Que savoir des maladies inflammatoires du tube digestif?

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ARTICLE DE REVUE
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Diagnostic et traitement de la maladie de Crohn et de la colite ulcéreuse
Que savoir des maladies
inflammatoires du tube digestif?
Alain Schoepfer a , Regula Temperli b
a
b
Service de gastro-entérologie et d’hépatologie, Centre Hospitalier Universitaire Vaudois / CHUV, Lausanne
Gruppenpraxis Bifang, Olten
Les patients atteints de la maladie de Crohn ou de colite ulcéreuse souffrent souvent
durant plusieurs mois avant que le diagnostic ne soit posé. La mesure de la cal­
protectine fécale est à même de raccourcir ce délai jusqu’à la pose du diagnostic. Le
traitement vise non seulement à obtenir une amélioration des symptômes, mais
également une cicatrisation de la muqueuse. Au cours de ces dernières années, plu­
sieurs nouveaux médicaments ont obtenu une autorisation de mise sur le marché
pour le traitement de la maladie de Crohn et de la colite ulcéreuse.
Introduction
Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin
(MICI) englobent la maladie de Crohn (MC) ainsi que la
colite ulcéreuse (CU). La cause exacte des MICI reste in­
connue. Le diagnostic peut être posé face à une combi­
naison de symptômes typiques et d’anomalies endos­
copiques et histologiques, ainsi qu’après l’exclusion
des diagnostics différentiels. Les deux affections ont
en commun que sur la base d’une prédisposition géné­
tique, il se produit une réponse immunitaire anormale
de la muqueuse au contact de la flore commensale in­
testinale, ce qui provoque une inflammation de l’intes­
tin [1]. Les principales caractéristiques distinctives
entre la MC et la CU sont présentées dans le tableau 1.
Cet article a pour objectif de présenter les nouveautés
pertinentes pour la pratique au niveau du diagnostic
et du traitement des MICI chez les patients adultes,
en portant une attention particulière à la situation en
Suisse.
Epidémiologie des MICI en Suisse
Alain Schoepfer
et aux Etats­Unis [3]. En 2006 a été initiée l’étude Swiss
Une étude de population réalisée dans le canton de Vaud
Inflammatory Bowel Disease Cohort Study (SIBDCS), qui
a révélé une prévalence s’élevant à 1 patient atteint de
est depuis le début soutenue par le Fonds national
MC et de CU pour 1000 habitants [2]. Ainsi, environ
suisse de la recherche scientifique [4]. L’objectif de l’étude
1 habitant sur 500 souffre d’une MICI en Suisse. Après
SIBDCS est d’évaluer la qualité de la prise en charge des
extrapolation à l’ensemble de la Suisse, cela revient à
patients atteints de MICI et d’acquérir une meilleure
env. 12 000 patients atteints de MICI. D’une manière
compréhension de leurs besoins. Plus de 100 gastro­
générale, l’incidence et la prévalence cumulée des MICI
entérologues participent à l’étude et cette collaboration
ont augmenté au cours des dernières années en Europe
a donné lieu à plus de 120 publications.
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Diagnostic des MICI
durée >12 mois a été nécessaire jusqu’à la pose du diag­
nostic. Les facteurs de risque d’un long retard diagnos­
Le diagnostic des MICI repose sur la présentation cli­
tique qui ont été identifiés incluent un âge <40 ans et
nique typique et sur les anomalies endoscopiques et
une atteinte iléale isolée chez les patients atteints de
histologiques caractéristiques. Par ailleurs, il convient
MC, et la prise d’anti­inflammatoires non stéroïdiens
d’exclure les diagnostics différentiels qui peuvent s’ap­
chez les patients atteints de CU. Des efforts doivent être
parenter à des MICI, comme les ulcérations intestinales
déployés afin de raccourcir au maximum le délai
liées à la prise d’anti­inflammatoires non stéroïdiens
jusqu’à la pose du diagnostic, car un diagnostic tardif
ou les infections gastro­intestinales telles que la tuber­
augmente le risque de sténoses et de chirurgie intesti­
culose intestinale ou l’amibiase. En ce qui concerne les
nale en cas de MC [8].
critères diagnostiques, nous renvoyons le lecteur aux re­
and Colitis Organisation (ECCO) [5, 6].
