vues sur Elvira, l’enlève. Ernani et Silva se liguent contre lui
mais Silva y met une condition : Ernani devra payer la générosité dont Silva
a fait preuve à son égard et se montrer prêt à mourir dès que Silva le souhaitera. Don Carlo devient roi d’Espagne et découvre le complot noué contre
lui. A la demande d’Elvira, le roi épargne les comploteurs et leur pardonne :
Elvira et Ernani peuvent enfin se marier. Pendant la nuit de noces, Silva réclame la mort d’Ernani et ce dernier s’exécute.
Le compositeur
Né dans la province de Parme, Giuseppe Verdi présente très tôt des talents
pour la musique. Refusé à l’entrée du Conservatoire de Milan, il s’obstine
cependant et sa carrière de compositeur se développe rapidement. A 27 ans,
il connait son premier grand succès avec Nabucco. Agé de 30 ans, il établit
définitivement sa position dans le monde de l’opéra avec Ernani. Le 9 mars
1844, le public de la Fenice de Venise l’acclame chaleureusement. Verdi est
sollicité par de nombreux directeurs d’opéra et en moins de dix ans il accumule les succès (Rigoletto, Il Trovatore, La Traviata).
L’œuvre
Verdi, enthousiasmé par le drame de Victor Hugo, Hernani, en devine le
succès. La rédaction du livret est confiée au jeune Francesco-Maria Piave.
Ernani marque le début d’une collaboration de 18 ans entre ces deux artistes.
Verdi se permet de remanier le drame de Hugo afin d’obtenir une meilleure
symbiose entre l’essence du drame et sa projection musicale. Néanmoins, il
se heurte à la censure assumée principalement par les occupants autrichiens.
LES PERSONNAGES
ELVIRA: nièce et fiancée de Silva
Elaine Alvarez (soprano)
ERNANI: rebelle, épris d’Elvira
Gustavo Porta (ténor)
SILVA: grand d’Espagne, épris d’Elvira
Orlin Anastassov (basse)
DON CARLOS : Roi d’Espagne, épris d’Elvira
Lionel Lhote (baryton)
GIOVANNA: nourrice d’Elvira
Alexise Yerna (soprano)
RICCARDO: écuyer du Roi
Carmelo De Giosa (ténor)
JAGO: écuyer de Silva
Alexei Gorbatchev (basse)
DIRECTION MUSICALE: Paolo ARRIVABENI
MISE EN SCÈNE: Jean-Louis GRINDA
DÉCORS: Isabelle PARTIOT-PIERI
COSTUMES: Teresa ACONE
LUMIÈRES: Laurent CASTAINGT
CHEF DES CHŒURS: Pierre IODICE
L’ARGUMENT
Acte 1
Ernani, devenu le chef d’une importante troupe de rebelles montagnards, a
l’intention de pénétrer avec ses partisans dans le château de Silva afin d’enlever
Elvira dont il est amoureux. Celle-ci est contrainte d’épouser prochainement
le propriétaire du château. Un troisième homme, Don Carlo, de sang royal, est
aussi épris d’Elvira. Il lui déclare son amour mais elle repousse ses avances. Don
Carlo s’apprête alors à l’emmener de force quand Ernani les rejoint. Les deux
rivaux s’affrontent mais sont surpris par Silva. Don Carlo justifie sa présence
en inventant qu’il est venu demander conseil auprès de Silva. Ernani en profite
pour se sauver.
Acte 2
Pensant qu’Ernani est mort, Elvira accepte d’épouser Silva. Mais Ernani est bel
et bien vivant et il s’introduit au château déguisé en pèlerin afin d’échapper aux
troupes du roi. Il est, selon la tradition espagnole, l’hôte de Silva et bénéficie de
sa protection. Don Carlo se présente aux portes du château et demande à Silva
de lui remettre le fugitif. Il refuse fermement au nom de l’honneur tandis que le
roi le menace. Elvira intervient pour implorer la pitié de Don Carlo mais celuici décide d’en faire son otage. Silva et Ernani se liguent contre lui mais Silva y
met une condition : en échange de l’hospitalité qu’il a accordée à Ernani, ce
dernier devra être prêt à mourir dès qu’il le souhaitera.
Acte 3
Don Carlo, devenu l’empereur Charles Quint, se recueille devant le tombeau de
Charlemagne dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle. Tout en méditant, il entend
les conspirateurs s’approcher. C’est Ernani qui a été choisi pour assassiner le
nouvel empereur. Ce dernier ordonne que les coupables soient punis puis
change d’avis afin de commencer son règne par un acte de grâce. Il pardonne à
tous et unit Elvira et Ernani. Tous célèbrent son avènement et sa clémence…
sauf Silva.
Acte 4
Les festivités des noces sont sinistrement interrompues par le son du cor qui
retentit trois fois, signifiant au malheureux Ernani le moment d’accomplir son
funeste serment. Aucune supplication ne parvient à faire fléchir Silva. Ernani se
donne la mort et Elvira tombe prostrée sur le corps inanimé de son époux.
LE COMPOSITEUR
Giuseppe Verdi (1813-1901)
Le plus célèbre des compositeurs italiens
est né en pleine campagne, dans la plaine
du Pô, en 1813. Armé de son don pour la
musique et de l’appui fidèle de son beaupère, Antonio Barezzi, il renonce à une
carrière de musicien local pour risquer ses
premiers pas à Milan. Les débuts professionnels sont difficiles et marqués, en
outre, par la douleur du triple deuil de ses
deux enfants et de sa femme. Néanmoins,
suite au triomphe de Nabucco (1842), il
compose sans relâche pour honorer les
commandes de nombreux théâtres italiens. Il reste enfermé chez lui à composer
de quatre heures du matin à quatre heures
de l’après-midi avec un café dans le ventre.
