Octobre 2015 Diagnostic Update Hypothyroïdie chez le chien L’hypothyroïdie est une dysendocrinie fréquente chez le chien. Chez certains patients, il est particulièrement difficile d'établir un diagnostic car cette pathologie peut se développer pendant des années à bas bruit sous des manifestations cliniques très diverses. En outre, les examens de laboratoire actuellement disponibles présentent certaines limites. En particulier, les résultats de ces examens peuvent être influencés par la présence d’autres maladies ou l’administration de certains médicaments ; de ce fait leur interprétation peut s’avérer difficile. La mise en évidence d’une baisse de la concentration en T4 totale ne suffit pas à elle seule à établir le diagnostic d’hypothyroïdie. Étiologie Selon la localisation de la lésion au niveau de l’axe hypothalamo-hypophyso-thyroïdien il est possible de différencier 3 formes d’hypothyroïdie acquise. Le développement d’une hypothyroïdie atrophique se déroule en 4 phases, si l’on part de l’hypothèse que l’atrophie idiopathique représente le stade final de la thyroïdite lymphocytaire (Graham et al. 2007) : Hypothyroïdie primaire Plus de 95 % des hypothyroïdies acquises chez le chien sont liées à une diminution de la synthèse des hormones thyroïdiennes et de leur sécrétion par la thyroïde. Dans la plupart des cas, cette insuffisance est provoquée par une thyroïdite lymphocytaire (environ 50 %) (Graham et al. 2007) ou une atrophie idiopathique. La thyroïdite lymphocytaire entraîne une inflammation de la thyroïde à médiation immune. Il est ainsi possible de mettre en évidence des auto-anticorps anti-thyroglobuline (Ac anti-TG) et, dans certains cas, des anticorps anti-T3 et anti-T4 . Cette destruction progressive d’origine inflammatoire des follicules thyroïdiens est un processus à évolution lente, et les signes cliniques n’apparaissent que lorsque plus de 75 % de la glande est détruite. Lors d’atrophie idiopathique, un tissu conjonctif vient remplacer le tissu glandulaire thyroïdien fonctionnel et les anticorps anti-TG ne sont pas (ou plus ?) décelables. Cette atrophie pourrait représenter un processus pathologique autonome ou bien le stade terminal de la thyroïdite lymphocytaire (Scott-Moncrieff 2015), mais aucune de ces hypothèses n’a été encore clairement établie. Plus rarement, l’hypothyroïdie peut être causée par un processus néoplasique ou une hyperplasie adénomateuse. 1. T hyroïdite subclinique Aucun symptôme clinique Ac anti-TG positif, T4 totale dans l’intervalle de référence, TSH < 0,5 ng/ml 2. H ypothyroïdie subclinique Aucun symptôme clinique Destruction d’environ 60 %-70 % de la thyroïde Ac anti-TG positif, T4 totale dans l’intervalle de référence, TSH élevée 3. H ypothyroïdie anticorps-positive Symptômes cliniques Destruction d’environ 75 % de la thyroïde Présence d’anticorps anti-TG, T4 totale basse, TSH élevée 4. H ypothyroïdie atrophique non inflammatoire Symptômes cliniques manifestes Le tissu thyroïdien a été remplacé par un tissu adipeux et conjonctif Anticorps anti-TG non (ou plus) décelables, T4 totale basse, TSH élevée L’hypothyroïdie secondaire (liée à une diminution de la sécrétion de TSH par l’hypophyse) est une cause très peu fréquente d’hypothyroïdie (< 5 %). Elle peut être provoquée par une hypoplasie hypophysaire s’accompagnant d’un nanisme d'origine hypophysaire, un traumatisme, une tumeur ou des lésions kystiques (Scott-Moncrieff 2015). Son diagnostic s’avère réellement difficile car la sensibilité diagnostique des dosages de la TSH actuellement disponibles ne suffit pas pour différencier les concentrations physiologiques de la TSH des concentrations hormonales trop basses. De ce fait, il ne faut pas exclure que la fréquence des hypothyroïdies secondaires pourrait être plus élevée (Scott-Moncrieff 2015). Jusqu’à présent, seule une publication a présenté un cas cli- Hypothalamus – TRH Hypophyse TSH T4 T4 Thyroïde T4 Protéine T4 T4 T4 libre T3 libre T3 T3 T3 Protéine T3 T3 Circulation sanguine T4 libre Tissus T3 libre T4 libre T3 libre Modifié d’après : Manual of Small Animal Endocrinology 1998 nique d’hypothyroïdie tertiaire (liée à une baisse de sécrétion de TRH par