Distinction entre affections fonctionnelles
et affections organiques
Retard diagnostique
non spécifiques dont souffrent les patients atteints de
Les patients atteints de MICI peuvent souffrir de symp­
MICI sont souvent interprétées à tort comme étant
tômes causés par les MICI durant des mois voire des
d’origine fonctionnelle, par ex. dans le cadre d’un syn­
commandations correspondantes de l’European Crohn’s
Un problème fréquent est que les douleurs abdominales
années avant que le diagnostic ne soit posé. Cet inter­
drome de l’intestin irritable. Il n’existe à ce jour aucun
valle de temps jusqu’à la pose du diagnostic peut être
«instrument basé sur les symptômes» permettant de
subdivisé en deux périodes: la première dépend du pa­
distinguer avec une grande fiabilité les affections fonc­
tient (allant des premiers symptômes jusqu’à la consul­
tionnelles des affections organiques. Par contre, avec le
tation du médecin de famille), tandis que la seconde
dosage de marqueurs fécaux tels que la calprotectine
dépend des médecins (allant de la première consulta­
ou la lactoferrine, il est possible de déterminer claire­
tion du médecin de famille jusqu’à la pose du diagnos­
ment si le patient souffre d’une maladie intestinale
tic). En Suisse, la moitié des patients atteints de MC ont
fonctionnelle ou organique [9]. La calprotectine et la
été diagnostiqués en l’espace de 9 mois à compter du
lactoferrine sont des protéines à action antimicro­
début des symptômes, mais pour un quart des patients,
bienne présentes dans les granules des granulocytes
plus de 24 mois se sont écoulés entre le début des
neutrophiles. En cas de troubles de la perméabilité, par
symptômes et la pose du diagnostic [7]. En comparai­
ex. dans le cadre d’ulcérations gastro­intestinales, des
son, le délai jusqu’à la pose du diagnostic est plus court
granulocytes pénètrent dans la lumière intestinale, se
chez les patients atteints de CU, avec une durée médiane
mélangent au contenu intestinal et peuvent ainsi être
de 4 mois; néanmoins, chez un quart des patients, une
mis en évidence dans les selles. A cette fin, il est pos­
Tableau 1: Caractéristiques et signes distinctifs de la maladie de Crohn et de la colite ulcéreuse.
Caractéristiques
Maladie de Crohn
Localisation typique des lésions –
–
–
–
–
Symptômes majeurs
Colite ulcéreuse
Tractus gastro-intestinal complet: possible – Rectum et côlon
Atteinte de l’intestin grêle: 80%
– Iléon terminal rarement atteint
Iléocolite: 50%
Colite: 20%
Atteinte péri-anale: 30%
Fatigue, douleurs abdominales, diarrhée,
perte de poids, fièvre, manifestations
extra-intestinales
Diarrhée sanglante, douleurs abdominales,
ténesmes, manifestations extra-intestinales
Endoscopie
Lésions discontinues
Lésions continues
Pathologie
Inflammation transmurale
Inflammation de la muqueuse
Histologie
Infiltrat lymphocytaire chronique, granulo mes non caséeux dans jusqu’à 50% des cas
Infiltrat lymphocytaire chronique,
granulomes rares
Incidence
6,3 / 100 000 personnes/an
9,8 / 100 000 personnes/an
Prévalence
100,7 / 10 000 personnes
105 / 10 000 personnes
Complications
Sténoses
Fistules internes et/ou péri-anales
Sténoses rares
Risque de cancer colorectal
Elevé
Elevé
Guérison par chirurgie
Non
Oui (proctocolectomie)
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sible de remettre des flacons de prélèvement aux pa­
corps pour la détection d’anticorps anti­Saccharomyces
tients, qui prélèvent les échantillons de selles (env. 1–2 g
cerevisiae (ASCA) et d’anticorps anti­neutrophiles cyto­
de selles) à leur domicile puis les envoient directement
plasmiques périnucléaires (p­ANCA) n’est pas recom­
au laboratoire. La calprotectine reste stable pendant
mandé en raison de la valeur limitée de ces tests pour
env. 3–5 jours à température ambiante. Le dosage de la
le diagnostic des MICI.
calprotectine coûte env. 70 francs suisses et est pris en
charge par les caisses maladie. En cas de calprotectine
ou de lactoferrine élevée, le patient devrait se voir pres­
crire un examen endoscopique.
