Agr´egation interne
UFR MATH´
EMATIQUES
Formes quadratiques
On se place sur un R-espace vectoriel Ede dimension finie n.
1. Formes bilin´eaires sym´etriques et formes quadratiques
1.1. Formes bilin´eaires sym´etriques
efinition 1 Une forme bilin´eaire sur Eest une application ϕ:E×ERlin´eaire par
rapport `a chacune de ses variables.
Elle est dite sym´etrique si elle v´erifie de plus : (x, y)E×E, ϕ(x, y) = ϕ(y, x).
Remarque - Si ϕest une forme bilin´eaire sur E, alors, pour tout xE,ϕ(0, x) = ϕ(x, 0) =
0.
Exemple - Soient fet gdeux formes lin´eaires sur E. L’application ϕde E×Edans R
efinie par ϕ(x, y) = f(x)g(y) est une forme bilin´eaire d´efinie sur E.
Proposition 2 – L’ensemble des formes bilin´eaires (respectivement bilin´eaires sym´etriques)
sur un R-espace vectoriel Eest un R-espace vectoriel.
1.2. Formes quadratiques
efinition 3 Une forme quadratique qsur Eest une application q:ERerifiant les
deux conditions suivantes :
1) xE, λR, q(λ x) = λ2q(x)
2) L’application (x, y)7→ 1
2[q(x+y)q(x)q(y)] est bilin´eaire sym´etrique.
Proposition 4 – L’ensemble des formes quadratiques sur un R-espace vectoriel Eest un
R-espace vectoriel.
Th´eor`eme 5 – Il existe un isomorphisme canonique entre l’espace vectoriel des formes
quadratiques et l’espace vectoriel des formes bilin´eaires sym´etriques.
emonstration : notons Q(E)l’ensemble des formes quadratiques efinies sur Eet B(E)
l’ensemble des formes bilin´eaires sym´etriques.
Soit qQ(E). Posons σ(q) = ϕavec ϕ(x, y) = 1
2[q(x+y)q(x)q(y)].σ(q)B(E),
ainsi d´efinie, est bien une forme bilin´eaire sym´etrique.
Soit ϕB(E). D´efinissons σ(ϕ)par σ(ϕ)(x) = ϕ(x, x)pour tout xE. Un calcul
montre que σ(ϕ)Q(E).
Montrons que σest inversible et que son inverse est σ. Soit ϕB(E). On a σσ(ϕ) =
σ(q)avec q(x) = ϕ(x, x). Or σ(q) = ϕavec
ϕ(x, y) = 1
2[q(x+y)q(x)q(y)]
=1
2[ϕ(x+y, x +y)ϕ(x, x)ϕ(y, y)]
=ϕ(x, y)
Pr´
eparation `
a l’agr´
egation interne UFR maths, Universit´
e de Rennes I
par bilin´earit´e de ϕ. On a donc σσ=IdB(E). On montre de mˆeme que σσ=IdQ(E).
L’application σest donc bijective et σ1=σ. Elle est lin´eaire par construction, d’o`u le
r´esultat.
efinition 6 – Soit qune forme quadratique. L’unique forme bilin´eaire sym´etrique ϕtelle
que ϕ(x, x) = q(x) pour tout xEs’appelle la forme bilin´eaire sym´etrique associ´ee `a q.
1.3. ´
Ecriture matricielle
Soit (e1,...,en) une base de E.
Soient xet ydeux vecteurs de Ede coordonn´ees respectives (xi)1inet (yj)1jndans
la base (e1,...,en).
Soit ϕune forme bilin´eaire sym´etrique d´efinie sur E. On a alors par bilin´earit´e de ϕ:
ϕ(x, y) = ϕ
n
X
i=1
xiei,
n
X
j=1
yjej
=X
1i,jn
xiyjϕ(ei, ej)
eciproquement, soit (aij )1i,jnune famille de r´eels telle que aij =aji pour 1 i, j n;
alors l’application (x, y)7→ X
1i,jn
aij xiyjest bilin´eaire sym´etrique.
efinition 7 Soit ϕune forme bilin´eaire sym´etrique d´efinie sur Eet soit (e1,...,en) une
base de E. La matrice Mde Mn(R) efinie par Mij =ϕ(ei, ej) s’appelle la matrice de ϕ
dans la base (e1,...,en).
