T R A I T E M E N T D I F F I C I L E Traitement adjuvant du cancer colique : standards et nouveautés Adjuvant treatment of colorectal cancer: standards and innovations ● G. Breysacher* P O I N T S F O R T S P O I N T S F O R T S ■ Un cancer colique (CCR) non métastatique doit être opéré. ■ La chimiothérapie adjuvante a montré une efficacité pour les CCR de stade III. ■ La place de la chimiothérapie adjuvante pour les CCR de stade II reste discutée du fait de son bénéfice limité en termes de survie. e cancer colorectal (CCR) est fréquent, avec un peu plus de 36 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année en France. Sa détection précoce permet d’envisager la résection à visée curative pour 70 à 80 % des patients. Malgré la chirurgie, plus d’un tiers d’entre eux vont récidiver, expliquant l’intérêt déjà ancien (années 1960) porté à la chimiothérapie adjuvante. Son efficacité a été prouvée en 1988 par une méta-analyse. L’augmentation du taux de survie à 5 ans était modeste mais significative, de l’ordre de 3 % (1). Depuis cette date, de nouveaux essais ont confirmé l’efficacité de la chimiothérapie adjuvante pour les CCR de stade III alors que le doute persiste pour les CCR de stade II, entretenu par les récents résultats de la méta-analyse de la Mayo Clinic (2), de l’étude QUASAR (3) et de l’essai MOSAIC (4). L LES STANDARDS Le traitement d’un cancer colique opérable est chirurgical. L’indication d’un traitement complémentaire par chimiothérapie dépendra essentiellement du résultat de l’analyse anatomopathologique * Service d’hépato-gastroentérologie, CHU de Vandœuvre-lès-Nancy. de la pièce opératoire. Le degré d’envahissement pariétal et l’atteinte ganglionnaire sont à ce jour les facteurs pronostiques majeurs de récidive. L’indication d’une chimiothérapie adjuvante pour les CCR de stade III fait l’objet d’un consensus international mais avec des schémas thérapeutiques parfois différents selon les pays, alors que la place de la chimiothérapie adjuvante reste discutée pour les CCR de stade II (5). Les cancers coliques de stade III La chimiothérapie adjuvante est devenue un traitement standard en avril 1990, à la suite d’une conférence de consensus organisée aux États-Unis par le National Institute of Health. Le traitement de référence était à cette époque l’association 5-fluoro-uracile (5-FU) et lévamisole. Cette décision faisait suite notamment aux résultats de l’étude de Moertel et al. publiée en 1990, qui comparait l’association 5-FU et lévamisole au lévamisole seul et à la chirurgie seule (6). La réduction relative du taux de récidives et du nombre de décès était respectivement de 44 % (p < 0,0001) et 33 % (p = 0,006) dans le bras 5-FU et lévamisole par rapport au bras chirurgie seule. La longueur et la toxicité de ce schéma ont justifié la mise en place d’essais comparant le schéma 5-FU bolus/acide folinique (AF), actif en situation palliative et peu toxique, à la chirurgie seule. L’analyse conjointe des trois premiers essais, publiée sous le sigle IMPACT, a montré des taux de survie comparables à ceux obtenus avec le schéma 5-FU-lévamisole, mais avec une toxicité moindre (7). Le schéma 5-FU bolus/AF est par conséquent devenu, dès 1996, le traitement standard international et son efficacité a été régulièrement confirmée par d’autres essais plus récents (8, 9), y compris l’essai FFCD 8802, avec un recul de dix ans (10). Un nouveau schéma à base de 5-FU infusionnel (LV5FU2), efficace dans les formes métastatiques, est également évalué en adjuvant par rapport au 5-FU bolus (FUFOL). Dans une première étude randomisée, sa tolérance s’avère être meilleure et son