ARTICLE DE REVUE 902
Certains points méritent quelques éclaircissements.
En cas d’intolérance aux aminosalicylés, des probio-
tiques peuvent être utilisés chez les patients atteints de
CU an de maintenir la rémission. A l’heure actuelle,
l’utilisation de probiotiques n’est pas indiquée chez les
patients atteints de MC. Ces derniers temps, on assiste
à une augmentation des demandes de la part de patients
intéressés par une transplantation fécale («transfert de
microbiote fécal»). Ce procédé est pour l’heure unique-
ment indiqué pour le traitement de la colite à
Clostri-
dium dicile
réfractaire et il est proposé par plusieurs
cliniques suisses dans le cadre de cette indication. Sur
la base des données actuellement disponibles, un
transfert de microbiote fécal n’est pas indiqué chez les
patients atteints de MICI et aucune étude sur le sujet
n’est actuellement menée en Suisse.
L’iniximab, l’adalimumab, le certolizumab pégol et le
golimumab sont tous des inhibiteurs du TNF-alpha. Le
vedolizumab est autorisé en Suisse depuis mars
pour le traitement des patients atteints de CU et de MC.
Le médicament est sélectif de l’intestin et bloque la
migration des lymphocytes dans l’intestin enammé.
Avant le début du traitement par agent biologique, il
est nécessaire de réaliser les examens suivants: séro-
logie de l’hépatite B, de l’hépatite C et du VIH, ainsi que
recherche d’une tuberculose à l’aide du test Quanti-
feron ou Elispot. Les antagonistes du TNF sont contre-
indiqués chez les patients sourant d’insusance car-
diaque de stade NYHAou . En ce qui concerne les
vaccins, nous renvoyons le lecteur aux recommanda-
tions de l
’Oce fédéral de la santé publique
OFSP (http://
www.bag.admin.ch/themen/medizin///
index.html?lang=fr). Les inhibiteurs de la calcineurine,
tels que la ciclosporineet le tacrolimus, peuvent être
utilisés en cas d’évolution sévère de la CU; toutefois,
letaux d’eets indésirables (par ex. hypertension, né-
phrotoxicité) est élevé, s’opposant dans de nombreux
cas à une utilisation au long cours. La CU est curable
par le biais de la chirurgie. Chez les patients atteints de
CU qui font l’objet d’une proctocolectomie avec réser-
voir iléo-anal, la fréquence des selles s’élève en moyenne
à – défécations par jour après l’intervention.
Disclosure statement
Le Docteur Schoepfer a perçu des honoraires des entreprises suivantes
au cours des deux dernières années, pour des conseils ou présen-
tations: Abbvie SA, MSD SA, Dr. Falk Pharma GmbH, Tillotts SA,
FerringSA. Ces activités n’ont aucune inuence sur le contenu du
présent article.
Foto de couverture
© Amnuai Butala | Dreamstime.com
Références
La liste complète et numérotée des références est disponible
en annexe de l’article en ligne sur www.medicalforum.ch.
L’essentiel pour la pratique
• A l’heure actuelle, en Suisse, 1 habitant sur 500 souffre d’une maladie
inflammatoire chronique de l’intestin (MICI).
• La pose du diagnostic peut être tardive en raison de symptômes non
spécifiques, en particulier chez les patients atteints de la maladie de
Crohn (MC).
• La mesure de la calprotectine fécale ou de la lactoferrine possède un
pouvoir de discrimination élevé pour faire la distinction entre les mala-
dies intestinales fonctionnelles et les maladies intestinales organiques.
Les patients souffrant de troubles abdominaux chroniques et présen-
tant un taux de calprotectine ou de lactoferrine élevé devraient être sou-
mis à un examen endoscopique.
• Les objectifs thérapeutiques ont été redéfinis au cours des dernières an-
nées. Alors que la rémission clinique constituait le principal objectif
théra peutique jusqu’à il y a quelques années, la guérison de la
muqueu se («mucosal healing») a entre-temps été reconnue comme ob-
jectif thérapeutique supplémentaire. Une inflammation endoscopique
chronique persistante s’accompagne d’un risque accru de nouvelles
poussées, d’une dégradation de la qualité de vie, d’une multiplication
des hospitalisations, ainsi que d’interventions chirurgicales liées à la
MICI. La calprotectine fécale et la lactoferrine peuvent être utilisées
entant que marqueurs de substitution de l’activité endoscopique, ce
qui permet de réduire le nombre d’examens endoscopiques.
• Une étroite collaboration entre le médecin de famille, le gastro-entéro-
logue, le rhumatologue, le dermatologue, l’ophtalmologue et le chirur-
gien est indispensable à l’obtention de la meilleure qualité de traite-
ment possible.
Correspondance:
Dr Alain Schoepfer,
PD + MER
Service de gastro-entéro-
logie et d’hépatologie
Centre Hospitalier Uni-
versitaire Vaudois (CHUV)
Rue de Bugnon , /
CH- Lausanne
alain.schoepfer[at]chuv.ch
SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2015;15(40):898–902