ÉLECTIONSFÉDÉRALES2015
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L’élection d’un gouvernement majoritaire élimine
l’incertitude qu’aurait inévitablement suscitée un
gouvernement minoritaire sur les marchés financiers..
Quant aux relations entre les paliers fédéral, provincial et
municipal, tout indique qu’une ère nouvelle commence.
Les libéraux se sont engagés à faire de la collaboration
avec les provinces un des sujets prioritaires.
Concrètement, M. Trudeau a promis de réinstaurer les
conférences des premiers ministres. Il a promis des fonds
supplémentaires pour la santé et entend renégocier les
transferts aux provinces dans ce domaine, bien que
contrairement au NPD, il n’a jusque-là pas promis de
maintenir le taux de croissance annuel de 6% des
transferts dans la santé qui doit être remplacé par un
nouveau taux plus faible à partir de 2017-2018. On peut
également s’attendre à une plus grande coopération entre
le fédéral et les provinces sur la lutte contre le changement
climatique. Et le plan libéral d’investissement en
infrastructures – un des points forts de la plateforme
gagnante – devrait également faire du gouvernement
fédéral un partenaire plus solide dans les secteurs vitaux
du transport en commun, du logement social et des
infrastructures vertes.
Qu’est‐cequecelasignifiepour
l’économie?
Disposant d’une majorité de sièges au Parlement, le
gouvernement libéral a les mains libres pour mettre ses
politiques en application. La pièce maîtresse de la
plateforme libérale, à savoir l’augmentation de
CA$60 milliards des dépenses d’infrastructures à
CA$125 milliards au cours des dix prochaines années, est
une bonne nouvelle pour l’économie canadienne, non
seulement parce qu’elle soutiendra la croissance du PIB
mais aussi parce qu’elle accroîtra la croissance potentielle
de l’économie qui avait été entravée par des années de
sous-investissement. L’injection de fonds immédiate par
Ottawa devrait accélérer le lancement de projets
d’immobilisations des municipalités et des provinces. Mais
les avantages pour l’économie dont on a beaucoup parlé
ne se ressentiront probablement qu’en 2016-2017 en
raison des décalages habituels entre l’adoption au
Parlement et la première pelletée sur les chantiers. Ce
délai pourrait être plus court pour certaines municipalités
qui ont dans leurs cartons des projets prêts à démarrer,
mais dans la plupart des cas, les délais seront
probablement longs en attendant le traitement des
demandes de permis.
Il existe cependant des raisons valides de s’inquiéter des
projets du gouvernement Trudeau d’augmenter les
cotisations et les prestations de retraite. Forcer les
Canadiens à épargner peut les aider à enrichir leur pécule
pour leurs vieux jours, mais, dans l’immédiat, cela freinera
la consommation. Et comme les dépenses de
consommation représentent environ 60% de l’économie, il
ne faudrait pas en sous-estimer l’effet négatif sur la
croissance. Sur un plan positif, l’expansion du Régime de
pensions du Canada (RPC) à l’échelle fédérale devrait
permettre à l’Ontario d’abandonner ses propres plans de
revalorisation des cotisations et prestations de retraite.
Nous espérons que l’effet négatif de l’expansion du RPC
sur les dépenses de consommation soit quelque peu
amorti par les changements proposés de l’impôt sur le
revenu des particuliers. La plateforme libérale promettait
une réduction d’impôt pour la classe moyenne de 22% à
20.5% et la création d’une nouvelle tranche d’imposition de
33% pour les plus hauts revenus. Or, la classe moyenne a
normalement une plus grande propension marginale à
consommer que les Canadiens à revenu élevé, l’impact
global net devrait donc être positif pour les dépenses de
consommation.
Les déficits budgétaires augmenteront pour permettre de
réaliser ces dépenses supplémentaires. Cela dit, les taux
de croissance économique sur lesquels reposent les
hypothèses du Parti libéral – qui sont en fait les prévisions
du directeur parlementaire du budget – sont trop optimistes
à notre avis. Donc le déficit et le ratio dette/PIB seront
probablement un peu plus élevés que ce qui a été
annoncé, du moins au cours des deux prochaines années.
Mais cela n’est pas nécessairement négatif pour le dollar
canadien. Avec des mesures de relance budgétaire, il est
moins probable que la Banque du Canada soit obligée
d’assouplir encore sa politique monétaire, ce qui, dans les
faits, permet d’enrayer la dépréciation du huard.
Conséquencespourlemarché
obligataire
Notre modèle de la juste valeur laisse penser que la taille
du déficit budgétaire présenté dans la plateforme libérale
pourrait entraîner une augmentation d’environ 10 à
15 points de base des rendements à 10 ans, toutes choses
étant égales par ailleurs. Il est peu probable que quelques
années de déficits relativement modestes fassent de
l’ombre aux autres emprunteurs ou mettent en péril la note
AAA du Canada. Le gouvernement fédéral du Canada
continuera de conserver un fardeau de dettes relativement
faible et de jouir d’une souplesse budgétaire