l’hypothalamus) (Shiel et al. 2007). L’hypothyroïdie congénitale reste rare chez le chien. Néanmoins son incidence réelle pourrait être sous-estimée, car elle conduit souvent au décès précoce des chiots atteints. (Scott-Moncrieff 2015). Régulation La synthèse et la sécrétion des hormones thyroïdiennes sont sous le contrôle de la TSH sécrétée par l’adénohypophyse (ou antéhypophyse) qui, elle-même, est contrôlée par la sécrétion de la TRH hypothalamique. Sous l’influence de la TSH, la sécrétion thyroïdienne de T3 et T4 augmente. La T4 est exclusivement synthétisée par la thyroïde, tandis qu’environ 80 % de la T3 se forme par conversion périphérique (désiodation) dans les cellules cibles. Les hormones thyroïdiennes circulantes sont liées aux protéines plasmatiques, mis à part une très faible quantité (environ 1 %) qui se trouve sous forme libre. Elle représente la fraction métaboliquement active des hormones thyroïdiennes, ou T3 libre (fT3) et T4 libre (fT4). La T3 libre et la T4 libre sont les seules hormones permettant un feed-back négatif sur l’hypophyse et l’hypothalamus. Si la concentration sanguine en hormones thyroïdiennes libres chute, la disparition du feed-back négatif entraîne alors une augmentation de la synthèse de la TSH hypophysaire. Aspects cliniques L’hypothyroïdie s’observe chez les chiens d’âge moyen ou âgés, même si, chez certaines races prédisposées, les signes cliniques peuvent apparaître plus tôt. Le sexe ou la castration/ stérilisation n’ont aucune influence sur le développement de la maladie. Dans la plupart des cas, la maladie se manifeste chez des chiens de races de taille moyenne ou grande. D'après les publications anglo-saxones, certaines races, telles que les Golden et les Labrador retrievers ou encore les Dobermans seraient prédisposées (Scott-Moncrieff 2015). Toutefois, cette prédisposition raciale n’a pas pu être mise en évidence chez les patients reçus à l’université de Zurich (Boretti et al. 2003). L’hypothyroïdie se manifeste cliniquement par des symptômes variés qui reflètent aussi bien les divers effets des hormones thyroïdiennes sur le métabolisme général que leur influence sur de nombreux systèmes organiques. En premier lieu, elle engendre des troubles métaboliques (léthargie, prise de poids, intolérance à l’effort, intolérance au froid). Environ 80 % des patients présentent en plus des problèmes dermatologiques (modification de structure ou de couleur du pelage, alopécie, hypertrichose, séborrhée, otite externe,…). Du fait de l’évolution lente de la maladie, bien souvent ces changements ne sont perçus que tardivement par les propriétaires qui les attribuent aux processus physiologiques accompagnant le vieillissement de l’animal. Des symptômes neurologiques peuvent sporadiquement se développer soit isolément soit associés aux autres symptômes d’hypothyroïdie (Cizinauskas et al. 2000). L’atteinte peut porter aussi bien sur le système nerveux périphérique (neuropathie périphérique avec parésie ou paralysie, syndrome vestibulaire périphérique, parésie faciale, méga-œsophage) que sur le système nerveux central (myxœdème et coma myxœdémateux, crise épileptiforme). Le lien direct de cause à effet entre la neuropathie périphérique et l’hypothyroïdie fait, à l’heure actuelle, l’objet d’un débat intense car aucune neuropathie périphérique n’a pu être reproduite sur un modèle expérimental d’hypothyroïdie (Rossmeisl 2010). D’autre part, plusieurs publications de cas ont mis en évidence la disparition des déficits neurologiques après l’administration de T4 (Scott-Moncrieff 2015). Une myopathie subclinique, caractérisée par l’augmentation de la CK, de l’ASAT et de la LDH, est par contre décrite dans de nombreux cas d’hypothyroïdie canine. Il est probable qu’elle contribue à l’intolérance à l’effort des chiens hypothyroïdiens. Des symptômes digestifs, cardiaques et oculaires sont peu fréquemment observés. Les chiennes hypothyroïdiennes peuvent également présenter des troubles de la fertilité (Panciera et al. 2012). mesure ces deux fractions. La synthèse de la T4 de l’organisme a lieu exclusivement au sein de la thyroïde, contrairement à celle de la T3. Comme très peu de chiens hypothyroïdiens