Manifestations extra-intestinales
Les patients atteints de MICI souffrent aussi souvent
de manifestations extra­intestinales. Dans une étude
récemment publiée, environ un tiers des patients
Coloscopie
Une coloscopie normale chez un patient symptoma­
tique permet dans une large mesure d’exclure une CU,
mais pas une MC. La valeur prédictive négative d’une
iléo­coloscopie normale pour la présence d’une MC
s’élève à 80–90%. En cas de suspicion d’une MC avec at­
teinte proximale de l’iléon ou atteinte du tractus gastro­
intestinal supérieur (en amont du ligament de Treitz),
le patient devrait faire l’objet d’une œsophagogastro­
duodénoscopie et/ou d’une IRM de l’intestin grêle. Si
atteints de MICI souffraient de manifestations extra­
intestinales, dont les plus fréquentes étaient l’arthrite
périphérique, les ulcères buccaux, ainsi que la spondy­
lite ankylosante / les arthropathies axiales [10]. La pre­
mière survenue d’une manifestation extra­intestinale
devrait interpeller et faire soupçonner une possible
MICI sous­jacente.
Quels sont les objectifs thérapeutiques?
ces examens se révèlent sans particularité, et en cas
de suspicion persistante, il convient de réaliser une ex­
L’activité des MICI peut être mesurée en se basant sur
ploration endoscopique de l’intestin grêle par vidéo­
les symptômes, sur les biomarqueurs, sur l’imagerie,
capsule.
sur l’endoscopie et sur l’histologie (fig. 1).
Jusqu’à il y a quelques années, la rémission clinique
Analyses de laboratoire
sans corticoïdes était l’objectif thérapeutique affiché, à
Parmi les analyses de laboratoire recommandées fi­
la fois chez les patients atteints de MC et de CU. Au cours
gurent les coprocultures avec recherche de Salmonella,
des dernières années, cette priorité a changé; outre
Shigella, Campylobacter, Yersinia et de toxines de Clostri­
la rémission clinique, l’objectif thérapeutique englobe
dium difficile. Par ailleurs, il convient de réaliser un
aussi de plus en plus la rémission endoscopique
examen parasitologique des selles répété à trois re­
(«mucosal healing»). Les définitions utilisées pour la
prises. En cas de proctite, il faut rechercher des mala­
«rémission endoscopique» ne sont pas homogènes,
dies sexuellement transmissibles (gonorrhée, syphilis,
mais en règle générale, on considère qu’il y a rémission
chlamydiose, herpès, VIH). Le recours à des tests d’anti­
endoscopique en l’absence d’ulcérations [11].
Examen d’imagerie
Endoscopie
Histologie
Figure 1: L’activité des maladies inflammatoires chroniques
de l’intestin peut être mesurée à différents niveaux. Une
rémission clinique n’exclut pas une maladie active à l’endoscopie, en particulier chez les patients atteints de la maladie
de Crohn.
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•
Risque de
Colite ulcéreuse
Biomarqueur (dans le
sang ou les selles)
Invasivité et coûts
Simplicité
Symptômes
Maladie de Crohn
Maladie active
à l’endoscopie
Poussées
• Hospitalisations
• Chirurgie
• Qualité
de vie
Figure 2: Une maladie active à l’endoscopie représente un
facteur de risque de poussées ultérieures, d’hospitalisations
liées à la MICI, d’interventions chirurgicales ainsi que
de dégradation de la qualité de vie. En plus de la rémission
clinique, il convient également de viser une rémission
endoscopique.
ARTICLE DE REVUE
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Quelle importance revêt la rémission
endoscopique?
examens supplémentaires réguliers par dosage de bio­
marqueurs ou endoscopies doivent être réalisés. Mal­
Plusieurs études ont montré que le risque de nouvelles
heureusement, les manifestations cliniques sont mal
poussées et d’hospitalisations et la probabilité de de­
corrélées à l’activité endoscopique chez les patients at­
voir réaliser des examens endoscopiques et une inter­
teints de MC [12]. Une étude récemment publiée a montré
vention chirurgicale liée à la MICI étaient plus élevés
que la moitié des patients atteints de MC en rémission
chez les patients atteints de MICI avec maladie active à
clinique présentaient des ulcérations à l’iléo­colos­
l’endoscopie que chez ceux atteints de MICI en rémis­
copie [13]. A l’inverse, chez les patients atteints de CU,
sion endoscopique (fig. 2). De plus, la qualité de vie des
l’activité clinique est bien corrélée à l’activité endosco­
patients atteints de MICI en rémission endoscopique
pique, ce qui est vraisemblablement lié au fait qu’une
est meilleure que celle des patients atteints de MICI
proctite devient rapidement perceptible sur le plan cli­
avec maladie active à l’endoscopie.