Avec Ernani, son cinquième opéra, Verdi établit définitivement sa position
dans le monde lyrique. Il a 30 ans lorsqu’il compose ce chef-d’œuvre en moins
de 6 mois. C’est le drame de Victor Hugo qui l’inspire et qui sera adapté par le
jeune librettiste Francesco Maria Piave ; Verdi et lui collaboreront au total
pour dix opéras. Le 9 mars 1844 au soir, deux ans exactement après le
triomphe de Nabucco à la Scala, Ernani enflamme le public de la Fenice. L’enthousiasme des spectateurs va croissant, tant et si bien que, la saison terminée,
le Théâtre San Benedetto (également à Venise) reprend l’opéra dont les Vénitiens ne se lassent pas. Plus de vingt théâtres italiens demandent à le représenter immédiatement. De Vienne, Donizetti lui-même demande à Verdi de
l’autoriser à jouer Ernani dans le théâtre qu’il dirige. Les directeurs de Paris et
de Londres expriment la même demande. Les éditeurs Giovanni Ricordi et
Francesco Lucca proposent des offres alléchantes pour s’attacher les services
du compositeur.
L’OEUVRE
Livret de Francesco Maria Piave
D'après le drame de Victor Hugo Hernani
Comment Verdi a-t-il séduit le public italien en début de carrière ?
C’est grâce à des opéras de caractère historique où l’attachement populaire joue
un rôle prépondérant qu’il attire un large public. De fait, alors que le contexte
socio-politique de l’époque demeure instable, Verdi produit des œuvres dont
les situations ou les héros réveillent la flamme patriotique chez les auditeurs.
C’est également par une sincérité profonde que Verdi les touche.
Quelles sont les différences majeures entre le drame d’Hugo et l’opéra de
Verdi ?
Un opéra d’un peu plus de deux heures se doit de choisir certaines scènes afin
de développer l’une ou l’autre cavatine, duo ou chœur, qui exploite une action
ou encore un sentiment choisi. Cependant, l’Ernani de Verdi et de Piave ne
sacrifie en rien le déroulement initial du drame. Par contre, le drame français
se conclut par un double décès alors que l’italien laisse Elvira en vie, en témoignage de leur amour.
Verdi a-t-il dû se soumettre à la censure ?
Comme souvent, la censure se heurte à certains aspects du livret jugés inacceptables. Ernani connait des modifications dans la scène du complot ainsi que des
changements dans le dialogue entre Ernani et son souverain. Enfin, les censeurs suggèrent de donner plutôt à l’œuvre le titre de L’Honneur castillan, Le
Bandit ou Don Silva. Verdi refuse bien sûr que l’on modifie son œuvre et
charge le secrétaire de la Fenice de s’occuper des problèmes relationnels avec la
censure.
Dans quel état d’esprit se trouve Verdi à la veille de la première ?
Verdi est angoissé car le désordre régnant au sein du théâtre ne présage que des
problèmes. La confection des décors et des costumes a pris du retard ; son anxiété s’amplifie encore considérablement lorsqu’il apprend que le ténor
(Ernani) ne connait toujours pas son rôle à son arrivée à Venise. De plus le
compositeur s’attelle avec acharnement à terminer l’orchestration de son opéra
à dix jours de la première. La tension est alors à son comble quand la générale
montre en définitive un chef d’œuvre de toute beauté.
LA MUSIQUE
Mélodiste de grand talent, Giuseppe Verdi écrit à une vitesse impressionnante.
Réalisant l’orchestration en second lieu, le compositeur développe une véritable frénésie dans l’élaboration des œuvres datées des « années de galères ».
Lorsqu’il construit son opéra, il le façonne toujours à l’image de sa musique,
laquelle prime sur tout. Maître de la situation, le musicien fait adhérer chaque
partie du livret à un événement du drame, dessine les situations, découpe les
scènes, ne laissant au poète que le choix des vers. En véritable perfectionniste,
Verdi indique jusqu’au nombre de mots, voire de syllabes et de pauses dont il a
besoin afin de les adapter à la musique qu’il imagine.
Cinquième opéra de Verdi, Ernani, demeure encore très classique, voire conventionnel dans son écriture harmonique. Toutefois, c’est sur le plan mélodique que réside l’avancement le plus marquant. De fait, on peut sans problèmes relever des lignes de grande texture chez les rôles principaux.
LA MISE EN SCENE
Jean-Louis Grinda, le metteur en scène, a pris le parti de respecter le contexte
historique d’Ernani tout en le réinterprétant. A ces yeux, cet opéra est l’archétype même du drame romantique qui a besoin de mystère et de liberté. Il s’est
donc appliqué à montrer qu’Elvira est l’expression du désir fou de trois
hommes. Cet amour, au-delà des intrigues politiques, est l’essence même du
drame. Ernani, quant à lui, est un héro à qui tout bonheur est interdit. C’est un
écorché qui n’est pas raisonnable. Il est, par force et par nature, un héros négatif. Le héros positif, tant au point de vue politique qu’humain, est Don Carlo.
L’un vit dans l’obscurité, l’autre apporte de la lumière. Le metteur en scène a
également réalisé tout un travail sur les miroirs tant l’apparence et les reflets
lui permettent de jouer sur différents plans.
Téléchargement