efficacité similaire (11). Cette option thérapeutique devrait être prochainement validée à l’issue des résultats de l’essai FFCD-PETACC 2. La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 6 - vol. VII - novembre-décembre 2004 277 T R A I T E M E N La survenue, malgré les protocoles actuels de chimiothérapie adjuvante, de récidive chez plus d’un tiers des patients opérés a motivé des essais d’intensification par adjonction d’une deuxième drogue de chimiothérapie. Le schéma FOLFOX-4 a été le premier à être évalué, donnant des résultats encourageants. L’absence d’AMM pour l’oxaliplatine dans cette indication ne permet pas de considérer ce schéma comme un standard. En résumé, en l’absence de contre-indication au 5-FU, tous les patients opérés d’un CCR de stade III doivent recevoir systématiquement avant le 35e jour postopératoire une chimiothérapie durant six mois selon le protocole FUFOL ou FUFOL faible ou LV5FU2. Les personnes âgées (70 ans et plus), après évaluation gériatrique, doivent tout autant bénéficier d’une chimiothérapie adjuvante que les patients plus jeunes, et ce quel que soit leur âge (12). La crainte d’une toxicité majorée n’est pas fondée (13). FUFOL Acide folinique 200 mg/m2/j ou acide L-folinique 100 mg/m2/j en bolus i.v. de 10 mn, puis 5-FU 375 mg/m2/j en perfusion de 30 mn dans 250 ml de G 5 % de J1 à J5 tous les 28 jours. Option : augmentation du 5-FU à 400 mg/m2 si bonne tolérance du premier cycle. FUFOL faible Acide folinique 20 mg/m2/j ou acide L-folinique 10 mg/m2/j en bolus i.v. de 10 mn, puis 5-FU 425 mg/m2/j en bolus i.v. de 3 mn dans du sérum physiologique de J1 à J5 tous les 28 jours. LV5FU2 Acide folinique 200 mg/m2 (ou L-folinique 100 mg/m2) en 2 h dans 250 ml G 5 %, rincer, puis 5-FU 400 mg/m2 en 10 mn dans 100 ml de G 5 %, puis 5-FU 1 200 mg/m2 en perfusion continue de 44 h dans G 5 % dans infuseur portable (QSP 220 ml, 5 ml/h), pompe ou pousse-seringue portable ; à J2, clamper infuseur de H24 à H26 pour passer AF en 2 h et 5-FU bolus idem à J1. Les cancers coliques de stade II La chirurgie seule est le traitement standard (14). Pour autant, plus d’un patient sur cinq recevrait une chimiothérapie adjuvante en France. Cette pratique, contradictoire par rapport aux recommandations, est la conséquence de l’ambiguïté des résultats issus des nombreux essais rapportant une tendance à l’augmentation des taux de survie sans rechute ainsi que des taux de survie globale. Cela semble suffire à la plupart des auteurs pour promouvoir cette indication. Le manque de puissance de ces études (nombre de patients insuffisant pour pouvoir observer un faible nombre d’événements) est l’argument principal pour expliquer l’obtention de résultats non significatifs. Parmi les études anciennes, la méta-analyse des études du National Surgical Adjuvant Breast and Bowel Project (NSABP) est celle qui plaide le plus en faveur d’un bénéfice pour la chimiothérapie adjuvante, avec un avantage en survie brute de l’ordre de 6,5 % (15). La méthodologie de l’analyse est cependant discutable, car elle a regroupé des essais très différents avec des critères de sélection et des qualités d’exérèse chirurgicale et d’examens anatomopathologiques hétérogènes. D’autre part, cette analyse ne nous dit pas quelle chimiothérapie adjuvante proposer en pratique. 