Les formes alternatives de marketing : nouveautés et résurgences Pierre Alexis Mémoire présenté sous la direction du Professeur Bernhard Adriaensens en vue de l’obtention du Master Complémentaire de gestion technologique et industrielle MEMBRE DE L’ACADÉMIE UNIVERSITAIRE WALLONIE-BRUXELLES ET DU PÔLE UNIVERSITAIRE EUROPÉEN BRUXELLES WALLONIE ii Remerciements Je tiens à remercier Bernhard Adriaensens, promoteur de ce mémoire, à la fois pour son suivi, sa documentation et ses conseils. Mes remerciements vont également à mes parents pour leur relecture de ce document, ainsi qu’à tous ceux, amis ou famille, qui m’ont soutenu durant ces deux années de Master. iii TABLE DES MATIÈRES Table des matières 1 Introduction 1.1 De nouvelles pratiques en réponse à cette crise . . . . . . . . . . . . . 1.2 Organisation du document . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 Le marketing de buzz 2.1 Définition et présentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.1.1 Origine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.1.2 Aujourd’hui plus que jamais . . . . . . . . . . . . . . 2.1.3 Deux formes de buzz : positif et négatif . . . . . . . 2.2 Techniques de buzz marketing . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2.1 Seeding trial marketing . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2.2 Influencer et evangelist marketing . . . . . . . . . . . 2.2.3 Live performance marketing . . . . . . . . . . . . . . 2.2.4 Advergaming marketing . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2.5 Street marketing . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2.6 Le marketing par la provocation . . . . . . . . . . . 2.3 Inconvénients et faiblesses du marketing de buzz . . . . . . 2.3.1 Vente de la campagne au lieu du produit . . . . . . . 2.3.2 Le marketing de buzz peut être cher . . . . . . . . . 2.3.3 Le marketing de buzz peut être risqué . . . . . . . . 2.3.4 Nécessité d’un renouvellement continuel . . . . . . . 2.3.5 Le marketing de buzz peut être difficile à monitorer . 3 Le social media marketing 3.1 Définition et présentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.2 Pourquoi le social media marketing ? . . . . . . . . . . . . 3.2.1 Inadéquation du marketing de masse . . . . . . . . 3.2.2 Le marketing des médias sociaux est moins intrusif 3.2.3 Meilleure place dans le processus d’achat . . . . . . 3.2.4 Une fidélisation accrue . . . . . . . . . . . . . . . . 3.2.5 Le risque de ne pas être présent . . . . . . . . . . . 3.3 Les outils du social media marketing . . . . . . . . . . . . 3.3.1 Les blogs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 2 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 4 5 5 8 9 9 10 12 14 16 18 20 20 20 21 22 22 . . . . . . . . . 23 23 24 24 25 25 26 26 27 27 iv TABLE DES MATIÈRES 3.4 3.5 3.3.2 Les sites Web . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.3.3 Les réseaux sociaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.3.4 Les communautés en ligne . . . . . . . . . . . . . . . Le marketing mix du marketing des médias sociaux . . . . . 3.4.1 Influence du social media marketing sur les 4 P . . . 3.4.2 Extension du marketing mix des 4 P . . . . . . . . . Inconvénients et faiblesses du marketing des médias sociaux 3.5.1 Une grande consommation de temps . . . . . . . . . 3.5.2 Une présence constante . . . . . . . . . . . . . . . . 3.5.3 Une arme à double tranchant . . . . . . . . . . . . . 3.5.4 Un ciblage par toujours très judicieux . . . . . . . . 4 Le marketing mobile 4.1 Définition et présentation . . . . . . 4.2 Particularités des appareils mobiles . 4.3 De nouvelles pratiques marketing . . 4.3.1 Les sites Web mobiles . . . . 4.3.2 Les applications mobiles . . . 4.3.3 La messagerie mobile . . . . . 4.3.4 Les bons de réduction mobiles 4.3.5 La publicité mobile . . . . . . 4.3.6 Les services clientèles mobiles 4.4 Conclusion et évolutions futures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 28 30 30 31 33 34 34 35 35 35 . . . . . . . . . . 36 36 37 37 38 38 38 40 40 41 41 5 Conclusion 43 Bibliographie 45 Webographie 48 TABLE DES FIGURES v Table des figures 2.1 2.2 2.3 2.4 2.5 2.6 Campagne Brûlures . Campagne Campagne Campagne Campagne Campagne de marketing théatral réalisée par la Fondation Belge des . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . de advergaming réalisée par Burger King . . . . . . . . . de marketing de rue réalisée par Dexia . . . . . . . . . . . de marketing de rue réalisée par Brussels Airlines . . . . de marketing de rue réalisée par Procter & Gamble . . . . de marketing provocante réalisée par Benetton . . . . . . 13 15 17 17 18 19 4.1 Application mobile réalisée par Exki . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 CHAPITRE 1. INTRODUCTION 1 Chapitre 1 Introduction « La moitié de l’argent que je dépense en publicité est gaspillé ; je ne sais juste pas quelle moitié ». Tels étaient les propos tenus il y a un siècle par Lord Leverhulme, fondateur de la société Unilever [KM06]. Cette citation résume à elle seule les deux défis majeurs que se doit d’adresser toute campagne marketing : – Comment maximiser le retour sur investissement des campagnes marketing ? – Comment atteindre au mieux sa cible ? Un siècle plus tard, ces deux préoccupations sont plus que jamais d’actualité. Malgré son désappointement, Lord Leverhulme pouvait malgré tout se prévaloir de dépenser judicieusement 50 % de son budget marketing. Ce n’est plus le cas aujourd’hui : le marketing de masse n’est plus aussi efficace. Une étude réalisée en 2004 a démontré que, aux États-Unis, dans le secteur des biens de consommation, seuls 18 % des campagnes publicitaires télévisuelles génèrent un retour sur investissement positif [6]. De même, une étude publiée dans le Harvard Business Review nous enseigne qu’un dollar investi dans des campagnes de marketing traditionnelles ne génère, en moyenne à court terme, qu’un retour sur investissement de 54 cents [CS05]. Les causes de ces piètres performances du marketing de masse traditionnel sont multiples. On peut, entre autres, citer : – L’explosion des coûts des campagnes publicitaires : conséquence notamment de la demande toujours plus grande des annonceurs, les coûts des campagnes traditionnelles ont explosé. À titre d’exemple, aux États-Unis, en dix ans, les coûts des campagnes télévisuelles ont augmenté de 256 % [15]. – L’éducation accrue des consommateurs face au marketing : les consommateurs sont de plus en plus conscients du biais qui peut altérer l’objectivité des messages publicitaires relayés par les formes de marketing traditionnelles. CHAPITRE 1. INTRODUCTION 2 Leur confiance en ces médias s’est donc fortement étiolée. – La surabondance des messages publicitaires : ces dernières années, le nombre de stimuli publicitaires auxquels nous sommes soumis a explosé (plus de 3000 par jour selon certaines études [KM06]). Conséquences : une dilution des messages communiqués et une saturation chez le consommateur, ce qui diminue sa réceptivité. – La fragmentation des médias : ces dernièrs temps, non seulement de nouveaux médias sont apparus (Internet ou la téléphonie mobile), mais les médias existants se sont diversifiés. S’il y a 30 ans, le nombre de chaînes de télévision était limité à quelques chaînes nationales, désormais il faut compter sur plusieurs dizaines de chaînes. Il est donc de plus en plus difficile d’atteindre sa cible marketing par l’utilisation des médias traditionnels. 1.1 De nouvelles pratiques en réponse à cette crise Afin de répondre à cette crise du marketing traditionnel, ces dernières années ont vu l’apparition, voir la résurgence de nombreuses formes alternatives de marketing. Marketing viral, seeding trial marketing, buzz marketing, ambush marketing, mobile marketing, social media marketing, street marketing, influencer marketing, evangelist marketing, advergaming marketing : autant de termes qui désignent des formes de marketing et qui reflètent les tendances actuelles. Parcourir, classifier et analyser ces nouvelles formes, tel est le propos de ce mémoire. La littérature évoquant ces formes de marketing est abondante. Elle souffre néanmoins d’un défaut : souvent anglophone, elle réfère à des exemples parfois peu évocateurs, car trop méconnus en Belgique et, dans certains cas même, peu en phase avec la culture européenne. C’est pourquoi, un des objectifs de ce mémoire sera, pour chacune des pratiques marketing décrites, de proposer, dans la mesure du possible, un exemple belge, ou tout le moins européen. Autre lacune de la littérature, souvent les auteurs abondent d’argumentaires en faveur de ces formes et magnifient les bénéfices qu’on peut en retirer. Un regard critique sera donc posé sur chacune de ces formes marketing, afin de rééquilibrer l’exposé. 1.2 Organisation du document De toutes les formes de marketing précitées, il en est trois qui se dégagent de par leur qualité à désigner des classes de pratiques marketing : CHAPITRE 1. INTRODUCTION 3 – Le marketing de buzz dont l’objectif est de faire parler positivement les gens à propos d’un produit, d’un service ou d’une société. – Le marketing des médias sociaux qui a pour but d’établir, de promouvoir et de maintenir une relation avec les consommateurs, par l’utilisation de médias sociaux en ligne. – Le marketing mobile qui se propose de communiquer des messages commerciaux par le biais d’un médium, d’une technologie ou d’un appareil mobile. Les autres termes constituent, soit des expressions synonymes des trois formes précitées, soit des formes dérivées ou particulières. Ce mémoire sera donc articulé autour de ces trois formes marketing. Dans le chapitre 2, nous évoquerons le marketing de buzz, également appelé marketing de bouche à oreille et marketing viral. Nous commencerons par une présentation de cette forme (section 2.1) en insistant notamment sur ses origines (section 2.1.1) et les raisons de son succès (section 2.1.2). Nous nous intéresserons ensuite à quelques pratiques de buzz marketing qui permettent de susciter le bouche à oreille : le seeding trial marketing (section 2.2.1), l’influencer et evangelist marketing (section 2.2.2), le live performance marketing (section 2.2.3), l’advergaming marketing (section 2.2.4), le street marketing (section 2.2.5) et le marketing par provocation (section 2.2.6). Nous terminerons ce tour d’horizon du marketing de buzz en évoquant ses inconvénients et ses faiblesses (section 2.3). Dans le chapitre 3, nous étudierons le marketing des médias sociaux. Après une présentation de cette forme de marketing (section 3.1), nous brosserons les raisons de son succès (section 3.2). À cette occasion, nous évoquerons un revers du marketing des médias sociaux : l’utilisation par des opposants ou des concurrents de cette forme de marketing afin de nuire à l’image de l’entreprise (section 3.2.5). Nous détaillerons ensuite les principaux médias sociaux qui sont à la base de cette forme de marketing : les blogs (section 3.3.1), les sites Web (section 3.3.2), les réseaux sociaux (section 3.3.3) et les communautés en ligne (section 3.3.4). Nous continuerons l’étude de cette forme de marketing en analysant son impact sur le marketing mix traditionnel (section 3.4.1) et en présentant une extension de ce marketing mix (section 3.4.2). Enfin, nous terminerons la revue de cette pratique marketing en posant un regard critique sur celle-ci (section 3.5). Dans le dernier chapitre, à savoir le chapitre 4, nous aborderons le marketing mobile. Nous commencerons par introduire cette forme de marketing, dont une des particularités est d’être assez récente (section 4.1). Nous évoquerons ensuite les nouvelles pratiques que permettent le marketing mobile (section 4.3) et terminerons notre analyse en traitant quelques points d’ordre éthique et en imaginant quelques évolutions futures (section 4.4). CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 4 Chapitre 2 Le marketing de buzz 2.1 Définition et présentation Le marketing de buzz est une forme de marketing visant à faire parler positivement les gens à propos d’un produit, d’un service ou d’une société [KM06, Ser09]. Dans cette définition, l’expression « faire parler » revêt une importance particulière. Le buzz marketing ne consiste pas à espérer que les gens parlent, mais a pour mission d’initier, de stimuler et de faciliter une communication entre les gens, de manière délibérée et réfléchie. Le buzz marketing est souvent désigné par deux autres termes : marketing viral et marketing de bouche à oreille. Si