Théorème de Césaro et applications Version provisoire Plan de ce chapitre 1. 2. 3. 4. 1 Théorème de Césaro et démonstration Exemples d’application Exercices corrigés Exercices non corrigés Théorème de Césaro et démonstration Définition 1 Soit (un )n∈N une suite réelle ; on lui associe la suite (vn )n∈N définie par : v0 = u0 et ∀n ∈ N∗ , vn = u1 + u2 + · · · + un . n La suite (vn )n∈N est appelée moyenne de Césaro de la suite (un )n∈N . Théorème 1 Si la suite (un )n∈N converge vers l alors la suite (vn )n∈N converge aussi vers l. Remarque 1 1. La réciproque est en général fausse : lim vn = l n’implique pas nécessairement que n→+∞ lim un = l comme le montre l’exemple suivant. n→+∞ Considérons , par exemple, un = (−1)n ; alors (−1) + (+1) + ... + (−1)n = vn = n 0 si n est pair − n1 si n est impair. Nous avons donc lim vn = 0, alors que la suite (un )n∈N diverge. n→+∞ 2. En revanche, si la suite(un )n∈N est monotone alors la réciproque est vraie. Définition 2 Lorsque la suite (vn ) converge vers un réel l, on dit que la suite (un ) converge en moyenne vers l. Nous voyons donc que la convergence d’une suite entraı̂ne sa convergence en moyenne (avec la même limite), la réciproque étant fausse. Démonstration du théorème 1 Soit ε > 0 fixé, on veut montrer que ∃N = N (ε) ∈ N tel que ∀n ≥ N on ait |vn − l| < ε. Or par hypothèse lim un = l, donc : n→∞ ε ∃p = p(ε) ∈ N tel que ∀n ≥ p on ait |un − l| < . 2 1 On a, pour tout n ≥ p, u1 + u2 + · · · + un − l, n u1 + u2 + · · · + up + up+1 + · · · + un − nl , n (u1 − l) + (u2 − l) + · · · + (up − l) + (up+1 − l) + · · · + (un − l) , n (u1 − l) + (u2 − l) + · · · + (up − l) (up+1 − l) + · · · + (un − l) + . n n vn − l = = = = En vertu de l’inégalité triangulaire : p n 1 X 1X |uk − l| + |uk − l|. |vn − l| ≤ n n k=1 k=p+1 En posant C= p X |uk − l| k=1 (notons que C est une constante indépendante de n) et puisque |uk − l| < on a : |vn − l| ≤ ≤ ε 2 pour tout k ≥ p, C n−p ε + , n n 2 C ε n−p + car < 1. n 2 n C = 0 donc n→∞ n Par ailleurs, lim ∃q = q(ε) ∈ N tel que ∀n ≥ q on ait | C C ε |= < . n n 2 Donc, en prenant N = max(p, q), on a finalement ∀n ≥ N, |vn − l| < ε. Théorème 2 Si la suite (un )n∈N converge vers +∞ alors la suite (vn )n∈N converge aussi vers +∞. De même, si la suite (un )n∈N converge vers −∞ alors la suite (vn )n∈N converge aussi vers −∞. Démonstration du théorème 2 Supposons que lim un = +∞ et montrons que lim vn = +∞. n→+∞ n→+∞ Soit A > 0. Il existe alors N ∈ N tel que n ≥ N ⇒ un ≥ 2A. Pour n ≥ N , nous écrirons alors N −1 n 1 X 1 X vn = uk + uk n n k=1 vn = k=N N −1 1 X n−N +1 × 2A. uk + n n k=1 2 Le second membre de cette inégalité tend vers 2A lorsque n tend vers +∞ (N et A étant fixés), il est donc possible de le rendre supérieur à A en choisissant n assez grand (n ≥ N 0 ); pour n ≥ max{N, N 0 }, nous aurons donc vn ≥ A; nous avons donc prouvé que ∀A ∈ R, ∃N0 ∈ N n ≥ N0 =⇒ vn ≥ A donc lim n−→+∞ vn = +∞. Remarque 2 Là aussi, la réciproque est fausse : considérons la suite (un )n∈N de terme général n si n est pair un = − n1 si n est impair. Alors n→+∞ lim n−→+∞ 2 n+1 n(n + 1) et v2n+1 = ; mais nous n’avons pas 2 2n + 1 lim vn = +∞ car ∀n ∈ N∗ , v2n = un = +∞. Exemples d’application du théorème de Césaro 1 1 1 1 + + ··· + 2. Exemple 1: Soit (vn )n≥1 la suite de terme général vn = + n 2n 3n n On se propose de calculer lim vn . On a : n−→∞ vn = 1 1 + 1 2 + 1 3 + ··· + n 1 n 1 c’est-à-dire que (vn )n∈N∗ est la moyenne de Césaro de la suite ( )n∈N∗ qui tend vers 0 quand n n tend vers l’infini ; donc lim vn = 0. n−→+∞ Exemple 2: Déterminons lim n−→+∞ wn où (wn )n≥1 est la suite de terme général wn = n Y k=1 Posons 2 k (1 + ) n . k n 1X 2 k vn = ln wn = ln (1 + ) . n k k=1 La suite (vn )n∈N∗ ainsi obtenue est la moyenne de Césaro de la suite (un )n∈N∗ de terme général 2 n un = ln (1 + ) . n Déterminons lim n−→+∞ un : ln (1 + n2 ) 2 un = n ln 1 + =2× . 