Si Xet Yesignent respectivement les matrices-colonnes des coordonn´ees de xet de y
dans la base (e1,...,en), alors on a
ϕ(x, y) = t
XMY =t
Y MX
Proposition 8 – Soit ϕune forme bilin´eaire sym´etrique d´efinie sur E. Si Mest la matrice
de ϕdans la base (e1,...,en), alors la matrice Mde ϕdans la base
(e
1, . . . , e
n) est M=t
P AP , o`u Pest la matrice de passage de la base
(e1, . . . , en) `a la base (e
1,...,e
n).
emonstration : soient xet ydes vecteurs de E. Notons Xet Y(respectivement X
et Y) les matrices-colonnes de leurs coordonn´ees respectives dans la base (e1,...,en)
(respectivement (e
1,...,e
n)). On a X=P Xet Y=P Y . On en d´eduit que
ϕ(x, y) = t
XMY =t(P X)M(P Y ) = t
Xt
P MP Y.
D’o`u M=t
P MP .
efinition 9 Soit qune forme quadratique. La matrice de la forme bilin´eaire sym´etrique
associ´ee `a qdans une base Bs’appelle la matrice de qdans la base B.
efinition 10 Deux matrices Met Mde Mn(K) sont dites congruentes s’il existe une
matrice PGLn(K) telle que M=t
P MP .
Deux matrices sont donc congruentes si elles repr´esentent la mˆeme forme bilin´eaire dans
deux bases diff´erentes de E.
Proposition 11 – La congruence est une relation d’´equivalence.
emonstration : c’est une relation eflexive car, pour tout MMn(R),M=tInMIn.
Elle est sym´etrique car, si M=tP MP , alors M=tP1MP 1. Enfin c’est une relation
transitive car si M′′ =tPMPet M=tP MP , alors M′′ =tP(tP MP )P=
t(P P )M(P P )et P P est bien une matrice inversible.
–2–
FORMES QUADRATIQUES
1.4. Recherche de la forme bilin´eaire associ´ee `a une forme quadratique
Soit (e1,...,en) une base de E. Une forme bilin´eaire sym´etrique ϕest une application de
E×Edans Refinie par ϕ(x, y) = t
XMY =Pi,j mij xiyjo`u Mest la matrice sym´etrique
r´eelle d´efinie par mij =ϕ(ei, ej).
Une forme quadratique s’´ecrit donc sous la forme :
q(x) = X
1i,jn
mij xixj=
n
X
i=1
miix2
i+ 2 X
1i<jn
mij xixj.
eciproquement, si on se donne une forme quadratique q, on a alors
q(x) =
n
X
i=1
miix2
i+ 2 X
1i<jn
mij xixj.
Pour retrouver la forme bilin´eaire associ´ee ϕ`a q, on utilise la r`egle du edoublement des
termes :
on remplace les termes x2
ipar xiyi
on remplace le terme xixjpar 1
2(xiyj+xjyi)
On v´erifie que, pour ϕainsi construite, on a bien ϕ(x, y) = 1
2[q(x+y)q(x)q(y)].
2. Rang d’une forme bilin´eaire
Soient ϕune forme bilin´eaire d´efinie sur un espace vectoriel Ede dimension finie et xet y
deux vecteurs de E.
On d´efinit deux formes lin´eaires ϕxet ϕyde Epar
yE, ϕx(y) = ϕ(x, y)
xE, ϕy(x) = ϕ(x, y)
Notons Ele dual de E(c’est-`a-dire l’ensemble des formes lin´eaires d´efinies sur E).
Les deux applications de Edans Eefinies par x7→ ϕxet y7→ ϕysont lin´eaires de E
dans E.
