Chapitre VIIA, page 3
BAV paroxystique
Bien que chronique, le BAV est très souvent paroxystique. En dehors des syncopes,
l'électrocardiogramme montre un rythme sinusal, avec un espace PR normal (fig. 6).
Chez un patient ayant eu des pertes de connaissance et chez lequel l'ECG enregistré a postériori ne
montre pas de BAV, comment faire le diagnostic rétrospectif de BAV paroxystique ? Il s'agit d'une
situation fréquence en cardiologie.
L'existence d'un bloc de branche doit faire penser à ce diagnostic. Il peut s'agir d'un bloc de branche
droit ou gauche et plus suggestif encore, de l'association d'un bloc de branche droit avec un
hémibloc antérieur gauche ou un hémibloc postérieur gauche.
Mais l'association d'un bloc de branche et de pertes de connaissance ne permet pas d'affirmer que
ces dernières étaient dues à un BAV paroxystique.
Des explorations complémentaires peuvent faciliter la décision. L'enregistrement Holter permet
d'avoir un tracé ECG, au moment d'une perte de connaissance, mais c'est rare.
L'enregistrement de l'activité électrique du faisceau de His apporte des renseignements intéressants.
En plaçant une sonde endocavitaire au contact même du faisceau de His (au niveau de l'anneau
tricuspidien) il est possible d'enrégistrer une activité électrique intermédiaire entre l'onde P et le
complexe QRS. Cette déflexion correspond à l'activité électrique du faisceau de His (déflexion H)
(fig. 7).
Ainsi l'espace compris entre P et QRS, représentatif du temps de conduction auriculoventriculaire,
peut être décomposé en 2 intervalles :
- L'intervalle AH, compris entre la déflexion auriculaire et la déflexion H, mesure le temps de
conduction supra-hissienne.
- L'intervalle HV, compris entre la déflexion H et le début de QRS mesure la conduction infra-
hissienne. Chez un sujet normal, cet intervalle mesure entre 35 et 55 msec, et reste fixe qu'elle que
soit la fréquence cardiaque.
Un allongement de l'intervalle HV au delà de 70 ms chez un patient ayant eu des pertes de
connaissence, dont l'ECGde base montre un espace PR normal , est un argument en faveur d'un
BAV paroxystique (fig. 8).
L'enregistrement de la déflexion H permet également de localiser le siége d'un bloc
auriculoventriculaire. Une onde P "bloquée" suivie d'une déflexion H, signifie que l'interruption de
la conduction s'est faite au dessous du faisceau de His (bloc infrahissien) (fig 9). Une onde P
"bloquée" non suivie de déflexion H, témoigne d'un bloc suprahissien. La signification clinique de
ces deux types de localisation est différente.
Pendant les syncopes
La syncope est due le plus souvent à une pause ventriculaire prolongée, ou à une bradycardie
extrême. L'ECG montre uniquement des ondes P, avec de temps en temps un complexe QRS large,
d'échappement ventriculaire (fig 5).
Plus rarement, la syncope est due à une torsade de pointe (voir cours sur les tachycardies
ventriculaires).Dans cette éventualité il existe un allongement marqué de l'espace QT sur les QRS
de base.
Traitement
Traitement des syncopes
Quelques "coups de poings" appliqués de façon rythmique sur le sternum permettent le plus
souvent de rétablir la conscience (la stimulation mécanique réveille un foyer de dépolarisation
ventriculaire).
Si cette manoeuvre est insuffisante, le massage cardiaque externe devient nécessaire.
Après la syncope et compte tenu du risque de récidives, le patient soit être surveillé dans une Unité
de Soins Intensifs de cardiologie, sous scope .
Une perfusion d'isopropyl noradrenaline (Isuprel) pourra être mise en place dans un premier temps,
si la fréquence cardiaque reste très lente ou si des pauses ventriculaires sont encore constatées.
(L'Isuprel améliore la conduction auriculo ventriculaire et accélère la fréquence de battement du
foyer d'échappement ventriculaire. Ce traitement est formellement contre-indiqué si le BAV est dû
à une intoxication digitalique.
Dès que possible, il faudra mettre en place une sonde de stimulation dans le ventricule droit, pour
permettre un entraînement électrosystolique temporaire.
En cas de torsades de pointe, le traitement est le même.Le BAV d'origine vagale régresse après
l'injection intraveineuse d'Atropine.