L’Hebdo économique
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Les livraisons du secteur de la fabrication ont reculé de 0.2% en
février alors que le chiffre du mois précédent a été fortement
révisé à la baisse, de +0.6% à seulement +0.1%. Les ventes ont
reculé dans 10 des 21 grands secteurs. La diminution des ventes
de produits du pétrole et du charbon ainsi que d’autos, entre
autres, a largement contrebalancé les augmentations dans le
secteur aérospatial (+27%, un bond qui explique pourquoi le
Québec était en tête du pays avec une augmentation des ventes
de 2.1% pendant le mois). Les augmentations des ventes en
Alberta et en Saskatchewan étaient encourageantes et ont
apporté une preuve de plus du bon rétablissement de ces deux
provinces après le choc pétrolier, au bout de deux années
difficiles. Le repli global des ventes était attribuable aux prix
parce que, en termes réels, les livraisons manufacturières
canadiennes ont augmenté de 0.1%. Les stocks réels ont gagné
1.6%, soit la plus forte hausse en deux ans. L’augmentation des
ventes et des stocks réels laisse entrevoir que les usines ont
contribué à la croissance du PIB du Canada en février. Cependant,
cela ne veut pas dire que la croissance du PIB de février sera
positive ─ nous attendons encore un certain recul après les gains
démesurés de janvier.
Comme on s’y attendait, la Banque du Canada a maintenu son
taux de financement à un jour à 0.50%. Tout en reconnaissant
que la croissance économique du Canada a été bien meilleure que
prévu, la BdC a attribué l’embellie en partie à un coup de pouce
temporaire des effets de l’Allocation canadienne pour enfants et
à la reprise des dépenses dans le secteur du pétrole et du gaz.
Conservant son ton conciliant, la BdC a dit que « bien que le
redressement du PIB observé dernièrement soit encourageant, il
est trop tôt pour conclure que l’économie suit une trajectoire de
croissance soutenable ». Néanmoins, au vu de statistiques
supérieures aux prévisions, elle a décidé de réviser à la hausse sa
prévision de croissance pour 2017 à 2.6%. Mais, elle a diminué celle
pour 2018 de deux dixièmes à 1.9%. Les prévisions de la BdC
situent la croissance du T1 au niveau spectaculaire de 3.8% en
termes annualisés, alors que celle du T2 est estimée à 2.5%. La
croissance du PIB potentiel a été réduite à 1-1.6% pour cette année
(en raison de la faiblesse des investissements) et à 1.1-1.7% pour
2018. La BdC a estimé que l’écart de production à la fin du T1
2017 s’établissait à 0.75% et a indiqué qu’elle s’attendait à ce que
la marge inutilisée soit éliminée au premier semestre de 2018, c.-
à-d. un peu plus tôt que ce qui avait été estimé en janvier. La BdC
a réduit son estimation du taux directeur neutre de 25 points de
base à 2.50-3.50% pour refléter la diminution de la croissance du
PIB potentiel et des « facteurs mondiaux ». Les prévisions d’in-
flation de la banque centrale étaient essentiellement inchangées,
à un niveau voisin de 2% en 2017 et pendant les deux années
suivantes.
Selon la Banque, la principale source d’incertitude pour ses
prévisions d’inflation est la perspective d’une transition vers des
politiques commerciales internationales protectionnistes. Si ces
risques ne se matérialisent pas (p. ex., par une détérioration des
relations commerciales avec les États-Unis), la BdC devra à terme
abandonner son discours conciliant plus tard cet été.
ÉTATS-UNIS : L’indice de l’optimisme des petites entre-
prises de la NFIB du mois de mars (NFIB Small Business Optimism
Index) a baissé de 105.3 le mois précédent à 104.7, mais affiche
encore une hausse majeure de 11.9 points comparativement au
niveau de l’an dernier (92.6). L’indice se trouve d’ailleurs toujours
à portée de son sommet des 12 dernières années (105.9) atteint
en janvier dernier. Selon l’enquête, le pourcentage net de
sociétés qui prévoient d’embaucher se situe maintenant à 16%, un
point de plus que précédemment. Au total, 29% des sociétés ont
fait état d’une augmentation des dépenses d’immobilisations, soit
3 points de plus qu’en février. D’autre part, le pourcentage net
d’entreprises qui s’attendent à une augmentation des ventes dans
un avenir rapproché a plongé de 26% à 18%. Pendant ce temps,
46% s’attendent encore à ce que la situation économique s’amé-
liore. Il y a un an seulement, ce chiffre se situait à -17%. Il est
intéressant de relever que 16% des sociétés sondées ont signalé
que le degré de compétence insuffisant de la main-d’œuvre est
leur problème le plus important, comparativement à 12% il y a un
an. Cela semble indiquer que le marché du travail est tendu.
Selon le Bureau of Labor Statistics, les postes à pourvoir ont
augmenté à 2.1% d’un mois à l’autre à un sommet inégalé depuis
sept mois de 5743K en février. Le taux d’embauche a baissé d’un
dixième, à 3.6% alors que celui des démissions a chuté de 2.2% à
2.1%. Celui-ci reste inférieur au niveau enregistré au point
culminant des cycles précédents (2.3% en septembre 2005 et 2.6%
en janvier 2001), ce qui laisse penser que les travailleurs ont moins
confiance qu’à l’époque dans leurs chances de trouver un meilleur
emploi s’ils décidaient de démissionner.
L’indice des prix à la production (IPP) a chuté de 0.1% en termes
corrigés des effets saisonniers en mars. La composante de biens
ainsi que celle des services ont toutes deux diminué de 0.1%. La
baisse importante du segment de l’énergie (-2.4%) compense les
gains solides de la composante des aliments (+0.9%), le tout se
traduisant par un résultat mensuel stationnaire de l’IPP sans les
aliments et l’énergie. D’une année à l’autre, l’IPP a augmenté au
rythme le plus rapide depuis 2012 (+2.3%).
Les prix à l’importation ont baissé de 0.2% en termes non corrigés
des effets saisonniers en mars après une hausse de 0.4% en janvier.
Les résultats mensuels étaient dus à un recul de 3.6% des prix des
importations de pétrole. Déduction faite de ce secteur, les prix à
l’importation ont augmenté de 0.2%. D’une année à l’autre, les
prix à l’importation d’ensemble ont monté de 4.2%. Sans le
pétrole, ce chiffre a connu une hausse de 1.2%, ce qui constitue le
gain le plus important depuis le T1 2012.