Soient (e1,...,en) une base de E,Mla matrice de ϕdans cette base et (e
1,...,e
n) la base
duale. On a, pour tout 1 i, j n,mij =ϕ(ei, ej) donc la matrice t
M(respectivement
M) repr´esente l’endomorphisme x7→ ϕx(respectivement x7→ ϕy) de la base (e1,...,en)
dans la base (e
1,...,e
n).
En effet, la j`eme colonne de la matrice repr´esentant l’endomorphisme x7→ ϕxdans les
bases efinies pr´ec´edemment est la matrice-colonne des coordonn´ees de ϕejdans la base
(e
1,...,e
n). Posons ϕej=
n
X
i=1
λie
i. Comme ϕej(ek) =
n
X
i=1
λie
i(ek) = λk=ϕ(ej, ek),
la matrice repr´esentant l’endomorphisme x7→ ϕxde la base (e1,...,en) dans la base
(e
1,...,e
n) est donc bien t
M. De eme, pour y7→ ϕy.
efinition 12 – On appelle rang d’une forme bilin´eaire ϕefinie sur un espace vectoriel E
de dimension finie le rang commun de ces deux applications.
On dit que ϕest non d´eg´en´er´ee si son rang est ´egal `a la dimension de E. Elle est dite
eg´en´er´ee sinon.
Proposition 13 – Une forme bilin´eaire est non d´eg´en´er´ee si et seulement si la matrice qui
la repr´esente dans une base donn´ee de Eest inversible.
Elle est eg´en´er´ee si et seulement s’il existe x6= 0 tel que, pour tout
yE,ϕ(x, y) = 0.
–3–
Pr´
eparation `
a l’agr´
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e de Rennes I
efinition 14 On appelle noyau de la forme quadratique q, et on note Ker q, l’ensemble
{yE;ϕ(x, y) = 0}.
Proposition 15 – Ker qest un sous-espace vectoriel de E.
Corollaire 16 – Une forme bilin´eaire ϕest non eg´en´er´ee si et seulement si Ker q={0},
o`u qest la forme quadratique associ´ee `a ϕ.
efinition 17 On dit qu’une forme quadratique qest efinie si on a, pour tout xE,
(x6= 0 =q(x)6= 0).
Proposition 18 – Si qest une forme quadratique d´efinie, alors sa forme bilin´eaire associ´ee
est non d´eg´en´er´ee.
emonstration : montrons la contrapos´ee. Soit ϕune forme bilin´eaire eg´en´er´ee, alors il
existe x6= 0 tel que, pour tout yE,ϕ(x, y) = 0. En particulier q(x) = ϕ(x, x) = 0.
Donc qest non d´efinie.
Remarque - La r´eciproque est fausse. Il existe des formes bilin´eaires non eg´en´er´ees ayant
une forme quadratique non d´efinie. Par exemple, si E=R2,ϕ(x, y) = x1y1x2y2est non
eg´en´er´ee et q(x) = x2
1x2
2est non efinie car q(1,1) = 0.
3. Formes quadratiques positives
efinition 19 – Une forme quadratique qde Eest dite positive si, pour tout xE,
q(x)0.
Th´eor`eme 20 – (Cauchy-Schwarz)
Soit qune forme quadratique positive et ϕsa forme bilin´eaire sym´etrique
associ´ee. On a alors, pour tout (x, y)E×E
[ϕ(x, y)]2q(x)q(y)
De plus, si qest d´efinie, l’´egalit´e n’est ealis´ee que si xet ysont
proportionnels.
emonstration : pour tout tR,q(x+ty)0.
En eveloppant, on obtient t2q(y) + 2(x, y) + q(x)0.
Si q(y) = 0, alors n´ecessairement ϕ(x, y) = 0 et l’in´egalit´e est erifi´ee.
Si q(y)6= 0, alors n´ecessairement le discrimant du trinˆome est n´egatif ou nul, ce qui donne
l’in´egalit´e.
Supposons de plus qefinie avec ϕ(x, y)2=q(x)q(y).
Si q(y) = 0, alors y= 0 et xet ysont proportionnels.
Si q(y)6= 0, alors le discriminant du trinˆome s’annule et donc le trinˆome s’annule aussi. Il
existe donc tRtel que q(x+ty) = 0. Or qest d´efinie donc x+ty = 0.