ont une valeur de la T4 totale comprise dans l’intervalle de référence, la mesure de ce paramètre est donc particulièrement judicieuse pour exclure une hypothyroïdie (haute sensibilité) (Scott-Moncrieff 2015). Diagnostic Williamson et al. 2002, Daminet et al. 2003, Scott-Moncrieff 2015 Modification des paramètres hématologiques et biochimiques chez les chiens hypothyroïdiens Le plus souvent une hypercholestérolémie et une hypertriglycéridémie marquées sont observées chez les chiens à jeun (Boretti et al. 2003, Mooney et al. 2012). La glycémie est normale, mais ce n'est pas le cas de la fructosamine (si mesurée), pour laquelle les valeurs sont élevées, souvent situées à la limite supérieure ou au-delà de l’intervalle de référence. Cela s’explique par le ralentissement du métabolisme de la fructosamine chez les chiens hypothyroïdiens (Reusch et al. 2002). Entre 50 % et 70 % des chiens hypothyroïdiens présentent une anémie arégénérative légère, parfois modérée. Sur les frottis, il n’est pas rare de mettre en évidence des leptocytes (Panciera 2001). •Triglycérides Û •Cholestérol Û •Fructosamine Û •Légère anémie arégénérative •CK Û •Enzymes hépatiques Û (50 – 88 %) (70 – 80 %) (~ 70 %) (50 – 70 %) (30 – 35 %) (~ 30 %) Panciera 2001, Boretti et al. 2003, Mooney 2012, Scott-Moncrieff 2015 Exploration de la fonction thyroïdienne Avant de mesurer les hormones thyroïdiennes et la TSH canine (cTSH) il est essentiel : •d’exclure une maladie non thyroïdiennes (NTI) et •de vérifier rigoureusement les médicaments que l’animal a reçu car bon nombre d’entre eux influent directement sur les concentrations en hormones thyroïdiennes et en TSH. En particulier, les sulfamides peuvent conduire à un tableau clinique et biologique d’hypothyroïdie. Lors d’expériences menées chez l’animal (Williamson et al. 2002), il a pu être démontré que les sulfamides freinaient la thyroïde-peroxydase et engendraient réellement une réduction de la synthèse des hormones thyroïdiennes avec comme résultat une chute de la concentration en T4 totale et une augmentation compensatrice de la synthèse et de la sécrétion de TSH. T4 totale La T4 totale correspond à l’ensemble d'une fraction libre (T4 libre) et d'une fraction liée aux protéines. Le dosage de la T4 totale Facteurs influençant les valeurs basales de la T4 totale, de la T4 libre et de la TSH Facteurs Influence Influence Influence sur la T4 sur la T4 libre sur la TSH totale Âge : < 3 mois > 6 ans Û Ü Poids : < 10 kg > 30 kg Û Ü Race : (par ex Lévrier) Ü Obésité Û Jeûne Ü = Efforts corporels intenses Û = Ü Ü Gestation (progestérone) Û Carprofène Ü = ou Ü Ü Aspirine Ü = ou Ü = Glucocorticoïdes Ü = ou Ü = ou Ü Furosémide Ü Méthimazole Ü Ü Û Phénobarbital = ou Ü = ou Ü = ou Û Phénylbutazone Ü Sulfamides Ü Ü Û Complémentation en iode Ü Ü Û Auto-anticorps anti-T4 Û ou Ü vT4 libre (Immuselon le noassay) : Û test utilisé T4 libre (par dialyse à l’équilibre) : aucune influence seulement si en même temps suffrant d'hypothyroïdie Toutefois les valeurs de la T4 totale situées en dessous de l’intervalle de référence ne permettent pas de confirmer une hypothyroïdie (faible spécificité du dosage), car beaucoup d’autres causes peuvent influencer vers le bas la concentration en T4, comme les fluctuations naturelles, l’âge, la race, les maladies (quasiment toutes) ainsi que de nombreux médicaments. Même l’administration topique de corticoïdes peut provoquer à court terme une chute de la T4 totale (Gottschalk et al. 2011). La présence d’auto-anticorps anti-T4 totale peut donner des valeurs faussement élevées ou faussement basses de la T4 totale selon la méthode de dosage utilisée. En particulier les valeurs faussement élevées peuvent amener à passer à côté d'une hypothyroïdie. En effet, en raison de l’interférence dans une analyse, les valeurs de la T4 totale vont se trouver dans l’intervalle de référence voire au-delà. Heureusement, seuls 8 % des chiens hypothyroïdiens ont des auto-anticorps anti-T4. Ils sont donc bien plus rares que les auto-anticorps anti-T3 (28 % des cas) (Graham et al. 2007). De plus, il semblerait que l'influence des auto-anticorps anti-T4 sur la valeur de la T4 mesurée soit rarement