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L’actualité médicale / 23 septembre 2009
ces 29 décès, 28 étaient des
personnes âgées de 65 ans et plus
ce qui représente un taux de
5,5/million dans ce groupe d’âge9.
TRAITEMENT ANTIVIRAL
Le traitement antiviral permet de
réduire à la fois les douleurs
aiguës et surtout les douleurs
post-herpétiques, Il doit idéale-
ment débuter dans les 48 à
72 heures suivant le début de
l’éruption. Les antiviraux per os
donnés précocement réduisent
l'incidence des complications,
modifiant favorablement le
pronostic de la maladie. L’utilité
des traitements prend de plus en
plus d’importance selon l’âge des
patients. On peut prescrire du
valacyclovir (1g 3 fois par jour
pendant 7 jours) ou du famciclo-
vir (500 mg 3 fois par jour
pendant 7 jours). Le traitement
du zona ophtalmique en préven-
tion des complications oculaires
est effectué, quel que soit l’âge du
patient, avec du valacyclovir (voie
orale, 1g 3 fois par jour pendant
7 jours), et doit être très agressif
afin d’éviter les conséquences
parfois sérieuses de cette entité.
Dans les cas sévères de zona
disséminé ou d’atteinte d’organe
cible chez les patients immuno-
compromis, il est parfois néces-
saire d’administrer le traitement
par voie parentérale.
L’utilisation des corticosté-
roïdes est un sujet de contro-
verse qui n'est pas encore
complètement résolu. Certaines
études ont démontré un effet
bénéfique sur la durée et
l’intensité de la névrite.
MAÎTRISE DE LA DOULEUR
Pour réduire les douleurs, des
antalgiques (acétaminophène,
ibuprofène) peuvent être suffi-
sants dans certains cas. Si ce n’est
pas le cas, il faut recourir à des
analgésiques plus puissants ou à
des benzodiazépines. Pour rédui-
re les douleurs post-herpétiques,
les principales molécules utili-
sées sont l’amitriptyline, la gaba-
pentine, la prégabaline et la
carbamazépine. Il est important
d’avoir un plan de traitement très
énergique de la douleur.
Immunité et zona
L’immunité à médiation cellulaire
(lymphocytes T) contre le VZV
diminue avec l’âge (figure 1). Au-
dessous d’un certain seuil, le risque
de voir apparaître un zona
augmente. En stimulant cette
immunité, il est possible de rédui-
re ce risque, comme l’ont montré les
auteurs d’une étude sur un vaccin
vivant atténué, en fait le même que
le vaccin contre la varicelle mais
plus concentré10. Ce vaccin, le
ZostavaxMD, a été homologué le
26 août 2008 par Santé Canada.
Traitement préventif du zona
et des algies post-herpétiques
Une étude à laquelle ont partici-
pé 38 546 patients âgés de plus
de 60 ans, répartis au hasard pour
recevoir le vaccin contre le zona
(n=19 270) ou le placebo (n=19
276), a mesuré l’efficacité de ce
vaccin sur le fardeau de la mala-
die (premier critère d’évaluation)
qui représentait une mesure
tenant compte de la durée et de
la sévérité des douleurs et de la
gêne totales associées au zona
dans la population de l’étude. Ce
paramètre comprenait notam-
ment les douleurs post-herpé-
tiques estimées par le question-
naire «Zoster Brief pain
Inventory», ainsi que la sévérité
de la maladie.
Plus de 95 % des patients
inclus ont terminé l’étude. Au
bout d’un suivi de 3,1 années,
315 cas de zona ont été diagnos-
tiqués dans le groupe vacciné
(n=19 254) contre 642 chez les
19 247 sujets du groupe placebo,
donc une efficacité du vaccin de
61,1 % (p<0,001) sur le fardeau
de la maladie comparativement
au placebo. L’incidence des
algies post-herpétiques a été
réduite à 66,5 % (p<0,001) et
l’incidence du zona à 51,3 %
(p<0,001) chez les patients vacci-
nés comparativement à ceux du
groupe placebo10. L’efficacité à
réduire l’incidence du zona s’est
révélée maximale (64 %) chez
les patients âgés de 60 à 69 ans.
Elle était de 41 % chez les parti-
cipants âgés de 70 à 79 ans et de
18 % chez les sujets âgés de 80 ans
et plus.
L’Advisory Committee on
Immunization Practices (ACIP)
recommande qu’une seule dose
de vaccin soit administrée aux
adultes âgés de 60 ans et plus,
qu’ils aient déjà subi ou non un
épisode de varicelle ou de zona,
à moins qu’il existe une contre-
indication (anaphylaxie précé-
dente aux composants du vaccin,
états d’immunosuppression
sévères)11. Par précaution, il ne
faut pas administrer le vaccin aux
personnes qui vont subir une
thérapie immunosuppressive
dans moins de 14 jours11.