278 T D I F F I C I L E Dans une deuxième méta-analyse, rapportée sous le sigle IMPACTB2 (7), le gain en survie brute n’est que de 2 %, les taux de survie globale étant de 82 % dans le bras chimiothérapie par 5-FU/AF versus 80 % dans le bras chirurgie seule (p = 0,057). Les taux de survie sans événement sont respectivement de 76 % et 73 % (p = 0,061). Les résultats à dix ans de l’essai FFCD 8802 pour les cancers coliques, rapportés dans cette méta-analyse, confirment l’absence d’effet de la chimiothérapie adjuvante (10). Dans l’étude intergroupe nord-américaine, les taux de survie brute sont identiques dans les bras 5-FU-lévamisole et chirurgie seule (72 %), bien qu’il existe une tendance à l’amélioration de la survie sans rechute en faveur du bras chimiothérapie (79 % versus 71 % ; p = 0,10) (16). Beaucoup plus récemment, les résultats de l’analyse “poolée” présentée par la Mayo Clinic, de l’étude anglo-saxonne du groupe QUASAR et de l’essai MOSAIC ont alimenté de nouvelles discussions, parfois vives, sans permettre toutefois de dégager un nouveau consensus. Dans l’analyse “poolée” de la Mayo Clinic (3 341 patients), le taux de survie sans rechute à 5 ans est supérieur dans le bras chimiothérapie adjuvante par rapport au bras chirurgie seule, mais à la limite de la significativité (76 % versus 72 % ; p = 0,049), et le taux de survie globale est quasiment identique dans les deux bras (81 % versus 80 % ; p = 0,1127) (2). Malgré tout, les auteurs semblent convaincus du bien-fondé de la chimiothérapie dans les CCR de stade II, compte tenu de la réduction du risque de récidive et de décès, respectivement de 17 % et 15 % grâce à la chimiothérapie. Cette étude a permis de dégager en analyse multivariée trois facteurs pronostiques de récidive, qui sont le stade T, l’atteinte ganglionnaire N et le degré de différenciation tumorale, et de créer ainsi un modèle mathématique permettant d’estimer pour chaque patient, selon le traitement, le pourcentage de chances d’être en vie à 5 ans, sans récidive. Ces informations sont accessibles gratuitement sur le site Internet de la Mayo Clinic, http://www.mayoclinic.com/ calcs (tableau I). Tableau I. Exemple. Informations données Réponse – – – – Survie à 5 ans sans récidive – chirurgie seule : 73 % – 5-FU: 77 % – FOLFOX-4: 81 % Survie globale à 5 ans – chirurgie seule : 83 % – 5-FU: 85 % – FOLFOX-4: 87 % ganglions positifs : 0 stade T : T3 grade : mal différencié âge : ≤ 49 ans L’étude anglo-saxonne du groupe QUASAR a randomisé 3 238 patients opérés d’un cancer colique (71 %) ou rectal (21 %) pour soit recevoir une chimiothérapie adjuvante, soit bénéficier d’une surveillance. La majorité des patients ont été opérés d’un cancer stade Dukes B (91 %) et les autres d’un stade Dukes A (0,5 %) ou C (8 %) (3). La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 6 - vol. VII - novembre-décembre 2004 T R A I T E M E N Après un suivi médian de 4,2 ans, pour les stades II (Dukes B), le risque relatif de décès dans le bras chimiothérapie par rapport au bras chirurgie seule était de 0,88 (p = 0,15 ; IC 95 % : 0,75-1,05) et celui de récidive de 0,82 (p = 0,02 ; IC 95 % : 0,70-0,97). L’efficacité du traitement ne différait pas de façon significative en fonction du stade, de la localisation tumorale et de l’âge. Selon les auteurs, le bénéfice en termes de survie est faible pour les stades B, de l’ordre de 1 % à 5 %, mais suffisant pour proposer une chimiothérapie à des patients jeunes, à haut risque de récidive. La place du FOLFOX-4 est très discutée dans cette indication. Les résultats de l’essai MOSAIC, présentés en détail dans le chapitre suivant, sont peu différents de ceux obtenus avec le 5-FU, mais au prix d’une toxicité bien supérieure. En résumé, il n’y a pas d’indication à réaliser une chimiothérapie adjuvante, car aucune étude randomisée n’a apporté la preuve de son efficacité. Mais en cas de non-respect des règles d’exérèse carcinologique, d’un nombre de ganglions examinés insuffisant (inférieur à 12) ou de facteurs de risques majeurs de récidive, l’indication d’une chimiothérapie adjuvante doit être discutée en comité de concertation pluridisciplinaire. Les facteurs de risque à prendre en compte sont l’atteinte d’un organe de voisinage (tumeur classée T4), la perforation colique au niveau du siège de la tumeur, une occlusion, une tumeur peu différenciée, la présence d’emboles lymphatiques ou vasculaires, une invasion périnerveuse. LES NOUVEAUTÉS T D I F F Le détail de l’analyse permet de remarquer que les patients opérés d’un cancer colique de stade III tirent plus bénéfice du traitement par oxaliplatine que ceux opérés d’un cancer colique de stade II (OR à 0,76 et 0,80 respectivement). Le taux de survie sans rechute des patients opérés d’un CCR de stade III est de 72,2 % dans le groupe ayant reçu le traitement par FOLFOX et de 65,3 % dans le groupe traité par LV5FU2. Pour les patients opérés d’un CCR de stade II, les taux de survie sans rechute sont très proches dans les deux bras de traitement (respectivement 87 % et 84,3 %), mais non comparables, car le schéma de l’étude n’a pas prévu d’analyse en sous-groupe (tableau II). La probabilité de survie globale à trois ans (objectif secondaire) des deux groupes n’a pas été communiquée. C I L E Tableau II. Survie sans rechute (SSR) à trois ans en fonction du bras de traitement et du stade TNM. SSR à 3 ans (%) FOLFOX-4 (n = 1 123) LV5FU2 (n = 1 123) Stades II-III 77,8 % 72,9 % Stades III 71,8 % 65,5 % Stades II 87 % 84,3 % Les toxicités digestives et hématologiques du schéma FOLFOX-4 sont globalement acceptables, bien que plus fréquentes que dans le bras LV5FU2. Le taux de neutropénie est particulièrement élevé dans le bras FOLFOX (41 %), dont 12,2 % de grade 4 (tableau III). La toxicité neurologique résultant de l’oxaliplatine était attendue. Durant le traitement, 92 % des patients traités par FOLFOX ont présenté des paresthésies, non totalement régressives à l’issue du traitement pour 23,7 % des patients. Une toxicité de grade 3 (perte de la sensibilité ou paresthésies interférant avec la vie de tous les jours) est rapportée à un an et dix-huit mois après la fin du traitement pour, respectivement, 1,1 % et 0,5 % des patients (tableau IV). Les résultats de cette étude semblent donc démontrer l’intérêt d’un traitement par FOLFOX en situation adjuvante, tout au moins pour les stades III. Tableau III. Toxicités par patient en fonction du bras de traitement. NCI ≥ grade 3 (%) FOLFOX-4 n = 1 108 LV5FU2 n = 1 111 p 1,6 41,0 (grade 4 : 12,2) 1,8 0,4 4,7 0,2 0,001 < 0,001 < 0,001 Diarrhée Mucite Vomissement 10,8 2,7 5,9 6,7 2,2 1,4 < 0,001 0,41 < 0,001 Allergie Alopécie (gr. 2) 3,0 5,0 0,2 5,0 < 0,001 Toute cause de mortalité 0,5 0,5 Le FOLFOX-4 L’étude européenne MOSAIC (2 246 patients) a comparé la survie sans rechute à trois ans des patients opérés d’un CCR de stade II ou III, randomisés pour recevoir une chimiothérapie adjuvante par FOLFOX (oxaliplatine à la dose de 85 mg à J1 tous les 14 jours associé au schéma LV5FU2) ou par LV5FU2 pendant six mois (4). Les deux groupes étaient homogènes. Après un suivi médian de 36 mois, la probabilité de survie sans récidive était de 78,2 % dans le groupe ayant reçu le traitement par FOLFOX et de 72,9 % dans le groupe traité par LV5FU2 (p = 0,002), ce qui est équivalent à une réduction de 23 % du risque de rechute (OR à 0,77 ; IC 95 % : 0,62-0,92). I Thrombocytopénie Neutropénie Neutropénie fébrile ou sepsis Tableau IV. Taux de neuropathie sensitive périphérique par patient. Paresthésies Bras FOLFOX-4 (n = 1 108) (NCI version 1) Par patients Un an Dix-huit mois durant après la fin