cliniquement significative (Pichotta et al. 2010). Si une valeur élevée de la T4 totale est mesurée chez un chien ne présentant aucun symptôme clinique d’hypothyroïdie, il est impératif de se renseigner sur son régime alimentaire. Il est fréquent qu’il se produise une élévation de la T4 totale lors de régime à base d’aliments crus contenant des abats avec des restes de trachée et d’œsophage (Köhler et al. 2012). T4 libre La T4 libre est la fraction de la T4 totale non liée aux protéines plasmatiques. Elle est métaboliquement active et responsable du feed-back négatif agissant sur la sécrétion hypophysaire de TSH. Comme la T4 libre représente la forme biologiquement active de la T4, beaucoup d’espoirs ont été placés dans la détermination de sa valeur. Cependant la concentration en T4 libre peut également être influencée par l’administration de médicaments ou la présence de maladies non thyroïdiennes, toutefois à un moindre degré par rapport à la T4 totale. Deux méthodes de mesure, s’appuyant sur différents principes, permettent de déterminer sa concentration : L’immunodosage avec traceur analogue La méthode de dosage de la T4 libre, spécifiquement vétérinaire, proposée par le laboratoire IDEXX donne des résultats très comparables à ceux obtenus par la méthode de dosage de la T4 libre par dialyse à l’équilibre (Scott-Moncrieff 2014). Ce n’est que lorsqu’il existe des auto-anticorps anti-T4 que la méthode de dialyse à l’équilibre est supérieure à celle de l’immunodosage spécifiquement vétérinaire de la T4 libre car il n’y a pas d’interférence dans ce cas. Les autres méthodes d’immunodosage adaptées à l’homme ne devraient pas en principe être utilisées (Scott-Moncrieff 2014). Le dosage par dialyse à l’équilibre Lors de dialyse à l’équilibre, la T4 liée aux protéines est retenue par une membrane semi-perméable qui laisse passer la T4 libre dans le dialysat. Celle-ci est ensuite mesurée par radio-immunologie. La détermination de la T4 libre par dialyse à l’équilibre doit être conseillée en cas de suspicion d’auto-anticorps anti-T4, car seul ce procédé permet d’obtenir un résultat correct de la concentration en T4-libre (Scott-Moncrieff 2014). TSH canine (cTSH) La diminution des hormones thyroïdiennes circulantes entraîne une suppression du mécanisme de feed-back négatif et, de ce fait, une augmentation de la sécrétion de la TSH hypophysaire. Lorsque les commémoratifs et les symptômes cliniques sont compatibles, l’association baisse de la T4 totale et augmentation de la TSH suffit largement dans beaucoup de cas à établir le diagnostic d’hypothyroïdie. Toutefois, malheureusement, environ 30 % des chiens hypothyroïdiens ne présentent pas d’augmentation de la TSH (Scott-Moncrieff 2014). À l’heure actuelle certaines publications ont souligné la possibilité d'un développement d’une hypothyroïdie secondaire, liée à une baisse de la synthèse et de la sécrétion de TSH, un mécanisme probablement sous-estimé (Scott-Moncrieff 2015). En outre, il serait probable que les dosages de la TSH, du fait de leur haute spécificité, ne détectent pas tous les isomères de la TSH (Boretti et al. 2015). D’autres explications possibles pointent vers l’existence de fluctuations de la sécrétion de TSH, un épuisement des réserves hypophysaires suite à une hypothyroïdie de longue durée (Diaz- Espineira et al. 2008) ou encore un myxœdème hypophysaire (D. C Ferguson 2007). D’autre part, la TSH peut aussi être augmentée sans qu’il n’existe d’hypothyroïdie clinique significative, par exemple lors de convalescence suite à une maladie non thyroïdienne, d’hypothyroïdie subclinique (T4 totale et T4 libre par dialyse à l’équilibre dans l’intervalle de référence, TSH ↑) ou de l’administration de certains médicaments comme les sulfamides ou le trilostane (Williamson et al. 2002, Boretti et al. 2015). T3 La T3 n’est synthétisée qu’en très faible quantité au sein de la thyroïde, la majeure partie étant formée par désiodation de la T4 dans les cellules cibles. Lorsque la synthèse de T4 diminue, il se produit souvent par compensation une augmentation de la conversion de T4 en T3 (forme plus active d'un point de vue hormonale, et dont les effets sont plus