Remarque - L’in´egalit´e de Cauchy-Schwarz permet de montrer qu’une forme bilin´eaire
sym´etrique associ´ee `a une forme quadratique positive est continue.
Th´eor`eme 21 – (Minkowski)
Soit qune forme quadratique positive sur E. Alors, pour tout (x, y)E2,
pq(x+y)pq(x) + pq(y)
De plus, si qest d´efinie, l’´egalit´e n’est erifi´ee que s’il existe λ0 tel
que y=λx ou si x= 0.
emonstration : q(x+y) = q(x) + 2ϕ(x, y) + q(y)q(x) + 2pq(x)q(y) + q(y)d’apr`es
l’in´egalti´e de Cauchy-Schwarz donc q(x+y)pq(x) + pq(y)2.
Supposons qd´efinie et l´egalit´e v´erifi´ee. L’in´egalit´e de Cauchy-Schwarz est alors ´egalement
v´erifi´ee. Donc on a soit x= 0 soit il existe λRtel que y=λx.
–4–
FORMES QUADRATIQUES
Or ϕ(x, λx) = pq(x)pq(λx)0donc λq(x)0, i.e. λ0. La r´eciproque est ´evidente.
4. D´ecomposition en carr´es d’une forme quadratique : m´ethode de
Gauss
Soient Eun espace vectoriel de dimension net (e1,...,en) une base de E. Si xE, on
note (x1,...,xn) ses coordonn´ees dans la base (e1,...,en).
Soit qune forme quadratique non nulle d´efinie sur E. Pour tout xE, on a
q(x) =
n
X
i=1
miix2
i+ 2 X
1i<jn
mij xixj.
Proposition 22 – Il existe nformes lin´eaires (1,...,ℓn) d´efinies sur Elin´eairement
ind´ependantes et nr´eels α1,...,αntels que, pour tout xE,
q(x) =
n
X
i=1
αii(x)2.
emonstration : par r´ecurrence sur n. Si n= 1, le r´esultat est ´evident.
Supposons que toute forme quadratique de n1variables s’´ecrit comme la somme de carr´es
de formes lin´eaires ind´ependantes.
1er cas : il existe i∈ {1,...,n}tel que mii 6= 0.
Supposons (quitte `a renum´eroter les variables) que i= 1 ; on ´ecrit
q(x) = m11x2
1+ 2x1
n
X
j=2
m1jx1xj+R(x2,...,xn)
o`u Rest une forme quadratique de n1variables. Posons f(x2,...,xn) =
n
X
j=2
m1jx1xj;
fest une forme lin´eaire sur E. On ´ecrit alors
q(x) = m11x1+f(x2,...,xn)
m11 2
f2(x2,...,xn)
m11
+R(x2,...,xn)
=m11x1+f(x2,...,xn)
m11 2
+S(x2,...,xn)
o`u Sest une forme quadratique de n1variables. En utilisant l’hypoth`ese de r´ecurrence,
on peut alors ´ecrire qcomme la somme des carr´es de nformes lin´eaires ; elles sont bien
lin´eairement ind´ependantes d’apr`es l’hypoth`ese de ecurrence et le fait que l’application
(x1,...,xn)7→ x1+f(x2,...,xn)
m11
est ind´ependante des n1autres qui ne contiennent
pas x1.
2`eme cas : pour tout i∈ {1,...,n},mii = 0.
Alors il existe mij 6= 0 avec i6=j(car la forme quadratique est non nulle). Supposons
(quitte `a renum´eroter les variables) que m12 6= 0 ; on ´ecrit
q(x) = m12x1x2+x1f(x2,...,xn) + x2g(x3,...,xn) + T(x3,...,xn)
o`u fet gsont des formes lin´eaires et Tune forme quadratique. On a alors
q(x) = m12(x1+g
m12
)(x2+f
m12
)fg
m2
12 +T
=m12
4x1+x2+f+g
m12 2x1x2+gf
m12 2+Tfg
m12
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