certains auteurs considèrent ces expressions comme synonymes, d’autres nuancent légèrement leur définition [KM06] : – Le marketing de bouche à oreille désigne les initiatives visant à faire parler positivement les gens. – Le marketing de buzz désigne les initiatives visant à faire parler positivement les gens et les médias. – Le marketing viral désigne l’utilisation de messages promotionnels conçus pour se propager de personnes à personnes, généralement via Internet. Dans la suite de ce chapitre, nous traiterons ces trois formes de marketing en les considérant comme un tout, mais en utilisant néanmoins le terme le plus approprié en fonction de la dimension abordée. CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 2.1.1 5 Origine Si le marketing de buzz semble être une pratique nouvelle – les entreprises y ayant de plus en plus fréquemment recours – cette discipline n’en reste pas moins très ancienne. Dans la Grèce antique déjà, Aristote s’intéressa à l’influence interpersonnelle [But98], qui est à la base du processus de bouche à oreille. Vingt-trois siècle plus tard, il existe une littérature abondante sur la communication interpersonnelle, et plus particulièrement sur l’importance et les impacts du bouche à oreille dans le marketing. C’est ainsi que dans la première édition du livre « Marketing Management » de Philip Kotler (laquelle date de 1967), il y est déjà dit que « la publicité est une influence possible sur le comportement d’une personne et est probablement moins efficace – car elle est réputée pour être intéressée – que l’influence des pairs et de l’observation personnelle » [Kot67]. Parallèlement à ces analyses académiques, les applications marketing basées sur le bouche à oreille sont également anciennes. Citons, à titre d’exemple, la célèbre campagne lancée dans les années 70 par l’entreprise 3M afin de promouvoir son nouveau produit, le « Post-it ». 3M décida d’envoyer des caisses de Post-it à des centaines de secrétaires de CEO de grandes firmes à travers les États-Unis, en leur demandant de trouver des idées d’usage pour ces petits papiers collants. Les secrétaires, flattées par l’invitation, se sont prêtées au jeu et sont peu à peu devenues des avocates du produit auprès de leur patron, de leurs collègues et des personnes chargées de l’achat des fournitures au sein de la société. Résultat, le lancement de ce produit a été un réel succès, et la notoriété du produit s’est rapidement répandue grâce au bouche à oreille généré [KM06]. 2.1.2 Aujourd’hui plus que jamais Aujourd’hui, plus que jamais, les entreprises ont recours au marketing de buzz. Les initiatives visant à initier le bouche à oreille sont de plus en plus nombreuses, en atteste par exemple l’arrivée de sites Web se proposant de les recenser [9, 4, 2]. Ce regain d’intérêt a plusieurs raisons qui seront explicitées dans les sections suivantes. L’essor des technologies de communication L’arrivée et le développement d’Internet et des téléphones mobiles a permis une propagation plus rapide et plus large du bouche à oreille. Le bouche à oreille n’est désormais plus limité au cercle familial ou au cercle des amis et connaissances, mais il peut impliquer des consommateurs de tout horizon qui ne se connaissent pas spécialement [Ros08]. CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 6 Perte d’efficacité des méthodes traditionnelles Le marketing de masse, et plus particulièrement le marketing basé sur la publicité, n’est plus très efficace. Comme indiqué dans l’introduction, une étude réalisée en 2004 a démontré qu’aux États-Unis, dans le secteur des biens de consommation, seules 18 % des campagnes publicitaires télévisuelles génère un retour sur investissement positif [6]. Meilleure efficacité du marketing de buzz De nombreuses recherches ont prouvé que l’influence du bouche à oreille sur le comportement est bien plus importante que d’autres sources marketing [But98]. Un sondage réalisé par la société de consultance MediaEdge a montré que, au RoyaumeUni, 76 % des consommateurs citent le bouche à oreille comme leur principale source d’influence [KM06, But98]. D’autres études [She71] ont montré que le bouche à oreille était de 9 à 10 fois plus efficace que les méthodes marketing traditionnelles lorsqu’il s’agit de générer de l’excitation à propos d’un produit ou de convertir en une attitude positive une prédisposition neutre ou défavorable envers un produit. Plus surprenant encore, il a également été démontré que l’influence du bouche à oreille est plus importante que celle des médias neutres (par exemple les revues de défense des consommateurs, telles Test-Achats) [HKK91]. Deux raisons à cette influence accrue [Day71] : – D’une part l’indépendance de la source : le bouche à oreille étant le fait de personnes désintéressées, l’information transmise est perçue comme étant plus fiable et plus neutre. – D’autre part la flexibilité de la communication : contrairement au marketing publicitaire où la communication est unidirectionnelle, le bouche à oreille permet une interaction bidirectionnelle et un dialogue personnalisé en fonction de la réaction de la personne soumise au message transmis. L’importance accrue accordée au bouche à oreille Le bouche à oreille, en plus d’être plus influent que toute autre forme de marketing, est une source dont l’importance accordée par le consommateur est de plus en plus conséquente. Une étude réalisée par l’agence GfK NOP a montré, qu’en 30 ans, l’influence du bouche à oreille a augmenté de 50 % [KM06]. Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette influence croissante : – Le développement des technologies : l’arrivée des blogs, des mails, des télé- CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 7 phones portables permet au bouche à oreille une propagation bien plus large, rapide et facile [Ros08]. – L’éducation accrue des consommateurs face au marketing : comme évoqué dans l’introduction, les consommateurs sont de plus en plus conscients du biais qui peut altérer l’objectivité des messages publicitaires relayés par les formes de marketing traditionnelles. Leur confiance en ces médias s’est donc étiolée au profit du bouche à oreille. – La surabondance des messages publicitaires : ces dernières années, le nombre de stimuli publicitaires auxquels nous sommes soumis a explosé [KM06]. Face à cette cacophonie, il devient de plus en plus difficile pour le consommateur de s’y retrouver, raison pour laquelle il se tourne vers ses connaissances pour des recommandations de bouche à oreille. – La fragmentation des médias : également évoquée dans l’introduction. Ces dernières années, non seulement de nouveaux médias sont apparus (Internet, la téléphonie mobile), mais les médias existants se sont diversifiés. S’il y a 30 ans, le nombre de chaînes de télévision était limité à quelques chaînes nationales, désormais il faut compter sur plusieurs dizaines de chaînes. Il est donc de plus en plus difficile d’atteindre sa cible marketing par l’utilisation des médias traditionnels. Le marketing de buzz est moins cher Le marketing de buzz nécessite moins d’investissements que le marketing traditionnel de masse dont les coûts de campagne peuvent parfois être très élevés. Il est cependant erroné de penser que le buzz marketing n’est « pas cher ». Cette forme de marketing nécessite elle aussi des investissements, dont l’importance est un des déterminants du succès de la campagne. Tout ce que l’on peut dire c’est que le marketing de buzz est « moins cher » [Ser09, KM06]. Prenons l’exemple de la campagne réalisée par VTM pour son émission « Op zoek naar Maria ». Pour promouvoir son émission, VTM a réalisé un flash mob dance dans la gare ferroviaire d’Anvers-Central. Un flash mob dance consiste à faire exécuter une chorégraphie par un groupe de personnes dans un lieu public. La mise en scène est réalisée de telle manière qu’elle laisse penser à une opération spontanée (les participants à la danse semblent être des voyageurs inopinés). La séquence est expressément filmée de manière « amateur » pour être ensuite diffusée sur Internet via des sites tels que YouTube. Le lien vers la vidéo est alors envoyé à quelques internautes. Le bouche à oreille entre ensuite en action. Les internautes contactés, amusés par la vidéo et par son originalité, vont à leur tour transmettre le lien à leurs connaissances et ainsi de suite. Seize mois après la première diffusion de la vidéo du flash mob dance de la gare d’Anvers, celle-ci avait déjà été visionnée plus de 24 CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 8 millions de fois. Si, à première vue, la réalisation de cette campagne semble « peu chère », il n’en reste pas moins que celle-ci a eu un coût non négligeable. Les participants à la danse ont dû être payés, des professionnels ont dû imaginer une chorégraphie et organiser des répétitions, du matériel audio et vidéo a dû être déployé, etc. De manière absolue cette campagne n’est donc pas « peu chère », mais par rapport à l’impact qu’elle a eu (soit le nombre impressionnant de visualisations générées), elle a eu un excellent retour sur investissement et peut être considérée comme bien moins chère qu’une campagne traditionnelle de marketing de masse. 2.1.3 Deux formes de buzz : positif et négatif Sur le plan de la teneur du message transmis par bouche à oreille, on peut distinguer deux formes de buzz : le buzz positif, lorsque le message véhiculé est positif et le buzz négatif, lorsque le message véhiculé est négatif. Dans le cas de buzz positif, les agents transmetteurs du message seront appelés des promoteurs, dans le cas de buzz négatif, on les appellera détracteurs [Ros08]. Le marketing de bouche à oreille ne vise pas uniquement à susciter la transmission d’un message positif. Il doit également s’atteler à répondre au buzz négatif. De nombreuses études ont en effet prouvé que le bouche à oreille négatif (negative word of mouth ou NWOM ) a un impact bien plus important que le bouche à oreille positif (positive word of mouth ou PWOM ) et que celui-ci se répand plus vite [Arn67, BB77]. Plus précisément, on évalue que l’impact du bouche à oreille négatif est deux fois plus important que celui du bouche à oreille positif [But98]. Ce constat est d’autant plus vrai avec l’arrivée d’Internet. Désormais, les internautes ont la possibilité d’exprimer publiquement leur satisfaction ou leur mécontentement envers un produit. Leur retour d’expérience touche donc un bien plus grand nombre de personnes. Pete Blackshaw, expert en marketing, a d’ailleurs démontré que « un consommateur satisfait le relate à 3 personnes, un consommateur mécontent le relate à 3.000 » [13]. Le bouche à oreille négatif doit être d’autant plus pris en compte qu’il a été démontré dans la littérature que plus la plainte d’un consommateur est prise en charge, moins sont les chances que celui-ci génère du bouche à oreille négatif [BWB95]. Voire même, si, au terme du processus de gestion de la plainte, il y a rétablissement de la satisfaction du client, ce dernier peut générer du bouche à oreille positif. Le bouche à oreille négatif peut prendre des proportions impressionnantes, surtout lorsque celui-ci est repris par ces médias. L’impact sur l’image de marque, bien que difficilement mesurable, peut alors être considérable. Tel fut le cas par exemple en 1999 lors de la crise que connu l’entreprise Coca-Cola en Belgique. Plusieurs enfants CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 9 d’une école anversoise ressentirent des symptômes suite à l’absorption de Coca-Cola. Rapidement, la presse relaya l’information et les jours suivants des dizaines d’autres cas furent recensés au travers du Royaume, à la fois chez des enfants et des adultes. Coca-Cola dut alors retirer ses produits du commerce pendant plusieurs semaines. L’affaire prit également une tournure internationale. Les produits Coca-Cola furent également retirés de la vente en France et nombreux furent les médias étrangers qui relayèrent l’information, notamment aux États-Unis. Le plus remarquable dans cette histoire n’est pas le retentissement énorme qu’a connu l’affaire, ni l’impressionnant bouche à oreille négatif généré. Mais bien qu’une étude ultérieure, réalisée par des chercheurs belges, a montré qu’il était fort probable que les symptômes étaient dû à un phénomène sociogénique de masse [GVLD+ 02]. En d’autres mots, ce n’est pas le produit qui est à l’origine des symptômes, mais bien un phénomène psychologique collectif dont l’origine est due au contexte de l’époque. La Belgique traversait alors une grave crise alimentaire : la crise de la dioxine. De la nourriture pour bétail avait été contaminée par de la dioxine infectant poulets, oeufs, boeufs, porcs et lait. Selon l’étude réalisée, il est fort probable que cette crise fut le déclencheur de cette psychose collective qui a affecté les produits Coca-Cola. Cet exemple illustre parfaitement la puissance que peut revêtir un bouche à oreille négatif. Celui-ci peut même dans des cas extrêmes avoir des conséquences psychosomatiques sur le consommateur. 