rapides). Ainsi, lors d’hypothyroïdie canine, il n’est pas rare que la concentration en T3 se trouve dans l’intervalle de référence. De ce fait, la détermination de la valeur de T3 a peu d’intérêt pour le diagnostic d’hypothyroïdie. Anticorps anti-thyroglobuline (Ac anti-TG) Lors de thyroïdite lymphocytaire, il est fréquent de mettre en évidence des anticorps anti-thyroglobuline, ce qui donne une idée du processus pathologique ayant lieu au sein de la glande thyroïde. Ces anticorps ne permettent pas de prouver la présence d’un trouble fonctionnel thyroïdien car ils sont également retrouvés chez des chiens euthyroïdiens. D’un autre côté, ils ne sont pas décelables lors de thyroïdite en phase terminale ou lors d’atrophie idiopathique de la thyroïde. Ainsi tout comme l’absence d’anticorps anti-TG ne permet pas d’exclure une hypothyroïdie, leur détection (test positif) n’est pas pathognomonique d’une hypothyroïdie. Lors d'une étude, il a été démontré qu’environ 20 % des chiens ayant des anticorps anti-TG décelables, développaient au cours de l’année une hypothyroïdie mais, parallèlement, sur ce même laps de temps, la détection des anticorps anti-TG redevenait négative chez environ 15 % des patients (Graham et al. 2007). Une augmentation de la concentration en anticorps anti-TG peut indiquer une thyroïdite lymphocytaire débutante. En outre, il a pu être démontré que 95 % des chiens présentant des auto-anticorps anti-T4 avaient également des anticorps anti-TG (Graham et al. 2007). Leur détermination concomitante peut contribuer à clarifier l’étiologie ou représenter un examen de « seconde intention » pour étayer le diagnostic d’hypothyroïdie. Des faux-positifs sont possibles, en particulier peu de temps après une vaccination ou une infection virale. Test de stimulation à la TSH Le test de stimulation à la TSH repose sur le principe que l’administration d’une dose supraphysiologique de TSH doit entraîner une stimulation maximale de la thyroïde ce qui permet d’estimer ses capacités de réserve hormonale. Comme la TSH bovine n’est plus disponible sous forme médicamenteuse, il est nécessaire d'employer la TSH recombinante humaine. Un groupe de travail de Zurich (Boretti et al. 2009) a montré que l’administration d’une dose bien supérieure (150 µg/chien) à celle préconisée jusqu’à présent, permettait de différencier correctement l’hypothyroïdie réelle d’une maladie non thyroïdienne chez bien plus de patients. Réalisation du test : •Prise de sang pour déterminer la concentration basale de T4 • Administration (IM ou IV) de 150 µg de rhTSH • Prise de sang 6 h plus tard pour déterminer la concentration en T4 Interprétation : T4 post-TSH : <19,3 nmol/l (1,5 µg/dl) : résultat en faveur d’une hypothyroïdie T4 post TSH : >32,2 nmol/l (2,5 µg/dl) avec une augmentation d’au moins 1,5 fois le taux basal : résultat en faveur d’une stimulation suffisante. Traitement Le traitement consiste en l’administration orale quotidienne de L-thyroxine synthétique (lévothyroxine). La posologie est comprise entre 10 et 20 µg/kg une ou deux fois par jour selon les données du fabricant. La posologie initiale recommandée par "Consensus Statement" (1996) est de 20 µg/kg de lévothyroxine deux fois par jour. La biodisponibilité, comprise entre 10 % et 50 %, varie fortement selon l’individu, et dépend du moment du repas. Par conséquent, dans la mesure du possible, les comprimés doivent toujours être donnés soit avant soit après le repas (Scott-Moncrieff 2014). La posologie initiale ne doit pas dépasser les 800 µg/ chien. Chez les patients présentant une insuffisance cardiaque ou souffrant d’une affection concomitante rénale ou hépatique, la posologie initiale doit être réduite de moitié ou de trois quart puis augmentée progressivement (Scott-Moncrieff 2015). Contrôle du traitement En fonction des signes cliniques et de la concentration sanguine en T4 totale, le premier contrôle aura lieu 4 à 8 semaines après la mise en place du traitement. Presque tous les patients présentent, après cet intervalle de temps, une augmentation nette de leur capacité à l’effort ainsi qu’une normalisation des paramètres biochimiques sanguins qui étaient modifiés (Scott-Moncrieff 