après la fin le traitement du traitement du traitement Grade 0 7,9 % 70,5 % 76,3 Grade1 48,2 % 23,6 % 19,8 Grade 2 31,6 % 4,8 % 3,4 Grade 3 12,4 % 1,1 % 0,5 La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 6 - vol. VII - novembre-décembre 2004 279 T R A I T E M E N Mais, d’une part, ils sont obtenus au prix d’effets indésirables nombreux, parfois irréversibles (persistance de neuropathie grade 2 et 3 à l’arrêt de la chimiothérapie). D’autre part, le critère “survie sans récidive à trois ans” comme objectif principal d’une étude n’est pas consensuel, l’hypothèse qu’il pourrait remplacer le critère “survie globale à cinq ans” n’étant pas totalement vérifiée selon les résultats présentés par Sargent lors du dernier congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO). La concordance entre ces deux critères est de 92 %, avec un coefficient de corrélation à 0,94 (17). Les fluoropyrimidines orales Deux méta-analyses réalisées sur la base de données individuelles de plusieurs essais japonais ont montré des résultats prometteurs, mais, compte tenu de leur méthodologie et des protocoles de chimiothérapie utilisés, la confirmation de ces résultats à partir d’études occidentales est nécessaire (18, 19). Deux études en cours d’analyse, l’une européenne (étude X-ACT), l’autre américaine (essai NSABP-C06), devraient prochainement permettre de conclure (20, 21). Des résultats issus de ces deux études ont été présentés cette année à l’ASCO. L’étude X-ACT a randomisé 1 987 malades pour recevoir, à la suite d’une chirurgie à visée curative pour un cancer du côlon de stade III, soit de la capécitabine (XelodaTM), soit un FUFOL Mayo Clinic. Une équivalence de survie sans maladie à trois ans avec les deux schémas est rapportée (p = 0,0528 ; OR à 0,87 ; IC 95 % : 0,75-1). En ce qui concerne les effets indésirables, les patients recevant la capécitabine ont présenté moins d’épisodes de diarrhée, de stomatites, de nausées/vomissements et de neutropénies, quel que soit leur grade (p < 0,001) mais, en revanche, plus de syndromes mains-pieds (22). L’essai américain NSABP-C06 a randomisé 1 608 patients opérés d’un cancer colique de stade II ou III pour recevoir soit l’association tegafur et uracile (UFT®) soit un 5-FU bolus selon le schéma de Roswell Park (21). Les taux de survie sans récidive (66,9 % versus 68,3 % ; p = 0,79) et de survie globale (78,7 % versus 78,7% ; p = 0,88) n’étaient pas différents dans les bras de traitement, de même que les taux de toxicité. La publication des résultats de ces deux études est attendue avec grand intérêt, car ils pourraient modifier nos prescriptions. CONCLUSION En l’absence de contre-indication, une chimiothérapie adjuvante doit être proposée aux patients atteints d’un cancer colique de stade III, quel que soit leur âge si l’évaluation gérontologique est satisfaisante. Les schémas FUFOL, FUFOL faible et LV5FU2 sont les standards. Les précurseurs oraux du 5-fluoro-uracile pourraient devenir prochainement une alternative aux chimiothérapies administrées par voie intraveineuse. L’intérêt du FOLFOX est hautement probable chez les patients opérés d’un cancer du côlon de stade III à haut risque de récidive 280 T D I F F I C I L E (c’est-à-dire avec plus de 3 ganglions envahis ou avec un envahissement pariétal au-delà de la séreuse). Les résultats de la probabilité de survie globale à 5 ans, ainsi que les données concernant les facteurs de mauvais pronostic devraient permettre de mieux définir la place du FOLFOX. Concernant les cancers coliques de stade II, il n’existe pas d’attitude commune à l’ensemble des cancérologues français. La chirurgie seule est le