2.2 Techniques de buzz marketing Dans cette section, nous allons évoquer diverses techniques qui peuvent servir de déclencheur à du buzz : le seeding trial marketing, l’influencer et evangelist marketing, le live performance marketing, l’advergaming marketing, le street marketing et le marketing par la provocation. 2.2.1 Seeding trial marketing Le seeding trial marketing, est une forme de marketing qui vise à convertir des consommateurs en avocats de la marque par le biais d’échantillons de produits offerts à des fins de recherches. Généralement, les consommateurs visés par ces opérations marketing sont des consommateurs influents et fidèles de la marque. En leur offrant la possibilité de tester des nouveaux produits et en leur demandant un feedback sur ce qu’ils ont testé, ceux-ci se verront associés et impliqués dans le processus de développement du produit. Une fois le produit mis sur le marché, ces consommateurs vont agir comme défenseurs du nouveau produit et être à l’origine de bouche à oreille positif. Ce phénomène se base sur un effet bien connu en psychologie : l’effet CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 10 Hawthorne [KM06]. L’effet Hawthorne L’effet Hawthorne fut découvert par hasard dans les années 30, lors d’une étude effectuée pour le compte de Western Electric. Le but de cette étude était d’étudier quels paramètres pouvaient influer la productivité des employés. Pour ce faire, les chercheurs invitèrent un groupe d’employés à se soumettre à différents tests. Ils essayèrent par exemple d’analyser l’incidence que peut avoir la lumière du jour sur la productivité. En travaillant dans un environnement plus lumineux, ils découvrirent que les employés étaient plus productifs. Afin de valider leurs conclusions, les chercheurs réalisèrent l’expérience inverse. Curieusement, ils découvrirent que si on diminuait la lumière, les employés étaient également plus productifs. En fait, peu importe le paramètre qui était modifié : les employés étaient toujours plus productifs. Tout simplement parce qu’ils participaient à une expérience, ils se sentaient valorisés et importants et cela se ressentait sur leur productivité. Un exemple de seeding trial : Les goûteurs officiels de Côte d’Or Si le marketing basé sur les échantillons est loin d’être récent (on se remémorera l’exemple des Post-it de 3M cité plus haut et qui date déjà des années 70), ces dernières années cette forme de marketing s’est fortement développée grâce à Internet. L’interaction entre la marque et le consommateur qui reçoit le produit à tester est rendue beaucoup plus simple, ce qui permet un recours plus fréquent à cette forme de marketing. Un exemple récent est l’opération « Goûteurs officiels de Côte d’Or ». Par le biais d’un site Internet, tout un chacun peut s’inscrire afin de devenir goûteur officiel de la marque. Une fois inscrit, le consommateur peut soumettre son appréciation vis-à-vis des produits de la marque qu’il aura goûté. Les plus actifs sont récompensés par des cadeaux, des bons de réduction et parfois l’envoi de produits exclusifs, qui ne sont pas encore commercialisés. Cette action est doublement avantageuse pour Côte d’Or : d’une part elle permet de créer des avocats de la marque et de générer un buzz (il est certain qu’un goûteur n’hésitera pas de parler de l’action à son entourage et de partager ses critiques), d’autre part elle permet à Côte d’Or d’obtenir de nombreuses informations sur la perception qu’a le consommateur de ses produits. 2.2.2 Influencer et evangelist marketing L’influencer et evangelist marketing sont deux formes de marketing qui ont un objectif commun : transformer des consommateurs en avocats de la marque afin qu’ils CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 11 initient le processus de bouche à oreille. Une nuance distingue cependant ces deux formes de marketing : – L’influencer marketing consiste à identifier les consommateurs les plus influents et à les convertir en avocats de la marque. – L’evangelist marketing consiste à convertir les clients les plus loyaux en avocats de la marque. L’influencer marketing est donc une discipline visant un public beaucoup plus large composé de personnes qui ne sont a priori pas des clients de la marque. Cette forme de marketing se base sur un concept appelé « The Law of The Few » postulée par Malcolm Gladwell dans son livre « The Tipping Point » [Gla02]. The Law of The Few The Law of The Few, ou, en français, la Loi des Quelques-Uns, nous apprend que l’opinion de 10 % des consommateurs de n’importe quel marché va influencer le comportement des 90 % autres. Cette loi se base sur des études réalisées dans les années 40 par l’Université de Columbia, lesquelles cherchaient à étudier l’influence des médias sur le consommateur. La recherche mit en évidence que les messages diffusés lors de campagnes de marketing de masse n’influencent pas directement tous les consommateurs. Seule une petite minorité (en l’occurence 10 %) est sensible au message marketing et aura tendance à modifier son comportement. Ce n’est que par la suite que les 90 % restant vont modifier leur comportement, en se calquant sur ce qu’ont fait les 10 premiers pourcents. Ces consommateurs influents sont dénommés « leaders d’opinion » ou « hubs ». Les profils de ces leaders d’opinion sont de deux types. Il peut s’agir soit : – D’experts dans un domaine, de célébrités, de critiques influents, dont les avis et recommandations sont respectés et écoutés ; – De consommateurs lambda influents au sein de leur milieu social. Il est important de noter qu’une personne peut être un hub pour un domaine particulier, mais n’avoir aucune influence dans d’autres domaines. C’est par exemple le cas d’experts : ils seront fort écoutés pour des sujets touchant à leur domaine d’expertise, et beaucoup moins sur d’autres sujets. Le but de l’influencer marketing est de trouver ces leaders d’opinion et d’agir sur eux afin de les convertir en avocats de la marque. Pour effectuer cette conversion, il conviendra d’utiliser d’autres outils marketing, par exemple le seeding trial marketing décrit à la section précédente. CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 12 Un exemple d’evangelist marketing : Les MVP Microsoft Le programme des MVP – Most Valuable Professionel – est un programme 1 créé par Microsoft afin de récompenser les internautes les plus actifs dans le partage de leurs connaissances techniques relatives à un produit Microsoft [10]. Ces internautes sont pour la plupart de véritables leaders d’opinion. De part leur expertise, leur bénévolat à aider les autres, leur blog technique ou leur site Web, ils ont acquis auprès des autres internautes une certaine aura, renforcée et formalisée par l’attribution de cette distinction. Si cette distinction permet avant tout de remercier ceux qui prennent de leur temps pour partager leur savoir, elle est également un outil puissant de marketing. En effet, les MVP ont un accès gratuit à tous les produits Microsoft, ils reçoivent en primeur les nouvelles versions et sont régulièrement invités à des événements organisés par Microsoft. Ces privilèges ont un effet sur les MVP. Lorsque de nouveaux produits leur sont présentés, si ceux-ci sont appréciés par les MVP, ils se chargeront eux-mêmes d’en faire la promotion au sein de leur communauté. Détail amusant, voir révélateur, les MVP sont parfois désignés par Microsoft par le qualificatif « évangéliste ». Cela conforte l’idée qu’on est bien face à une initiative d’evangelist marketing. L’utilisation de ce terme est très mal perçue par les MVP, car ce qui leur assure leur influence au sein de leur communauté, c’est leur objectivité et leur indépendance vis-à-vis de la marque. Dans une approche d’evangelist marketing, il est donc très important de cibler des consommateurs loyaux à la marque et non fanatiques. 2.2.3 Live performance marketing Le live performance marketing, également nommé live buzz marketing ou street theater marketing est une technique de marketing de buzz qui consiste à utiliser des acteurs afin de transmettre un message marketing lors de prestations publiques [KM06]. Le terme « live » revêt une importance particulière : cette forme de marketing désigne les prestations qui ne sont pas enregistrées et qui sont, de par nature, éphémères, a contrario des films publicitaires qui font eux aussi appel à des comédiens. Un exemple de tel marketing est la campagne réalisée par la Fondation Belge des Brûlures [14]. Voulant sensibiliser la population sur les dangers que peuvent représenter les barbecues ; lors du championnat international de barbecue du 14 septembre 2008, un cascadeur professionnel a été engagé pour se mettre volontairement le feu. 1. Programme dont l’auteur de ce mémoire a fait partie. CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 13 Le but était dans un premier temps de choquer les participants à cet événement, pour ensuite les rassurer sur le caractère fictif du drame et leur prodiguer des conseils pour éviter de tels accidents. Une illustration de cette campagne est donnée à la figure 2.1. Figure 2.1 – Campagne de marketing théatral réalisée par la Fondation Belge des Brûlures Il existe deux grandes variantes du live performance marketing : – La variante peer-to-peer : lorsque des citoyens ordinaires sont recrutés pour jouer un rôle et répandre un message marketing. Il s’agira par exemple de recruter une personne afin qu’elle fasse la promotion d’un produit auprès de ses amis par le biais d’une petit mise en scène. Cette variante est très controversée car considérée comme insidieuse et peu éthique. – La variante performer-to-peer : lorsqu’un acteur professionnel est engagé afin de réaliser une présentation théâtrale publique. C’est le cas de l’exemple mentionné ci-dessus de la campagne réalisée par la Fondation Belge des Brûlures. Les prestations réalisées lors de campagnes de live performance marketing peuvent se distinguer par le degré de conscience qu’a le public cible qu’il s’agit d’un jeu d’acteurs. Une prestation peut être : CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 14 – Secrète : À aucun moment il n’est dévoilé au public qu’il est soumis à une mise en scène ayant un but marketing. Deux conséquences découlent de cette dissimulation. D’une part le buzz généré sera beaucoup plus faible, l’action de par sa nature secrète ne pourra prétendre à une grande envergure. D’autre part si, d’une manière ou d’une autre, le public visé apprend qu’il a été la cible malgré lui d’une opération marketing, il pourra se sentir dupé et la campagne pourra avoir l’effet inverse, à savoir générer du buzz négatif. – Dévoilée : Au début de la prestation, le public n’est pas averti du caractère fictif de celle-ci. Mais au cours de la prestation, il est dévoilé au public qu’il s’agit d’une mise en scène. C’est le cas de l’exemple mentionné ci-dessus de la campagne réalisée par la Fondation Belge des Brûlures. Cette approche corrige les défauts de l’approche « secrète ». – Manifeste : À tout moment le public est conscient qu’il s’agit d’une mise en scène. 