Je vous proposerai ensuite un autre chef-d’oeuvre, celui d’August Strindberg : Mademoiselle Julie.
Je le mettrai en scène en faisant appel à trois acteurs que je côtoie sur le petit écran dans Un Vil-
lage français et que je désire voir incarner ces rôles puissants : Audrey Fleurot, Thierry Godard,
Nade Dieu. La pulsion et le passage à l’acte sont des thèmes inépuisables pour le théâtre et la
littérature. La dialectique du maître et de l’esclave, la question de l’élévation dans l’échelle sociale
et celle, symbolique, du vertige de l’abîme, la lutte entre le cerveau des hommes et celui des
femmes qui jalonne nos vies, tout cela me pousse à explorer la pièce de Strindberg dans ce
qu’elle a d’implacable et d’inépuisable sur ces sujets vécus par l’auteur.
J’ai également appelé auprès de moi un compagnon de route avec lequel je voyage depuis de
longues années et qui a grandement contribué au succès de l’aventure de l’ARIA que nous avons
fondée ensemble en Corse. Il s’agit de René Loyon avec qui je co-signerai la mise en scène du
Chevalier d’Olmedo de Lope de Vega, dans la traduction d’Albert Camus. Ecoutez ce que ce
dernier disait de la pièce : « Vous serez sensible à la jeunesse et à l’éclat de cette pièce qui rap-
pelle Roméo et Juliette par l’entrecroisement des thèmes de l’amour et de la mort. L’héroïsme, la
tendresse, la beauté, l’honneur, le mystère et le fantastique qui agrandissent le destin des hommes,
la passion de vivre en un mot, courent au long des scènes et nous rappellent l’une des plus
constantes dimensions de ce théâtre qu’on veut aujourd’hui enfermer dans des placards et des
alcôves. Dans notre Europe de cendres, Lope de Vega et le théâtre espagnol peuvent appporter
aujourd’hui leur inépuisable lumière et leur insolite jeunesse ». Serge Lipszyc, complice de toujours
et directeur de l’ARIA, nous proposera la saison suivante avec la Compagnie du Matamore, La Nuit
des rois de William Shakespeare. Je vous convierai également à des lectures en compagnie de
Romain Gary, de Marcel Proust, à des spectacles poétiques en retrouvant Aragon, Genet, et en
découvrant des poètes contemporains ; car les auteurs nous prennent par la main et nous font
cheminer loin des tracés balisés vers des terres inconnues. Ils nous confrontent à l’étrangeté et
nous font nous connaître davantage.
Je souhaite également nous réjouir auprès de danseurs et accueillir une compagnie que j’appré-
cie particulièrement, celle de Jean-Claude Gallotta, avec sa nouvelle création du Sacre du prin-
temps, chef-d’œuvre de la musique du XXème siècle, d’Igor Stravinski, composé pour la danse et
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