2 n n Donc lim n−→+∞ un = 2, d’où lim n−→+∞ vn = 2 et par suite lim n−→+∞ wn = e2 . 3 3 Exercices Exercice 1 1. Soit (un )n∈N une suite réelle telle que lim (un+1 − un ) = l où l ∈ R. n−→+∞ Montrer que un = l. n une suite à valeurs dans R∗+ . lim n−→+∞ 2. Soit (xn )n∈N lim n→+∞ xn+1 = l où l ∈ [0, +∞]. xn √ xn+1 = l où l ∈ [0, +∞] alors lim n xn = l. n−→+∞ xn n−→+∞ √ p n ; lim n n! ; lim √n . Application Calculer lim n C2n n→+∞ n→+∞ n n! n→+∞ 2.2 Montrer par des exemples que la réciproque de 2.1 est fausse. 2.1 Montrer que si lim Corrigé 1. Nous avons lim (un − un−1 ) = l, d’où, en posant n→+∞ (u1 − u0 ) + (u2 − u1 ) + ... + (un − un−1 ) , n nous savons que lim vn = l d’après le théorème 1. n→+∞ un u0 u0 un Or, vn = − et lim = 0, d’où lim = l. n→+∞ n n→+∞ n n n xn+1 xn+1 2. Par composition des limites, si lim = l, alors lim ln = l0 , avec n→+∞ xn n→+∞ xn si l ∈]0, +∞[ ln l −∞ si l = 0 l0 = +∞ si l = +∞ vn = Posons un = ln xn . Nous avons alors lim (un+1 − un ) = l0 , d’où n→+∞ lim n→+∞ un ln xn = lim = l0 d’après la première question . n→+∞ n n Alors, en composant par la fonction exponentielle, nous obtenons l0 ln xn e si l ∈]0, +∞[ n lim e = 0 si l = 0 n→+∞ +∞ si l = +∞ 1 √ Dans tous les cas, nous avons donc lim (xn ) n = lim n xn = l. n→+∞ n→+∞ Voici un exemple où la réciproque est fausse : soit la suite de terme général xn = 2 + (−1)n ; alors, pour tout√p, x2p = 3 et x2p+1 = 1. √ √ n n Comme lim 3 = lim 1 = 1, nous en déduisons que lim n xn = 1. n→+∞ n→+∞ n→+∞ 4 xn+1 1 vaut alternativement et 3, donc ne peut converger. xn 3 Application n ,alors Si un = C2n un+1 (2n + 1)(2n + 2) = qui tend vers 4 un (n + 1)2 p n = 4. donc lim n C2n n→+∞ √ un+1 n = n + 1 tend vers +∞, donc lim Si un = n!, n! = +∞. n→+∞ un nn un+1 1 n n Si un = = 1+ tend vers e, donc lim √ = e. , n n→+∞ n! un n n! Mais Exercice 2 Soient a et b deux réels et soit la suite (un )n≥1 vérifiant lim u2n = a et n→+∞ On pose pour tout n ∈ N∗ , vn = lim u2n+1 = b. n→+∞ u1 + u2 + ... + un . Calculer lim vn . n→+∞ n Corrigé Posons pour tout n ∈ N∗ , x2n = u2n − a et x2n+1 = u2n+1 − b. Il est clair que les sous-suites (x2n )n≥1 et (x2n+1 )n≥1 convergent vers 0, donc la suite (xn )n≥1 tend vers 0. En appliquant le théorème de Césaro à la suite (xn )n≥1 , on obtient lim n−→+∞ x1 + x2 + ... + xn = 0. n Or x1 + x2 + ... + xn n Par ailleurs, lim x→+∞ u1 + u2 + ... + un a n b n+1 = − E + E n n 2 n 2 a n b n+1 = vn − E + E n 2 n 2 E(x) = 1, donc x E a n a lim E = lim n→+∞ n 2 2 n→+∞ n 2 n 2 et b lim E n→+∞ n n+1 2 b n+1 E = lim . 2 n→+∞ n D’où lim n−→+∞ vn = 5 a+b . 2 = a 2 n+1 2 n+1 2 b = . 2 4 Exercices non corrigés Exercice 1 : Soit (un ) une suite réelle qui converge vers l 6= 0. On suppose que un est non nul pour tout entier naturel. Montrer que la suite (vn )n≥1 définie par n 1 1 1 = + + ··· + vn u1 u2 un converge et calculer sa limite. Exercice 2 : Soit (an )n≥0 et (bn )n≥0 deux suites réelles convergeant respectivement vers a et b. Montrer que la suite de terme général n 1 X un = ak bn−k n+1 k=0 converge vers ab. 6