2.2.4 Advergaming marketing Ces trente dernières années, avec l’avènement et le développement des ordinateurs, s’est développé un nouveau média de loisir : le jeu vidéo. Le développement récent d’Internet a permis au marketing de s’approprier ce nouveau média. Une nouvelle discipline marketing est donc née : l’advergaming ou, en français, jeu vidéo publicitaire. Cette discipline consiste à développer ou à utiliser des jeux vidéos en vue d’y placer des messages publicitaires. On distingue deux formes d’advergaming marketing : – Le développement de jeux spécifiques afin de promouvoir de manière active une marque, un produit ou une société. – Le placement passif de marques et de produits dans des jeux tiers. Par exemple, dans le célèbre jeu de simulation sociale « Les Sims », on retrouve des produits de McDonald’s ou des affiches de cinéma reprenant des films actuellement ou prochainement à l’affiche. C’est essentiellement la deuxième forme d’advergaming marketing qui va nous intéresser car elle est capable de générer du buzz et du bouche à oreille. En effet, un jeu ludique, créatif et apprécié des internautes sera fort susceptible d’être transmis de manière virale à bon nombre de consommateurs. Un des exemples les plus célèbres d’un tel jeu est la campagne « Subservient Chicken » réalisée par Burger King. Une application online a été développée montrant un poulet. L’internaute pouvait alors lui intimer n’importe quelle action à réaliser par le biais d’un champ de texte libre dans lequel il suffisait d’inscrire un verbe. L’originalité du jeu provenait de la difficulté à trouver une action que le poulet n’était pas capable de réaliser. L’internaute CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 15 pouvait ainsi admirer toutes les actions possibles. Très vite la vidéo a connu un succès remarquable et fut transmise à des milliers d’internautes de manière virale. La figure 2.2 illustre cette campagne. Figure 2.2 – Campagne de advergaming réalisée par Burger King Les avantages de cette deuxième forme d’advergaming marketing sont multiples [KM06] : – Comme énoncé ci-dessus, elle est capable de générer du buzz et d’être propagée de manière virale. Cette propagation peut d’ailleurs être accélérée en ajoutant des fonctionnalités sociales au jeu : possibilité de recommander le jeu à une personne ou de défier un ami. – Grâce à l’utilisation d’un jeu, les consommateurs ne sont plus passifs : ils deviennent actifs et dès lors beaucoup plus réceptifs aux messages publicitaires. – Les jeux peuvent être utilisés pour éduquer et informer les consommateurs ou les citoyens. Cette capacité est fortement appréciable dans le cas de campagnes de sensibilisation à vocation non commerciale. – Il a été démontré [KM06] que les jeux facilitent l’opt-in des internautes. C’està-dire l’engagement de l’internaute à recevoir des messages promotionnels ultérieurs. De même, face à un jeu, les internautes sont plus enclins à fournir des données personnelles et à répondre à des questionnaires, ce qui permet la collecte et la création de bases de données. CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 2.2.5 16 Street marketing Le street marketing ou marketing de rue désigne toute action marketing réalisée dans des lieux publics fréquentés par le consommateur, tels la rue, les gares, les toilettes publiques, etc. Les campagnes de street marketing se veulent souvent originales et créatives, leur but étant de marquer les esprits des passants. Il est à distinguer deux formes de marketing de rue : d’une part le marketing de rue conventionnel, dont les supports utilisés font l’objet d’une convention avec le propriétaire ou les pouvoirs publics, d’autre part le marketing de rue sauvage, qui utilise ou détourne des supports urbains sans autorisation (on parle dans ce cas de « ambush marketing » ou « marketing en embuscade ». Si une telle utilisation de l’espace public à des fins marketing est une pratique déjà très ancienne, ces dernières années elle a connu un regain d’intérêt. L’essor des nouvelles technologies d’ubiquité (Internet, téléphonie mobile, etc.) permet en effet d’espérer un buzz rapide autour de la campagne (par exemple par la prise de photos et de vidéos qui sont envoyées sur Internet ou transmises à ses connaissances). Les avantages du street marketing sont multiples. Citons notamment : – La possibilité de réaliser des campagnes très ciblées géographiquement. Par exemple, autour d’un restaurant ou d’un café. Citons à titre d’exemple la campagne suivante réalisée par un restaurant aux États-Unis. Le propriétaire d’un restaurant récemment ouvert imagina d’offrir à ses premiers clients leur repas, à condition qu’ils reviennent le lendemain et fassent la file devant la porte de l’établissement. Cette opération, très ciblée géographiquement et utilisant la rue comme support, créa un large buzz dans le quartier et permit au restaurant de réussir son lancement. – Le marketing de rue permet de « créer l’événement » et dans les meilleurs des cas de générer du buzz (plus ou moins large). La clef du buzz généré étant la créativité investie dans la campagne. – Le marketing de rue peut permettre un contact plus rapproché avec le consommateur, lorsque celui-ci fait usage de personnes représentant la marque. – Le marketing de rue peut générer d’excellents retours sur de faibles investissements. Une opération réalisée dans un endroit fort fréquenté peut bénéficier d’une forte visibilité. Les figures 2.3, 2.4 et 2.5 illustre des campagnes de marketing de rue. La première campagne, illustrée à la figure 2.3 a été réalisée par la banque belge Dexia en collaboration avec JCDecaux Innovate [16]. Afin de promouvoir son slogan « une banque qui vous paie, c’est le monde à l’envers », Dexia a placé en rue une CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ Figure 2.3 – Campagne de marketing de rue réalisée par Dexia Figure 2.4 – Campagne de marketing de rue réalisée par Brussels Airlines 17 CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 18 Figure 2.5 – Campagne de marketing de rue réalisée par Procter & Gamble série de mupis 2 retournés. La deuxième campagne, illustrée à la figure 2.4, a été réalisée afin de promouvoir la création de la nouvelle compagnie aérienne « Brussels Airlines » née de la fusion des compagnies « Virgin Express » et « SN Brussels Airlines ». Des tuttes géantes ont été placées dans divers endroits du royaume, sans aucune explication, suscitant l’intérêt et l’interrogation des passants. Ce n’est que quelques temps après qu’a été dévoilé l’objet de la campagne, les tuttes symbolisant le nouveau-né de la fusion [7]. Enfin, la dernière campagne, réalisée par Procter & Gamble afin de promouvoir son produit « Mr. Propre », se base sur une idée toute simple : repeindre dans un blanc vif une bande d’un passage clouté, comme si elle avait été nettoyée à l’aide du produit susmentionné. Pour peu qu’aucune autorisation n’ait été demandée aux autorités publiques pour effectuer ce rafraîchissement, on a alors affaire à un exemple de marketing en embuscade (ambush marketing). 2.2.6 Le marketing par la provocation Une dernière technique que nous nous proposons d’exposer, est le buzz suscité par des campagnes provocantes ou polémiques. Cette technique, bien qu’assez souvent utilisée par les entreprises, est étonnamment très peu évoquée dans la littérature. Une définition de la provocation, telle qu’utilisée en marketing, est proposée par 2. Les mupis sont des panneaux d’affichage publicitaires. CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 19 Richard Vézina et Olivia Paul : « un recours délibéré, dans le cadre d’une publicité, à un stimulus destiné à choquer une partie de l’audience, d’une part par son association à des valeurs, des normes ou des tabous qui ne sont habituellement pas traités ou transgressés dans une publicité, d’autre part par sa différentiation et son ambiguïté » [VP97]. Les auteurs insistent sur les notions de différentiation et d’ambiguïté. Pour qu’une provocation soit effective, il faut d’une part qu’elle se différentie de toute provocation déjà réalisée, au risque de perdre de son pouvoir provocant. D’autre part, il faut qu’elle soit ambiguë ; que l’audience se demande quelle interprétation donner au message provocant. Un message publicitaire qui ne comporterait pas une telle ambiguïté, risque d’être immédiatement ignoré. Les exemples les plus souvent cités, lorsqu’il est question de marketing par la provocation, sont les campagnes de l’entreprise de mode vestimentaire Benetton, laquelle n’a pas hésité à mettre en avant des sujets tels que la sexualité, le racisme, la guerre, la religion, la mort, etc. Un exemple d’une campagne Benetton est donné à la figure 2.6. Cette affiche est un cliché photographique des vêtements d’un soldat bosniaque mort durant la guerre de Yougoslavie. Figure 2.6 – Campagne de marketing provocante réalisée par Benetton Une autre entreprise qui a souvent recours à la polémique dans un but marketing est la société aérienne Ryanair. Par exemple lorsqu’elle utilisa les Présidents Sarkozy, Zapatero, Kaczynski et Mugabe dans ses publicités, sans leur autorisation [12]. Cette société a également fait quelques fois usage d’effets d’annonce créant la polémique, par exemple lorsqu’elle annonça envisager une taxe « pour les gros » à bord de ses avions. Dans leur étude sur la provocation en marketing, Richard Vézina et Olivia Paul CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 20 sont arrivés à quelques résultats intéressants sur l’incidence et l’efficacité marketing d’une polémique. Il semblerait qu’une polémique « trop extrême » amènerait à des résultats négatifs en terme d’image de marque et d’attitude du consommateur. A contrario, une polémique modérée aurait un impact positif sur le consommateur. Les auteurs tiennent cependant à préciser que ces résultats sont à approfondir et à valider plus en détails. 2.3 Inconvénients et faiblesses du marketing de buzz Dans l’introduction de ce chapitre, nous avons énuméré les avantages du marketing de buzz en expliquant pourquoi cette forme de marketing faisait l’objet d’un regain d’intérêt. Dans cette section, nous allons maintenant analyser quels sont les inconvénients et faiblesses du marketing de buzz. 2.3.1 Vente de la campagne au lieu du produit Les campagnes de buzz marketing se doivent d’attirer l’œil ou l’attention du consommateur. C’est pourquoi elles sont souvent créatives et originales et suscitent l’admiration des consommateurs. Le risque est alors élevé que le lien entre la campagne et le produit à promouvoir soit rompu et que la campagne ait comme résultat de se vendre elle-même au lieu de vendre le produit sous-jacent. Un exemple célèbre est la campagne « whassup » réalisée par Budweiser en 2000. Cette campagne qui a eu un retentissement planétaire n’a pas permis d’augmenter le volume des ventes de la bière qu’elle était censée promouvoir. Pis, durant la campagne, les ventes ont chuté de 8,3 % [ZB02]. Il s’agissait de la pire chute de revenu de la firme depuis 1994. 2.3.2 Le marketing de buzz peut être cher Si dans l’introduction à ce chapitre il est fait mention que le marketing de buzz est généralement moins cher, l’inverse peut également se produire : une campagne de marketing de buzz peut engendrer des coûts relativement élevés. Surtout lorsque les coûts de la campagne sont proportionnels au nombre de personnes touchées par la campagne. Un exemple est la campagne « Prepare Your Hair » réalisée en 2006 par Opel pour le lancement de sa nouvelle voiture, l’Opel Astra. Cette campagne a été diffusée en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne et utilise le média Internet. En se rendant CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 21 sur le site de la campagne, il était demandé à l’internaute d’introduire dans un formulaire son nom, prénom et numéro de téléphone. Une vidéo promotionnelle était alors présentée à l’internaute. Vers la fin de la vidéo, un des personnages saisissait un téléphone et faisait mine d’appeler l’internaute, lequel voyait son téléphone sonner. La suite de la vidéo se déroulant par téléphone. Cette campagne, récompensée par un prix [11], eu pas mal de succès. Mais alors que le buzz commençait à prendre de l’ampleur, la campagne fut stoppée, bien que de nombreux internautes n’aient pu encore la visionner. Sans doute à cause du coût engendré par la campagne : plus des internautes visionnaient la vidéo, plus les frais de téléphone étaient élevés. 