traitement standard. La chimiothérapie adjuvante diminue le taux de récidive et augmente le taux de survie globale. Cependant, aucune étude de phase III bien conduite n’a montré des résultats statistiquement significatifs. Le risque est de traiter inutilement un grand nombre de patients. Il est donc nécessaire de dégager des facteurs de mauvais pronostic afin de sélectionner les patients qui pourraient réellement en tirer bénéfice. De nombreuses pistes sont explorées, comme le rôle de l’instabilité microsatellite, de l’expression de la thymidylate synthétase, du Ki-67 ou de la p53 (23, 24). Dans l’attente de résultats significatifs, l’invasion tumorale au-delà de la séreuse (T4), une chirurgie en urgence pour occlusion ou perforation, une tumeur indifférenciée, des emboles vasculaires ou lymphatiques, un nombre de ganglions examinés inférieur à 12 doivent conduire à la discussion d’une chimiothérapie en comité de concertation pluridisciplinaire. L’information du patient est essentielle pour les CCR de stade II, avec désormais la possibilité de donner une estimation précise du risque de récidive selon le traitement grâce au site Internet de la Mayo Clinic. ■ Mots-clés : Cancer colorectal - Chimiothérapie adjuvante. Colorectal cancer - Adjuvant chemotherapy. R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Buyse M, Zeleniuch-Jacquotte A, Chalmers TC. Adjuvant therapy of colorectal cancer. Why we still don’t know. JAMA 1988;259:3571-8. 2. Gill S, Loprinzi CL, Sargent DJ et al. Pooled analysis of fluorouracil-based adjuvant therapy for stage II and III colon cancer: who benefits and by how much? J Clin Oncol 2004;22:1797-806. 3. Gray RG, Barnwell J, Hills R et al. The QUASAR Collaborative Group. QUASAR: a randomized study of adjuvant chemotherapy (CT) vs observation including 3238 colorectal cancer patients. J Clin Oncol 2004;22:14S:45. 4. Andre T, Boni C, Mounedji-Boudiaf L et al. Oxaliplatin, fluorouracil, and leucovorin as adjuvant treatment for colon cancer. N Engl J Med 2004;350: 2343-51. 5. Benson AB, Schrag D, Somerfield MR et al. American Society of Clinical Oncology recommendations on adjuvant chemotherapy for stage II colon cancer. J Clin Oncol 2004;22:3408-19. 6. Moertel CG, Fleming TR, Macdonald JS et al. Levamisole and fluorouracil for adjuvant therapy of resected colon carcinoma. N Engl J Med 1990;322:352-8. 7. International Multicentre Pooled Analysis of Colon Cancer Trials (IMPACT) investigators. Efficacy of adjuvant fluorouracil and folinic acid in colon cancer. Lancet 1995;345:939-44. 8. Haller DG, Catalano PJ, Macdonald JS et al. Fluorouracil (FU), leucoverin (LEV) adjuvant therapy for colon cancer: four-year results of INT-0089. Proc Am Soc Clin Oncol 1997;16:265a. 9. O’Connell MJ, Laurie JA, Kahn M et al. Prospectively randomized trial of postoperative adjuvant chemotherapy in patients with high-risk colon cancer. J Clin Oncol 1998;16:295-300. La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 6 - vol. VII - novembre-décembre 2004 T R A I T E M E N 10. Seitz JF, Monges G, Le Treut YP et al. Chimiothérapie adjuvante par 5FU- Bloc-notes acide folinique dans les cancers colorectaux/résultats à 10 ans de l’essai 8802 de la Fédération francophone de cancérologie digestive. Gastroenterol Clin Biol 2003;27,HS1:0399-8320. 11. André T, Colin P, Louvet C et al. Semimonthly versus monthly regimen of fluorouracil and leucovorin administered for 24 or 36 weeks as adjuvant therapy in stage II and III colon cancer: results of a randomized trial. J Clin Oncol 2003;21:2896-903. 