Une estimation du nombre de
personnes à vacciner au Canada
pour prévenir les conséquences
morbides du zona a été réalisée
par le Dr Brisson, du Département
de médecine sociale et préven-
tive de l’Université Laval à
Québec12. Cette étude établit qu’il
faudrait vacciner, dans la popula-
tion âgée de 65 ans et plus:
■11 personnes pour éviter un
cas de zona,
■43 pour prévenir un cas de
douleurs post-herpétiques
■23 319 pour prévenir un décès
dû au zona,
■3 762 pour prévenir la perte
d’une année de vie et
■165 pour prévenir la perte
d’une année de vie ajustée sur
la qualité,
ceci en supposant que l’efficacité
du vaccin respectivement contre
le zona et contre les névralgies
post-herpétiques est stable, aux
valeurs de 63 % et 67 %.
D’après l’auteur, les résultats
indiquent que le principal effet
favorable de la vaccination est
de prévenir les conséquences
morbides dues à la douleur
(mesurées par la forte baisse de
la qualité de la vie) plutôt que la
mortalité.
Ainsi, même si l’impact de ce
vaccin sur la mortalité serait très
faible, il faut souligner le chiffre
très significatif de seulement
43 personnes à vacciner pour
prévenir un cas de douleurs post-
herpétiques, avec ce que cela
implique comme économie sur le
coût médical et social de la prise
en charge de ces douleurs et
comme bénéfice sur la qualité
de vie des patients.
PRONOSTIC
L’évolution du zona est en géné-
ral bénigne, le pronostic étant
lié aux algies post-herpétiques
et à certaines localisations
(ophtalmique, faciale, lombo-
sacrée). Chez l’immunodéprimé,
le zona peut se généraliser et
s’aggraver encore en devenant
nécrotique. De plus, dans cette
catégorie de patients, il peut se
compliquer d’atteinte d’organe
cible, et se caractérise par une
excrétion très prolongée du virus.
nucléiques, faite à partir des
sécrétions provenant des vési-
cules ou des pustules.
TRAITEMENT
Le but du traitement du zona vise
à accélérer la guérison des plaies,
limiter la sévérité et la durée de
la douleur aiguë et chronique et
réduire les complications.
L’application de compresses
humides, de la calamine ou du
bicarbonate de soude peut aider
à soulager les douleurs cutanées.
Les antihistaminiques oraux
(hydroxyzine, diphenhydramine)
prescrits à une dose permettant
le maximum de soulagement
sans somnolence excessive
peuvent diminuer les déman-
geaisons. Enfin, la prise
d’antibiotiques (topique ou per
os, selon la gravité) est indiquée
en présence d’une surinfection.
La douleur neuropathique
peut être extrêmement sévère et
ne doit pas être sous-estimée.
Elle peut parfois être traitée avec
des analgésiques en vente libre
(acétaminophène, AINS), mais il
ne faut pas hésiter à passer rapi-
dement aux antidépresseurs tricy-
cliques, aux modulateurs de la
douleur, ou aux analgésiques
narcotiques, si la personne
n’obtient pas de soulagement,
afin de diminuer le risque de
développer une NPH.
Finalement, la prise de médica-
ments antiviraux permettra de dimi-
nuer la réplication virale et
l’inflammation dans les tissus
nerveux qui est la source de la
douleur dans le zona. On dispose
de trois agents antiviraux: l’acyclovir
(ZoviraxMD), le famciclovir
(FamvirMD) et le valacyclovir
(ValtrexMD). Il est préférable de
débuter le traitement dans la pério-
de de 72 heures suivant l’apparition
de l’éruption cutanée, mais traiter
également les patients se présentant
après ce laps de temps de 72 heures
peut permettre de prévenir les
complications et la NPH.
PRONOSTIC
Dans la plupart des cas, les
lésions cutanées disparaissent en
trois à quatre semaines. Les
personnes à risque de dévelop-
per des complications sont les
personnes âgées de plus de 60 ans,
les personnes immunodépri-
mées, ainsi que celles qui ont
une douleur sévère, ou une large
surface cutanée atteinte. De plus,
la présence de lésions sur le nez
prévoit qu’une atteinte oculaire
est imminente et une consultation
en ophtalmologie est essentielle,
tandis que des lésions autour de
l’oreille annoncent un syndrome
de Ramsay Hunt – qui peut imiter
la paralysie de Bell. Toutes ces
personnes doivent être traitées
de façon énergique et il ne faut
pas hésiter à référer les cas de
douleur réfractaire vers une
clinique de douleur.
FIGURE I
L’IMMUNITÉ CELLULAIRE CONTRE LE VZV
DÉCROÎT AVEC L’ÂGE
Publié grâce à une subvention à visée éducative de Merck Frosst Canada Ltée
30 40 50 60 70 80 85
FCR (par 1000 000 CMSP)
Âge (années)
6
5
4
3
2
1
0
CMSP: Cellules mononucléées du sang périphérique
FCR: Fréquence des cellules répondeuses.
Adaptée de Levin M et Coll. Résultats non publiés.