2.3.3 Le marketing de buzz peut être risqué Dans la littérature traitant du marketing de buzz, les avis sont partagés concernant le risque associé à cette forme de marketing. Si certains auteurs considèrent le marketing de buzz comme peu risqué (ou tout le moins aussi risqué qu’une campagne traditionnelle) [KM06], d’autres en revanche évoquent un risque accru [KM06, Col07]. Deux risques sont les plus souvent cités : – D’une part, le risque que le « buzz » ne prenne pas. Les actions marketing réalisées en vue de générer du buzz ou du bouche à oreille peuvent très bien se solder par un échec et ne provoquer aucune vague. L’absence de créativité, d’originalité, un message au contenu creux qui ne présente aucun intérêt à être diffusé sont souvent évoqués. – D’autre part, le risque que le message transmis de manière virale soit déformé ou transformé (volontairement ou involontairement). De nombreux exemples existent de campagnes détournées ou reprises dans un but humoristique. C’est le cas par exemple de la campagne « Priceless » réalisée par Mastercard. Le principe de la publicité était le suivant : une saynète durant laquelle était mis en avant le prix de trois biens « achetables », avant d’évoquer quelque chose d’immatériel « non achetable ». Le slogan était alors « There are some things money can’t buy. For everything else, there’s MasterCard. » Cette campagne a été mainte fois reprise et détournée pour être ensuite transmise de manière virale par e-mail. Le détournement montrait généralement une photographie d’une situation désobligeante qualifiée de « priceless ». Ceux qui considèrent le marketing de buzz comme peu ou pas plus risqué que les méthodes marketing traditionnelles répondent à ces arguments de deux manières : – D’une part, il n’y a pas plus d’assurance avec une campagne marketing traditionnelle que le succès soit assuré et qu’elle génère un retour sur investissement positif. – D’autre part, les campagnes traditionnelles peuvent également être détournées CHAPITRE 2. LE MARKETING DE BUZZ 22 et on ne contrôle pas plus l’interprétation ou les dérives que peut subir le message publicitaire. 2.3.4 Nécessité d’un renouvellement continuel Les formes de marketing de buzz qui tablent sur la créativité de leur contenu pour assurer une transmission virale nécessitent une originalité continuelle. Un concept créatif utilisé avec succès lors d’une campagne a peu de chance de pouvoir être réutilisé pour d’autres campagnes ultérieures, sous peine de développer au sein de l’audience un sentiment de déjà-vu. Prenons l’exemple de la campagne « The best job in the world » réalisée par l’office du tourisme de Queensland, en Australie. Cette campagne consista en un concours permettant au vainqueur de gagner « le meilleur job au monde », à savoir être, pendant 6 mois, le gardien d’une île paradisiaque en Australie avec en prime un salaire de 150.000 dollars australiens. La campagne connu un succès retentissant [Ros08], le site de l’office ayant généré 400.000 visites de plus l’année qui suivit le lancement. L’origine du succès tient à la primeur et à l’originalité de l’idée. Par la suite, d’autres offices de tourisme copièrent l’idée sans succès [Ros08]. 2.3.5 Le marketing de buzz peut être difficile à monitorer Un aspect très important lors du lancement d’une campagne marketing est l’évaluation de son efficacité. La difficulté de pouvoir effectuer cette mesure est souvent reprochée au marketing de buzz. Comment mesurer le bouche à oreille généré ? Comment vérifier que celui-ci est positif ? Et enfin, comment mesurer si celui-ci a eu un impact favorable sur les ventes ? Heureusement, il existe maintenant des outils qui permettent de mesurer le buzz suscité autour d’un produit ou d’une société, surtout lorsqu’il s’agit de mesurer le buzz généré sur Internet. Ces outils permettent de savoir le nombre de fois qu’une vidéo est visionnée, le nombre de fois qu’un e-mail est transféré, de traquer le nombre de citations d’un produit sur Internet, etc. Il est cependant vrai que le marketing de bouche à oreille qui ne passe pas par les voies d’Internet est beaucoup plus complexe à mesurer. Des méthodes plus traditionnelles, tels que des enquêtes ou des sondages, doivent être dans ce cas utilisées. CHAPITRE 3. LE SOCIAL MEDIA MARKETING 23 Chapitre 3 Le social media marketing 3.1 Définition et présentation Le social media marketing, ou, en français, marketing des médias sociaux est une forme de marketing récente, apparue dans la continuité de l’avènement d’Internet. Cette forme de marketing a pour objectif d’établir, de promouvoir et de maintenir une relation avec les consommateurs, par l’utilisation de médias sociaux en ligne [Sco10]. Par « médias sociaux » on entend toute forme de média qui permet, à des individus, de partager en ligne 1 des informations, des idées, des pensées et des connaissances. À la différence des médias traditionnels, pour lesquels l’information partagée est le fait d’une seule personne ou organisation et est généralement statique, les médias sociaux permettent à tout un chacun de créer de l’information d’enrichir ou de commenter une information existante. Cet apport peut prendre la forme de textes, vidéos, images, sons ou autres. Marketing de buzz et marketing des médias sociaux sont souvent évoqués conjointement, comme si ces deux formes étaient étroitement liées. En réalité, il s’agit de deux formes de marketing bien distinctes. Le marketing de buzz vise à créer du bouche à oreille, tandis que le social media marketing s’intéresse à la relation entre la marque et le consommateur. Cette confusion trouve son origine dans les ponts qui peuvent lier ces deux formes de marketing : – Le bouche à oreille généré par des actions de marketing de buzz se propage souvent via des médias sociaux. C’est le cas notamment lorsqu’un consommateur « partage » sur Facebook un contenu publicitaire qu’il apprécie. – Une relation créée ou entretenue avec un consommateur génère souvent la 1. C’est à dire via Internet CHAPITRE 3. LE SOCIAL MEDIA MARKETING 24 création de nouvelles relations avec d’autres consommateurs et ce de manière virale. Ainsi, lorsqu’un consommateur, grâce à la relation qu’il entretient avec une marque, est averti d’actions promotionnelles, il est fort à parier que d’autres consommateurs suivront et chercheront à entamer la même relation. L’origine et le développement du marketing des médias sociaux sont étroitement liés à la récente évolution du Web, qui a fait son entrée dans l’ère « 2.0 ». Le « Web 2.0 » désigne une utilisation plus dynamique et riche du World Wide Web. Aux prémices du Web, son contenu était essentiellement statique et le rôle de l’internaute relativement passif, à savoir consulter ce contenu statique. Au fil des années se sont développées de nouvelles technologies qui ont permis au Web de devenir « dynamique ». Dans ce nouveau Web, l’utilisateur devient un acteur central : il peut interagir avec le contenu présenté, le commenter, l’enrichir ou même créer lui-même du contenu. L’exemple typique d’un site « 2.0 » est l’encyclopédie en ligne Wikipédia que tout un chacun peut enrichir et modifier. Suite logique de cette évolution, sont apparus les réseaux sociaux qui permettent une interaction et le partage de contenu entre différentes personnes, via une plateforme commune. L’exemple le plus connu actuellement étant Facebook. Profitant de cette évolution du Web, de nouvelles disciplines marketing se sont développées, en particulier le marketing des médias sociaux qui utilisent pleinement ces nouvelles capacités du Web afin d’entretenir une relation avec le consommateur. 3.2 Pourquoi le social media marketing ? De nombreuses raisons expliquent le développement rapide et le succès que rencontre le marketing des médias sociaux. Les sections suivantes se proposent de relever quelques unes de ces raisons. 3.2.1 Inadéquation du marketing de masse Comme déjà évoqué dans le chapitre sur le marketing de buzz, le marketing de masse traditionnel est cher, peu ciblé et son efficacité s’amenuise de plus en plus. Il est donc inadapté à de nombreuses entreprises, en particulier pour les entreprises qui visent des marchés de niche ou les petites et moyennes entreprises qui ont des budgets marketing limités. Le social media marketing permet de pallier ces problèmes. Lorsqu’une relation est créée entre un consommateur et la marque, il s’agit d’un consommateur qui porte un intérêt à la marque (sans quoi la relation ne se serait pas créée). L’ensemble des relations créées offre donc un ciblage parfait qui peut être avantageusement utilisé CHAPITRE 3. LE SOCIAL MEDIA MARKETING 25 pour l’envoi de message commerciaux. De plus, les outils disponibles pour maintenir ou créer une relation avec le consommateur sont relativement peu onéreux (ces outils seront décrits dans des sections ultérieures de ce chapitre). 3.2.2 Le marketing des médias sociaux est moins intrusif Seth Godin, célèbre acteur du monde du marketing, lorsqu’il évoque le marketing traditionnel, parle d’interruption [God99]. Selon lui, les campagnes publicitaires traditionnelles visent à interrompre le public dans son occupation afin qu’il prête attention au message marketing que l’on désire communiquer. Et tout l’art de ces formes traditionnelles de marketing est d’arriver à provoquer cette interruption et à attirer l’attention du public. Le marketing des médias sociaux propose une démarche inverse, que Seth Godin dénomme « permission marketing ». Il s’agit de délivrer un contenu moins intrusif, au moment précis où l’utilisateur a envie de recevoir ce contenu [Sco10]. Il s’agit donc en quelque sorte de délivrer un message avec la « permission » du consommateur, d’où la dénomination de « permission marketing ». L’obtention de cette permission va souvent de paire avec l’acceptation par l’utilisateur d’établir une relation avec la marque. Cette permission peut également être envisagée autrement. Par exemple en déposant le message à délivrer sur une plateforme accessible à tout moment au consommateur (par exemple un blog) et en laissant la liberté au consommateur de consulter ou pas ce message. Également dans l’optique d’être mois intrusif, le social media marketing se propose tant que possible de délivrer un contenu utile [Sco10]. Comme nous le verrons dans la section suivante, l’objectif du marketing des médias sociaux n’est pas uniquement de délivrer un message purement publicitaire, mais bien d’offrir un message ayant une valeur ajoutée et un intérêt certain pour le consommateur, facilitant ainsi l’acceptation de ce message. 3.2.3 Meilleure place dans le processus d’achat Le social media marketing tend à s’inscrire plus naturellement dans le processus d’achat, de par son ambition de délivrer au consommateur un message utile, qui n’est plus uniquement publicitaire. En effet, une des approches privilégiées par le social media marketing est d’informer, éduquer et instruire le consommateur par du contenu riche, vivant et régulièrement mis à jour (via un site Web, un blog ou tout autre média). L’avantage de cette approche est qu’elle permet de guider le consommateur dans son processus d’achat et de l’accompagner jusqu’à sa décision d’achat [Sco10]. CHAPITRE 3. LE SOCIAL MEDIA MARKETING 3.2.4 26 Une fidélisation accrue La relation que se propose d’établir le marketing des médias sociaux entre la marque et le consommateur permet de fidéliser ce dernier. Cette fidélisation est d’autant plus importante que la relation établie est bidirectionnelle. Les médias sociaux utilisés permettent en effet non seulement à la marque de communiquer avec ses clients, mais également aux consommateurs de communiquer avec la marque ; par exemple d’exprimer ses opinions, ses déceptions, ses suggestions, etc. Pour autant que la marque réponde aux messages envoyés par le client, celle-ci apparaît alors comme plus « humaine », attentive et à l’écoute de ses clients, renforçant ainsi le lien social établi. 