nique [14]. La corrélation entre la concentration de pro­
Le terme de «rémission profonde» (en anglais «deep re­
téine C­réactive et l’activité endoscopique est modérée
mission») s’est établi pour désigner une rémission à la
en cas de MC et nulle en cas de CU. La corrélation entre
fois clinique et endoscopique. Il se pose désormais
la concentration de calprotectine fécale et le degré d’ac­
la question de savoir à quel point la sévérité des symp­
tivité endoscopique est bonne pour la MC comme pour
tômes est corrélée à l’activité endoscopique de la CU et
la CU. Ainsi, l’activité endoscopique peut être évaluée
de la MC. La réponse à cette question est essentielle
par la mesure de la calprotectine, ce qui permet de ré­
pour déterminer si une surveillance des patients sur la
duire le nombre d’examens endoscopiques nécessaires.
seule base des symptômes est admissible, ou si des
On peut imaginer que, en plus des rémissions clinique
et endoscopique, la rémission histologique a, elle aussi,
un effet positif sur les complications ultérieures. Tou­
Tableau 2: Représentation simplifiée du traitement des MICI.
+ Efficacité prouvée;
– Données disponibles incertaines ou absence d’efficacité
(la figure ne prétend pas être exhaustive).
Maladie Colite
de Crohn ulcéreuse
$
Chirurgie
+
+
Infliximab
+
+
+
Adalimumab
+
Certolizumab
+
–
Golimumab
–
+
Vedolizumab
+
+
Inhibiteur de la calcineurine
tefois, des données convaincantes sur le sujet ne sont en­
core disponibles. En résumé, outre la rémission clinique
sans corticoïdes, la rémission endoscopique s’impose
aussi depuis quelques temps comme un objectif théra­
peutique à atteindre.
Quels traitements sont actuellement
disponibles pour le traitement des MICI?
Le traitement des MICI est comparable à une pyramide.
Le tableau 2 offre un aperçu simplifié des traitements
couramment utilisés chez les patients atteints de MICI.
–
+
Stéroïdes systémiques
+
+
Azathioprine/6-mercaptopurine
+
+
traiter les MICI sont présentées dans le tableau 3. Pour
Méthotrexate
+
–
approfondir le sujet, nous renvoyons le lecteur aux re­
Aminosalicylés
+
+
commandations thérapeutiques de l’ECCO (publiées à
Probiotiques
–
+
Stéroïdes topiques
+
l’adresse suivante: https://www.ecco­ibd.eu/index.php/
+
publications/ecco­guidelines­science.html) [15, 16].
Les posologies typiques des médicaments utilisés pour
Tableau 3: Posologies des médicaments utilisés dans le traitement des MICI.
(cette liste ne prétend pas être exhaustive. Pour plus de détails, il est recommandé de consulter les recommandations de l’ECCO)
Classe thérapeutique
Produit
Posologie
Aminosalicylés
Mésalazine (po)
3–4,5 g/jour
Corticoïdes
Budésonide (po)
Prednisone (po)
9 mg/jour
0,8–1 mg/kg/jour
Immunomodulateurs
Azathioprine (po)
Mercaptopurine (po)
Méthotrexate (sc)
2–2,5 mg/kg/jour
1–1,5 mg/kg/jour
15–25 mg 1×/semaine
Agents biologiques
Adalimumab (sc)
Semaine 0: 160 mg, semaine 2: 80 mg, semaine 4: 40 mg,
puis 40 mg toutes les 2 semaines
Semaine 0, 2, et 4: 400 mg, puis 400 mg toutes 4 semaines
5 mg/kg aux semaines 0, 2 et 6, puis toutes les 8 semaines
300 mg aux semaines 0, 2 et 6, puis toutes les 8 semaines
Certolizumab pégol (sc)
Infliximab (iv)
Vedolizumab
Abréviations: iv = voie intraveineuse; po = voie orale; sc = voie sous-cutanée.
