valeurs faussement élevées peuvent amener à passer à côté
d'une hypothyroïdie. En effet, en raison de l’interférence dans
une analyse, les valeurs de la T4 totale vont se trouver dans
l’intervalle de référence voire au-delà.
Heureusement, seuls 8 % des chiens hypothyroïdiens ont des
auto-anticorps anti-T4. Ils sont donc bien plus rares que les
auto-anticorps anti-T3 (28 % des cas) (Graham et al. 2007). De
plus, il semblerait que l'influence des auto-anticorps anti-T4 sur
la valeur de la T4 mesurée soit rarement cliniquement significa-
tive (Pichotta et al. 2010).
Si une valeur élevée de la T4 totale est mesurée chez un chien
ne présentant aucun symptôme clinique d’hypothyroïdie, il est
impératif de se renseigner sur son régime alimentaire. Il est
fréquent qu’il se produise une élévation de la T4 totale lors de
régime à base d’aliments crus contenant des abats avec des
restes de trachée et d’œsophage (Köhler et al. 2012).
T4 libre
La T4 libre est la fraction de la T4 totale non liée aux protéines
plasmatiques. Elle est métaboliquement active et responsable du
feed-back négatif agissant sur la sécrétion hypophysaire de TSH.
Comme la T4 libre représente la forme biologiquement active
de la T4, beaucoup d’espoirs ont été placés dans la détermi-
nation de sa valeur. Cependant la concentration en T4 libre
peut également être influencée par l’administration de médica-
ments ou la présence de maladies non thyroïdiennes, toutefois
à un moindre degré par rapport à la T4 totale.
Deux méthodes de mesure, s’appuyant sur différents prin-
cipes, permettent de déterminer sa concentration :
L’immunodosage avec traceur analogue
La méthode de dosage de la T4 libre, spécifiquement vétéri-
naire, proposée par le laboratoire IDEXX donne des résultats
très comparables à ceux obtenus par la méthode de dosage
de la T4 libre par dialyse à l’équilibre (Scott-Moncrieff 2014).
Ce n’est que lorsqu’il existe des auto-anticorps anti-T4 que
la méthode de dialyse à l’équilibre est supérieure à celle de
l’immunodosage spécifiquement vétérinaire de la T4 libre car
il n’y a pas d’interférence dans ce cas. Les autres méthodes
d’immunodosage adaptées à l’homme ne devraient pas en
principe être utilisées (Scott-Moncrieff 2014).
Le dosage par dialyse à l’équilibre
Lors de dialyse à l’équilibre, la T4 liée aux protéines est rete-
nue par une membrane semi-perméable qui laisse passer la
T4 libre dans le dialysat. Celle-ci est ensuite mesurée par ra-
dio-immunologie. La détermination de la T4 libre par dialyse à
l’équilibre doit être conseillée en cas de suspicion d’auto-anti-
corps anti-T4, car seul ce procédé permet d’obtenir un résultat
correct de la concentration en T4-libre (Scott-Moncrieff 2014).
TSH canine (cTSH)
La diminution des hormones thyroïdiennes circulantes entraîne
une suppression du mécanisme de feed-back négatif et, de ce
fait, une augmentation de la sécrétion de la TSH hypophysaire.
Lorsque les commémoratifs et les symptômes cliniques
sont compatibles, l’association baisse de la T4 totale et
augmentation de la TSH suffit largement dans beaucoup
de cas à établir le diagnostic d’hypothyroïdie.
Toutefois, malheureusement, environ 30 % des chiens hy-
pothyroïdiens ne présentent pas d’augmentation de la TSH
(Scott-Moncrieff 2014).
À l’heure actuelle certaines publications ont souligné la pos-
sibilité d'un développement d’une hypothyroïdie secondaire,
liée à une baisse de la synthèse et de la sécrétion de TSH,
un mécanisme probablement sous-estimé (Scott-Moncrieff
2015). En outre, il serait probable que les dosages de la
TSH, du fait de leur haute spécificité, ne détectent pas tous
les isomères de la TSH (Boretti et al. 2015). D’autres explica-
tions possibles pointent vers l’existence de fluctuations de la
sécrétion de TSH, un épuisement des réserves hypophysaires
suite à une hypothyroïdie de longue durée (Diaz- Espineira
et al. 2008) ou encore un myxœdème hypophysaire (D. C
Ferguson 2007). D’autre part, la TSH peut aussi être augmen-
tée sans qu’il n’existe d’hypothyroïdie clinique significative,
par exemple lors de convalescence suite à une maladie non
thyroïdienne, d’hypothyroïdie subclinique (T4 totale et T4 libre
par dialyse à l’équilibre dans l’intervalle de référence, TSH ↑)
ou de l’administration de certains médicaments comme les
sulfamides ou le trilostane (Williamson et al. 2002, Boretti et
al. 2015).
T3
La T3 n’est synthétisée qu’en très faible quantité au sein de la
thyroïde, la majeure partie étant formée par désiodation de la
T4 dans les cellules cibles.
Lorsque la synthèse de T4 diminue, il se produit souvent par
compensation une augmentation de la conversion de T4 en
T3 (forme plus active d'un point de vue hormonale, et dont les
effets sont plus rapides). Ainsi, lors d’hypothyroïdie canine, il
n’est pas rare que la concentration en T3 se trouve dans l’inter-
valle de référence. De ce fait, la détermination de la valeur de T3
a peu d’intérêt pour le diagnostic d’hypothyroïdie.
Anticorps anti-thyroglobuline (Ac anti-TG)
Lors de thyroïdite lymphocytaire, il est fréquent de mettre
en évidence des anticorps anti-thyroglobuline, ce qui donne
une idée du processus pathologique ayant lieu au sein de la
glande thyroïde.
Ces anticorps ne permettent pas de prouver la présence d’un
trouble fonctionnel thyroïdien car ils sont également retrouvés
chez des chiens euthyroïdiens. D’un autre côté, ils ne sont
pas décelables lors de thyroïdite en phase terminale ou lors
d’atrophie idiopathique de la thyroïde.
Ainsi tout comme l’absence d’anticorps anti-TG ne permet
pas d’exclure une hypothyroïdie, leur détection (test positif)
n’est pas pathognomonique d’une hypothyroïdie. Lors
d'une étude, il a été démontré qu’environ 20 % des chiens
ayant des anticorps anti-TG décelables, développaient au
cours de l’année une hypothyroïdie mais, parallèlement,
sur ce même laps de temps, la détection des anticorps