3.2.5 Le risque de ne pas être présent À l’heure actuelle, de nombreuses sociétés sont encore absentes des médias sociaux et usent très peu de cette forme de marketing. Si pour la plupart de ces sociétés cela ne pose pas vraiment de problème, pour certaines les conséquences de cette absence furent dramatiques. Les outils sociaux existent en dehors de la marque et sont déjà utilisés par les consommateurs qui n’hésitent pas à les utiliser pour exprimer leurs opinions sur une marque. Par exemple, sur Facebook, il existe des pages relatives à des marques qui ne sont pas la propriété officielle de la marque, mais qui sont gérées par des utilisateurs. Sur ces pages, les internautes peuvent s’exprimer et les messages déposés sont visibles par tous. Des campagnes de dénigrement peuvent ainsi être réalisées et se propager assez rapidement de manière virale, pour peu que les utilisateurs de Facebook reprennent les messages publiés et les diffusent à leurs connaissances. Un exemple récent, et déjà célèbre, illustre ce propos. En mars 2010, l’entreprise Nestlé a été victime d’une campagne de dénigrement savamment orchestrée par Greenpeace [8]. Greenpeace voulait dénoncer les agissements des sous-traitants de Nestlé, lesquels pour produire l’huile de palme nécessaire aux produits de la marque n’hésitent pas à saccager la forêt indonésienne. Pour effectuer sa campagne, Greenpeace a mis en ligne un site contenant du matériel de propagande (vidéos, logos détournés, textes, etc.). L’ONG a ensuite diffusé sur Twitter des messages dénonçant ces agissements ainsi que des liens vers le site. Très vite l’information a été reprise par de nombreux membres de Twitter. Greenpeace a ensuite publié une invitation à dénoncer les agissements de Nestlé sur la page de la marque sur Facebook, propageant ainsi la campagne de dénigrement sur cet autre réseau social. Les internautes enjoignirent le pas et réagirent en masse sur la page de la marque. Parallèlement à l’avalanche de messages sur cette page, de nombreux utilisateurs de Facebook ont repris dans leur profil le logo détourné afin de l’afficher aux yeux de leurs connaissances. CHAPITRE 3. LE SOCIAL MEDIA MARKETING 27 Totalement désemparé, Nestlé n’a pu répondre efficacement. La première réponse de la compagnie fut de rappeler les droits d’auteur qui frappent un logo et l’interdiction de l’utiliser sans autorisation. Cette réponse maladroite a déclenché une ire auprès des internautes. La vague d’indignation fut telle que l’information fut reprise dans les médias, dont la chaîne CNN. Après quelques autres messages postés sur Facebook, dont un d’excuse, Nestlé se retira et ne donna plus aucun signe de vie, laissant ainsi à l’abandon sa page Facebook. Cette histoire illustre parfaitement les revers que peuvent engendrer une présence trop peu franche, voire une absence, d’une marque dans les médias sociaux. Si Nestlé avait été plus présent, et avait compris les codes qui régissent les médias sociaux, il aurait certainement pu réagir de manière plus adéquate et limiter l’impact de la campagne de Greenpeace. Une marque qui ignore les réseaux sociaux s’expose donc à ce que des propos soient émis sur elle sans qu’elle ne puisse avoir le moindre droit de réponse. 3.3 Les outils du social media marketing Dans cette section, nous allons aborder les différents médias sociaux qui peuvent être utilisés dans le cadre d’une campagne de social media marketing. Ceux-ci sont variés, et il n’est pas nécessaire que tous soient déployés pour s’assurer une présence « sociale » sur le Web. 3.3.1 Les blogs Les blogs sont des petits sites Web, mis à jour fréquemment, rédigés par une ou plusieurs personnes sous la forme d’un « journal personnel », sur lesquels on relate ses intérêts, ses pensées et qui reflètent la personnalité du ou des auteurs. Les entreprises peuvent user des blogs de deux manières afin d’établir un contact social avec les consommateurs : – Soit en réagissant sur des blogs existants, lorsqu’un message publié par un bloggeur évoque la marque ou un produit de la marque. – Soit en rédigeant son propre blog et en l’utilisant pour diffuser au jour le jour des billets informatifs. Si une entreprise décide de mettre en ligne son propre blog, elle devra cependant veiller à l’enrichir d’un contenu intéressant pour l’internaute afin que celui-ci soit tenté de venir le consulter régulièrement. Il ne faudra donc pas uniquement parler de l’entreprise et de ses produits, mais adopter une ligne éditoriale beaucoup plus CHAPITRE 3. LE SOCIAL MEDIA MARKETING 28 large, par exemple en publiant des opinions, des analyses, des anecdotes, en invitant des employés importants à s’exprimer, etc. Un exemple de blog marketing est celui réalisé par le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles 2 . Rédigé par des employés, ce blog recense des informations sur les événements en cours et à venir, des coups de cœur, des événements malheureux qui se sont produits au Palais, etc. 3.3.2 Les sites Web Les sites Web des entreprises représentent une formidable opportunité pour créer et maintenir un contact social avec ses consommateurs. Pour atteindre cet objectif, l’idée est d’offrir un maximum de contenu intéressant pour le consommateur. Quelques exemples de contenus possibles : – Des informations sur les produits (caractéristiques, photos, manuels d’utilisation, etc.) ; – Des tutoriels ou des conseils d’utilisation (par exemple sur le site d’une marque de vêtement, pourraient être publiés des conseils de mode ou d’élégance) ; – Du contenu multimédia divertissant ou éducatif ; – Des « forums » permettant aux consommateurs de dialoguer avec la marque ou entre eux ; Une richesse de contenu permet de fidéliser les visites du consommateur sur le site, et d’inscrire naturellement la marque dans son processus d’achat [Sco10]. Un exemple d’un tel site Web est le site MaxiCoffee 3 qui se propose de vendre des produits en rapport avec le café : machines à café, café moulu, dosettes, vaisselle, etc. Ce site ne se contente pas de simplement lister les produits que l’on peut acheter, il est également une grande source d’informations sur le monde du café. De nombreux articles sont publiés prodiguant conseils et informations générales : comment réaliser un cappuccino, comment est cultivé le café, comment entretenir sa machine, comment comparer tel ou tel modèle de machine, etc. 3.3.3 Les réseaux sociaux Les réseaux sociaux sont des sites Web qui permettent de mettre en relation des internautes. Ces sites permettent la création d’un « profil », et de l’utiliser ensuite pour fonder un réseau de connaissances. Une fois le réseau créé, chaque mise à jour 2. http://www.bozarblog.be/ 3. http://www.maxicoffee.com/ CHAPITRE 3. LE SOCIAL MEDIA MARKETING 29 du profil est communiquée aux connaissance du réseau (publication d’une humeur, d’une photo, etc.) Les interactions avec le profil ne sont pas unidirectionnelles : toute personne du réseau de connaissance peut également interagir sur le profil (par exemple en publiant sur le profil un message, une photo ou autre). En 2010, les quatre réseaux sociaux les plus populaires sont [5] : – Facebook : un réseau social généraliste permettant de mettre en relation des personnes. – MySpace : un réseau social également généraliste, très populaire auprès des artistes musiciens qui peuvent y publier leur discographie. – LinkedIn : un réseau social à vocation professionnelle, permettant de publier son CV et de se mettre en relation avec ses collègues de travail. – Twitter : un réseau social de « microblogging » qui permet aux internautes de s’échanger de très courts messages. Depuis quelques années, la popularité des réseaux sociaux n’a cessé d’augmenter. Il apparaît ainsi qu’en mars 2010, les quatre sites précités généraient près de 200 millions de visites par mois contre 95 millions en 2008 [5]. D’un point de vue marketing, il est important de noter que les réseaux sociaux peuvent générer deux types de relations : des relations entre les consommateurs et des relations entre des marques et des consommateurs. Il n’est en effet pas exclu qu’une marque se crée un profil et qu’elle propose ensuite à ses consommateurs de faire partie de son réseau social. Via son profil, la marque peut ensuite publier des messages, des nouvelles, des offres promotionnelles, des sondages, etc. Le contenu proposé doit évidemment être intéressant et apporter une valeur ajoutée au consommateur, pour les mêmes raisons que celles évoquées déjà précédemment. Si une entreprise fait le choix de ne pas utiliser les réseaux sociaux, il est important qu’elle sache que des profils pour ses marques peuvent (et sont) créés par des internautes, semant parfois la confusion quant au caractère officiel du profil ou pas. Bien que ces internautes soient généralement des consommateurs qui apprécient la marque, il peut arriver que ces profils, qui ne sont pas sous le contrôle de l’entreprise, fassent l’objet de commentaires négatifs ou de campagnes de dénigrement. Autrement dit, une marque qui ne souhaite pas être active dans les réseaux sociaux peut faire l’objet, malgré elle, d’une activité incontrôlée. Ce problème, important, doit donc être adressé dans toute stratégie marketing. CHAPITRE 3. LE SOCIAL MEDIA MARKETING 3.3.4 30 Les communautés en ligne Les communautés en ligne sont des sites Internet sur lesquels des internautes, réunis par une passion ou un intérêt commun, partagent et échangent des idées, des informations, des opinions, etc. Il n’est pas rare que sur ces sites il soit questions de produits ou de marques. De nombreux internautes utilisent en effet ces sites afin de demander des conseils permettant de guider leur achat. À titre d’exemple, citons le site Audiofanzine 4 consacré aux instruments de musique. Ce site possède toute une partie communautaire, dans laquelle on retrouve des forums permettant aux internautes d’échanger des messages concernant les instruments de musique. Les communautés en ligne peuvent être utilisées de deux manières par les marques afin d’établir un lien avec les internautes : – Soit en prenant part aux communautés en ligne existantes. Par exemple en répondant à des messages publiés par des consommateurs sur ces communautés ou en participant aux discussions. – Soit en créant sa propre communauté en ligne, par exemple par le biais d’un forum sur son site Web, afin de regrouper les consommateurs de sa marque. Le forum peut ainsi être avantageusement utilisé pour permettre aux clients de communiquer avec la marque et d’envoyer leurs questions, remarques ou suggestions sur un produit. 3.4 Le marketing mix du marketing des médias sociaux Le marketing mix, ou marketing des 4 P, est une notion fondamentale en marketing. Kotler définit le marketing mix comme étant « l’ensemble des outils dont l’entreprise dispose pour atteindre ses objectifs auprès du marché-cible. » [Kot67]. Si l’on parle de marketing des 4 P, c’est parce que, traditionnellement, on découpe l’action marketing en quatre grandes politiques (lesquelles, en anglais, commencent par la lettre p) : – La politique de produit (product) : définit la qualité du produit (ou du service) commercialisé, le conditionnement, les options, le style, etc. – La politique de prix (price) : définit le tarif pratiqué, les remises, les conditions de paiements, etc. – La politique de distribution (place) : définit les canaux de distribution, les points de vente, les moyens de transport, etc. – La politique de communication promotion : définit la publicité, les forces de vente, la promotion, etc. 4. http://audiofanzine.com/ CHAPITRE 3. LE SOCIAL MEDIA MARKETING 31 L’objectif de cette section est double : d’une part analyser comment l’arrivée des médias sociaux modifie les quatre p du marketing mix traditionnel, d’autre part décrire quatre autres nouvelles politiques marketing possibles et propres au marketing des médias sociaux. 3.4.1 Influence du social media marketing sur les 4 P Product Grâce aux outils des médias sociaux, une partie de la politique de produit peut être déléguée au consommateur. Si les propriétés intrinsèques du produit, comme sa qualité, son design ou ses fonctionnalités étaient auparavant généralement du ressort de l’entreprise, désormais elles peuvent être entièrement déterminées par le consommateur, via, par exemple, un magasin en ligne sur le site Web de la marque. De nombreux sites proposent ainsi au consommateur de personnaliser le produit selon ses goûts et besoins. Le site du fabriquant d’ordinateurs « Dell » propose ainsi à ses clients de personnaliser avec précision la configuration de son ordinateur, les composants qu’il désire inclure, etc. Autre exemple, la société Apple, propose l’ajout d’une touche personnelle sur ses produits ou ses emballages cadeaux (comme par exemple « graver » un petit texte sur ses iPod ). Il existe même certains sites qui poussent beaucoup plus loin cette logique de report de la politique de produit sur le client. C’est le cas par exemple du site Internet français laFraise.com 5 . Il s’agit à la base d’un site qui vend des tee-shirts. Son originalité tient du fait que ce sont les internautes eux-mêmes qui dessinent les visuels imprimés sur les tee-shirts. Tout internaute qui se sent l’âme d’un graphiste peut donc soumettre au site une de ses créations. Un concours est alors organisé entre tous les visuels reçus, et ce sont également les internautes qui décident quels sont les visuels qui méritent d’être retenus pour une mise en production. On a donc un parfait exemple où la politique de produit est reportée sur le consommateur : c’est lui qui décide de l’apparence du produit. Price Les nouvelles technologies des médias sociaux permettent une dynamique beaucoup plus importante de la politique de prix, chose qui était peu aisée à réaliser avant l’avènement d’Internet. Plusieurs dynamiques sont possibles faisant intervenir le consommateur de manière directe ou indirecte. 