2015). Pour vérifier si la posologie de lévothyroxine est adaptée, une prise de sang est effectuée 4 à 6 heures après l’administration du comprimé pour déterminer le taux de T4 totale. Le but est d’obtenir une valeur de la T4 totale dans la limite supérieure de l’intervalle de référence ou légèrement au-delà de celui-ci (Scott-Moncrieff 2015). Cet objectif est donné à titre indicatif. La posologie définitive doit être ajustée individuellement en prenant en compte la récupération clinique liée au traitement ainsi que d’autres situations individuelles comme la présence de maladies concomitantes ou l’administration d’autres médicaments (Scott-Moncrieff 2014). Si la TSH était également élevée au moment du diagnostic, il est judicieux de mesurer parallèlement ce paramètre. Lors de complémentation hormonale suffisante, la concentration en TSH doit se normaliser. Étant donné que la sensibilité diagnostique des dosages de la TSH ne permet pas de mesurer correctement les concentrations très faibles en TSH, il est impossible de mettre en évidence une complémentation hormonale excessive par la mesure de la TSH. Lorsque la lévothyroxine n’est administrée qu’une seule fois par jour, le prélèvement permettant de mesurer la T4 totale et la TSH doit avoir lieu immédiatement avant la prise du comprimé suivant. Dans ce cas, la concentration en T4 totale doit être comprise dans l’intervalle de référence (Scott-Moncrieff 2015). S’il est nécessaire d’ajuster la posologie, un nouveau contrôle thérapeutique doit être prévu 4 à 8 semaines plus tard. Chez les patients présentant des auto-anticorps anti-T4, il est essentiel, lors du suivi du traitement, de mesurer la T4 libre par dialyse à l’équilibre du fait du risque d'une interférence dans une analyse. Si le diagnostic d’hypothyroïdie a été correctement établi, quasi tous les symptômes disparaissent avec un traitement adapté. Dès la première semaine de traitement, l’animal présente une augmentation de son activité et un changement de son comportement. La normalisation des différents paramètres de laboratoire (par ex. l’hypercholestérolémie) s’observe au bout de 2 à 4 semaines. En revanche, l’amélioration des lésions cutanées et neurologiques requiert davantage de temps, entre 3 et 4 mois (Scott-Moncrieff 2015). La persistance du tableau clinique malgré l’administration du traitement sur une durée suffisante, doit amener le clinicien à reconsidérer le diagnostic d’hypothyroïdie. Dr. Vet. Elke Huisinga Spécialiste des animaux de compagnie Responsable grands comptes, Laboratoire IDEXX Diagnostic Update Exclusion des autres pathologies Suspicion d’hypothyroïdie (Résultats non concluants des analyses hématologiques, biochimiques et urinaires) Si possible, arrêt des médicaments en cours pendant 4 à 6 semaines avant la mesure de T4 totale Conversion : 1 µg/dl = 12,87 nmol/l Mesure de T4 totale T4 totale : 1,0 µg/dl–2,0 µg/dl T4 totale <1,0 µg/dl T4 totale : 2,0 µg/dl–4,0 µg/dl T4 totale > 4,0 µg/dl* Très probablement euthyroïdien Mesure de TSH canine (+ vT4 libre, test vétérinaire) (vT4 libre Ô +) cTSH Ó (vT4 libre Ô +) cTSH normale Très probablement hypothyroïdie *en présence d’auto-anticorps anti-T4 totale ou liée, possible interférence dans une analyse. ·valeurs faussement élevées de la T4 totale lors de mesure de la T4 totale sur les analyseurs Catalyst® ou SNAP-Shot® ·valeurs faussement basses sur les tests effectués au laboratoire IDEXX (vT4 libre Ó +) cTSH Ó T4 libre (dialyse à l’équilibre) Test de stimulation à la TSH ou traitement « diagnostique » lors de signes cliniques évidents Ô normale Hypothyroïdien Euthyroïdien Bibliographie : Boretti FS, et al.: Clinical, haematological, biochemical and endocrinological aspects of 32 dogs with hypothyroeidism; Schweiz Arch Tierheild 145 (4) 149–159 (2003) Boretti FS, et al.: Comparison of 2 doses of recombinant human thyrotropin for thyroid function testing in healthy and suspected hypothyroid dogs: J Vet Intern Med 23 (4): 856–861 (2009) Boretti FS, et al.: Diagnostische und therapeutische Aspekte der canine Hypothyreose; Kleintierpraxis 60 (7) 372–386 (2015) Daminet S and D. 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