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ARTICLE DE REVUE
Correspondance:
Dr Alain Schoepfer,
902
Certains points méritent quelques éclaircissements.
cliniques suisses dans le cadre de cette indication. Sur
En cas d’intolérance aux aminosalicylés, des probio­
la base des données actuellement disponibles, un
tiques peuvent être utilisés chez les patients atteints de
transfert de microbiote fécal n’est pas indiqué chez les
logie et d’hépatologie
CU afin de maintenir la rémission. A l’heure actuelle,
patients atteints de MICI et aucune étude sur le sujet
Centre Hospitalier Uni­
l’utilisation de probiotiques n’est pas indiquée chez les
n’est actuellement menée en Suisse.
patients atteints de MC. Ces derniers temps, on assiste
L’infliximab, l’adalimumab, le certolizumab pégol et le
à une augmentation des demandes de la part de patients
golimumab sont tous des inhibiteurs du TNF­alpha. Le
intéressés par une transplantation fécale («transfert de
vedolizumab est autorisé en Suisse depuis mars 2015
PD + MER1
Service de gastro­entéro­
versitaire Vaudois (CHUV)
Rue de Bugnon 44, 07/2409
CH­1012 Lausanne
alain.schoepfer[at]chuv.ch
microbiote fécal»). Ce procédé est pour l’heure unique­
pour le traitement des patients atteints de CU et de MC.
ment indiqué pour le traitement de la colite à Clostri­
Le médicament est sélectif de l’intestin et bloque la
dium difficile réfractaire et il est proposé par plusieurs
migration des lymphocytes dans l’intestin enflammé.
Avant le début du traitement par agent biologique, il
est nécessaire de réaliser les examens suivants: séro­
logie de l’hépatite B, de l’hépatite C et du VIH, ainsi que
L’essentiel pour la pratique
• A l’heure actuelle, en Suisse, 1 habitant sur 500 souffre d’une maladie
inflammatoire chronique de l’intestin (MICI).
• La pose du diagnostic peut être tardive en raison de symptômes non
spécifiques, en particulier chez les patients atteints de la maladie de
Crohn (MC).
• La mesure de la calprotectine fécale ou de la lactoferrine possède un
pouvoir de discrimination élevé pour faire la distinction entre les mala-
recherche d’une tuberculose à l’aide du test Quanti­
feron ou Elispot. Les antagonistes du TNF sont contre­
indiqués chez les patients souffrant d’insuffisance car­
diaque de stade NYHA 3 ou 4. En ce qui concerne les
vaccins, nous renvoyons le lecteur aux recommanda­
tions de l’Office fédéral de la santé publique OFSP (http://
www.bag.admin.ch/themen/medizin/00682/00685/
index.html?lang=fr). Les inhibiteurs de la calcineurine,
dies intestinales fonctionnelles et les maladies intestinales organiques.
tels que la ciclosporine et le tacrolimus, peuvent être
Les patients souffrant de troubles abdominaux chroniques et présen-
utilisés en cas d’évolution sévère de la CU; toutefois,
tant un taux de calprotectine ou de lactoferrine élevé devraient être sou-
le taux d’effets indésirables (par ex. hypertension, né­
mis à un examen endoscopique.
phrotoxicité) est élevé, s’opposant dans de nombreux
• Les objectifs thérapeutiques ont été redéfinis au cours des dernières an-
cas à une utilisation au long cours. La CU est curable
nées. Alors que la rémission clinique constituait le principal objectif
par le biais de la chirurgie. Chez les patients atteints de
thérapeutique jusqu’à il y a quelques années, la guérison de la
CU qui font l’objet d’une proctocolectomie avec réser­
muqueuse («mucosal healing») a entre-temps été reconnue comme ob-
voir iléo­anal, la fréquence des selles s’élève en moyenne
jectif thérapeutique supplémentaire. Une inflammation endoscopique
à 4–7 défécations par jour après l’intervention.
chronique persistante s’accompagne d’un risque accru de nouvelles
poussées, d’une dégradation de la qualité de vie, d’une multiplication
des hospitalisations, ainsi que d’interventions chirurgicales liées à la
MICI. La calprotectine fécale et la lactoferrine peuvent être utilisées
en tant que marqueurs de substitution de l’activité endoscopique, ce
qui permet de réduire le nombre d’examens endoscopiques.
• Une étroite collaboration entre le médecin de famille, le gastro-entérologue, le rhumatologue, le dermatologue, l’ophtalmologue et le chirurgien est indispensable à l’obtention de la meilleure qualité de traitement possible.
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Disclosure statement
Le Docteur Schoepfer a perçu des honoraires des entreprises suivantes
au cours des deux dernières années, pour des conseils ou présen­
tations: Abbvie SA, MSD SA, Dr. Falk Pharma GmbH, Tillotts SA,
Ferring SA. Ces activités n’ont aucune influence sur le contenu du
présent article.
Foto de couverture
© Amnuai Butala | Dreamstime.com
Références
La liste complète et numérotée des références est disponible
en annexe de l’article en ligne sur www.medicalforum.ch.
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