5. http://www.lafraise.com/ CHAPITRE 3. LE SOCIAL MEDIA MARKETING 32 Le prix peut par exemple être entièrement décidé par le consommateur. C’est une stratégie qu’a suivi le groupe de musique Radiohead lors de la sortie de son album In Rainbows. Celui-ci était disponible en libre téléchargement sur le site Web du groupe, charge au consommateur de décider combien il désirait payer pour cet œuvre (le cas échéant le consommateur pouvait décider de ne pas rétribuer cette acquisition). Un autre exemple de dynamique est le système d’enchères qu’utilisent certains sites (par exemple le site eBay), ou un système de prix qui varie en fonction de l’intérêt que portent les consommateurs à un produit (la compagnie aérienne Ryanair utilise ce mécanisme, plus un vol remporte du succès, plus celui-ci devient onéreux). Place La politique de distribution sert à déterminer comment faciliter la transaction entre le client et le commerçant. Par exemple, en définissant les endroits où peuvent se dérouler les transactions et en choisissant des tiers à qui on délèguera cette fonction. Désormais, les médias sociaux permettent une relation directe entre le consommateur et l’entreprise. Le lieu de transaction peut tout simplement devenir le site Web de l’entreprise et ne plus faire intervenir des distributeurs ou des détaillants. Un exemple récent en Belgique est le site Web newpharma 6 qui propose à la vente des produits pharmaceutiques en ligne, et uniquement en ligne. Il n’existe en effet aucune enseigne newpharma ailleurs que sur Internet. Promotion La politique de promotion est sans doute celle qui est amenée à évoluer le plus suite au développement des médias sociaux. Les possibilités offertes par les médias sociaux sont considérables et permettent une créativité renouvelée. Parmi ces nouvelles possibilités, citons à titre d’exemple : utilisation des médias sociaux pour véhiculer un message publicitaire, l’offre des bons de réduction électronique, la création de campagnes de parrainage en ligne, etc. Un exemple illustrant une nouvelle pratique de promotion se basant sur cette dynamique sociale d’Internet est le site belge de vente en ligne snapstore.be 7 . Ce site propose à la vente des vêtements de marque à prix réduits, provenant de fins de séries ou d’invendus. Snapstore se veut être un site de vente « privé » : seuls les membres inscris peuvent y accéder. Pour devenir membre, il faut être parrainé par un membre existant. On a donc ici une illustration parfaite de l’utilisation de médias 6. http://www.newpharma.be/ 7. http://www.snapstore.be/ CHAPITRE 3. LE SOCIAL MEDIA MARKETING 33 sociaux afin de reporter sur le client le soin de trouver de nouveaux clients. Bien que cette manière d’opérer n’est pas nouvelle, Internet permet cependant de faciliter grandement le concept et nombreux sont les sites qui en reprennent l’idée. 3.4.2 Extension du marketing mix des 4 P L’avènement des médias sociaux, fruit du développement des technologies de l’information et d’Internet, a entraîné l’apparition de nouvelles variables marketing pour lesquelles des politiques peuvent ou doivent être définies. De nouveaux frameworks, destinés à compléter le marketing mix traditionnel des 4 P ont donc été imaginés afin de mettre en évidence ces nouvelles variables marketing. Certains proposent simplement l’ajout d’un cinquième « P », dénommé « Participation »[1], et qui représente le fait de participer et de contribuer aux réseaux sociaux et autres communautés. Kirthi Kalyanam et Shelby McIntyre, quant à eux, ont développé un nouveau mix marketing destiné au « e-marketing » [KM02]. Bien qu’il ne soit pas orienté médias sociaux, celui-ci peut néanmoins trouver des applications dans un contexte de social media marketing. En effet, les médias sociaux ne sont en fait qu’une utilisation particulière du e-marketing, lequel regroupe toutes les disciplines marketing en ligne. Ce mix marketing conserve les 4 P existants, et les étend avec deux « P » supplémentaires, deux « C » et trois « S » pour former le marketing mix suivant : 4P s + P 2 C 2 S 3 . Les sept nouvelles politiques marketing ajoutées au marketing mix sont définies comme suit : – Sales promotion : Cette politique reprend les nouvelles formes de promotion rendues possibles par l’utilisation d’Internet : utilisation des médias sociaux, des e-coupons, des messages viraux, etc. – Site : Cette politique définit quels sont les « lieux » électroniques sur lesquels pourront avoir lieu les interactions entre le consommateur et la marque, et en particulier les lieux sur lesquels les transactions pourront se faire. Il peut s’agir d’un site Internet traditionnel, d’un site Web mobile, d’une application mobile dédiée, etc. – Personalization : Cette politique détermine quel degré de personnalisation est mise en place lors de l’interaction avec le client. Les nouvelles technologies permettent en effet d’offrir au consommateur du contenu marketing qui peut varier en fonction de son profil. – Privacy : Internet et les médias électroniques permettent la récolte d’informations personnelles sur le consommateur. Cette politique détermine ce qui sera fait de ses données, si elles pourront être communiquées à des tiers ou utilisées CHAPITRE 3. LE SOCIAL MEDIA MARKETING 34 à d’autres fins que de la personnalisation. – Security : La politique de sécurité concerne la sécurisation des transactions et des données récoltées. Cet aspect est très important, le caractère en ligne permet en effet plus facilement à des personnes malveillantes de s’immiscer dans la relation entretenue entre le consommateur et l’entreprise. – Customer service : Cette politique, déjà introduite lors de précédentes extensions au marketing mix des « 4 P », détermine le service clientèle qui est offert au consommateur. Les auteurs insistent sur le caractère omniprésent que doit revêtir ce service lorsqu’il est envisagé dans un cadre de relation sociale entre le consommateur et l’entreprise. – Community : Cette politique définit les actions à entreprendre en vue de créer ou d’enrichir les communautés. Il s’agit là d’une dimension très importante du marketing des médias sociaux, puisqu’elle s’intéresse aux relations sociales qui peuvent exister entre les consommateurs ou entre l’entreprise et les consommateurs. 3.5 Inconvénients et faiblesses du marketing des médias sociaux La littérature sur les médias sociaux regorge d’arguments ventant les mérites de cette forme de marketing. En réalité, comme pour toute autre forme de marketing, cette pratique n’est pas exempte de défauts et faiblesses dont nous vous proposons un aperçu dans les sections suivantes. 3.5.1 Une grande consommation de temps Cette forme de marketing peut être très consommatrice de temps. Être présent dans les médias sociaux, c’est engendrer un dialogue avec les consommateurs. Si un débat est entamé sur un forum et qu’on décide d’y prendre part, on ne peut se contenter d’une seule intervention. Il va falloir alimenter le débat en argumentant et contre-argumentant. Pour peu qu’une société soit à la fois présente sur Facebook, dans des forums et qu’elle possède un blog, répondre à tous les consommateurs peut devenir très vite ingérable et demander beaucoup de ressources. Avec le risque que le retour sur investissement ne soit plus assuré. CHAPITRE 3. LE SOCIAL MEDIA MARKETING 3.5.2 35 Une présence constante Une société engagée dans un media social doit assurer une présence constante. Dans l’exemple, relaté ci-dessus, de l’attaque intentée par Greenpeace à l’encontre de Nestlé, un détail a été omis : Greenpece a volontairement débuter les hostilités un vendredi soir. Sachant que tous les employés de Nestlé étaient en congé le weekend, cela leur permettait d’obtenir un avantage de deux jours, période durant laquelle le buzz a pu se propager sans la moindre réaction de Nestlé. Cet exemple prouve que les médias sociaux nécessitent une présence constante, même les weekends et les jours fériés. Ce qui, évidemment, demande énormément de ressources. 3.5.3 Une arme à double tranchant L’exemple de l’attaque de Greenpeace envers Nestlé montre à quel point les médias sociaux peuvent être un arme à double tranchant. Si les médias sociaux permettent d’initier du buzz positif, ils peuvent également être employés par la concurrence, voir même des consommateurs, afin de propager très rapidement des messages négatifs. 3.5.4 Un ciblage par toujours très judicieux Certains médias sociaux, bien que très puissants, ne sont pas adaptés à tous les business. Par exemple, MySpace, qui a la réputation de regrouper essentiellement des jeunes qui l’utilisent de manière désinvolte, est-il l’outil de communication le plus adapté pour une société qui vend du matériel médical de pointe ? Assurément, non. Tous les médias sociaux ne sont donc pas adaptés à toutes les stratégies de communication et ne permettent pas toujours de réaliser le ciblage espéré. CHAPITRE 4. LE MARKETING MOBILE 36 Chapitre 4 Le marketing mobile 4.1 Définition et présentation Ces dernières années ont vu le développement de deux technologies : d’une part la miniaturisation et la sophistication des téléphones portables, lesquels peuvent désormais être considérés comme des minis ordinateurs, d’autre part l’arrivée de l’Internet mobile qui permet une connexion au réseau Internet partout et tout le temps. Prises conjointement, ces deux technologies offrent un monde de nouvelles possibilités et d’applications. Accès constant à ses e-mails et à toute la richesse du Web, possibilité de rester en contact continuel avec ses connaissances, accès aux moteurs de recherche en sont des exemples. Conséquence de cette évolution, le marketing a vu la naissance d’une nouvelle discipline : le marketing mobile. Encore à ses balbutiements, le marketing mobile est défini comme « la communication ou promotion bi- ou multidirectionnelle d’une offre entre une entreprise et ses clients par le biais d’un médium, d’une technologie ou d’un appareil mobile ». Cette définition, proposée par Venkatesh Shankara et Sridhar Balasubramanian [SB09], se veut très générique. Elle mentionne une communication qui peut être soit bidirectionnelle, c’est-à-dire une communication de l’entreprise vers un consommateur et vice-versa, soit multidirectionelle, c’est-à-dire une communication de l’entreprise vers un ensemble de consommateurs. De même, cette définition ne s’arrête pas aux seuls téléphones mobiles de type smartphones, mais englobe toute technologie, médium ou appareil mobile. CHAPITRE 4. LE MARKETING MOBILE 4.2 37 Particularités des appareils mobiles Les appareils mobiles connectés à Internet se distinguent des autres appareils par plusieurs aspects. Contrairement à la télévision, ou à l’ordinateur personnel, un appareil mobile accompagne généralement constamment son utilisateur. Deux importantes conséquences : d’une part l’utilisateur est à tout moment joignable, d’autre part il peut à tout moment joindre ses connaissances ou consulter Internet. Ce dernier aspect est d’ailleurs fondamental. Si auparavant le consommateur était relativement dépourvu et seul dans un lieu d’achat, il peut maintenant consulter Internet à la recherche des prix pratiqués par la concurrence ou consulter les avis d’autres consommateurs. Une étude a montré à ce propos que, aux États-Unis, 29 % des possesseurs d’un appareil mobile l’utilisent durant leur processus d’achat [SVHN10]. Les appareils mobiles, toujours contrairement à la télévision, ou à l’ordinateur personnel, sont personnels. En d’autres mots, il ne sont pas partagés par d’autres personnes. Les relations que l’utilisateur entretient à l’aide de son appareil peuvent donc être plus « intimes ». Plus récemment, les appareils mobiles se sont vu adjoindre des fonctionnalités de géolocalisation. Ces appareils peuvent donc connaître en permanence l’endroit où se trouve son propriétaire et agir en conséquence, information qui est d’une importance cruciale pour d’éventuelles applications marketing. Enfin, les appareils mobiles sont peu à peu passés du statut de « téléphone » à celui de « téléphone intelligent » (smartphones en anglais). Cette évolution dans le terme utilisé témoigne du nombre important de fonctionnalités dont sont désormais pourvus ces appareils. Si auparavant ils étaient essentiellement destinés à la téléphonie, ils permettent dorénavant de multiples autres usages : agenda électronique, lecteurs de livres électroniques, lecteurs multimédias, consoles de jeux, stations météo, GPS routiers, etc. Et cet ensemble de fonctionnalités n’est plus statique. Les récents appareils mobiles permettent en effet aux utilisateurs d’ajouter des fonctionnalités et des applications à leur téléphone. Il s’agit donc là d’une porte ouverte qui peut avantageusement servir le marketing. Il n’est en effet pas impossible que puissent être développés par une entreprise de nouvelles applications dans un but commercial ou marketing. 