12. Iwashyna TJ, Lamont EB. Effectiveness of adjuvant fluorouracil in clinical practice: a population-based cohort study of elderly patients with stage III colon cancer. J Clin Oncol 2002;20:3992-8. 13. Sargent DJ, Goldberg RM, Jacobson SD et al. A pooled analysis of adjuvant chemotherapy for resected colon cancer in elderly patients. N Engl J Med 2001;345:1091-7. 14. Recommandations de la Fédération francophone de cancérologie digestive (FFCD). Que faire devant un cancer digestif en 2003 ? Gastroenterol Clin Biol 2002;12:1140-64. 15. Mamounas E, Wieand S, Wolmark N et al. Comparative efficacy of adjuvant chemotherapy in patients with Dukes’ B versus Dukes’ C colon cancer: results from four National Surgical Adjuvant Breast and Bowel Project adjuvant studies (C-01, C-02, C-03, and C-04). J Clin Oncol 1999;17:1349-55. 16. Moertel CG, Fleming TR, Macdonald JS et al. Intergroup study of fluorouracil plus levamisole as adjuvant therapy for stage II/Dukes’ B2 colon cancer. J Clin Oncol 1995;13:2936-43. 17. Sargent DJ, Wieand S, Benedetti J et al; NCCTG, Mayo Clinic, Rochester, MN; NSABP. Disease-free survival (DFS) vs overall survival (OS) as a primary T D I F F I C I L E endpoint for adjuvant colon cancer studies: Individual patient data from 12,915 patients on 15 randomized trials. J Clin Oncol 2004;22,14S:245. 18. Sakamoto J, Hamada C, Kodaira S et al. Adjuvant therapy with oral fluoropyrimidines as main chemotherapeutic agents after curative resection for colorectal cancer: Individual patient data meta-analysis of randomized trials. J Clin Oncol 1999;29:78-86. 19. Sakamoto J, Ohashi Y, Hamada C et al. Meta-Analysis Group of the Japanese Society for Cancer of the Colon and Rectum; Meta-Analysis Group in Cancer. Efficacy of oral adjuvant therapy after resection of colorectal cancer: 5year results from three randomized trials. J Clin Oncol 2004;22:484-92. 20. Cassidy J, Scheithauer W, McKendrick J et al. Capecitabine (X) vs bolus 5FU/leucovorin (LV) as adjuvant therapy for colon cancer (the X-ACT study): efficacy results of a phase III trial. J Clin Oncol 2004;22,14S:247. 21. Wolmark N, Wieand S, Lembersky B et al. A phase III trial comparing oral UFT to FULV in stage II and III carcinoma of the colon: Results of NSABP Protocol C-06. J Clin Oncol 2004;22,14S:247. 22. Scheithauer W, McKendrick J, Begbie S et al. Oral capecitabine as an alternative to i.v. 5-fluorouracil-based adjuvant therapy for colon cancer: safety results of a randomized, phase III trial. Ann Oncol 2003;14:1735-43. 23. Ribic CM, Sargent DJ, Moore MJ et al. Tumor microsatellite-instability status as a predictor of benefit from fluorouracil-based adjuvant chemotherapy for colon cancer. N Engl J Med 2003;349:247-57. 24. Allegra CJ, Paik S, Colangelo LH et al. Prognostic value of thymidylate synthase, Ki-67, and p53 in patients with Dukes. B and C colon cancer: a National Cancer Institute-National Surgical Adjuvant Breast and Bowel Project collaborative study. J Clin Oncol 2003;21:241-50. 10e séminaire organisé par le GETAID, Lille, vendredi 28 janvier 2005, consacré à l'endoscopie au cours des MICI. Des progrès importants ont été faits dans ce domaine ces dernières années et les sujets les plus actuels seront abordés par des experts français et étrangers qui interviendront au cours de démonstrations en direct le matin et d’exposés l’après-midi. Une large place sera laissée à la discussion ! Pour tout renseignement complémentaire : S. Garafoli (Nex & Com RP Congrès), 9, rue Henri-Martin, 92772 Boulogne-Billancourt cedex Tél. : 01 46 43 33 00 - Fax : 01 46 43 33 34 E-mail : [email protected] – mailto:[email protected] La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 6 - vol. VII - novembre-décembre 2004 281