4.3 De nouvelles pratiques marketing Le marketing mobile se caractérise par l’apparition de nouvelles pratiques marketing, lesquelles font usage des apports offerts par les terminaux mobiles. Les sections suivantes illustrent quelques-unes de ces pratiques. Cette énumération ne se veut cer- CHAPITRE 4. LE MARKETING MOBILE 38 tainement pas exhaustive, d’autant plus que le marketing mobile est une discipline récente. Il est donc plus que probable que d’autres pratiques feront leur apparition dans un futur proche. 4.3.1 Les sites Web mobiles Afin de répondre à leur vocation d’ubiquité, les appareils mobiles sont conçus pour être les plus petits possibles. Conséquence, leur interface est sensiblement différente des ordinateurs de bureau traditionnels. L’interaction se déroule à l’aide d’un stylet ou des doigts, la quantité d’informations affichées est limitée par la taille de l’écran, les textes sont généralement plus petits, etc. Les sites Web traditionnels ne conviennent donc que peu aux appareils mobiles. Si une entreprise désire que son site soit accessible via ces appareils, il conviendra alors d’en développer une version mobile. De nombreux business se prêtent particulièrement bien aux développements d’un site Web mobile. Citons par exemple la presse écrite (afin que le lecteur puisse consulter le journal où bon lui semble), les compagnies de transports publiques (afin de savoir en temps réel quand arrivera le prochain bus), les cinémas (pour consulter à tout moment les horaires des films), etc. 4.3.2 Les applications mobiles Les applications mobiles sont des variantes plus élaborées des sites Web mobiles. A contrario des sites Web, les applications mobiles peuvent généralement accéder à plus de fonctionnalités matérielles de l’appareil. Les applications résultantes sont donc plus riches, plus interactives et plus rapides. La figure 4.1 illustre une application mobile. Il s’agit de l’application réalisée par la chaîne de restaurants Exki. Cette application permet de trouver le restaurant le plus proche, de connaître la valeur énergétique de son repas et peut être utilisée comme carte de fidélité. 4.3.3 La messagerie mobile Cette pratique consiste à envoyer aux consommateurs des messages sur son appareil mobile dans le cadre de la relation entretenue avec lui. Par exemple pour lui rappeler l’échéance prochaine d’un abonnement, ou encore avertir le client de son passage à proximité d’un point du réseau de distribution. CHAPITRE 4. LE MARKETING MOBILE Figure 4.1 – Application mobile réalisée par Exki 39 CHAPITRE 4. LE MARKETING MOBILE 4.3.4 40 Les bons de réduction mobiles Les bons de réduction mobiles sont la transposition électronique des bons de réduction traditionnels. Leur fonctionnalité est identique, néanmoins ils permettent un retour sur investissement plus élevé. Le coût de distribution est en effet bien plus faible, comparé aux coûts générés par les bons de réductions papier. La pratique généralement utilisée pour diffuser les bons de réduction est la suivante : l’entreprise invite le consommateur (via des médias plus traditionnels) à lui demander l’envoi de bons électroniques sur son appareil mobile. L’avantage de ce principe est double. D’une part le ciblage est bien meilleur, les bons ne sont envoyés qu’aux seuls consommateurs réellement intéressés par le produit. D’autre part, lorsqu’un consommateur introduit une demande pour recevoir des bons, il peut lui être demandé des informations personnelles, qui pourront être avantageusement utilisées pour de futures communications à destination commerciale. 4.3.5 La publicité mobile La publicité mobile est la transposition sur les appareils mobiles de la publicité traditionnelle. La publicité mobile permet cependant un ciblage encore plus poussé. Internet, média sur lequel on retrouve également de la publicité, a déjà permis d’améliorer la qualité des ciblages. En particulier, les technologies AdWords et AdSense développées par Google et qui permettent l’affichage de publicités en fonction d’un contexte. Dans le cas d’AdWords, on entend par contexte les requêtes de recherche entrées par les internautes dans le moteur de recherche Google et dans le cas d’AdSense, il s’agit du contenu de la page sur laquelle est affichée la publicité. Par exemple si une agence immobilière bruxelloise désire promouvoir ses services, elle peut demander l’affichage de sa publicité dans le moteur de recherche Google uniquement lorsqu’un internaute entre la requête « acheter appartement bruxelles ». Les appareils mobiles permettent d’améliorer encore plus le ciblage et ce pour deux raisons. D’une part ces appareils sont personnels. Ils recèlent donc de nombreuses informations sur leur utilisateur qui permettent un profilage assez fin. D’autre part, nombreux sont les appareils mobiles qui possèdent des fonctions de géo-localisation. La publicité diffusée peut donc non seulement être fonction du profil de l’utilisateur, mais également fonction de l’endroit où il se trouve. La publicité mobile est une pratique et un marché en plein développement. Ce n’est par exemple, que très récemment (fin 2009) que Google a commencé à s’intéresser à ce marché en rachetant la société AdMob spécialiste de la publicité sur téléphone portable. C’est encore plus récemment (en juin 2010) qu’Apple a également décidé CHAPITRE 4. LE MARKETING MOBILE 41 de se lancer sur ce marché en proposant sa propre plateforme de publicité mobile, iAd. Celle-ci permet aux concepteurs d’applications iPhone de s’assurer des revenus par l’intégration, dans leurs créations, de la publicité ciblée. Autre signe encourageant de la croissance de ce marché, les analystes tablent sur une forte croissance de la publicité mobile. À titre d’exemple citons Gene Munster de la banque d’investissement Piper Jaffray qui évalue ce marché à 700 millions de dollars en 2013, alors qu’il n’était que de 45 millions en 2009 [3]. 4.3.6 Les services clientèles mobiles Les appareils mobiles peuvent être utilisés avantageusement pour compléter une offre de service clientèle. Deux exemples parmi d’autres de pratiques déjà courantes : – Certaines banques envoient des messages sur l’appareil mobile de leurs clients lors d’une utilisation importante de leur carte de crédit. Le client peut ainsi donc être averti en temps réel d’une éventuelle utilisation frauduleuse. – Les entreprises postales utilisent parfois des messages mobiles afin d’avertir leur client de l’arrivée d’un colis. 4.4 Conclusion et évolutions futures Au travers des précédentes sections, nous avons pu voir que les appareils mobiles constituent un formidable outil de support pour le marketing. Ils permettent de se rapprocher du client, de maintenir un contact plus étroit et de cibler de manière beaucoup plus précise les consommateurs. Il ne faut néanmoins pas perdre de vue que le marketing mobile engendre un certain nombre de problèmes relatifs à l’éthique et à la vie privée. Bon nombre des pratiques du marketing mobile font abondamment usage de la collecte de données privées et personnelles. Il est dès lors primordial de ne pas outrepasser les règles et lois en vigueur et de s’assurer que le consommateur accepte bien que soient utilisées ses données personnelles. Autre point important, le marketing mobile ne doit pas être source d’un envahissement dans la vie du consommateur. Si ce dernier reçoit constamment des messages à caractère commercial, le risque est grand que ceux-ci finissent par perdre de leur impact. Les pratiques de mobile marketing doivent donc être utilisées avec parcimonie. Le marketing mobile en est encore à ses prémisses. De nombreux développements futurs sont à prévoir. Citons par exemple, l’ajout futur probable de puces « RFID » dans les appareils mobiles. Celles-ci permettent une identification à très courte dis- CHAPITRE 4. LE MARKETING MOBILE 42 tance de l’appareil mobile, et donc de son possesseur. Si l’on couple cette technologie avec l’ajout de ces mêmes puces dans tous les produits d’un magasin et la possibilité pour l’appareil mobile d’échanger des informations avec le système informatique du détaillant, on pourrait imaginer le scénario futuriste suivant : Le client entre dans le magasin, et se fait identifier. Son appareil mobile transmet au système informatique du détaillant la liste des commissions préalablement encodée. Le système informatique du détaillant calcule le « meilleur » itinéraire pour le client afin qu’il puisse réaliser tous ses achats. Une fois ses achats effectués, le client sort du magasin sans devoir passer par les caisses. Les produits présents dans son caddy sont identifiés à la sortie, et le compte du client est automatiquement débité en fonction. On le voit donc, les applications du marketing mobile sont encore très loin d’avoir révélé tout leur potentiel et il n’est pas improbable que cette pratique vienne révolutionner, une fois encore, les pratiques établies du marketing traditionnel. CHAPITRE 5. CONCLUSION 43 Chapitre 5 Conclusion Premier constat mis en évidence dans ce mémoire : le marketing traditionnel de masse ne rapporte plus autant qu’avant. Coûts qui explosent, retours sur investissement qui décroissent, consommateurs de moins en moins réceptifs, tel est le triste constat auquel doivent aujourd’hui se résoudre les entreprises. En guise de réponse, d’anciennes pratiques marketing ont été remises au goût du jour et de nouvelles ont fait leur apparition, profitant de l’avènement d’Internet et de l’essor des nouvelles technologies. C’est ainsi que ces dernières années une pléthore de nouveaux termes sont venus enrichir le jargon marketing. Le premier objectif de ce mémoire aura donc été de décrire bon nombre de ces termes et de les regrouper sous la coupole de trois grandes formes de marketing : le marketing de buzz, le marketing des médias sociaux et le marketing mobile. Ces formes alternatives de marketing visent toutes des objectifs communs : – Améliorer le ciblage des diverses communications marketing afin de pouvoir bénéficier d’une audience plus réceptrice. – Raviver la confiance du consommateur face aux messages à caractères commerciaux (en tablant sur le bouche à oreille ou sur des communications dont le contenu est à forte valeur ajoutée). – Diminuer les coûts des campagnes par l’utilisation de médias moins coûteux (Internet, le bouche à oreille, les nouvelles technologies). Preuve s’il en est du succès de ces nouvelles pratiques marketing, démonstration a été faite que la « vieille » Europe n’est pas épargnée par ces nouveaux paradigmes. En atteste les nombreux exemples de campagnes réalisées sous les cieux européens et décrites tout au long de ce mémoire. Lord Leverhulme, fondateur d’Unilever, qui se plaignait il y a un siècle déjà du CHAPITRE 5. CONCLUSION 44 piètre retour de ses investissements marketing, pourrait-il se satisfaire de ces formes de marketing alternatives ? S’il est de nombreux exemples de campagnes réalisées avec succès, et dont le retour sur investissement dépasse celui des campagnes traditionnelles, ces formes de marketing alternatives peuvent néanmoins faire l’objet de défaillances, décrites tout au long de ce mémoire. Pensons notamment aux risques qui accompagnent les campagnes de buzz. Est-on certain d’arriver à générer du bouche à oreille et peut-on assurer que les messages transmis ne seront pas altérés au désavantage de la société ? Citons également les revers que peuvent rencontrer une société qui se lance dans le marketing des médias sociaux : utiliser cette forme de marketing, c’est s’exposer à la critique et faciliter la propagation d’éventuels buzz négatifs. C’est également risquer de devoir mobiliser énormément de ressources. Enfin, n’épargnons pas le marketing mobile qui peut engendrer des problèmes d’envahissement du consommateur ou des problèmes éthiques liés à la rétention de données privées. Ces formes alternatives de marketing prouvent néanmoins une chose : le marketing est une discipline vivante, qui exige une créativité sans cesse renouvelée et qui est amenée à connaître encore de nombreuses évolutions. Il est donc certain que d’autres mémoires, relatant de nouvelles tendances et pratiques marketing suivront celui-ci. 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